15/04/2010
Qu'elle aille au diable, Meryl Streep !
Jeune marié, le narrateur ne jouit guère de la présence de sa femme car celle-ci préfère vivre chez sa mère et ne lui accorde ses faveurs qu'avec parcimonie . Le fait qu'elle semble avoir des connaissances en matière de sexualité bien peu en rapport avec sa prétendue virginité ne semble guère troubler le benêt qui l'a épousée.Pas plus d'ailleurs que la grossesse déjà annoncée à demi-mots.
Ce mariage arrangé semble commencer d'une bien étrange façon mais le narrateur croit pouvoir tout arranger et décider sa femme à venir habiter dans leur nid d'amour-qu'elle compare à une tombe- en achetant un superbe téléviseur. Las, il n'en profitera que tout seul car sa femme le quittera dès qu'elle aura appris la tentative de viol de son époux sur la jeune couturière venue s'occuper des rideaux de l'appartement conjugal. Abandon qui se fera en présence de toute la famille braillarde et vengeresse de l'infortunée jeune fille.
Et Meryl Streep dans tout ça ? Hé bien elle est la vedette de Kramer contre Kramer que le narrateur verra en Vo non sous titré.
J'en étais au tiers du livre et je n'avais pas souri une seule fois, j'ai donc planté là le benêt obsédé devant son téléviseur et j'ai abandonné sans remords ce qui était présenté comme une comédie sur le couple et la sexualité et tenait davantage de la farce lourdaude.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : rachid el-daïf, schtroumpf grognon le retour, liban
06/09/2008
Dix mille bombes
"Les bombes pleuvaient. Les guerriers se battaient, nos ordures s'entassaient au coin des rues. Chats et chiens , gavés, grossissaient de jour en jour. Les riches en partance pour la France lâchaient leurs bêtes dans la jungle urbaine : toutous orphelins, bichons de luxe dressés à être propres, bassets portant prénoms français et noeud papillon rouge, caniches frisés au pedigree impeccable, cabots chinois ou génétiquement modifoés, clébards incestueux agglutinés en bandes qui couraient les rues par dizaines, unis sous le commandement d'un bâtard charismatique à trois pattes. La meute de chiens la plus chère du monde errait dans Beyrouth, courait sur la terre, hurlait à la lune énorme et dévorait des montagne de déchets à tous les coins de rue." Le décor est planté : Beyrouth durant la guerre du Liban, début des années 80, une ville d 'apocalypse où on tire en l'air pour se frayer un passage dans les rues ou se faire une place à la station-service.
Dans cette ville en ruines mais toujours palpitante de vie deux amis, comme deux frères: Bassam qui rêve de partir à l'étranger et Georges qui lui se sent attiré par la milice chrétienne et sa violence.
Une fraude dans un casino aux mains de ce groupe armé va précipiter les événements et décider du destin des deux garçons...
Rawi Hage, avec De Niro's game, titre faisant allusion au jeu de la roulette russe dans Voyage au bout de l'enfer nous livre un premier roman saisissant. Une plongée dans un monde où régne la violence , violence dans laquelle certains se vautrent mais que le narrateur, Bassam, utilise avec un certain détachement, outil nécessaire pour sauver sa peau. Bassam ne pose pas des mots sur ses sentiments juste des actes. Il ne joue pas au héros, il veut juste s'en sortir et ,quand la situation devient insupportable , il se raccroche aux mots et à des visions oniriques et poétiques, de longs flots inspirés qui charrient la boue et les étoiles. Cette opposition donne encore plus de force à des scènes qui sans quoi pourraient être insoutenables, comme la séance de torture qu'il subit. Le récit quant à lui est très structuré et culmine dans une séance d'explication finale qui éclaire d'un jour nouveau tout le roman. Un style inspiré et puissant qui m'a fait apprécier ce qui n'est pas d'ordinaire ma tasse de thé.
Merci à Violaine de Chez les filles et aux éditions Denoël pour cette découverte.
07:50 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : de niro's game, raxi hage, beyrouth, liban