02/04/2009
"Il a quinze ans, dit Pietro.C'est un âge cruel."
Mattia, Alice vont avoir des parcours parallèlles dans leur enfance. Mais leurs chemins finiront par se croiser au moment de l'adolescence : "Les années du lycée avaient constitué une blessure profonde, que Mattia et Alice avaient jugé trop profonde pour qu'elle cicatrise. Ils les avaient traversées en apnée; lui refusant le monde; elle, se sentant refusée par le monde, et ils s'étaient aperçus que cela ne faisait pas beaucoup de différence. Ils s'étaient construit une amitié bancale et asymétrique, composée de longues absences et de grands silences...". Et en effet, leurs parcours ne cesseront de se séparer et de se rejoindre, prolongeant une adolescence qui n'en finit plus de se terminer...
Très beau livre sur l'adolescence, la nécessité de marquer ce corps en pleine mutation pour mieux en affirmer la possession, La solitude des nombres premiers sait très bien rendre aussi le sentiment détouffement et la difficulté à entrer dans le monde des adultes.Si l'un des héros se réfugie dans l'univers des maths, l'autre se tient derrière le viseur d'un appareil photo pour mieux tenir le monde à distance.
Rien de plus périlleux que d'écrire sur ce passage de la vie et Paolo Giordano s'en tire à merveille, nous livrant un roman à la fois frais et poétique,sans gommer pour autant les aspects noirs de ces héros.On retrouve comme si on y était encore les meneurs de classe, ceux qui donnent le ton et s'entourent d'une "cour" servile, et les exclus, volontaires ou non, qui subissent sans broncher parfois les avanies les plus cruelles. Un très beau roman.
Merci à Suzanne de Chez les filles pour l'envoi, ainsi qu'aux éditions du Seuil.
L'avis d'Aifelle et de Cuné qui ont su me convaincre de lire ce roman et vous amèneront chez plein d'autres lecteurs enthousiastes!