28/12/2010
Ma mère zéro
"Parce que je me mettais à chercher ma mère Zéro, tout le monde dans la famille avait soudainement besoin d'aide."
Feyzo est né aux Pays-bas mais dans sa famille personne ne ressemble à personne car sa soeur aînée , An est chinoise et lui est né d'une mère biologique qui a quitté la Bosnie au moment de la guerre. Les deux enfants ont été adoptés et cela ne leur pose pas de problèmes jusqu'au jour où Fé se met en tête de découvrir l'identité de celle qu'il appelle sa mère Zéro.
Ce court roman évoque avec sensibilité et empathie toute la gamme d'émotions par lesquelles passent le jeune garçon et sa famille. Pas facile en effet pour la petite chinoise de devoir se résoudre à ne jamais savoir qui est sa mère naturelle puisque les circonstances de son abandon ne le lui permettent pas.
Marjolijn Hof peint ici aussi le portrait d'une famille diablement sympathique dans un quotidien proche du lecteur, sans jamais idéaliser ni jouer sur la corde sensible. Un roman plein de justesse et de délicatesse.
(On espère juste que les choses se déroulent aussi bien en France...)
Ma mère zéro, Marjolijn Hof, traduit du néerlandais par Emmanuèle sandron, Seuil jeunesse 2010, 125 pages pleines de vie.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans Jeunesse, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : marjolijn hof, enfants, adoption
28/07/2009
Le chef d'oeuvre. Anna Enquist # 1
Un repas familial, rien de tel en littérature (ou au cinéma , cf Festen) pour concentrer en un même lieu des protagonistes qui vont pouvoir s'écharper entre la poire et le fromage.L'originalité d'Anna Enquist est de nous amener progressivement à cette acmé qui devrait voir aussi le triomphe absolu du peintre Johan Steenkamer, lors d'une exposition de ses oeuvres et en particulier de son Chef d'oeuvre. Pour autant celui-ci n'est pas le personnage principal, quoi qu'il lui en coûte ! Ce sont les femmes que l'auteure privilégie: Lisa, psychiatre et meilleure amie d'Ellen, la femme de Johan, mais aussi Alma, la mère pas si indigne que ça. Chacune d'entre elle fait face à l'adversité même si souvent elles sentent le sol se dérober sous leurs pieds ou qu'au contraire elles ont besoin d'affronter un "sol récalcitrant"...La marche entr'amies sera aussi d'un grand secours pour exorciser en partie la douleur...
Peignant au plus près la nature dans ses aspects quotidiens et féroces, Anna Enquist établit aussi des parallèlles entre le monde des animaux, où les petits peuvent se faire dévorer par leurs parents, et celui des humains où la férocité est plus larvée.
Familles en décomposition ,"frictions familiales" dues à la lâcheté ,aux jalousies,aux trahisons, impossibilité de communiquer dans le couple ,rapports entre création et amour, Anna Enquist aborde ici dans ce premier roman les thèmes qu'elle ne cesse d'explorer dans un style à la fois tout en retenue et au plus près des émotions et des sensations.
La structure de l'oeuvre, très maîtrisée (trois parties allant crescendo) contribue à débarasser de tout pathos des situations particulièrement difficiles. Ainsi au début de la deuxième partie, craignant d'avoir laissé passer une information importante , suis-je repartie un peu en arrière. Mais non, j'avais lu attentivement et l'information ainsi lâchée au détour d'une phrase, de manière quasi anodine, n'en prenait que plus de puissance, irradiant de toute sa noirceur contenue.
"Observer c'est survivre", remarque un des personnages et cette maxime Anna Enquist l'applique pour le plus grand bonheur du lecteur, elle qui se penche avec intérêt et compassion sur le destin de chacun de ses personnages, sans jamais les juger.
Une oeuvre puissante, une romancière pour qui j'ai eu un énorme coup de coeur et dont j'ai dévoré à toute allure l'oeuvre parue en France. Vous n'avez pas fini d'entendre parler d'elle sur ce blog ! :)
Le chef d'oeuvre, paru aux Pays-bas en 1994 et en France chez Actes Sud en 1999, Babel, 2001. Traduction de Nadine Stabile.
Biographie et traduction d'un poème d'Anna Enquist ici.
06:00 Publié dans Littérature néerlandaise | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : anna enquist, peinture, famille, névroses, couple, enfants
13/11/2008
"Un bon rire vaut un biftek."
Les "perles" et autres recueils d'histoire drôles collectées par un "mystérieux" Jean-Charles ne sont plus d'actualité mais Le petit livre des meilleures histoires drôles pour les enfants vous permettra de retrouver le même humour bon enfant , même si, et ce n'est pas pour me déplaire, un chapitre est intitulé "La vie est cruelle". J'y ai d'ailleurs trouvé mon histoire préférée , je vous la livre in extenso :
"Un homme maigrichon, l'air ennuyé entre dans un bar et demande à qui appartient le pitbull devant la porte.
Un gros costaud lui répond : "C'est MON chien ! Il te pose un problème ?
- Oh, non, certainement pas . Seulement, je crois que mon chien l'a tué."
Le costaud bondit sur ses pieds:
"Mais c'est quoi votre chien ? !
- Un caniche nain
- Vous vous fichez de moi? hurle le type. Un caniche nain qui tue un pitbull ?
- En fait je crois que votre pitbull s'est étouffé avec..."
" Bon courage, les profs" (merci !:)), "Si les aninaux pouvaient parler, qu'est ce qu'il diraient comme âneries !, "Supporter son enfant mode d''emploi", "Ceux de l'asile et ceux qui le font exprès", "Deci, de là" constituent les joyeux chapitres de ce petit livre qui, pour 4 euros, vous fera rire en famille.
Ferdinand en a fait ses délices !
Le petit livre des meilleures histoires drôles. Le cherche Midi.127 pages.
06:05 Publié dans Lu par Ferdinand 9ans ! | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : le petit livre des meilleures histoires drôles pour les enfants, fous, monsieur et madame, enfants
10/11/2008
"...il n'y a rien de plus précieux que d'être l'ami d'un ami."
Il est des livres qui tombent au bon moment : vous errez dans une librairie, ne trouvant aucun des livres figurant dans votre carnet et soudain, vous ne voyez que lui. Une couverture joliment désuète, rose églantine, mettant en scène des tableaux gentiment décalés. Intrigué, vous lisez la quatrième de couv' et aussitôt une question vous saute aux yeux : "Comment aider un enfant plongé dans le chagrin ? " suit la promesse d'un roman fourre-tout comme vous les aimez . Vous feuilletez le livre en question et là, surprise, vous découvre en images la recette du gâteau sans-peur et constatez avec amusement que des traces de pattes de chien se sont glissées par-ci , qu'on aperçoit par là la queue du même canidé et vous commencez sérieusemnt à douter de la classification du roman de Gila Lustiger Un bonheur insoupçonnable.
Peu importe, vous glissez le livre sous votre bras et vous dirigez vers la caisse...
Bien vous en a pris car ce roman philosophique est un vrai bonheur. Un de ceux que l'on lit le sourire aux lèvres et qu'on ouvre au hasard pour la plaisir de retrouver une phrase ou une illustration de Emma Tissier. De quoi s'agit-il ? D'un homme plus tout jeune qui, comme dans la chanson de Joe Dassin, "les p'tits pains au chocolat" ne se rend pas compte que l'amour est tout près de lui, d'un homme -le même- qui ne prend pas le temps de regarder vraiment les enfants qui vivent autour de lui, d'une chienne qui ne se pose pas de questions , sauf celle de l 'heure de son repas, d'un livre de questions justement, mais pas de réponses. Il est aussi question d'une grand-mère qui triche avec aplomb , enfin qui trichait , car elle est morte et Paul ne peut pas supporter d'être heureux sans elle. On apprend dans ce livre que "Les cailloux ont droit eux aussi à une belle vue. que l'oncle Hubert vivait chez lui à l'étranger. Que les mères remarquent toujours que quelque chose cloche justement quand on est pressé de sortir. Et qu'il ya des gens qui ne sont pas faits pour comprendre l'écriture fractionnaire."
Doté de titres de chapitres hétéroclites, de notes en pagaille , défiant toute logique car "dans ce roman, c'est le coeur qui décide",Un bonheur insoupçonnable est un roman enjoué et hirsute dont on sort le sourire aux lèvres qui soulève mine de rien des problèmes auxquels sont confrontés grands et petits. Réconfortant !
Gila Lustiger. un bonheur insoupçonnable.Stock.190 pages.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : gila lustiger, un bonheur insoupçonnable, amour, amitié, sourire, enfants, chien
02/10/2008
"Nulle et nulle part."
"Oui, il voulait que les livres lui montent jusqu'aux yeux,lui révèlent le monde . Oui, il était sûr que la lecture d'un vrai texte change le regard de celui qui lit. Sa force à lui, elle est là, dans les livres."
Ce credo réconfortant d'un professeur de français est une des jolies découvertes du roman de Jeanne Benameur, Présent ? .
Lu pendant les vacances (quel masochisme !), j'ai failli interrompre la lecture de ce texte quasiment dès le début, freinée que j'étais par certains monologues, trop lyriques à mon avis, de cette jeune professeur des sciences de la vie et de la terre qui se demande si elle va continuer à enseigner. Finalement, j'ai vaincu l'obstacle et lu d'une traite ce récit polyphonique d'une journée cruciale à l'intérieur d'un collège de banlieue:celle du conseil de classe , couperet ou passerelle vers l'avenir, selon le verdict.
Maintenant que j'ai repris contact avec la réalité de l'enseignement, je dois avouer que le roman de Jeanne Benameur ne me convainc plus autant, sa vision étant trop idéalisée.
L'avis de Gambadou
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : collège, profs, enfants, présent, jeanne benameur