16/06/2013
Les nuits mouvementées de l'escargot sauvage
"L'escargot avait été pour moi un véritable mentor. Sa minuscule existence m'avait soutenue."
Une maladie mystérieuse et invalidante contraint Elisabeth Tova Bailey à rester alitée. Une amie lui offre un pot de violettes des champs et un escargot, un peu de la nature dans laquelle l'auteure ne peut plus se promener.
Cette amie est loin de se douter de l'observation passionnée à laquelle va se livrer Elisabeth Tova Bailey et des enseignements que celle-ci va en tirer. Ce gastéropode modeste et discret va se révéler tout à la fois inspirant et diablement surprenant par ses capacités ! Tout le talent de l'auteure est de nous faire partager sa réflexion sur le temps, la maladie, inspirées par la lenteur pourtant efficace de l'animal, de nous le rendre à la fois sympathique et passionnant ! Des notations humoristiques ponctuent ce texte fluide , jamais ennuyeux : "L'activité idéale [pour lui] est l'absence d'activité, à laquelel il s'adonnera de préférence en cachette et le plus souvent possible."
Jamais doloriste, ce court essai (160 pages) est à la fois poétique, empli d'informations scientifiques tout à fait accessibles , et surtout il nous propose une réflexion sur la vie quand elle bascule dans la maladie extrêmement pertinente. Un livre tout hérissé de marque-pages et qui file, zou, sur l'étagère des indispensables !
Les nuits mouvementées de l'escargot sauvage ( The sound of wild snail eating), traduit de l'anglais (E-U) par Marie-Céline Mouraux, autrement 2013
Merci à Dominique pour son billet drôlement tentateur !
Le site de l'auteure, où vous pourrez ,entre autres, écouter le son produit par un escargot en train de manger !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Récit | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : elisabeth tova bailey, escargot, maladie
22/11/2010
Pied-de-mouche
"Mazzie, maman et moi étions tous sous amphétamines. En ce sens-là, nous étions tous de la haute."
Quel drôle de p'tit bonhomme que ce John Cromer, cloué au lit depuis l'âge de trois ans par une maladie rare des os ! Plein d'imagination, c'est un être délicieusement excentrique qui analyse avec finesse et beaucoup d'humour les subtilités du monde qui l'entoure. Ce monde dans lequel il ne fera d'abord que de brèves incursions mais qu'il parviendra petit à petit à s'approprier.
Jamais d'auto-apitoiement mais une analyse féroce parfois de son comportement et de celui des adultes, parfois sadiques, qui l'entourent. Il observe tout avec intérêt , y compris les erreurs de la médecine (voir le titre !) et parvient malgré tout à rester un enfant non pas comme les autres mais presque. On le suit de l'enfance à l'adolescence et même si le roman comporte 595 pages qui font parfois ployer nos poignets, on se retrouve à la toute fin un peu déçu de ne pas en avoir davantage à se mettre sous les yeux !
Pied-de-mouche*, Adam Mars-Jones, traduit de l'anglais (Royaume Uni) par Richard Cunningham, Jean-Claude Lattès 2010.
*voir ici
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : adam mars-jones, enfance, maladie, humour
22/07/2009
Lydia Cassatt lisant le journal du matin
"Ceci est une île , composée de May et de moi, de son pinceau et de mes gants, de ma douleur et de son regard. Sur sa toile, je me mue en une femme en bonne santé, vêtue de bleu et de blanc. le soleil et le pinceau me guérissent, le pinceau et le soleil, et les oiseaux français dans un jardin français." May ,c'est Mary Cassatt peintre américaine impressionniste ayant cotoyé -et aimé- Degas , dotée d'une énergie folle. Celle qu'elle peint ainsi à de nombreuses reprises c'est sa soeur aînée, Lydia . Lydia qu'elle aime d'un amour total , Lydia qui va mourir même si chacun s'obstine à le nier,sauf la malade elle-même.
Harriett Scott Chessmann choisit donc d'interroger cette constance dans la relation peintre -modèle en consacrant un chapitre par tableau peint à la fin de la vie de Lydia, (ces toiles sont d'ailleurs représentées au centre de l'ouvrage).
Pas de biographie donc à proprement parler car l'auteure s'est "immiscée dans leur univers par la pensée l'imagination et par le rêve", soulignant au passage la dichotomie entre les deux soeurs, l'une pleine de vie, revendiquant: "Je suis une artiste. Je suis indépendante. C'est le seul moyen pour une femme d'en être une." et pleine de lucidité répond à sa soeur lui demandant si elle va épouser Degas"-Je ne peux évidemment pas l'épouser, Lyddy(...)Comment le pourrais-je , il anéantirait ma peinture, il m'anéantirait moi-même . je n'aurais pas le moyen de m'en tirer." Lydia, plus posée mais néanmoins tout aussi clairvoyante et qui n'aura finalement peut être pas eu la plus mauvaise part...
L'écriture d'Harriet Scott Chessman, pleine de couleurs et de métaphores rend palpable l'émotion qui se noue entre les deux soeurs au fur et à mesure que le terme arrive et restitue à merveille l'atmosphère de cette époque. On a envie de découvrir plus à loisirs tout ce monde rempli de lumière et de douceur où rôde la mort.
Lydia Cassatt lisant le journal du matin, Harriet Scott Chessman, Folio, 223 pages lumineuses
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : harriet scott chessman, mary cassatt, degas, peinture, impressionnisme, maladie