08/08/2011
Un ami parfait
"Je suis devenu le contraire absolu de moi-même."
Victime d'une amnésie qui a effacé cinquante jours de sa mémoire, le journaliste Fabio Rossi part à la recherche de ses souvenirs mais aussi de lui même. Est-il ce journaliste intègre prêt à dénoncer tous les scandales ou cet homme attiré par l'argent et par une vie facile et décomplexée ? De qui est-il vraiment amoureux ? Et enfin son ami Lucas est-il vraiment aussi parfait qu'il le croit ?
Une nouvelle fois Martin Suter se plonge dans les mécanismes fascinants de la mémoire et la description de la rééducation de Fabio est vraiment intéressante. Il n'en reste pas moins que ,docteur Jekyll ou Mister Hyde, Fabio le macho n'a su ni me toucher ni m'intéresser vraiment. Reste une intrigue comme d'habitude au cordeau avec une pirouette finale comme Suter en a le secret.
Emprunté à la médiathèque.
Un ami parfait, Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Christian Bourgois Editeur 2002, 373 pages qui manquent un peu de chair.
06:00 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : martin suter, journalisme, amitié
29/08/2010
Vivement l'avenir
"La vie m'apprend de force, et c'est tant mieux."
Alex, jeune femme trentenaire volontairement sans amarres, a atterri un peu par hasard chez Marlène. Marlène , la forte en gueule qui malnène avec une belle ardeur la langue française et son mari , sans oublier celui qui lui pourrit un peu beaucoup ses rêves, son beau-frère handicapé, rebaptisé affectueusement Roswell par Alex.
Bien qu'elle s'en défende, la jeune femme va s'attacher de plus en plus à ce Picasso en volume ainsi qu'à deux autres garçons de son âge , Cédric et le Mérou, qui font le désespoir de leurs parents à osciller entre glandouille et chômage.
Cette rencontre sera peut être le déclic qui donnera envie à ces trentenaires angoissés de se lancer car "Combien de gens s'abonnent au malheur, tout seuls, comme des grands, et ne résilient plus jamais l'abonnement ? "
Des personnages sans prestige mais pas sans panache , une vie quotidienne parfois tristouille mais qu'il suffit de bousculer un peu pour la faire briller de nouveau, redonner un peu de lustre aux rêves du passé, voici un joli programme que nous propose Marie-Sabine Roger. On y croit le temps du livre et on collecte avec plaisir les citations comme autant de gri-gri pour les jours sans.
La construction alterne les points de vue et génère le sourire qand on voit comment une même situation peut être interprétée différemment par les protagonistes.
J'ai particulièrement apprécié le rapport aux mots qu'ont les personnages: Alex qui mine de rien rectifie les expressions de Marlène, qui s'enferre de plus belle, Le Mérou qui dispose de certains mots définitifs, mais aussi la poésie qui se fraie un chemin à travers le langage entravé de Roswell...Une écriture qui n'en fait jamais trop et ne tombe pas dans la joliesse, un très beau moment de lecture.
Vivement l'avenir, Marie-Sabine Roger, Editions du Rouergue, la brune 2010 , 302 pages Sschuper ! comme dirait Roswell.
Un grand merci Dame Cuné !
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : marie-sabine roger, amitié
20/09/2009
Un copain de plus
Tout le troupeau est en émoi et se prépare avec fébrilité :trois nouveaux moutons vont arriver !Mais les réjouissances tournent court quand chacun se rend compte que les nouveaux-venus sont...noirs ! Seul Robert , l'agneau, ira à la rencontre d'Olga car il espérait trouver un nouveau copain et même si elle "n'est qu'une fille", il ne sera pas déçu par les aventures dans lesquelles l'agnelle va l'entraîner !
Réussir à traiter d'un seul coup du racisme et du féminisme , sans pour autant tomber dans le didactique ennuyeux, voilà qui n'est pas donné à tout le monde et Agnès Laroche gagne son pari haut la main! Ses personnages sont malicieux et astucieux et les dessins pleins d'humour et de fraîcheu de Philippe Bucamp accentuent l'aspect délicieusement champêtre de l'histoire.
A lire sans hésitation avant de l'offrir à un petit lecteur ! (5/ 7 ans).
Un copain de plus, Agnès Laroche, Philippe Bucamp, Editions Talents hauts, collection Livres et égaux.
16:30 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : agnès laroche, philippe ducamp, amitié, racisme, féminisme
17/09/2009
Petit éloge de la rupture
"Coupé, pas dérapé"
Ayant commencé à rédiger pour ce Petit éloge de la rupture un récit de séparation, Brina Svit est victime de la rupture de son disque dur. S'en est dit :la forme du texte sera marquée par les interruptions. Ce qui ne va pas sans mettre parfois le lecteur en peine de s'y retrouver dans ces différents textes qui se brisent sans cesse.
L'existence de Brina Svit semble elle aussi aussi placée sous le signe de la rupture : l'auteure est slovéne , écrit dans cette langue mais aussi en français ; écrivaine, elle est aussi danseuse de tango et semble très liée à l'Argentine. Toutes ces fractures nous valent de très beaux textes juxtaposés sur la langue, l'écriture, sa relation -difficile- avec sa mère mais aussi l'amitié/rivalité entre elle et Elisabeth Barillé, sans compter les textes "bijoux sombres [...] de Gil Courtemanche".Un texte parfois déroutant mais où l'on trouve une réflexion intéressante et pertinente.
Je note particulièrement ce passage : "J'ai pensé (...)à cette journée où j'avais curieusement plein de temps à ma disposition. Je me suis dit que je devrais réapprendre à en perdre intelligemment, m'organiser seule, par-ci par-là , une rupture volontaire avec cette partie de moi qui veut à tout pris être efficace et productive."
Petit éloge de la rupture, Brina Svit, folio 2 euros.111 pages qui donnent envie d'aller plus loin avec cette auteure.
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : brina svit, amitié, amour, langue, écriture
08/09/2009
Le monde de Lenny
Lenny est un élève brillant mais qui pose problème à tous les membres de l'équipe éducative car il ne "rentre pas dans le moule". Impossible de le faire passer de niveau car "le retard de son développement affectif rendrait tout changement catstrophique."
Elevé par une mère qui porte des gants en continu (elle est main-modèle pour la publicité), Lenny pose sur le monde un regard aigu et décalé sur le monde qui l'entoure. Les entretiens avec Muriel (une psy? ) et sa relation avec Van-son premier ami !-vont lui permettre de mieux trouver sa place et de laisser libre cours à ses émotions.
Ecrit par l'américaine Kate Banks -à qui l'on doit de nombreux albums destinés aux jeunes enfants-, Le monde de Lenny est un roman attachant même s'il possède les défauts de ses qualités. En effet, la répétition quasi systématique des prénoms des personnages dans les dialogues donnent à ceux-ci un côté trop rigide et trop enfantin pour un roman destiné aux ados à partir de 12 ans. L'attitude de Muriel * qui est là pour aider l'enfant et dont le statut ne sera pas précisé est peut être aussi un chouïa idéalisée mais bon...Kate Banks se glisse néanmoins avec habileté dans l'esprit de Lenny ,un petit garçon de neuf ans diablement sympathique.
Le monde de Lenny, Kate Banks, Editions thierry Magnier, traduit de l'américain par Valérie Dayre.
* le roman est dédié à "Muriel", alors si cette demoiselle est telle que dans le roman, je ne peux que lui tirer mon chapeau !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : kate banks, enfant intellectuellement précoce, amitié
10/02/2009
"La branchouillarde et le cul-bénit."
Deux amies perdues de vue depuis longtemps renouent sept ans après que leurs chemins se soient séparés. Recommencent alors leurs drôles de relations, oscillant entre dépendance et désinvolture, amour et haine, voire folie...
Marine Bramly dans ce premier roman, Festin de miettes, s'aventure sur un territoire déjà bien balisé, celui de l'amitié féminine , en y instillant une dose de noirceur réjouissante. Commencé de manière plutôt conventionnelle et primesautière, le récit va progressivement virer à l'aigre quand sera révélé le motif de la brouille qui avait séparé Deva la vierge folle et Sophie la vierge sage.
L'auteure analyse finement la psychologie de ses personnages et fouille avec délectation leurs plaies . Elle les promène de St germain des prés aux quartiers les plus pauvres de Dakar et nous les suivons avec le même enthousiasme car elle a l'art de rendre vivants jusqu'aux personnages secondaires. Dommage que la fin ne soit pas à la hauteur de nos espérances, mais là c'est mon fichu besoin de vraisemblance qui refait surface. !Un fort joli moment de lecture.
Sortira en poche le 11 février mais j'ai craqué sur l'édition "France Loisirs"!
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : festins de miettes, marine bramly, amitié, trahison, folie
03/12/2008
"Mais on ne choisit pas toujours ce qui nous attend au bout du chemin."
Envoyée pour un court séjour en Angleterre chez ses cousins, Elisabeth va se retrouver coincée dans ce pays par une guerre bizarre qui va soudain se déclencher. Ce sera l'occasion pour elle d'expérimenter toute une gamme de sentiments et de connaître une série d'aventures qui vont bouleverser sa vie...
Premier roman de Meg Rosoff Maintenant , c'est ma vie déroute dans un premier temps le lecteur qui se croit d'abord embarqué dans un récit classique de citadine fille unique découvrant la vie rurale au sein d'une famille nombreuse, famille où d'ailleurs les enfants prennent la place des adultes peu présents. Mais très vite le récit plonge brutalement dans une réalité totalement différente et tout est chamboulé. Ces virages à 180 degrés ainsi que les ruptures brusques du récit, les ellipses nous permettant de reconstituer à demi-mots le passé de l'héroïne ,montrent la virtuosité narrative de l'auteure qui conduit de main de maître son roman.
Quelques indices (téléphone portable , emails, d'ailleurs vite obsolètes) nous permettent de situer un peu cette guerre qui présente une intemporalité symbolique. Tout comme le voyage que devra accomplir l'héroïne pour se retrouver. Meg Rosoff puise aux sources des romans classiques de formation mais elle renouvelle le genre avec une maestria époustouflante !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (24) | Tags : roman de formation, guerre, amitié, meg rosoff, maintenant c'est ma vie
19/11/2008
"Mais je ne peux pas être ton amie. Tu es trop bizarre. Tu me fais peur."
Mêlant à la fois fantastique et réalisme, Mauvais rêves de la romancière Anne Fine met en scène un "rat de bibliothèque" , Mélanie, que ses profs estiment un peu trop solitaire et une nouvelle arrivée, Imogène que tout le monde trouve étrange... Forcée de s'occuper de cette dernière, Mélanie ne va pas tarder à trouver la raison de cette bizarrerie que personne ne s'expliquait vraiment (et qui a rapport avec les livres...). A sa manière directe, voire brutale, l'adolescente prendra-t-elle le risque de sacrifier leur amitié naissante pour sauver Imogène ?
L'amour des livres et de la lecture est très joliment rendu dans ce roman même si j'ai trouvé la dimension fantastique peu convaincante. Ce thème de la différence aurait pu , à mon avis , être exploité sans passer par là .
Anne Fine . Mauvais rêves. Edition Neuf de l'école des loisirs. 195 pages.
Une citation au passage : "Quand quelque chose te tarabuste, , jette-le sur le papier. ça aide toujours."
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : anne fine, mauvais rêves, lecture, amour des livres, amitié, fantastique
10/11/2008
"...il n'y a rien de plus précieux que d'être l'ami d'un ami."
Il est des livres qui tombent au bon moment : vous errez dans une librairie, ne trouvant aucun des livres figurant dans votre carnet et soudain, vous ne voyez que lui. Une couverture joliment désuète, rose églantine, mettant en scène des tableaux gentiment décalés. Intrigué, vous lisez la quatrième de couv' et aussitôt une question vous saute aux yeux : "Comment aider un enfant plongé dans le chagrin ? " suit la promesse d'un roman fourre-tout comme vous les aimez . Vous feuilletez le livre en question et là, surprise, vous découvre en images la recette du gâteau sans-peur et constatez avec amusement que des traces de pattes de chien se sont glissées par-ci , qu'on aperçoit par là la queue du même canidé et vous commencez sérieusemnt à douter de la classification du roman de Gila Lustiger Un bonheur insoupçonnable.
Peu importe, vous glissez le livre sous votre bras et vous dirigez vers la caisse...
Bien vous en a pris car ce roman philosophique est un vrai bonheur. Un de ceux que l'on lit le sourire aux lèvres et qu'on ouvre au hasard pour la plaisir de retrouver une phrase ou une illustration de Emma Tissier. De quoi s'agit-il ? D'un homme plus tout jeune qui, comme dans la chanson de Joe Dassin, "les p'tits pains au chocolat" ne se rend pas compte que l'amour est tout près de lui, d'un homme -le même- qui ne prend pas le temps de regarder vraiment les enfants qui vivent autour de lui, d'une chienne qui ne se pose pas de questions , sauf celle de l 'heure de son repas, d'un livre de questions justement, mais pas de réponses. Il est aussi question d'une grand-mère qui triche avec aplomb , enfin qui trichait , car elle est morte et Paul ne peut pas supporter d'être heureux sans elle. On apprend dans ce livre que "Les cailloux ont droit eux aussi à une belle vue. que l'oncle Hubert vivait chez lui à l'étranger. Que les mères remarquent toujours que quelque chose cloche justement quand on est pressé de sortir. Et qu'il ya des gens qui ne sont pas faits pour comprendre l'écriture fractionnaire."
Doté de titres de chapitres hétéroclites, de notes en pagaille , défiant toute logique car "dans ce roman, c'est le coeur qui décide",Un bonheur insoupçonnable est un roman enjoué et hirsute dont on sort le sourire aux lèvres qui soulève mine de rien des problèmes auxquels sont confrontés grands et petits. Réconfortant !
Gila Lustiger. un bonheur insoupçonnable.Stock.190 pages.
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : gila lustiger, un bonheur insoupçonnable, amour, amitié, sourire, enfants, chien
22/10/2008
Quand les enfants sont dangereux...
Il est des enfants dont on sent tout de suite qu'il vont avoir une influence néfaste sur leurs camarades. Tulipe est de ceux-là. Les parents de Nathalie, trop occupés peut être par leur travail mais également séduits, même s'ils ne sont pas dupes, par cette collègienne attachante malgré ses défauts , ne vont pourtant pas interdire à leur fille de la fréquenter.
Menteuse, manipulatrice, Tulipe va exercer ainsi son ascendant sur une Nathalie qui se rend bien compte de l'anormalité de la situation et parviendra à secouer le joug de cette servitude librement consentie et ce pour le meilleur et pour le pire...
Mon amitié avec Tulipe souffre d'un titre français anodin,The Tulip touch original mettant davantage l'accent sur la touche de Tulipe , cette manière si particulière qu'elle a de mentir. Anne Fine a écrit ce roman suite à la mort d'un très jeune enfant en Grande -Bretagne assassiné par des gamins à peine plus âgés que lui. Elle n'y fait qu'une très brève allusion, son propos étant de se demander comment de tels enfants peuvent en arriver à agir de manière aussi horrible. Dans un dialogue argumenté, les parents de Nathalie échangeront ainsi leurs points de vue sur l'attitude destructrice de Tulipe.Sans manichéisme, Anne Fine analyse avec finesse le comportement des deux adolescentes.Un livre qui met parfois mal à l'aise mais qu'il est à mon avis nécessaire de lire et de faire lire afin d'en discuter avec nos enfants.
A partir de 13 ans.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : amitié, fréquentations dangereuses, anne fine, mon amitié avec tulipe