17/08/2011
L'enfant du jeudi
"Comme on dit, l'ignorance, c'est le bonheur. Dehors, ma fille, c'est là qu'est ta place."
Selon une comptine anglaise"L'enfant du jeudi voyagera loin."Obéissant à cette prédiction Tin, le plus jeune enfant de la famille Flute ,choisit très vite de partir en exploration. C'est sous terre qu'il se creusera son propre royaume, s'éloignant de plus en plus des siens, mais maintenant toujours un lien avec sa soeur, Harper, la narratrice du roman.
Nous sommes en Australie, au moment de la Grande Dépression et le père de la famille Flute va apprendre à ses dépens, mais aussi à ceux de sa femme et de ses enfants ,qu'on ne s'improvise ni fermier ni éleveur...
Au début Harper m'a un peu fait penser à Fifi Brindacier par son caractère enjoué et débrouillard mais très vite le récit prend une orientation beaucoup plus dramatique et la tonalité devient de plus en plus pesante. La Nature se révèle féroce et les mauvaises décisions du père , trompé un peu comme la mère dans Un barrage contre le Pacifique, vont entraver de plus en plus le destin de ses enfants. Mais Harper relève toujours la tête ...
Le style de Sonya Hartnett est ample et vigoureux. Très visuel, il rend prégnant cette atmosphère lourde et ,même si on est oppressé de bout en bout, on ne peut que poursuivre ce roman puissant et fascinant.
L'enfant du jeudi, Sonya Hartnertt, traduit de l'anglais (Australie) par Valérie le Plouhinec. les grandes personnes 2011, 221 pages chthoniennes.
06:00 Publié dans Jeunesse, rentrée 2011 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : sonya hartnett, australie
03/05/2011
La gifle
Un enfant, non cadré par ses parents , est giflé par un adulte lors d'une fête réunissant des représentants du melting-pot australien . Les parents de l'insupportable gamin décident aussitôt de porter plainte, fragilisant ainsi et leur couple et toute la communauté de leurs amis qui vont devoir ou non prendre parti pour l'un ou l'autre camp.
Les personnages de La gifle sont tout sauf sympathiques, poisseux pour la plupart, mais leur variété, aussi bien dans l'âge que dans l'origine sociale, et la manière dont l'auteur leur fait prendre tour à tour la parole est en soi intéressante. Un roman agaçant (jai dû m'y reprendre à deux fois pour en venir à bout) mais qui brosse un portrait-mosaïque intéressant de la société australienne contemporaine.
La gifle, Christos Tsiolkas, traduit de l'anglais (Australie) par Jran-Luc Piningre, Belfond 2011 , 467 pages un peu lourdes à digérer.
Clara, pas convaincue, vous enverra chez d'autres.
Le coeur de Cuné a été broyé en mille morceaux.
N'hésitez pas à m'envoyer vos liens, !:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : christos tsiolkas, melting pot, australie
30/08/2010
L'arbre du père
"La maison se désintégrait, tout comme nous; ça méritait bien une fête."
Une famille australienne subit brutalement un deuil, celui du père de famille. Simone, la narratrice , âgée de neuf ans à l'époque, trouve refuge dans le flamboyant qui pousse devant la maison et y entend la voix de son père. La mère qui ne peut accepter la disparition de son époux, va elle aussi voir dans ce symbole un moyen de faire face . Mais les racines du flamboyant menacent la maison et il faudrait couper l'arbre...
Dans ce roman tour à tour poétique et fantastique, Judy Pascoe analyse avec finesse les sentiments de cette famille qui doit affronter le deuil. Chacun se débrouille comme il peut pour arriver à supporter l'absence paternelle. La narratrice qui prend en charge ce récit a postériori le fait sans se donner le beau rôle et revient sur les événements avec lucidité, évoquant les souvenirs d'une année marquée par la chaleur et la solitude malgré la sollicitude de l'entourage, voisinage compris.
Chaque personnage, même secondaire, est croqué avec une justesse confondante et devient aussitôt partie intégrante de l'univers que Judy Pascoe réussit en un peu moins de deux cent pages à créer.
Quant à la nature australienne, elle tient un rôle exceptionnel, tour à tour réconfortante ou dévastatrice, donnant lieu à des scènes très visuelles qui n'ont pu qu'inciter à l'adaptation cinématographique du roman.
Un concentré d'émotions qui chahute le lecteur mais une écriture qui ne verse jamais dans le pathos, un texte très visuel et captivant.
L'arbre du père ,Judy Pascoe, traduit de l'anglais par Anne Berton, 10/18 2010, 191 pages
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : judy pascoe, deuil, reconstruction, australie
30/06/2010
Finnigan et moi
Finnigan , "un tiers humain, un tiers animal, un tiers gobelin de livres de contes pour enfants", "espèce (...) sauvage et indomptée répandant le chaos sur son passage" a passé un pacte avec Answell quand ils étaient enfants . Faire le mal sera l'apanage de Finnigan, le bien celui d'Answell.
Ce dernier, sous la coupe de parents qui veulent tout contrôler, se réjouit dans un premier temps de cette alliance. mais quand une vague d'incendies et de méfaits vient semer la zizanie dans cette petite bourgade australienne, Answell va essayer d'arrêter son ami.
Finnigan existe-t-il vraiment ? La question de l'identité, celle de la responsabilité sont au coeur de ce roman qui brouille les frontières entre fantastique et réalité.
Une écriture poétique puissante qui sait créer un climat étouffant, un roman tout à la fois beau et angoissant sur le passage de l'enfance à l'adolescence.
Finnigan et moi, Sonya Hartnett, traduit d el'angalis (Australie) par Bertrand ferrier, Le serpent à plumes 2009, sorti en poche.
Un des rares romans à avoir échappé à la malédiction de la PAL qui fond !:)
Merci Cuné !
Tout le monde l'avait lu, sauf moi !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : sonya hartnett, australie, adolescence
16/02/2010
La vengeance du wombat et autres histoires du bush
"Oui, la vie est très étrange du Mauvais Côté du fleuve Darling."
Si comme moi, trompés par le feuilleton "Skippy", vous avez toujours cru que le kangourou était un être fûté et affectueux, La vengeance du wombat et autres histoires du bush va cruellement ôter vos illusions.
En effet, Kenneth Cook qui se confronte (presque) sans sourciller avec des sauriens, des reptiles extrêmement dangereux, sans oublier quelques autochtones à la gachette facile et au gosier en pente, accumule immanquablement les ennuis dès qu'il rencontre un marsupial. Il le sait mais oublie très vite, il le reconnaît lui même.
Se dénigrant avec une belle ardeur, le narrateur de ces histoires du bush possède l'art de se fourrer dans des situations hautement improbables et/ ou dangereuses, et ce pour le plus grand bonheur du lecteur. Eclats de rires garantis !
La vengeance du wombat et autres histoires du bush, Kenneth Cook, traduit de l'anglais (Australie) par Mireille Vignol. Autrement 2010, 158 pages 100% purs rires.
Du même auteur : ici.
06:00 Publié dans Nouvelles étrangères | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : kenneth cook, australie, gens et animaux bizarroïdes
22/08/2009
Regarder le soleil
"Nous avons trop de respect pour le chagrin, dit-il .Il faut que ça s'arrête un jour."
Ce pourrait être en dehors du temps tant ce qui est décrit est intemporel. L'histoire se déroule dans un ranch de l'outback australien où un fermier vient de faire une chute de cheval. Sa femme devient progressivement aveugle et si elle parvient dans un premier temps à faire tourner l'exploitation, à la mort de son époux, sa maladie empirant aussi, elle perd tout à la fois le contrôle de sa vie et de sa fille, Chloé. cette dernière en profite alors pour explorer toute cette étendue sauvage qui les entoure.
C'est par une série de chapitres que nous découvrons progressivement l'histoire de cette famille atypique où les émotions passent plus par le regard que par les mots. "Je n'arrive pas bien à ne pas la regarder ."pense Chloé de sa mère tandis que sa demi-soeur affirme : "Son oeil te suit, même si elle ne regarde pas . Sans que tu le remarques, elle l'accroche à toi et il se balade avec toi, où que tu ailles, comme la bardane."
Intensité des sensations, observation tout aussi intense de la mère dans ce qu'elle a de plus intime, de plus charnel: "ça se passe maintenant , je le sais. En ce moment-ci se forment les nouveaux petits vaisseaux. Ils se développent le long de l'humeur vitrée, se ramifient en tous sens, mais ne valent rien."Amour absolu qui ne dira jamais son nom.
Il se dégage du roman d'Anne Provoost une poésie étrange et sourde sans que pour autant on verse dans l'abstraction.On s'attache à ces personnages qui acquièrent progressivement un arrière plan, une histoire qui nous les rend plus proches,moins éthérés et c'est beaucoup trop vite qu'on termine ce roman sur une image à la fois banale, dans sa quotidienneté, et forte. Un roman puissant.
Regarder le soleil, Anne Provoost, traduit du néerlandais (Flandre) par Marie Hoogje, Fayard, 266 pages intenses. Parution le 26 août.
Ce roman vient de recevoir en Flandre le prix triennal de la prose.
06:05 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : anne provost, australie, rapports mèrefilles, cécité
15/07/2009
Le koala tueur et autres histoires du bush
"Selon le principe que dans tout périple se cache une bonne histoire" Kenneth Cook se lance dans les entreprises les plus bizarroïdes en compagnie d'acolytes pour le moins surprenants ! N'ayant rien d'un Crocodile Dundee -il se présente à plusieurs reprises comme pesant une centaine de kilos,non-pratiquant fervent du sport, il n'a donc guère d'atout en mains pour jouer les héros dans le bush australien. D'autant moins qu'il a le chic pour se choisir des compagnons qui ont un rapport pour le moins flegmatique (hérité de leurs ancêtres grands-bretons?) avec le danger...
Quant aux animaux, les plus dangereux ne sont peut être pas ceux que l'on croit. Tel George, "le chien qui aimait les animaux" et le seul qui ait "délibérément attenté "à la vie de l'auteur et de cinq autres personnes, réfugiées piteusement sur un comptoir de bar, jusqu'à ce qu'une émule de Ma Dalton vienne rétablir l'ordre. Quant à Cedric le chat, s'il vous regarde d'un air gourmand, gare ! Au passage, nous apprendrons que l'haleine de chameau est "l'une des choses les plus redoutables en ce monde" (je vous en épargne la description, très imagée) et que " les koalas "n'ont pas un poil de gentillesse" vu la façon dont l'un d'entre eux a montré son attachement féroce à l'auteur,on comprend cette assertion !
Bref, j'ai a-do-ré ce recueil de nouvelles qui certes, comme le souligne la traductrice Mireille Vignol dans sa post-face, n'a pas oeuvré pour le tourisme australien, mais m'a , et ce à de nombreuses reprises littéralement fait éclaté de rire, ce qui ne m'était pas arrivé depuis un bon moment avec un livre !
Le koala tueur, Kenneth Cook, Editions Autrement, 151 pages hautement réjouissantes !
Je dois être une des dernières à avoir craqué sur ce livre, alors voici l'avis de Keisha qui vous enverra vers plein d'autres !
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (27) | Tags : kenneth cook, australie, un chat, un chein, un cochon, un crocodile, mais pas de kangourou !