17/03/2014
Pièces importantes et effets personnels de la collection Lenore Doolan...
...et Harold Morris, comprenant livres, prêt -à-porter et bijoux
14 février 2009, New-York
Le nouveau thème de BTS "Objets cultes, culte de l'objet" m'a fourni le prétexte idéal pour me procurer d'occasion le catalogue de la vente des objets qui ont accompagné la liaison de Lenore Doolan, journaliste culinaire et Harold Morris, photographe, qui me tentait depuis 2009.
Premier abord décevant: les photographies sont en noir et blanc et pas forcément de bonne qualité.Ensuite, je feuillète et là la curiosité l'emporte : je note plein de détails touchants ou amusants et je décide d'entamer la lecture chronologique.
Bien m'en a pris car c'est là un dispositif malin et addictif que de présenter de manière factuelle et précise les témoins apparemment muets des différentes étapes de cette histoire d'amour mais néanmoins révélateurs et touchants. S'y ajoutent en outre des bribes de textes : extraits de lettres, fac-similés (traduits) de listes de courses ou énonçant les qualités et défauts d'un des protagonistes. On prend plaisir à compléter les blancs, à s'identifier, à relever les idiosyncrasies , les rituels de ce couple , les goûts littéraires, les traits d'humour (le chien décoratif offert par la belle-mère , vendu dans son emballage d'origine). Mais rapidement on repère des singularités qui détonnent : même si le couple veut faire table rase de cette histoire d'amour, pourquoi vendre pour l'un ses livres de cuisine, pour l'autre ceux consacrés à la photographie ? Et là, ma naïveté vole en éclats, car là où je voyais un dispositif à la Sophie Calle, c'est en fait à une mise en scène pleine d'humour et à des photographies d'acteurs que nous avons affaire , même si ce n'est indiqué nulle part dans le livre.
On apprécie alors encore plus les natures mortes présentant de part et d'autre le contenu des vanity cases des protagonistes ou la présentation, façon papillons épinglés, des soutien-gorge de Lenore. Le catalogue se clôt d'ailleurs sur deux pages d'herbier qui se répondent: des fleurs séchées cueillies par Morris et de l'autre des trèfles à quatre feuilles (parfois litigieux) conservés par Doolan. Une très intéressante façon de souligner comme l'indique Novalis cité en exergue "Partout nous cherchons l'absolu, et ne trouvons jamais que des objets."
Pièces importantes et effets personnels de la collection Lenore Doolan et Harold Morris, comprenant livres, prêt-à-porter et bijoux, Leanne Shapton, Éditions de l'olivier 2009
à noter que pour conserver la présentation catalogue de vente, la mention de l'éditeur n'apparaît pas en couverture.
06:00 Publié dans Objet Littéraire Non Identifié, Photographies | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : leanne shapton
28/11/2011
Les voies perdues
"C'est au nord de nulle part."
On le connaît pour ses polars noirs, voire très noirs, son amour de la nature , mais ce qui pointait parfois au détour d'une phrase, se montre ici plus en lumière: la poésie. Cette manière de prêter attention aux détails, aux matières, aux textures, à l'ombre, à la lumière, à l'indicible, qui se laisse parfois capturer.
Cette poésie que l'on trouve aussi dans les photos de Philippe Matsas, en noir et blanc pour signifier le deuil d'une région parcourue par des voies ferrées désaffectées, qui disent les trains d'autrefois, et les actuelles "friches humaines, industrielles ou ferroviaires" qui provoquent "le souvenir ou la mélancolie."
Des hommes , il en sera peu question, et dans les textes et dans les photos, seules demeurent des silhouettes en contre jour , un homme comme démantibulé, une femme et ses enfants regardant au loin ou des traces maladroites d'un amour tagué.
Les lignes géométriques , structurent un espace où le ciel a la part belle, un ciel torturé et changeant, le cile du Nord, quoi !Mais ce sont plus particulièrement les photographies rasant le sol, capturant la grêle de plantes sèches comme des flèches qui semble s'être abattue sur les rails pour mieux les brouiller, les effacer, qui ont retenu toute mon attention. Ce sol qui, sur un autre page "ressemble à une vieille peau tannée, comme celle d'une peau d'hippopotame."Nous retrouvons ici comme un écho de l'univers décrit dans Les derniers jours d'un homme, une manière de mettre en scène un monde où l'homme est réduit à la portion congrue car le travail a disparu. Restent les cicatrices, les ferrures rouillées, les rails déglingués, les bouleaux qui les enjambent sans vergogne, tout un paysage mélancolique où le voyage n'est plus qu'un souvenir, une trace qui s'efface déjà.
Les voies perdues, Pascal Dessaint, Philippe Matsas, Editiosn Après La lune 2011, à laisser traîner mine de rien sur la table du salon pour le feuilleter et se laisser captiver.
06:00 Publié dans Photographies | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : pascal dessaint, philippe matsas
21/02/2010
En ville de A à Z
Pas de titre sur la couverture. Juste une portion de route et des lignes de signalisation tracées, traits pleins ou pointillés. Pourtant l'oeil est attiré et aussitôt les mains se mettent en action et feuillettent...En couleurs, les photos se succèdent, sans logique apparente sauf que...au F d'une antenne arrimée à un mur de briques, se détachant sur un ciel bleu, succède le G d'un escalier qui tourne et aboutit à une porte ouverte, le tout pris en plongée...
On se surprend à continuer et l'on découvre , nichés au coeur du livre, les explications et les noms des auteurs: Roberto Beretta et Andreu Llorens, qui ont traqué les 26 lettres de l'alphabet latin au coeur de la ville de Londres.
Leur "étrangeté" leur a permis d'être libérés de tout a priori et d'ouvrir un oeil acéré, dénichant le C d'un croissant au sommet du globe d'une mosquée ou le K , souligné comme volontairement de noir, d'un escalier de secours.
Graphiste de formation, Berretta trouve que cette "police de la vie citadine" a bien plus de caractère que les typos qu'il utilisait au travail, tout en étant plus subtiles.
Un abécédaire déniché dans la section "enfants" de ma médiathèque qui donne instantanément à tous envie de regarder d'un oeil plus acéré notre environnement.
Un seul regret: cet album est donné comme étant indisponible, les éditions du Panama ayant disparu.
En ville de A à Z, Roberto Beretta et Andreu Llorens, Editions du Panama 2008.
Ps: à noter que le titre original ," The Quick Brown Fox Jumps Over a Lazy Dog", est un pangramme, c'est à dire une phrase comportant toutes les lettres de l'alphabet.
06:00 Publié dans Photographies | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : roberto beretta, andreus llorens