13/06/2016
La pluie de l'aube
"Je pense souvent à ce vieux dicton: "Un homme se déplace pour rester vivant, un arbre ne se déplace pas pour rester vivant." Et moi, je ne suis qu'un vieil arbre, j'évite de me déplacer."
Comme Guan Jian le rappelle "Depuis la dynastie Tang, les Chinois voyagent. Partir loin de chez eux ne leur fait pas peur, ils savent s'adapter à toutes les situations et trouver leur place à l'étranger. "C'est donc l'histoire d'une famille dont certains membres vont s'installer en France en 1921, avant de retourner au pays natal, en pleine Révolution. Quatre générations du début du XXème siècle à nos jours, dont l'histoire s'articule en neuf nouvelles, pour suivre l'évolution d'un pays qui se réinvente sans cesse.
De Yang Shan Shan, la première femme chinoise à obtenir son diplôme de docteur en médecine à Paris, rentrée en Chine pour aider au développement de son pays mais qui sera broyée par la Révolution culturelle, au grand- -père qui soliloque ou bien encore à Julien , devenu un fantôme se berçant à longueur de temps, nombreux sont les personnages à avoir souffert. Mais, chacun d'entre eux à sa façon, soit par la poésie, soit par un humour discret, parvient à faire un pas de côté et si la mort est présente, c'est toujours de manière discrète.
Il y a beaucoup de délicatesse et de pudeur dans ces textes courts mais puissants et chacun des membres de cette famille nous devient vite familier.
Guan Jian ,en 123 pages sensibles, réussit un tour de force: raconter une saga qu'on n'oubliera pas de sitôt.
La pluie de l'aube, Guan Jian,Zonaires éditions 2016.
J'accepte très rarement les propositions d'auteur mais ce recueil étant sous le double "marrainage" de Françoise Guérin (qui signe la préface) et de Patricia Martin de France Inter (qui avait reçu l'autrice) , clic, je ne pouvais qu’accepter.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : guan jian, chine
15/01/2013
Monsieur Ho
"Sans commettre d'excès de zèle, Ho avait bien l'intention de visiter cette superposition de Chine, ce puzzle si mal découpé."
Fonctionnaire discret aux ordres de Pékin, monsieur Ho se voit un jour confié la tâche titanesque de recenser ses concitoyens.
à bord d'un antique train, Monsieur Ho et son fidèle chauffeur se lancent dans un périple qui peu à peu s'affranchira des rails, au sens propre et au sens figuré.Les rencontres seront étonnantes, poétiques, brocardant au passage les touristes "...en quête de folklore instantané, impatients de pénétrer le coeur des légendes , et qui avaient souvent tendance à oublier la dure réalité des grandes étendues, le danger du vide et la rage du vent. Ces explorateurs un peu mystiques protégés par le dieu du Gore-tex et par des fermetures Eclair à toute épreuve faisaient assez vite une indigestion d'un excès de rien."
Quête identitaire d'une nation protéiforme où le pluriel est de mise , ce récit de voyage se transforme peu à peu en une recherche plus personnelle, pleine de délicatesse , emplie de mélancolie et de tendresse. Un petit bijou constellé de marque-pages !
Monsieur Ho, Max Férandon, Carnets nord, Editions Montparnasse 2013 , 158 pages à savourer !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : max férando, chine