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23/12/2013

Esprit d'hiver

"Leur fille était venue sans héritage. Elle était si belle et si parfaite qu'elle n'en avait pas besoin."

Treize ans plus tôt, jour pour jour, Holly et son mari découvraient pour la première fois dans un orphelinat russe leur fille adoptive ,Tatiana. Mais, aujourd'hui, en ce matin de Noël, tout semble conspirer pour que la fête familiale soit gâchée et que les relations mère/fille tournent à l'aigre. laura kasischke,relation mèrefille,adoption
Huis-clos oppressant et hypnotique par le ressassement de phrases que Holly voudrait absolument noter, Esprit d'hiver a su me ferrer et ce dès la première page où une indication m'a donné une partie de l'explication. Les indices sont nombreux, autant de cailloux blancs qu'Holly a refusé de voir pendant toute l'enfance de sa fille et avec lesquels son esprit joue en repoussant sans cesse la vérité.
Le roman familial d'Holly explique en partie cette attitude dans une société où les gènes semblent si importants.
Roman du déni et de la frustration, Esprit d'hiver m'a permis de renouer avec bonheur avec l'univers de Laura Kasischke. Un bel exercice de style qui prend tout son sens à la dernière page.

 Des avis très différents: Clara, Cuné , Galéa, Kathel, Papillon

traduit de l'anglais (E-U) par Aurélie Tronchet,

28/12/2010

Ma mère zéro

"Parce que je me mettais à chercher ma mère Zéro, tout le monde dans la famille avait soudainement besoin d'aide."

Feyzo est né aux Pays-bas mais dans sa famille personne ne ressemble à personne car sa soeur aînée , An est chinoise et lui est né d'une mère biologique qui a quitté la Bosnie au moment de la guerre. Les deux enfants ont été adoptés et cela ne leur pose pas de problèmes jusqu'au jour où Fé se met en tête de découvrir l'identité de celle qu'il appelle sa mère Zéro.51mRUq3iEvL._SL500_AA300_.jpg
Ce court roman évoque avec sensibilité et empathie toute la gamme d'émotions par lesquelles passent le jeune garçon et sa famille. Pas facile en effet pour la petite chinoise de devoir se résoudre à ne jamais savoir qui est sa mère naturelle puisque les circonstances de son abandon ne le lui permettent pas.
Marjolijn Hof peint ici aussi le portrait d'une famille diablement sympathique dans un quotidien proche du lecteur, sans jamais idéaliser ni jouer sur la corde sensible. Un roman plein de justesse et de délicatesse.
(On espère juste que les choses se déroulent aussi bien en France...)

 

Ma mère zéro, Marjolijn Hof, traduit du néerlandais par Emmanuèle sandron, Seuil jeunesse 2010, 125 pages pleines de vie.

Emprunté à la médiathèque.

06/09/2009

Le sens de la famille

 

"Autobiographie de l'inconnu"

"Je suis au téléphone avec ma mère lorsqu'elle reçoit un coup de  téléphone  l'informant que ma mère est morte. Voilà qui ressemble un peu trop à un vers de Gertrude Stein."
Ces  phrases étonnantes sont extraites du récit autobiographique de la romancière américiane A. M. Homes. Elle a 31 ans quand surgissent dans sa vie d'abord sa mère biologique, exaltée à l'idée de rencontrer sa fille, puis son père biologique qui aura une attitude beaucoup plus ambivalente.51PxpzK70bL._SL500_AA240_.jpg
Quelle est la part de la génétique,  quelle est la part de l'éducation  dans ce qui fait son identité?  Voilà quelques unes des questions que se pose A. M Homes  et qui l'amèneront progressivement à remonter le temps, dans ses deux familles. Six textes courts constituent ce récit qui se conclut de la plus jolie façon : à une table ancienne- léguée par sa grand-mère- en compagnie de sa fille. Comme s'il avait fallu tout ce chemin pour que la romancière accepte de donner la vie.
Croisant son expérience d'adoptée et d 'écrivaine reconnue, A.M Homes fouille au plus profond ses sentiments,sans tabou,  imagine les relations de ses parents biologiques et adresse toute une floppée de questions à son père, le traînant en quelque sorte devant un tribunal dont on ne sait s'il est réel ou imaginaire. Tout ne trouvera pas de réponse mais l'auteure ne pourra plus écrire  "Je me suis volatilisée".

Le sens de la famille, A.M Homes,  traduit de l'américain par Yoann Gentric, Actes Sud.  235 pages troublantes.

Merci Cuné !


19/08/2009

Le voyage vers l'enfant

A lire la quatrième de couv' on est déjà surpris: au lieu de continuer sur la lancée de ses précédents romans Le bateau du soir, les  invités de l'île* qui, à  travers les différents locataires d'une même maison de vacances, peignaient autant de portraits sensibles ayant comme point commun ce lieu un peu magique qu'est un île, Vonne van der Meer semble opérer ici un virage à 180 °.L'île nous ne la  trouverons qu'au début et à la fin du texte, entre temps les personnages auront fait un grand voyage au Pérou pour aller chercher un enfant à adopter. Voyage qui bouleversera entièrement leur vie.51tDrNrqJ9L._SL500_AA240_.jpg
Impossible de révéler pourquoi sans faire perdre  toute sa  force  dérangeante au roman.  Alors oui, c'est choquant,  perturbant ce que nous raconte l'auteure mais simultanément bouleversant car Vonne van der Meer excelle à décrire les sensations et les sentiments  de ses personnages, les plus troubles soient-ils.
Impossible de dire si j'ai aimé ou non ce roman car il a remué en moi trop d'émotions contradictoires.

Le voyage vers l'enfant, Vonne van der Meer,Editions Héloïse d'Ormesson 172 pages inconfortables.Parution le 20 août.

Un grand merci à Clarabel pour le prêt !

*parus en poche chez 10/18

 

15/10/2008

Une sorte de boîte à souvenirs en mots et en phrases

Stuart Terence  Oliver, dit Stol ou Stolly ,collectionne les accidents à une cadence impressionnante.Mais là il a dépassé la mesure  et se retrouve à l'hôpital avec pas mal d'abbattis cassés.  Sonné mais vivant. Son meilleur ami, Ian, décide de rédiger la biographie de Stol pour lui prouver que "c'est important que tu existes."41AKAZF5HYL._SL500_AA240_.jpg
Stol  est un personnage follement attachant, plein d'invention ,"spécialiste des histoires abracadabrantes",que les profs estiment "juste un  peu fantasque"et dont tous disaient"qu"il avait de l'avenir,  à condition  de rester en vie et qu'il apprenne un jour à lacer ses chaussures." Vous l'aurez compris  le ton est plein d'humour , le mot "suicide"  ne sera  jamais prononcé , pour ne pas dramatiser et aussi pour échapper à tout cette menace de prise en charge socio-psychologique dont Ian se méfie au plus haut point. Les parents de  Stol,  trop pris par leur travail ne sont jamais stigmatisés. D'ailleurs Stol  s'est quasiment  fait adopter par les  parents de  son "ange-gardien" autoproclamé. Au passage, remarquons aussi que Ian est un enfant trouvé dans une boîte à chaussures et que "pour l'instant, j'avoue que  ça m'est complètement égal. Parfois, je me sens coupable : je me dis  que  c'est dommage que quelqu'un comme moi ait bénéficié d'une adoption.  Il auarit mieux valu que ça tombe sur un enfant comme Stolly, quelqu'un qui  a assez d'imagination pour en profiter  pleinement."
Même s'il évoque  des  thèmes graves,La tête à l'envers  in'est jamais "plombant". Tout est traité de manière intelligent et optimiste, sans  jamais verser dans la mièvrerie. Anne Fine fait confiance à ses  personnages-aux ados parfois pluq qu'aux adultes  !- pour faire  face avec efficacité et humour aux problèmes qui les touchent parfois de plein fouet. Un roman revigorant !

A partir de 13 ans