30/12/2010
La cote 400
"La pire, c'est l'angoisse de la fantaisie."
Une bibliothécaire , comme une petite souris, recluse- ou presque -dans un sous-sol où seuls des étudiants viennent la déranger ,découvre un jour un malheureux lecteur qui s'est endormi dans son domaine.
Elle va alors l'abreuver d'un soliloque fleuve, ressassant ses idées fixes et son parcours de célibataire ayant fait un trait sur l'amour mais qui ne peut s'empêcher de rêver sur la nuque du beau Martin, un étudiant bien plus jeune qu'elle...
Pas de paragraphes, pas d'échappées possibles, le lecteur est lui aussi captif de cette situation de communication perturbée où s'exprime un seul personnage, engoncé dans ses névroses et ses angoisses qui s'échauffe petit à petit avant de retomber comme un soufflé dans sa petite vie , son "combat homérique" pour rêver encore un peu à la venue de Martin.
Tour à tour agaçante, amusante, furtivement sympathique, cette bibliothécaire rigide, à la limite du mépris parfois , a finalement emporté mon adhésion et c'est le sourire aux lèvres que j'ai terminé cette lecture à épisodes (nécessité pour moi de "souffler" face à ce bloc de 65 pages denses) , pleines d'informations et qui surtout réussit la performance de faire vivre un personnage par la seule force de ses mots. Un texte qui mériterait d'être mis en scène !
Merci Cuné !
Ps :Je m'en vais de ce pas, le prêter à mes amis bibliothécaires !
La cote 400, Sophie Divry (qui se présente avec beaucoup d'humour), les Allusifs 2010, 64 pages pleines d'un humour grinçant.
Plein d'avis chez B.O.B !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : sophie divry, bibliothèque, livres
08/12/2008
"Le mot est venu à mon secours ,comme l'ont toujours fait les mots.'
Abigail et Dorcas sont jumelles mais ne se ressemblent en rien, tant au physique qu'au moral. Dorcas, la plus intello des deux, affirme qu'elles se sont partagé le monde : "Sacré et profane. Spirituel et physique. Esprit et corps." Abigail, la plus charnelle des deux ,est accusée d'avoir assassiné son second mari et, tout en se préparant à affronter le cyclone Pandora (!), Dorcas commence la lecture du livre consacré à sa soeur, se chargeant de rectifier au passage ,de manière sarcastique mais lucide, les erreurs qu'il contient...
Dorcas, bibliothécaire de son état, fustige au passage les pratiques du tout petit cercle littéraire dans lequel elle a été amenée à évoluer malgré elle.
Malgré sa raideur apparente, Dorcas, par son humour inflexible, nous devient vite sympathique et le personnage d'Abigail se révèle à l'usage beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît.Ellen'est en aucun cas la Belle Idiote que l'on pourrait croire : "Ma soeur n'est qu'une je -m'en-foutiste paresseuse. mais one la lui fait pas." Même si au début du texte Dorcas affirme "J'ai une meilleure compréhension des chats, des moteurs à explosion et des Iraniens que d'Abigail, ma soeur jumelle.", remonter le temps, revenir aux origines du drame, va lui permettre de se rendre compte qu'elle est beaucoup plus proche de sa jumelle qu'elle ne le croyait.
Dominé par la figure du cercle, truffé de références mythologiques, Gloire, honneur et mauvais temps, de Jincy Willett est un petit chef d'oeuvre d'humour souvent noir (le récit en deux phrases de l'assassinat du mari m'a fait hurler de rire !), même si le comportement autodestructeur d'Abigail(heureusement passager !) est assez pénible à supporter, non pas qu'il soit décrit de manière complaisante mais voir une femme s'abaisser ainsi est assez perturbant. Tissant des liens entre fiction et "réalité", Dorcas qui entretient avec les mots, sous toutes leurs formes, y compris les graffitis, des relations étroites ne peut que plaire à toutes les lectrices compulsives !
Quelques longueurs, contrebalancées par l'humour constant.
Gloire, honneur et mauvais temps. Jincy Willet. 10/18 . 412 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : jumelles, livres, jincy willett, glore honneur et mauvais temps, écriture, perversité, relation hommes femmes mode d'emploi
18/10/2008
Ouvert au hasard, en attendant à la caisse...
""Mais vous avez une méthode de lecture rapide ?" Oui, bien sûr et une seule : cela fait cinquante ans que je passe une grande partie de mon temps à lire toutes sortes d'ouvrages , dans toutes sortes de circonstances, à toutes sortes de fins. Comme pour n'importe quelle activité devenue familière (manuelle, artistique ou sportive), cela donne forcément une relation quelque peu spéciale avec l'objet en question, en l'occurence la chose imprimée ("des années de travail sont nécessaires avant que les rouages cérébraux de la lecture, bien huilés, se fassent enfin oublier", Stanilas Dehaene). l'important n'est pas de lire vite mais de lire chaque livre concerné à la vitesse qu'il mérite. Il est aussi dommage de passer trop de temps sur certains que d'en lire d'autres trop vite. Il y a des livres qu'on connaît en feuilletant, d'autres qu'on ne saisit qu'à la deuxième ou troisième lecture, d'autres encore qu'on peut relire toute sa vie avec profit."
Des bibliothèques pleines de fantômes, Jacques Bonnet p 56-57 Denoël septembre 2008
06:00 Publié dans Je l'ai lu ! | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : vitesse de lecture, livres, des bibliothèques pleines de fantômes, jacques bonnet