21/01/2021
Nous sommes à la lisière...en poche
"Ses histoires à elle, pourtant, n’inventent pas d'autres mondes. Pas d'autres amours non plus. Il leur suffit d'être complices de quelques vies sauvages."
Cheval, fourmis, hérisson, écureuil, chat ou oiseaux, entre autres, peuplent les nouvelles de Caroline Lamarche.
En effet, ce sont eux les héros, dûment prénommés, donc dotés d'une identité propre, avec lesquels au moins un humain entre en interaction .
Cette dernière peut être brève, peut être en apparence anecdotique, mais elle fait résonner de manière un peu différente les existences en tous points ordinaires qui nous sont ici relatées en quelques pages poétiques et d'une précision extrême.
Qu'elle s'arrête pour aider un hérisson à traverser la route et l’amoureuse de la nouvelle Ulysse, reliera par des liens éclectiques, mais toujours pertinents, cette rencontre fugitive avec ses propres interrogations lors d'un repas où se révèleront des enjeux qu'elle n'était peut être pas prête à admettre.
La plus longue et la plus émouvante nouvelle, Frou-Frou, évoque une histoire d'amour hors-normes, à bien des égards et témoigne de l'art de l'auteure pour évoquer avec délicatesse et sensibilité des émotions intenses mais sourdes.
La nature est souvent en danger dans ces textes, mais ses habitants, aux vies parfois éphémères, témoignent d'une volonté de vie et de liberté qui émeuvent au plus haut point.
Un grand coup de cœur! Et zou sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, nouvelles belges | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : caroline lamarche, animaux
06/12/2012
D'autres vies que la nôtre
"La peau délicate et fragile de Rosette a des teintes de salaisons."
Parues dans Libération et rassemblées ici ces chroniques placées sous la double égide du grand naturaliste Hainard pour les mammifères, et de Fabre pour les insectes, racontent "des événements ténus, des allées et venues dans les bois et les champs", comme le précise Elisabeth de Fontenay dans sa préface.
Nulle visée didactique, même si on apprend plein d'infos au passage (si la taupe a tant besoin d'aérer ses galeries c'est qu'elle est une grande péteuse...) mais plein de récits de rencontres et d'observations sur une presqu'île située à 60 kilomètres de Paris où l'auteur a vécu quelques temps dans des conditions plutôt spartiates.
Si vous êtes insensible à ces fugitives visions d'une biche ou d'une martre, ces cadeaux que nous offre parfois la nature, alors peut être serez-vous sensible à l'écriture précise, riche, parfois un chouïa précieuse d'Homeric. Une écriture qui m'a souvent évoqué Jules Renard, voire Colette ,même si on en trouve pas ici la même gourmandise de la vie, que nous offrait l'auteure de La paix chez les bêtes.
Une splendide découverte, toute hérissée de marque-pages !
D'autres vies que la nôtre, Homeric, grasset 2012, 192 pages vivifiantes comme une balade en forêt.
06:00 Publié dans Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : homeric, elisabeth de fontenay, animaux
18/02/2011
Aux bords du lac Baïkal
"Il faut dire que la pitié, les gloutons, ça les faisait bien rire."
Une même scène, aux bords du lac Baïkal vue par douze paires d'yeux différents (moins un oeil, la pie est borgne !). Parmi ces narrateurs, un seul animal humain : un jeune chaman , Geirg Dordjé, le seul à être capable de capter ces paroles muettes échangées par la faune locale, mais comme il est peu loquace, pas de danger qu'il les répète.
Un monde "beau, implacable" où il ne fait pas bon être une marmotte trop gourmande ou un glouton pas assez agressif, mais un monde aussi où l'on croise un aigle maladroit, un tigre plus paresseux que féroce et surtout mon chouchou, l'inénarrable l'escargot Dwayne Dodo qui" se raconte à lui même des histoires qui le font rire jusqu' à l'intérieur de sa coquille. " En outre ce gastéropode est persuadé, en toute modestie, d'être l'animal le plus beau du monde !
Les noms des héros de ces nouvelles sont à eux seuls un vrai régal (citons au passage l'ours Pandolphe Popovitch) et Christian Garcin, un peu dans l'esprit des Histoires comme ça de Kipling, n'hésite pas à créer des effets de refrains , ce qui renforce la continuité d'un texte à l'autre.
Un livre qui vous prend par la main, quel que soit votre âge, et qui ne vous lâche plus ! Un vrai coup de coeur !
Cuné a aussi été séduite !
Aux bords du lac Baïkal, Christian Garcin, Ecole des Loisirs 2011, 134 pages pleines de surprises et d'humour !
06:00 Publié dans Jeunesse, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christian garcin, animaux, humour
14/09/2010
Que font les rennes après Noël ?
"Vous vous êtes trop longtemps oubliée."
Vous avez toujours rêvé d'avoir un animal mais le Père noël et ses rennes ont apporté une horrible poupée géante . Vous fantasmez à propos de la grossesse de votre mère et du film Rosemary's baby. Vous vous demandez à qui vous vous identifiez dans King Kong. Vous poursuivez une lente évolution et finissez par vous rendre compte que les rennes vivent dans un paysage bien moins féérique que prévu. Tout comme les autres animaux, du loup aux cochons, en passant par les rats de laboratoire dont viendront nous parler des dresseurs, des scientifiques ou des bouchers, entre autres. Et ce discours presque clinique s'intercalera entre chaque paragraphe de votre récit, mettant ainsi en parallèle éducation des enfants et exploitation des animaux.
Récit d'une émancipation, Que font les rennes après Noël ? réussit le pari de varier les discours, sans jamais identifier les locuteurs , sans que cela nuise à la fluidité ou à la compréhension du récit ,et en nous les donnant à entendre dans leur jus. Quant à la narratrice, elle joue des codes de l'autobiographie, le pronom "Vous" instaurant à la fois distance et proximité avec le lecteur. L'humour, parfois noir, est souvent présent. Quelques passages trash (que j'ai passés vite fait, âme sensible que je suis ) mais une vision très juste et passionnante pour tous ceux qui sont curieux du monde en général. Un roman original à la fois par la forme et par le fond, ce qui est ma foi fort rare, et qui se lit d'une traite.
Que font les rennes après Noel ? Olivia Rosenthal, Verticales 2010, 211 pages quasi parfaites.
Merci à Antigone !
C'est aussi grâce à elle que j'avais découvert On n'est pas là pour disparaître.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : olivia rosenthal, animaux
05/11/2008
Le lion est mort ce soir...
Ah ils sont contents chez moi que j'aie emprunté et non acheté Le grand bestiaire des animaux ! ça leur évitera de subir encore longtemps la lecture à haute voix des textes de ce magnifique album. Parce qu'il faut bien l'avouer ma voix ne ressemble pas à celle de Claude Piéplu et que je n'ai pas de talent de comédienne, loin s'en faut , mais je me régale à les lire ces textes pleins d'humour et d'un aspect pseudo-scientifique des plus réussis (et pas seulement celui consacré à la vache, mauvaises langues que vous êtes :)). Ils sont tous très bien, ! Mes chouchous ? Bon, celui de la vache '(on ne se refait pas) mais aussi celui de la tortue qui a raccroché ses crampons lejour où elle a été battue à la course par le dindon...
Quant aux illustrations, elles donnent envie d'exposer cet album sur un lutrin et d'en tourner chaque jour une page...Une totale réussite !
Ps: Ferdi a aussi beaucoup aimé !
Editions Autrement . 40 pages. Frédéric Kessler et Olivier Charpentier.
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06:00 Publié dans Lu par Ferdinand 9ans ! | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : animaux, humour, le grand bestiaire des animaux, frédéric kessler, olivier charpentier