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Les petits
"...c'est une chose à la fois triste et gaie, nous ne décidons pas des élans de notre coeur, Paul, mais un jour, sans qu'on sache pourquoi, le chagrin s'en va."
Petits, ils le sont par l'âge ou la condition sociale. Mais toujours on leur enjoint de plier, soit par la force brute, soit de manière plus feutrée, sournoise, voire validée par l'ensemble d'un groupe social. Leur bonheur, aussi modeste soit-il, ne peut qu'exaspérer :"...sa politesse, sa douceur même , devenaient à leurs yeux une marque de condescendance inacceptable." La violence , quelle que soit sa forme, toujours, rôde.
On frémit, on retarde même la lecture de certains textes, car on le sent , à un moment donné Sélim subira le pire parce qu'il aura franchi une invisible frontière, Isabelle sera forcée de se délester de ce qu'elle a de plus cher et de surcroît d'en subir les conséquences...
Les atmosphères, les milieux sociaux varient mais il faudra attendre la dernière nouvelle pour qu'un peu d'humour féroce vienne insuffler un courant d'air bienvenu dans cette galerie de portraits acides et cruels ,mais qui sonnent toujours justes.
La douleur est présente mais elle est exquise, dans tous les sens du terme. Un style tour à tour ferme ou poétique que Frédérique Clémençon manie avec une précision de scalpel.
Les petits, Frédérique Clémençon, L'olivier 2011, 200 pages à déguster à petites doses pour éviter d'avoir el coeur broyé, mais au final on en redemande !
05/01/2011 | Lien permanent | Commentaires (10)
Les tout petits ...
...de Marabout
D'aucun(e)s collectionnent les timbres ou les ennuis, moi je craque pour les livres de cuisine !
Mais attention , pas n'importe lesquels ! Pas les bibles qui vous écrasent de leur morgue et de leur vocabulaire ampoulé, non ! Des livres qui attirent l'oeil soit par l'originalité de leur contenu (manger des herbes folles ? Hop, pour moi ! ), soit par leur titre rigolo (et là les éditions Tana avec leurs titres imagés et à rallonge se taillent la part du lion !) .
Ici, c'est le format qui m'a aussitôt fait craquer : presque carré, l'objet de mon envie se glisse vite fait dans la main et ne prendra pas trop de place sur mon étagère culinaire.
J'aime aussi le côté monomaniaque: un aliment décliné à toutes les sauces, y compris le sucre pour les coquillettes, ce qui ne me dérange absolument pas.
De quoi piocher des idées pour mes dînettes au boulot car les plats préparés c'est fini et avec eux mes maux de tête intolérables en fin de journée !
Seuls reproches: les photos trop classiques (mais qui donnent envie néanmoins) et l'absence de textes personnalisant un peu les recettes (les 4 èmes de couv' sont joliment troussées alors quelques phrases deci-delà à l'intérieur, de quoi briser la monotonie ,auraient été parfaites).
Plein de titres consacrés à des aliments sucrés pour les gourmand(e)s (petits beurres, lait concentré sucré, caramb*r, nutell*, crème de marrons).
Pas encore testé mais plein d'envies déjà !
NB: le volume consacré aux sardines célèbre une marque chère à Cuné !:)
01/06/2011 | Lien permanent | Commentaires (16)
Petit éloge du petit déjeuner
"La symbolique du petit déjeuner, renaissance, intimité, révélateur des obsessions ou des manies a été exploitée par de nombreux autres auteurs."
Comme souvent dans cette collection ce petit éloge semble un peu fait de bric et de broc, comme une sorte de brunch salé-sucré où l'on côtoie des nouvelles courtes (dont une qui coupe l'appétit), des textes nostalgiques et autobiographiques mais aussi des analyses de petits déjeuners des héros, celle de l’œuvre est particulièrement réussie.
On savoure ,mais on reste aussi un peu sur sa faim, comme souvent avec cette collection.
(La redondance du titre n'est pas jolie mais inévitable...)
14/11/2015 | Lien permanent | Commentaires (2)
la petite Borde
"Nous traînions notre enfance au milieu des adultes. Sans bien tout comprendre. un somnambulisme, dans les paroles et l'épaisse couche de fumée des cigarettes."
Par petites touches, en tableaux précis et intenses, Emmanuelle Guattari essaie d'être au plus près d'une enfance qui s'est déroulée dans les années soixante à La Borde, établissement psychiatrique hors normes, où exerçait son père, psychanalyste et philosophe.Ceux qui chercheront ici un témoignage sur l'expérience de cette clinique resteront sans doute sur leur faim, tant il est vrai que pour les enfants la notion de normalité ne peut se forger qu'en se confrontant avec d'autres expériences. Ici, l'auteure a choisi de se situer à hauteur d'enfant et restitue avec une grande économie de moyens, un univers où l'enfance cesse quand les jambes restent coincées entre le banc et la table.
Un texte fragmenté qui évoquera plein de souvenirs à ceux qui ont grandi dans les années 60 et brosse en pointillés le portrait d'une famille pleine de fantaisie et de respect des autres. Le genre de livre qu'on chérit ou qui nous laisse sur le bas-côté. Il m'a fait du bien.
29/09/2013 | Lien permanent | Commentaires (9)
Les petites mères
"Elles ont les mêmes blessures et un manque de confiance dans la vie qui les fait croire à l'abandon et au désintérêt comme à la seule conclusion possible d'une rencontre. "
Fatalité familiale ? Autoprogrammation trangénérationelle ? Toujours est-il que Les petites mères du roman de Sandrine Roudeix, se sont toujours retrouvées seules à élever leur fille. Travailleuses, issues d'un milieu familial modeste, Concepcion, Fernande et Babeth, respectivement arrière-grand mère, grand-mère et mère de Rose, peinent à recréer un esprit de famille. Quand la dernière de cette famille de femmes vient présenter son fiancé, les tensions s'exacerbent et le passé ressurgit... Rose parviendra-t-elle à se libérer de ses liens familiaux pesants ?
Histoire intégénérationnelle, Les petites mères fait la part belle aux femmes, les hommes n'y apparaissant qu'en creux, tout étant vu du point de vue féminin. Cette omnipotence est analysée de manière subtile par l'auteure qui mène son récit avec maîtrise, malgré une baisse de régime en toute fin . Un style précis et sensible, une analyse féroce des rapports sociaux (ah la présentation de la fiancée à la future belle-famille huppée!) un roman bruissant de marque-pages qui a su séduire toute la blogosphère jusqu'à présent, moi y compris !
Les petites mères, Sandrine Roudeix, flamamrion 2013 , 180 pages .
L'avis d'Aifelle, Antigone, Lucie, Sylire .
Celui d'Un autre endroit
18/06/2013 | Lien permanent | Commentaires (12)
Les petites voix
De Francis Dannemark, je connaissais le nom et quelques poèmes , piochés dans :
J'avais envie de poursuivre la découverte de cet auteur né sur la frontière franco-belge, ce qui en fait déjà un "pays". Et comme il n'y a pas de hasard, Les petites voix ont sauté dans mes mains ...
Parce qu'elle a besoin d'argent, une traductrice accepte de rédiger un article sur un musicien : Paul Grenz.Sur lui, peu d'informations officielles, beaucoup de bruits, quelques disques qui déjà la fascinent. Le travail mercenaire va bientôt se transformer en quête quasi initiatique , et, au fil des rencontres, se constitue le portrait kaléidoscopique d'un homme entier, poète, musicien et grand amoureux des femmes. Et pas facile à vivre !
Sur une trame assez classique, Francis Dannemark, avec une apparente légèreté, pleine de charme, brosse le portrait éclaté d'un artiste tourmenté et , en creux, celui de celle qui s'est lancée à sa recherche. Joli prétexte pour évoquer de manière discrètement poétique, le monde de l'art et celui de l'amour. Les formules, les citations émaillent un texte qui enchante le lecteur et l'incite à corner allègrement, pour mieux y revenir ensuite, de nombreuses pages.
Les petites voix, Francis Dannemark, Pocket 2011, 90 pages magiques.
05/08/2011 | Lien permanent | Commentaires (8)
La petite et le vieux
" C'est normal d'aimer les belles chutes, ça change de la Vie."
Elle a huit ans au début du roman, mais s'attribue deux ou trois ans de plus, se nomme Hélène mais se fait appeler Joe, car elle veut vivre en garçon, comme l'héroïne de son dessin animé. Elle vit dans un quartier populaire entre une mère cachant sa fragilité derrière de péremptoires "C'é toute" qui font l'admiration des mères de famille dépassées par leurs enfants, un père qui a choisi de voir le côté sombre de la vie et trois soeurs aussi dissemblables qu'attachantes.
Et puis il y a le Vieux, Roger, qui n'a qu'une hâte: mourir mais qui prendra quand même bien le temps de profiter de son amitié avec Hélène.
Sans sortir de leur quartier, ils vont partager des aventures au quotidien, l'hyperlucidité de Joe et sa capacité à retrousser ses manches sans ostentation pour rétablir un équilibre, ne serait-ce que financier au sein de sa famille, n'ayant d'égal que sa capacité à rebondir et à prendre la vie à bras le corps.
Pas d'ostentation, pas de sentimentalisme, juste une formidable envie de vivre et un humour percutant comme dans la lettre que Joe est obligée d'adresser à l'infirmière scolaire qui humilie publiquement des enfants depuis plusieurs générations : "Du même souffle, j'ai expliqué la situation particulière des Péloquin, qui m'avait ainsi fait réagir, et mon ignorance de l'immense malheur que devait être sa vie, vu sa méchanceté."
L'histoire file à toute allure, les personnages sont pittoresques en diable, admirablement croqués, parfois en quelques mots ("un petit chien coup de pied" )et le style à la fois truculent et plein de vivacité nous laisse à peine le temps de noter de très jolies phrases au passage.
La petite et le vieux, Marie-Renée Lavoie, Editions XYZ, 236 pages gouleyantes.
"Un coup de coeur absolu et foudroyant" pour
Cuné chez qui vous trouverez des liens en pagaille et un entretien de l'auteure. Merciiii !
14/02/2011 | Lien permanent | Commentaires (11)
Reykjavik est tout petit...
Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie, comment ne pas craquer avec un titre pareil ? ! Et quand en plus l'auteure s'appelle Gudrùn Eva Minervudottir (ce que j'interprète-faussement sans doute- mais je m'en fiche, laissez-moi mes illusions- comme "la fille de Minerve") et qu'elle est islandaise, je me rends pieds et poings liés !
Mais bon,trêve de bavardages, allons plus avant.
Reykjavik, capitale de l'Islande, est d'après l'auteure une ville toute petite où l'on croise toujours les mêmes personnes. A lire les 20 nouvelles composant ce recueil, on veut bien la croire car une certaine parenté se tisse entre les différents narrateurs, créant une continuité très fluide.
Même jeunes adultes, ils ont gardé un pied en enfance,vivent souvent au troisième étage, mangent du pain avec du fromage ou du pâté de foie et évoluent dans des appartements quasi vides et très lumineux.
Leur langage est subtilement décalé, tour à tour poétique ou teinté d'humour "Tu ne veux pas m'embrasser comme la faim embrasse le pain ? ", subtilement en porte à faux avec la réalité.
On frémit quand de jeunes enfants sont confrontés à des adultes , tant l'auteure est habile à susciter un climat perturbant...
Les titres des nouvelles sont tous dans la tonalité de celui du recueil, voici mes préférés : "Le bouquet de mariée était plein de pucerons", "Parce que je t'ai embrassé ce matin au moment où tu refermais ta conscience derrière toi" ou bien encore "J'espère que tu étoufferas dans les rideaux de velours caca d'oie de ta mère".
Beaucoup de fraîcheur dans ce livre dévoré d'une traite, et dont on pourrait dire qu'il "rayonne comme les personnages des images pieuses". On sort de cette lecture le sourire aux lèvres et avec une folle envie de faire un tour en Islande...
30/04/2008 | Lien permanent | Commentaires (19)
Petit bonheur
Je l'ai offert à tour de bras (en oubliant à qui, n'est-ce pas Cath ! :)), sans jamais prendre plus que le temps de lefeuilleter...
Alors quand vendredi midi j'ai vu qu'il venait de sortiren édtion "de poche", dans la série "Les petits bonheurs" àun prix très raisonnable, j'ai craqué sur Princesses oubliées ou méconnues,les textes tout en finesse de Philippe Lechermeier et les illustrations oniriques de Rébecca Dautremerdont Bellesahi (qui est une fan) m'avait déjà envoyé unecarte, celle de la princesse Poupoupidou.
De quoi oublier levent et le froid , en se plongeant dans la baignoire emplie defleurs rouges de la princesse Capriciosa ou en discutant lecture avecla princesse Esperluette...
11/11/2007 | Lien permanent | Commentaires (31)
Petites galettes
Ayant lâchement succombé à la voix de sirène de Cuné (j'imagine,évidemment, mais ses mots ont la force des sirènes, ça c'estsûr!) j'ai évidemment craqué et dévoré séance tenante
A ma bouche de Martin Winckler.
Lecorps est très présent dans ces textes mais aussi évidemment les sériestélé, péché mignon de l'auteur. Moins cuisinier (une bonne recettepourtant d'omelette), qu'excellent dégustateur, Winckler serémémore les recettes maternelles et évoque, lâche tentateurqu'il est (! ) une recette de galettes dont il a déjà donné letexte dans Plumes d'anges. Il demande même que chaque lectricequi confectionnera les dites galettes lui en envoie une boîte pourqu'il ne soit pas en manque Nous savons ce qu'il nous reste à faire...
Je vous livre la recette remaniée par la compagne de Winkler, telle qu'elle est donnée.
2 jus d'oranges pressées
mesurer et mettre la même quantité
d'huile
de sucre en poudre
deux jaunes d'oeufs
1 paquet de levure chinmique
1 paquet de sucre vanillé
Faire dissoudre la levure dans le jus d'orange, puis ajouter lesucre, le sucre vanillé et l'huile. Bien mélanger.Incorporer la farine en quantité suffisante pour obtenir la consistance d'une pâte àtarte. Laisser reposer de 20 à 30 minutes au réfrigérateur, puisl'étaler sur 3 à 4 millimètres en farinant la table ou la planche.
Découper des galettes avec un emporte-pièce, ou simplement en carrés ou rectangles avec la roulette.
Poserles galettes sur la plaque à pâtisserie saupoudrée de farine enayant soin de ne pas les coller les unes aux autres car la pâtegonfle un peu à la cuisson.Piquer la pâte à la fourchette pourqu'elle ne gonfle pas trop, dorer les galettes avec le jaune d'untroisième et éventuellement d'un quatrième oeuf dilué avec une cuillerà café de lait et faire cuire à four chaud (pas plus de 180 °) pendant10 à 15 minutes maximum, jusqu'à ce que le dessus des galettes aitbruni et que ça sente bon.
04/03/2007 | Lien permanent | Commentaires (17)