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L'ombre de moi-même
"...il y a quelque chose chez toi, Mona Gray , qui fait déborder mon coeur."
Depuis dix ans, le père de Mona est atteint d'une terrible maladie, dont personne ne parle en famille. La petite fille ( pour se préparer à la perte de son père ?) est devenue "amoureuse de l'abandon". Elle conserve pourtant une relation compulsive avec les chiffres.Exilée de chez ses parents, un univers qui semble déserté par les couleurs, Mona, à l'âge de vingt ans, va enseigner, un peu par hasard, les mathématiques dans une école primaire, une expérience diont les conséquences seront imprévisibles...
Il me restait de ma première lecture en 2001 de L'ombre de moi-même quelques images fortes: celle de cette quincaillerie abandonnée à son sort, celle d'une classe primaire avec des méthode d'enseignement fort singulières et surtout l'atmosphère si particulière aux romans d'Aimee Bender. Nous sommes en effet à la fois ancrés dans la réalité mais une réalité qui glisse souvent de côté, où les personnages dévoilent peu à peu des comportements légèrement anormaux dont chacun semble s'accommoder. J'avais pourtant oublié cette alliance dérangeante de l'enfance et de la morbidité, dont en fait les enfants s'arrangent bien plus facilement que les adultes. Un roman moins abouti que La singulière tristesse du gâteau au citron (clic) mais une bien belle introduction au style d'Aimee Bender.
L'ombre de moi-même, Aimee Bender,Traduit de l'anglais par Agnès Desarthe, points seuil 2013, 305 pages lumineuses.
15/04/2013 | Lien permanent | Commentaires (6)
La singulière tristesse du gâteau au citron
"Je ne parlais pas à table parce que je me consacrais entièrement à survivre au repas."
Imaginez que vous puissiez détecter les émotions de la personne qui a concocté un plat rien qu'en le dégustant. Voilà qui pourrait être très troublant...Cette étrange capacité, Rosa Edlstein la découvre le jour de ses neuf ans en dégustant le gâteau au citron préparé par sa mère. à partir de ce jour, sa perception des autres en général et de sa famille, en particulier, va être bouleversée car cette sensibilité extrême peut être fort embarrassante.
Portrait tout en délicatesse d'une famille en apparence banale (ne lisez surtout pas la 4 ème de couv' bien trop prolixe), La singulière tristesse du gâteau au citron est un petit chef d'oeuvre , tant du point de vue de la construction que du style, à la fois poétique et imagé.
Aimee Bender a le chic pour créer des atmosphères en demi-teintes où le fantastique apparaît par touches très discrètes et peut être envisagé comme une sensibilité portée à l'extrême. Un roman à découvrir absolument ! et zou sur l'étagère des indispensables où il rejoint les précédents textes de cette auteure !
14/02/2014 | Lien permanent | Commentaires (15)
Un papillon, un scarabée, une rose
"Je suis allée prendre un balai pour nettoyer le balcon en me disant que j'adorais avoir l'idée d'un lieu où les souvenirs pourraient émerger, comme s'ils appartenaient naturellement à l'état gazeux et que la tente leur éviterait de s'évaporer."
A huit ans Francie est accueillie chez sa tante et son oncle, sur le point de devenir parents. C'est dans ce foyer aimant qu'elle grandira en compagnie de sa cousine Vicky, pendant que sa propre mère est soignée pour une dépression récurrente.
D'abord raconté à hauteur d'enfant, et donc parcellaire, le récit sera approfondi par une Francie à l'orée de l'âge adulte qui reviendra sur son passé et en particulier sur les trois événements qui donnent son titre français au roman. Trois moments de son histoire où des éléments morts ont semblé prendre vie et, comme le souligne la narratrice, "[...]c'est amusant dans une histoire , c'est terrifiant dans la réalité."
La notion de limite nécessaire pour contenir le réel revient fréquemment dans ce récit où les frontières entre le réel et l'imaginaire peuvent devenir floues quand on a une mère qui ne les distingue plus vraiment, où rôde la peur de la folie, héréditaire ou non. Et ce n'est qu'à la toute fin du roman que la narratrice comprendra pourquoi elle a besoin qu'on l'enferme dans sa chambre.
De ce qui aurait pu être un texte pesant, Aime Bender et son écriture riche en métaphores font un texte lumineux, empli de bienveillance et d'espoir, sans pour autant tomber dans le "feel good ". Qui d'autre qu'elle peut écrire :"[...] un jour qui n'avait rien de remarquable en dehors d'un certain vide familier dont je sentais les bords rouloter à l'intérieur de moi [...]" ? (soulignons au passage la virtuosité de la traductrice !).
Entrer dans un roman d'Aimee Bender, c'est entrer dans un univers coloré, riche de sensations , parsemé de quelques touches de fantastique pour mieux donner à voir les émotions fugaces . Un grand coup de cœur .
Éditions de l'Olivier 2021, 350 pages d'où pourraient bien s'envoler un papillon, un scarabée ou une rose...
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Céline Leroy
de la même autrice: clic, reclic
19/01/2021 | Lien permanent | Commentaires (6)
La singulière tristesse du gâteau au citron
"Je ne parlais pas à table parce que je me consacrais entièrement à survivre au repas."
Imaginez que vous puissiez détecter les émotions de la personne qui a concocté un plat rien qu'en le dégustant. Voilà qui pourrait être très troublant...Cette étrange capacité, Rosa Edlstein la découvre le jour de ses neuf ans en dégustant le gâteau au citron préparé par sa mère. à partir de ce jour, sa perception des autres en général et de sa famille, en particulier, va être bouleversée car cette sensibilité extrême peut être fort embarrassante.
Portrait tout en délicatesse d'une famille en apparence banale (ne lisez surtout pas la 4 ème de couv' bien trop prolixe), La singulière tristesse du gâteau au citron est un petit chef d'oeuvre , tant du point de vue de la construction que du style, à la fois poétique et imagé.
Aimee Bender a le chic pour créer des atmosphères en demi-teintes où le fantastique apparaît par touches très discrètes et peut être envisagé comme une sensibilité portée à l'extrême. Un roman à découvrir absolument ! et zou sur l'étagère des indispensables où il rejoint les précédents textes de cette auteure !
La singulière tristesse du gâteau au citron, traduit avec talent de l'anglais (E-U) par Céline Leroy, Editions de l'Olivier 2013, 343 pages piquetées de marque-page, bien sûr !
01/03/2013 | Lien permanent | Commentaires (15)
Petit bonheur de début d'année
Il ne vous suivra pas (vu son poids et ses dimensions) dans tous vos déplacements mais si vous aimez la poésie, cet Agenda du (presque) poète , il vous deviendra vite indispensable, vous le feuilleterez chaque jour car c'est une mine !
Minede citations, mine de manipulations, de jeux avec l'espace, les mots,le rythme, les gestes, Bernard Friot, (oui, celui des Histoires pressées !) nous régale avec cette année entière en poésie.
Fourmillantd'adresses internet, cet ouvrage s'avérera vite indispensable , tantpour les enseignants que pour ceux qui aiment jouer avec les mots, lessons et les images.
La poésie ici n'est pas intimidante, elle estquotidienne, familière, gourmande et farceuse...Elle donne envie de se lancer à la découverte de nouveaux textes,de nosveaux auteurs etparfois même on a des fourmis dans les doigts et des mots quisonnent dans la tête , n'attendant plus que d'être notés...
Lesillustrations d'Hervé Tullet, à la façon cahier de brouillon d'écolier,jouant avec des couleurs franches et gaies, contribuent à donnerun air pimpant à ce très bel objet littéraire.
Petit rappel : dans la même collection, paru en 2005 , le fameuxAgenda de l'apprenti écrivain, de Susie Morgenstern, lui aussi uneBible !
Et pour commencer l'année en poésie, une citation choisie (presque) au hasard :
"Les poèmes sont des cadeaux
des cadeaux pour ceux qui sont attentifs." Hans Bender
02/01/2008 | Lien permanent | Commentaires (23)
Comment ranimer la libido des footeux
Ah, comme je regrette que l'ordinateur n'ait pas précisé à ma vendeuse "préférée" (alias Jerisquandjemebrûle"), que Onze nouvelles à lire seule les soirs de match de foot...n'était pas rangé (comme je le croyais aussi) dans la "littérature depoulette" mais au rayon érotique.J'aurais bien aimé voir sa tête...Mel'aurait-elle tendu comme avec des pincettes ou simplementdésigné du doigt ? Le mystère reste entier.
Le titre du recueil d'Emmanuelle Poinger joue donc sur l'ambiguïté suggérée par les points de suspension.
Del'humour il y en a pourtant que ce soit dans les dédicaces (suggérantau passage de nombreuses aventures...), dans l'avant-propos qui est àlui seul une nouvelle mettant en scène des copines se lamentant surl'effet désatreux des matchs de foot sur la libido de leursHommes.Solution préconisée: acheter le recueil que la lectrice aactuellement entre les mains.
En plus d'être facétieuse,l'auteure adonc le sens du marketing !
L'avertissementnous rappelant que noussommes dans le monde du fantasme , monde où il n'y a pas de placepour "le poil sur la langue, le mal de dos, les cheveux quirestent coincés sous le partenaire",j'en passe et des pires m'a bienfait sourire et c'est donc avec un a priori positif quej'ai attaqué la première de ces onze nouvelles (une par joueur):"AIMEE ou le livreur de suhis".
Aimée a beaucoup de chance car lelivreur étudie en fait la kiné et va donc masser Aimée et lui montrerce qu'on peut faire avec des baguettes et surtout il va lui apprendre à "LANGUIR".
Alors, là, je dis STOP !
D'abord,je sais pas vous mais moi quand un pro me masse, j'ai inévitablement envie de DORMIR .
Ensuite,le premier qui essaie de me faire languir en me retirant mon dîner dela bouche alors que je frôle la crise d'hypoglycémie ne sait pas cequ'il risque : pire qu'un bouledogue, je suis !
Enfin, la paire debaguettes qui s'approche de ce qui me tient lieu de poitrine ,risque leretour à l'envoyeur et une paire de baffes en prime.
Alors,désolée mais je ne suis pas entrée dans le monde des fantasmes d'Aimée,j'ai empoché mon carton rouge pour violence physique et verbale et jesuis restée (provisoirement ? ) sur le banc de touche.
25/05/2007 | Lien permanent | Commentaires (22)
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