22/01/2016
Astres sans éclat
"Avoir une amie compliquait les choses."
Canada, Ontario, 1962. Quand Jori Clement, fille unique d'un couple aisé et progressiste, élit comme amie Brendra Bray, adolescente potelée et solitaire, la vie de cette dernière semble enfin acquérir un peu d'éclat.
Mais Brendra ne fait peut être que passer de l'emprise de sa mère dépressive , aux crises de colère violentes, à celle de cette amie délurée et pas aussi lisse qu'il n'y paraît.
Quarante ans plus tard, le vilain petit canard, devenue une auteure à succès sous le nom de Rae, revient sur les événements dramatiques survenus à cette époque.
Avec beaucoup de subtilité, KDMiller instille le doute et analyse les relations toxiques instaurées entre les différents personnages. 173 pages aiguisées.
Astres sans éclat, KD Miller, traduit de l'anglais (Canada) par Marie Frankland, Les Allusifs 2015
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : k.d miller, canada, adolescence
30/09/2013
En même temps, toute la terre et tout le ciel
"C'était quelque chose que je devais à Nao. j'avais envie de lire son journal au rythme de ce qu’elle avait vécu."
Oui, il faut prendre son temps pour savourer et laisser infuser les 596 pages du roman de Ruth Ozeki. se laisser prendre par la magie de ce livre qui alterne les récits de Nao, jeune japonaise victime de harcèlement dans un pays qu'elle ne reconnaît pas comme le sien et Ruth, écrivaine en panne d'inspiration au Canada, sur une île où la nature sauvage a encore droit de cité.
Probablement emporté par le tsunami, un sac en plastique contenant le journal de Nao , des lettres et une vieille montre s'échoue sur la baie de Desolation. Il sera trouvé par Ruth qui se rendra vite compte que les mots de la lycéenne lui sont destinés. S'établit alors entre les deux femmes, entre les deux pays, entre passé et présent, une relation où les mots joueront un rôle essentiel.
La frontière entre réel et imaginaire devient poreuse mais le lecteur accepte sans broncher qu'un rêve puisse modifier le passé ou qu'un corbeau joue un rôle essentiel tant il est captivé par ce récit à la construction harmonieuse. On veut savoir ce qu'il advient de chacun des personnages, on partage leurs souffrances, on découvre les situations sous différents points de vue et on finit ce roman en parvenant même à s'intéresser au chat de Schrödinger sans mal de crâne !
Un roman d'une grande richesse et d'une extrême sensibilité qui évoque aussi bien le zen, avec une nonne de cent quatre ans pleine d'empathie et d'humour, les kamikazes, le choc des cultures, l'identité , la tentation du suicide mais sans jamais devenir pesant. On y glane aussi, grâce au mari de Ruth, plein d'infos scientifiques. Bref, on se régale de bout en bout ! un roman constellé de marque-pages ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Un énorme MERCI à Clara !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ruth ozeki, japon, canada
23/12/2008
"Un mur peut se sauter, mais comment s'évader de soi ? "
Un peu avant ses dix-huit ans, la narratrice apprend qu'elle ne s'appelle pas Iréna Golebiowska mais qu'elle est née Estera Sternchuss dans le ghetto de Varsovie.Première scission. En outre, elle découvre que Zofia Lass s'est approprié le manuscrit de sa mère, Un mur entre nous,devenu un best-seller mondial.
Dès lors, Iréna n'aura de cesse de mettre au point sa vengeance...
Plus que le récit d'une quête obsessionnelle, le roman de Tecia Werbowski est celui d'une quête de soi. Refoulant son identité juive , "J'étais convaincue qu'être juif vous donne le choix entre deux éventualités. S'affirmer comme Rubinstein et Romain Gary. Ou alors, rester tranquille dans son coin et ne pas se montrer différent des autres." Pour mener cette "double vie", Irena fuira jusqu'au Canada, jusqu'à ce quelle se rende compte que"depuis mon émigration, j'avais muré mes souvenirs et que je m'étais condamnée au ghetto du silence. C'est le moment du dégel pour les sentiments enfouis dans mon congélateur canadien." Le mur s'est donc d'une certaine façon matérialisé en elle.
Avec une langue sobre et âpre,en quelques courts chapitres (58 pages en tout !) allant droit au but, comme écrit dans l'urgence, Tecia Werbowski nous fait partager de manière efficace cette double recherche qui mènera enfin la narratrice vers l'apaisement. A tenter absolument.
L'avis de Lily
Celui de Sylvie.
Et de Michel.
Tecia Werbowski .Le mur entre nous. 58 pages. les Allusifs.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : le mur entre nous, tecia werbowski, ghetto de varsovie, vengeance, secret, pologne, canada
30/09/2008
Au bord de l'océan arctique
Imaginez que vous soyez en train de tenter désespérément de faire un enfant, probablement la dernière chance pour votre couple... Imaginez que vous receviez une lettre vous informant que vous êtes l'heureux papa de jumeaux adolescents, souvenirs, dont vous n'avez pas de traces, d'un séjour dans le Grand Nord Canadien.
Voilà la bombe qui explose dans la vie de Dafydd, chirurgien bien sous tous rapports, et qui va tout remettre en cause. Pour éclaircir ce qui va s'avérer être un plan d'un machavélisme achevé, il va devoir retourner sur les traces de son passé :"Bienvenue à Moose Creek ! Une fois d e plus, il était relégué chez les losers après les nouvelles erreurs commises dans le monde civilisé."
Kitty Sewell avec Fleur de Glace nous entraîne dans un suspense haletant et nous peint également, sans clichés, le monde des ces loosers du bout du monde, plongés dans un monde où s'endormir dans le froid peut paraître plus doux que de supporter une vie aussi rude.
Si vous aimez les grands espaces, les personnages plus vrais que nature et que vous avez envie de visiter le Grand Nord canadien sans avoir trop froid, ce livre est pour vous! Un bon moment de lecture.
l'avis de Clarabel
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (25) | Tags : intrigue machiavélique, canada, fleur de glace, kitty sewell