02/06/2009
L'origine de la violence
Plus que réticente j'étais à l'idée de lire L'origine de la violence.Pourtant ce livre continuait à me fasciner et je rôdais autour, le prenant, le reposant...Je l'ai enfin commencé et ne l'ai plus lâché de du milieu de la nuit au petit matin...
J'ai été happée par cette double quête d'identité: volonté du narrateur d'identifier ce déporté de Mauthausen qui ressemble étrangement à son père, volonté aussi de trouver la source de la violence qu'il sent sourdre en lui et qui éclate à l'improviste mais aussi, de manière plus globale l'origine de ce qui est devenu au sens fort du terme l'Enfer sur terre : les camps de concentration.
Le narrateur, qui est professeur mais aussi écrivain , ne cache pas le sentiment de malaise qu'il y a à écrire sur ce thème , malaise que ressent aussi le lecteur mais que ce dernier arrive à surmonter du fait de l'évolution du personnage principal. Pas de théâtralisation, de révélation fulgurante, pas de pose vengeresse ou didactique. Le narrateur, contrairement à bien des romans de la sélection du prix Landerneau est un être charnel qui sait que la violence est en lui mais arrive à l'exorciser sans pour autant la valoriser.
L'origine de la violence est un roman exigeant, qui pose de nombreuses questions, avance des hypothèses . C'est également un roman passionnant, aux péripéties captivantes. Une réussite du début à la fin. Mon coup de coeur inespéré !
L'origine de la violence, Fabrice Humbert, Le Passage, 316 pages qui étaient faites pour moi.
L'avis de Clarabel.
Celui de Papillonqui en fait son grand vainqueur aussi !
Celui de Lily
De Dominique
De Fashion
06:05 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : l'origine de la violence, fabrice humbert, mon prix landerneau à moi !
01/06/2009
L'homme barbelé
Ferdinand? Saligaud pour sa famille, homme jovial pour les vieux camarades de la Première guerre mondiale, guerre dont il est rentré indemne mais avec du "mépris pour tout"."Toute sa vie d'ailleurs n'est qu'un dialogue aigre avec lui même, l'homme barbelé."
C'est cette énigme d'hommeà double visage que va tenter de résoudre la narratrice que l'on devine apparentée à ce Ferdinand, "champion de l'évitement" mort au camp de Mathausen durant la 2nde guerre mondiale.
Mêlant au plus intime archives, témoignages des membre de sa famille mais aussi ressenti de la narratrice-ce que j'ai beaucoup apprécié-L'homme barbelé est un roman qui brasse les époques, malaxe les mots pour dire au plus près la vérité de la Guerre dans laquelle ce personnage insaisissable se sent si à l'aise.
Dans un premier temps séduite par le style à la fois ample, visionnaire de Béatrice Fontanel, style qui sait aussi être attentif au plus petit détail, le bruit infime d'un escargot écrasé, le chant d'un oiseau dans la tourment, j'ai cependant bientôt retrouvé mes ciseaux virtuels. En effet, les descriptions exhaustives du parcours de Ferdinand durant la Grande guerre avait fini par me lasser.Néanmoins un premier roman original et puissant.
Béatrice Fontanel, L'homme barbelé, Grasset, 294 pages prometteuses.
L'avis de Clarabel.
Celui de Papillon
Celui de Caroline, qui n'a pas dépassé la page 150 ...
06:00 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : l'homme barbelé, béatrice fontanel, 1er guerre mondiale, 2 nde guerre mondiale
29/05/2009
Les mains nues
Une jeune femme, Emma(nuelle) -elle cumule!-célibataire , vétérinaire à la campagne accueille, un peu malgré elle, Giovanni adolescent fugueur dont elle a bien connu les parents dans une autre vie. S'instaure alors entre eux une histoire tendre et cahotique dont Emma devra subir les conséquences judiciaires.
Autant l'avouer d'entrée de jeu, je freinais un peu des quatre fers devant le thème apparemment sulfureux-voyeurs passez votre chemin, vous en serez pour vos frais-et ce bandeau maladroit "La diable au corps " n'arrangeait pas mon humeur.
Au final, j'y ai trouvé mon compte dans les descriptions de la nature, des animaux et de cette communauté qui va faire bloc contre cette femme qui ne respecte pas les schémas habituels: elle se devait "d'être accompagnée d'un homme, d'avoir des enfants-ou de [se] plaindre de ne pas en avoir". Par contre, la relation entre cette femme adulte et cet ado rebelle n'est qu'effleurée, on se demande bien pourquoi ils en arrivent là, les personnages secondaires sont caricaturaux, on a l'impression de les avoir déjà rencontrés au détour d'un téléfilm sirupeux.
Pour les gens de ma génération, tout cela semble bien léger si l'on songe au film"Mourir d'aimer " et à l'histoire vraie dont il était inspiré...
Simona Greggio donne l'impression de rester à la surface, de ne pas s'impliquer dans ce qu'elle écrit.Ce n'est pas désagréable à lire mais reste léger ,bien trop léger...
Simonetta Greggio, Les mains nues, Stock, 170 pages qui manquent de densité.
les avis , très variés, de de Fashion
de Lily
d'Alice
06:00 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : les mains nues, simonettea greggio, la diable, ce roman n'aura pas le prix 30 millions d'amis
25/05/2009
L'attente du soir
Trois personnages au bord du monde. Trois personnages qui , sans le savoir, vont mettre des années à se trouver, à se rejoindre et à s'offrir peut être enfin, une vie digne de ce nom, emplie d'amour et de tendresse.
Un clown blanc, directeur d'un cirque, établissment qui va devenir au fil du temps de plus en plus poétique, empli de parfums et de couleurs. Un femme grise , comme sortie d'un livre de Boris Cyrulnik, parce qu'elle n'a jamais été regardée par ses parents, parce qu'elle se retire en elle même pour éviter la souffrance,parce qu'on lui a enlevé l'être qui auarit pu la ramener du côté de la vie. Le môme enfin. Un enfant sauvage, qui s'est elevé tout seul sur un terrain vague et que les couleurs, la peinture vont sauver.
Cela pourrait être un catalogue de misères, c'est une marche poétique, où les couleurs et les parfums, les sensations jouent un rôle essentiel. Très vite on comprend la nature des liens qui unit certains de ces personnages mais comme le dit Giacomon le vieux clown : "Il est bon d'avoir avant, après vous, comme au long d'une cordelette d'argent, des êtres qui vous préparent et vous continuent. Sans quoi vous êtes tout simplement rejeté hors du temps, comme une unité sans lien, une branche qui ne portera jamais de bourgeon: vous êtes une monstrueuse impasse. On aura je l'espère , bien compris que je ne parle pas de filiation biologique, cette imposture, mais de la vraie filiation, celle du coeur et de la poésie."
Je suis entrée très vite avec bonheur dans cet univers si particulier, comme hors du temps, mais dois à la vérité d'avouer que parfois j'ai trouvé le temps long. Peut être aurait-il fallu un peu moins s'attarder sur les descriptions des vies des personnages, moins retarder leur rencontre pour éviter ce sentiment de dilution que j'ai ressenti parfois.
Un premier roman très prometteur cependant.
Tatiana Arfel, L'attente du soir, José Corti, 325 pages .
Tatiana Arfel à la rencontre de ses lecteurs, c'est ici.
L'avis d'Anne.
celui de Dominique!
06:00 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : l'attente du soir, tatiana arfel, trois personnages en quête des autres
15/05/2009
"Tu n'as pour te réchauffer que l'amitié muette d'un chien et le souvenir d'une toute jeune fille."
De lui nous ne connaîtrons rien ou presque. Pas de localisation précise, pas de prénom, il sera juste désigné par ce pronom : "tu", comme si toute individualité lui était refusée. "Ils ne sont déjà plus des individus, ils sont les organes provisoires d'un être supérieur", défintion qui s'applique aux membres de l'entreprise à laquelle appartient, Magali, celle qu'il aurait pu aimer, mais qui concerne tout aussi bien l'armée dans laquelle" Tu "s'est enrôlé pour aller dans le désert.La Mort n'a pas voulu de lui alors, rentré dans ce village qui est le sien et qui pour lui est moribond, il tente de se raccrocher à un souvenir...
Se soumettre, se plier aux règles pour mieux se dissoudre, affronter un monde où la cruauté est inhérente à celle de Dieu, voilà le destin des personnages de Un dieu, un animal.
Jérôme Ferrari tisse ici une toile dense entre l'histoire de ces deux personnages apparemment si dissemblables . Aucun chapitre, aucune coupure pour permettre au lecteur de reprendre son souffle. Pas de pause, ni dans l'horreur , feutrée ou non, pas plus que dans la narration.
Mais un style brûlant et âpre pour dire la violence pour laquelle "Il n''est pas possible de désigner un coupable. Les choses tournent mal."
Jerôme Ferrari, Un dieu, un animal, Actes Sud, 110 pages puissante et cruelles.
L'avis de Lily.
Celui de Fashion
06:10 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : jérôme ferrari, un dieu, un animal
13/05/2009
Apprivoiser le renard ?
Des citadins qui s'installent à la campagne avec leurs enfants, Juliette et Louis. Leur voisin est un fermier, vieux garçon,Arsène Le Rigoleur, dont l'attitude contredit plutôt le patronyme. Les deux gamins sont toujours fourrés dans les pattes du fermier, ce qui n'est pas sans inquiéter leur mère, car il n'inspire pas franchement la sympathie l'Arsène...
Choisissant comme narrateur ce fermier qui "a laissé courir ses racines à travers champs", Fabienne Juhel distille au compte-goutte allusions et révélations qui génèrent une tension extrême. Arsène est-il juste un être taciturne "Je suis de la race des hêtres", sans histoire ou un individu potentiellement dangereux ?
Tout au long du roman court cette image de l'incendie, réel ou imagé, cette rousseur qui va de la couleur des cheveux d'un enfant à la lueur de rouille dans un regard, sans oublier celle des différents renards qui hantent ce récit, renards qui n'ont rien à voir avec celui du petit prince, même s'il est aussi question d'apprivoisement dans ce texte maisd'une façon toute particulière, A l'angle du renard....
Un roman prenant qui charrie des émotions sourdes et féroces, une écriture ancrée dans la terre qu'elle célèbre de manière charnelle.
Fabienne Juhel, A l'angle du renard, Editions du Rouergue, collection La Brune, 235 pages ardentes.
06:10 Publié dans Prix Landerneau 2009 | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : a l'angle du renard, fabienne juhel