05/01/2011
Les petits
"...c'est une chose à la fois triste et gaie, nous ne décidons pas des élans de notre coeur, Paul, mais un jour, sans qu'on sache pourquoi, le chagrin s'en va."
Petits, ils le sont par l'âge ou la condition sociale. Mais toujours on leur enjoint de plier, soit par la force brute, soit de manière plus feutrée, sournoise, voire validée par l'ensemble d'un groupe social. Leur bonheur, aussi modeste soit-il, ne peut qu'exaspérer :"...sa politesse, sa douceur même , devenaient à leurs yeux une marque de condescendance inacceptable." La violence , quelle que soit sa forme, toujours, rôde.
On frémit, on retarde même la lecture de certains textes, car on le sent , à un moment donné Sélim subira le pire parce qu'il aura franchi une invisible frontière, Isabelle sera forcée de se délester de ce qu'elle a de plus cher et de surcroît d'en subir les conséquences...
Les atmosphères, les milieux sociaux varient mais il faudra attendre la dernière nouvelle pour qu'un peu d'humour féroce vienne insuffler un courant d'air bienvenu dans cette galerie de portraits acides et cruels ,mais qui sonnent toujours justes.
La douleur est présente mais elle est exquise, dans tous les sens du terme. Un style tour à tour ferme ou poétique que Frédérique Clémençon manie avec une précision de scalpel.
Les petits, Frédérique Clémençon, L'olivier 2011, 200 pages à déguster à petites doses pour éviter d'avoir el coeur broyé, mais au final on en redemande !
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : frédérique clémençon, cruauté