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La première fois
"Est-ce que ton petit copain est un Danny ou un Eddie ?"
Même s'ils sont parfaitement informés de l'aspect technique de la relation sexuelle , les ados, garçons et filles, des nouvelles de ce recueil La première fois , sont néanmoins fort embarrassés quand il s'agit de franchir le pas.
"Mais ce que je ne parvenais pas à déterminer, c'était le moment où c'était devenu une compétition. le sexe et tout. Quelques années plus tôt , on évitait joyeusement les filles.", constate le footballeur héros de "But", la nouvelle de Keith Gray, qui sera confronté à un choix cornélien...
Trouver des conseils auprès des adultes ? Pas question ! Car même s'ils sont plein de bonne volonté, comme le père du héros de Sophie McKenzie, les parents sont souvent maladroits, voire ridicules . Sauf quand une vieille dame, affranchie de toute contrainte par son âge même ,décide de parler de sexe en plein milieu du repas dominical, au grand dam des parents et au grand plaisir des ados dans" La majorité sexuelle" de Jenny Valentine. On retrouve dans ce texte toute l'empathie et la malice de l'auteure de La fourmilière , qui a le chic pour peindre des personnages attachants qui établissent des liens par delà les générations.
Mais il y a des choses qui ne changent pas. ainsi le pouvoir de la poésie que va redécouvrir le héros de Melvin Burgess dans "Entrée en matière", pouvoir qui ira au delà de ses espérances...Beaucoup d'humour dans ce texte qui aborde le "problème" de la différence d'âge, quelques années qui représentent un gouffre quand on est ado.
Autre question, bien plus complexe, celle du choix sexuel car "ça se passe autrement pour les garçons" vont devoir accepter les héros de Patrick Ness, dans un texte où tous les mots crus ont été volontairement caviardés, sans pour autant ôter efficacité et sensibilité à ce texte.
Plus classique "Charlotte " de Mary Hooper nous rappelle qu'au XIXème siècel, en Europe, la virginité d'une jeune fille pauvre pouvait être une simple monnaie d'échange.
Tonalité plus grave également chez Bali Rai qui nous rapelle qu'une "serviette blanche" peut avoir de dramatiques conséquences pour une jeune mariée en Inde, même de nos jours.
Le dernier mot revient à Anne Fine qui résume la situation avec son "Faire l'amour ou le trouver" mettant en scène un cours d'éducation sexuelle plus vrai que nature, qui rappelle bien des souvenirs à une enseignante chevronnée , qui ne l'a pas toujours été dans certains domaines...
Les grandes plumes de la littérature britannique pour adolescents nous offrent ainsi un panorama complet d'une question qui nous a tarabustés et tarabuste nos ados, alternant les tonalités et les points de vue (j'ai particulièrement apprécié les nouvelles mettant en scène le point de vue des garçons) et dédramatisant la situation, sans pour autant tomber dans l'angélisme. Une réussite !
La première fois, Scripto, Gallimard 2011, traduit de l'anglais par Laetitia Devaux et Emmanuelle Casse-Castric , 245 pages à offrir ou à laisser traîner, mine de rien, dans des endroits stratégiques...
21/06/2011 | Lien permanent | Commentaires (8)
Romans d'Anne Fine pour les adultes
The Killjoy(1986 ) (Un bonheur mortel)
Taking the Devil's Advice(1990) (Les Confessions de Victoria Plum)
In Cold Domain(1994 )(Dans un jardin anglais)
Telling Liddy(1998) (Une sale Rumeur)
All Bones and Lies 2001(Vieille Menteuse)
Raking the ashes (2005) (Le Tyran domestique )
Tous parus aux Editions de l'Olivier et ensuite en Points Seuil. Tous lus mais pas forcément chroniqués ! Anne Fine scrute avec humour et finesse les liens familiaux. De quoi se donner du peps avant une réunion familiale !
Fly in the Ointment (2008)
Our precious Lulu (2009)
26/10/2011 | Lien permanent | Commentaires (8)
”Epouse-moi, vieille chauve-souris butée et sois mon unique amour, pour toujours”
Même si le volume de la série "Mon écrivain préféré" consacré à Anne Fine privilégie, Ecole des loisirs oblige, ses livres pour la jeunesse, il ne faut pourtant pas oublier que cette écrivaine so british, irrévérencieuse et amoureuse de la vérité, a écrit aussi pour les adultes et ce pour notre plus grand bonheur.
En lisant le texte d'Arnaud Cathrine , ellaboré à la suite d'un échange soutenu de courriels avec l'auteure de "Au secours c'est Noël", on ne peut qu'admirer cette femme qui a su mettre en pratique le conseil que l'on donnait dans sa jeunesse : "Trouvez ce que vous aimez faire le plus au monde, et ensuite trouvez quelqu'un qui soit prêt à payer pour que vous le fassiez".
Evidemment, au passage, je n'ai pu que glaner quelques envies de lecture dont les deux nouveautés d'Anne Fine: La route des ossements et La vengeance du chat assassin.
Pour vous procurer cet exemplaire gratuit de "mon écrivain préféré", rendez-vous chez votre libraire favori ou ici.
28/09/2008 | Lien permanent | Commentaires (11)
”Elle a encore mis son grain de sel dans mon autobiographie.”
"J'aimerais qu'on m'explique. Comment se fait-il que, lorqu'un couple se défait, tout ce que l'on aimait dans la relation disparaisse instantanément comme par magie, alors que toutes les petites choses que l'on détestait secrètement continuent de vous hanter après ? "Hé oui, il ne comprend pas Oliver et pour s'y retrouver il noircit du papier et cache ses mémoires dans une taie d'oreiller de marque Victoria Plum (d'où le titre français, Les confessions de Victoria Plum qui n'a rien à voir avec l'original : Taking the Devil's advice.) Evidemment, son ex-femme, Constance va trouver les dits feuillets( parce que ce qu'il a oublié de nous dire ce cher Oliver ,entre deux lamentations sur son sort, c'est qu'il habite encore chez son ex) et elle va se glisser dans l'autobiographie d'Oliver nous proposer sa version des faits...
Comme souvent chez Anne Fine, le jardin joue un rôle important et pas seulement parce que l'héroïne, Constance a pour amant un jardinier (Hello ,Lady Chatterley!), il est souvent un exutoire pour échapper à la tension ambiante (dans un autre roman d'Anne Fine, l'héroïne, à chaque contrariété passe ses nerfs en arrachant des plantes !)
Mensonges ? Vérités ? Au lecteur de se faire sa propre opinion entre deux sourires car ce roman si délicieusement british est férocement drôle. Ma première rencontre avec cette auteure et aussitôt le sentiment de faire une rencontre importante ! (1993 déjà !)
Ps:quelqu'un qui trouve important d'établir une distinction entre "pierre" et "caillou" ne peut qu'être mon amie.
Pour toutes ces raisons, allez vite fouiller dans les médiathèques et les bouquineries pour dénicher ce petit chef doeuvre !
Anne Fine. Les confessions de Victoria Plum. 273 pages en édition originale (éditions de l'Olivier). A trouver aussi chez Points -Seuil.
21/12/2008 | Lien permanent | Commentaires (22)
Attention chat férocement drôle !
Tuffy le chat féroce n’a pas du tout la même conception de l’art que la mère d’Ellie et entend bien exprimer son point de vue, par tous les moyens possibles…
Pas question cependant d’obéir à qui voudrait le manipuler, même s’ils partagent les mêmes objectifs…
Tuffy , après avoir été accusé d’assassinat, après avoir fait son grand retour, nous revient une nouvelle fois, pour notre plus grand plaisir, pour se venger et laver son honneur !
Roi de la mauvaise foi, on l’adore ce Tuffy !
Les illustrations de Véronique Deiss, sont pleines d'imagination et d'humour, jamais redondantes et contribuent au plaisIr de la lecture du texte d'Anne Fine.
à partir de 6 ans.
08/10/2008 | Lien permanent | Commentaires (19)
Our precious Lulu
"Frankly, Lu, I would as soon be locked all night in a fridge as have a chat with you."
Une demi-soeur comme Lulu, on n'en souhaite à personne ! De pestouille dans l'enfance,elle est devenue une adulte immature , sexy et manipulatrice, comptant sur l'aide de sa famille , en l'occurrence sa belle-mère et la fille de celle-ci, Geraldine , pour se tirer des mauvaises passes dans laquelle elle se fourre avec une belle constance.
Mais Geraldine n'en aurait-elle pas assez de supporter les remarques fielleuses de Lulu- débitées avec le sourire of course- et de supporter bien des avanies pour rester fidèle à sa conception de la famille ? Son mari- un parfait compagnon !- va l'aider à mettre fin à une situation qui n'a que trop duré...
Une fois de plus, Anne Fine, envoie balader le politiquement correct, les faux semblants et nous livre ici une comédie acide et jubilatoire. Beaucoup de dialogues, un peu trop peut être , mais beaucoup d'humour dans la peinture de ce couple qui fait front pour prendre la manipulatrice à son propre piège.
Anne Fine analyse avec finesse les tergiversations de Geraldine, tiraillée entre sa mère , qui prend toujours le parti de Lulu, et son désir de s'affranchir d'une situation familiale nocive. Un livre revigorant et plein d'humour qui se lit d'une traite !
Toujours pas traduit en français (such a shame !) mais disponible sur internet à un prix défiant toute concurrence en V.O !
25/10/2011 | Lien permanent | Commentaires (9)
Quand les enfants sont dangereux...
Il est des enfants dont on sent tout de suite qu'il vont avoir une influence néfaste sur leurs camarades. Tulipe est de ceux-là. Les parents de Nathalie, trop occupés peut être par leur travail mais également séduits, même s'ils ne sont pas dupes, par cette collègienne attachante malgré ses défauts , ne vont pourtant pas interdire à leur fille de la fréquenter.
Menteuse, manipulatrice, Tulipe va exercer ainsi son ascendant sur une Nathalie qui se rend bien compte de l'anormalité de la situation et parviendra à secouer le joug de cette servitude librement consentie et ce pour le meilleur et pour le pire...
Mon amitié avec Tulipe souffre d'un titre français anodin,The Tulip touch original mettant davantage l'accent sur la touche de Tulipe , cette manière si particulière qu'elle a de mentir. Anne Fine a écrit ce roman suite à la mort d'un très jeune enfant en Grande -Bretagne assassiné par des gamins à peine plus âgés que lui. Elle n'y fait qu'une très brève allusion, son propos étant de se demander comment de tels enfants peuvent en arriver à agir de manière aussi horrible. Dans un dialogue argumenté, les parents de Nathalie échangeront ainsi leurs points de vue sur l'attitude destructrice de Tulipe.Sans manichéisme, Anne Fine analyse avec finesse le comportement des deux adolescentes.Un livre qui met parfois mal à l'aise mais qu'il est à mon avis nécessaire de lire et de faire lire afin d'en discuter avec nos enfants.
A partir de 13 ans.
22/10/2008 | Lien permanent | Commentaires (12)
”Mais je ne peux pas être ton amie. Tu es trop bizarre. Tu me fais peur.”
Mêlant à la fois fantastique et réalisme, Mauvais rêves de la romancière Anne Fine met en scène un "rat de bibliothèque" , Mélanie, que ses profs estiment un peu trop solitaire et une nouvelle arrivée, Imogène que tout le monde trouve étrange... Forcée de s'occuper de cette dernière, Mélanie ne va pas tarder à trouver la raison de cette bizarrerie que personne ne s'expliquait vraiment (et qui a rapport avec les livres...). A sa manière directe, voire brutale, l'adolescente prendra-t-elle le risque de sacrifier leur amitié naissante pour sauver Imogène ?
L'amour des livres et de la lecture est très joliment rendu dans ce roman même si j'ai trouvé la dimension fantastique peu convaincante. Ce thème de la différence aurait pu , à mon avis , être exploité sans passer par là .
Anne Fine . Mauvais rêves. Edition Neuf de l'école des loisirs. 195 pages.
Une citation au passage : "Quand quelque chose te tarabuste, , jette-le sur le papier. ça aide toujours."
19/11/2008 | Lien permanent | Commentaires (9)
”comment une chose pareille peut-elle arriver à quelqu'un avant même qu'il ait eu le temps de devenir un homme ? ”
D'abord une couverture assez atroce : j'ai, dans un premier temps, cru voir une déjection canine, (change tes lunettes, Cathulu !) avant de me rendre compte qu'il s'agissait d'un char qui avait fondu ! Ensuite, le titre: La route des ossements.Va savoir pourquoi je me dis qu'il doit s'agir de la guerre en Irak. Tout cela n'est pas folichon mais bon, le nom de l'auteure, Anne Fine, emporte mes dernières hésitations et je lis la 4 ème de couv' : visiblement il s'agit de tout autre chose puisque même si le contexte n'est pas donné comme clairement historique, les mots "Glorieuse Révolution" et "Tsar" ainsi que le prénom du jeune héros , Youri, éclairent enfin les choses. Je ne suis pas trop portée sur les ouvrages historiques , mais tant pis je me lance...
Mal m'en a pris : lourd, pesant, ce récit qui ne se décide pas à choisir entre traiter de la révolution bolchévique et du système communiste mis en place en URSS de manière claire et précise et vouloir traiter de la tyrannie en général m'a très rapidement ennuyée. Anne Fine ne gagne rien à vouloir se montrer didactique.
Vite oublions cet échec et(re) plongeons-nous avec délices dans ceci ou bien faisons connaissance avec une oeuvre plus ancienne et cette fois destinée davantage aux adultes (et ceci dès demain, si tout va bien ! )
20/12/2008 | Lien permanent | Commentaires (16)
Blood family
"Même si vos soucis sont différents, les livres vous montrent au moins que vous n'êtes pas seuls à vous en faire. Vous n'avez plus besoin d'avoir peur que ce soit anormal."
Jusqu'à l’âge de sept ans, Edward a vécu avec sa mère sous l'emprise d'un tyran domestique, malfaisant et violent. Blood family relate sous forme de récit choral, l'évolution jusqu'à l'adolescence de cet enfant, qui a su trouver des repères grâce à des cassettes vidéo éducatives et, plus tard , grâce aux livres("J'avais l'impression que chacun d'eux me donnait des clés pour devenir normal ").
Adopté, Edward connaîtra pourtant bien des vicissitudes tant pour comprendre l’attitude passive de sa mère que pour se défaire d'encombrants liens du sang qui semblent l'entraîner inexorablement du mauvais côté.
Anne Fine, avec beaucoup d'empathie et de pédagogie, nous fait entrer dans l'intimité de cet enfant blessé psychiquement et trouve un parfait équilibre entre la volonté de ne rien éluder: les sentiments parfois ambivalents des parents adoptifs, les pensées perturbées de son héros,ses échecs ,ses addictions, sans pour autant tomber dans le misérabilisme ou la guimauve.
Une expérience passionnante et un roman de 341 pages qui se dévore d'une traite.
Blood Family, Anne Fine, traduit de l'anglais par Dominique Kugler, école des loisirs 2015, medium (à partir de 12 ans)
16/11/2015 | Lien permanent | Commentaires (8)