02/07/2024
Dans le Nord et la Picardie ça se dit comme ça !
Avec le film de Dany Boon, "Bienvenue chez les Ch'tis", la France entière découvrait la richesse du parler du Nord (en 2008 !).
Si certains d'entre vous ont envie de réviser et/ou de découvrir plus largement comment on parle dans "min coin", ce petit ouvrage richement illustré et fourni en citations vous sera d'une grande utilité.
Des cartes permettent même de situer toutes ces particularités qui font la richesse de la langue française . Ainsi, page 42, découvrons -nous les différentes dénominations de l'amas de poussière : du minou au nounou en passant par le cheni ou la bourre (entre autres) que l'on soit au Nord, à l'Est ou au Sud-est de l'hexagone.
Les manifestations culturelles ne sont pas oubliées: du carnaval de Dunkerque braderies et réderies. Un petit trésor pour les amoureux de la langue.
Éditions Le Robert 2024
Dans la même collection (non lus): ça se dit comme ça en Bretagne, et ça se dit comme ça à Marseille.
06:03 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : alain dawson, ludmila smirnova
08/11/2022
démo d'esprit aphorismes & autres prismes
"Tout vient à point à qui sait être tendre"
Tour à tour poétiques, drôles, acides , les aphorismes de La Dactylo parsemaient jusque là les murs de villes françaises et son compte Instagram.
Certains d'entre eux ont été réunis dans ce recueil qui montre que le street art peut très bien passer la barrière du papier et toucher un autre public.
Pari réussi car cet ouvrage fait partie de ceux qu'il est toujours bon d'avoir sous la main pour réfléchir, rêver ou juste sourire...
Allez, un dernier pour la route : "Un bidon d'essence,
une étincelle,
feu mon mari."
Éditions Verticales 2022
06:00 Publié dans Art, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : la dactylo
25/03/2022
Les pantoufles...en poche
"Je lui envoyai alors, en travers de la gueule, l'expression la plus sincère de mon indifférence. "
Par étourderie, notre narrateur se retrouve à la porte de chez lui, les clés à l'intérieur et en pantoufles.Faisant un pas de côté, il décide néanmoins d'aller ainsi chaussé au travail . Là, petit miracle, les charentaises, peut être parce qu'elles changent son rapport à la proprioception, mais aussi au monde, vont l'inspirer et son discours charmera même (tels sont ses termes) son irascible supérieure.
Les micro aventures vont alors s'enchaîner et entraîner notre héros dans des milieux en tous points différents mais où il s’adaptera avec aisance.
Le plus difficile était sans doute de terminer cette fable souriante et bon enfant, Luc-Michel Fouassier y est parvenu sans trébucher.
Le style est alerte, plein de références littéraires ou musicales et le héros manie avec élégance le registre soutenu dans la conjugaison sans que cela fasse cuistre. Sans donner de leçon, ses 113 pages nous invitent à oser être farfelu et à savoir faire des pieds de nez au destin. Un roman court et délicieux.
06:03 Publié dans Humour, l'amour des mots, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : luc-michel fouassier
08/02/2022
Parler comme jamais
Avec précision, méthode (l'ouvrage est très didactique et même interactif) humour aussi, Laélia Véron, maîtresse de conférence en stylistique et Maria Candea, professeure en linguistique françaises s’attelle à une rude tâche : dégommer les clichés concernant la langue française et son prétendu déclinisme.
Non, contrairement à ce que prétend le linguiste Alain Bentolila qui se répandait il y a quelques temps dans tous les médias, certains jeunes n’utilisent pas 400 mots de vocabulaire !
On sort de cette lecture revigoré par les preuves que la langue française est certes parfois bizarre, mais surtout changeante, pleine d'inventivité et donc pleine de vie !
Éditions Le Robert. 2021.
Écoutez, entre autres, le billet de Laléia Véron sur l'Académie française, ça vaut le détour
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : lalélia véron, maria candea
06/01/2022
Dehors la tempête...en poche
"Comme après une jachère amoureuse, je me sentais à nouveau disponible pour une rencontre avec un livre, un genre ou un écrivain. Mais c'était décidé, jamais plus je ne lirais d'histoires. C'est ainsi que la poésie est devenue ma méthadone."
Nombreuses sont les métaphores marines qui irriguent ce livre appartenant à la collection Le Courage. Normal, l'un des romans préférés de Clémentine Mélois est Moby Dick.
Dans son panthéon personnel figurent aussi Simenon et son héros Maigret dont elle analyse avec finesse la consommation alcoolique, qui l'amènera à consommer un alcool démodé, car lire entraîne bien des expériences sensuelles.
Au gré des ses humeurs, de ses souvenirs , de ses digressions, nous partageons son amour tant pour les livres que pour la lecture.
Les livres addicts ne pourront que craquer pour ce livre où beaucoup se reconnaîtront, en particulier dans une liste où elle confesse certaines habitudes liées aux livres...
06:00 Publié dans l'amour des mots, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : clémentine mélois
15/03/2021
Le dernier bain de Gustave Flaubert
"Le style, cette puissance, ce couperet, cette déflagration. Le style qui recrée le monde à force de s'en emparer, de le réfléchir, d'en construire un double sublime."
C'est à un véritable tour de force, stylistique et romanesque que nous convie ici Régis Jauffret dans cette biographie romancée de l'auteur de Madame Bovary.
Flaubert prend donc son dernier bain, sera sans doute ensuite victime d'une crise d’épilepsie puis d'une attaque cérébrale.
Dans cet entre-deux, Jauffret imagine donc les hallucinations, les souvenirs, vrais ou faux, les apparitions de personnages de romans qui viennent demander des comptes (en particulier celle qui se montre la plus vindicative, Emma Bovary), des anecdotes peu reluisantes qui disent la vérité d'une époque et brossent un portrait, non pas en majesté, mais en déliquescence, du vieil auteur qui profitait autrefois, avec avidité et égoïsme ,des plaisirs de la vie.
Nous sommes donc emportés dans un maelstrom charriant aussi bien des considérations sur les mots, le style, les procès, la censure (dont furent à la fois victimes les deux écrivains), les amours, le tout dans un style puissant et gourmand de mots. On y trouvera aussi bien des mots contemporains de Flaubert que des mots du XXI siècle employés par l'auteur de Bouvard et Pécuchet car, Flaubert peut à la fois être mort et sur le point de mourir dans ce roman qui se joue de la temporalité avec maestria. Flaubert lui-même ne se penche-t-il pas , dans une fascinante mise en abîme sur sa postérité et sur le "saligaud de son espèce" qui "s’emparerait de celui qu il fut" ?
Car oui, en plus d'être brillant ce texte est bourré d'humour (noir, façon Jauffret, bien sûr). Un chutier (dont la taille de police est juste bonne à nous crever les yeux) complète le plaisir en nous offrant, non pas les scories, mais tout ce qui n'a pu trouver place dans ce roman magistral.
06:00 Publié dans l'amour des mots, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : régis jauffret
09/03/2021
Les six fonctions du langage
"Pendant des années , j'ai fait des efforts surhumains pour passer outre ces écarts de langage abjects. Je me disais "Le Français est une matière vivante, il faut t'habituer". Mais c'est au-dessus de mes forces, Bertrand. Je voudrais en finir."
Un étudiant en linguistique, qui, sur la seule foi du titre, ouvrirait cet objet littéraire qui emprunte aux codes du roman-photo pour mieux les détourner, risquerait d'être surpris.
Et pourtant, c'est bien du langage qu'il est question dans ce nouvel opus de l'impératrice du détournement, j'ai nommé Clémentine Mélois.
Avec humour, elle pointe nos tics de langage, nos jargons, nous apprend à draguer avec des mots rares et précieux, (mais attention toute faute de goût serait rédhibitoire !), le tout accompagné de photos tirées de romans photos sud américains des années 60.
On y voit donc un bellâtre blond au visage inexpressif dupliqué tandis qu'il écoute une litanie de mauvaises nouvelles ou bien encore des scène improbables comme cette femme qui étrangle par une clé de bras un homme de petite taille pour le désarmer. Les femmes (et parfois les hommes ) sont maquillés à la truelle, les vêtements sont à l’avenant des attitudes et des mimiques: outranciers.
Hautement réjouissant ce roman-photo est une pure merveille !
06:00 Publié dans l'amour des mots, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : clémentine mélois
04/01/2021
Dictionnaire amoureux de l'inutile
La subjectivité de cet ouvrage est doublement garantie. D'abord par le qualificatif d"amoureux" et par son objet même : l'inutile, concept malléable à l'envi.
Mais qu'un tel dictionnaire pratique la mise en abyme en se consacrant à lui-même une entrée, révélant, entre autres, le mode de fabrication de l'ouvrage, ne peut être que loué !
Chacun, au fil des jours y piochera son bonheur, s'amusant peut être aussi à deviner qui du père ou du fils est l'auteur de l'article, découvrant plein d'informations inutiles mais ô combien précieuses pour les amateurs de miscellanées, ou les amateurs de curiosités.
On y croisera la carte d'identité d'Yves Montand qui apparaît (avec son vrai patronyme) dans un film, Jean Carmet, au gré des souvenirs du Grand Blond, mais aussi des objets, des signes de ponctuation (tout un article sur les parenthèses rédigé par Jaenada), les blagues Carambar...
Tout un joyeux fatras , au fil de 270 entrées ! Un plaisir à (s') offrir de toute urgence !
Plon 2020
06:00 Publié dans Humour, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : françois morel, valentin morel
21/12/2020
Cher Père Noël Vraies lettres inventées
"Non ! Rien de rien
Non ! Je ne commande rien...
C'est payé, balayé, oublié
Je me fous de Noël[...]
Édith P."
Lipogramme (texte d'où une lettre est bannie) , en hommage à Georges Perec , pastiches de différents auteurs (Prévert, Madame de Sévigné...) , lettres de Sherlock Holmes ou d'Ulysse et autres fantaisies littéraires plairont aux amoureux des mots qui pourront s'amuser à les imiter.
Mais les membres de L'Ouvroir de Littérature Potentielle ont pioché également dans d'autres registres, plus ancrés dans la vie quotidienne : lettre de la Reudoute, lettre de refus (signée par la stagiaire du comité éditorial), lettres de réclamation, lettre d'amour (coquine , la lettre), chanson, textes utilisant des jargons divers , tout ceci brosse aussi, mine de rien, un panorama de notre société et de ses usages linguistiques.
Une mine de plaisirs à (s') offrir pour 5 euros.
Éditions Librio 2020
06:00 Publié dans Humour, l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : oulipo
02/12/2020
Coquelicot et autres mots que j'aime
Elle nous laisse ses chansons mais aussi ses mots :
« Je suis une nomade empêchée. »
Les mots, elle les chante, elle les enchante pour les petits et pour les grands, mais c’est la première fois (merci, Philippe Delerm !) qu’elle nous les offre sous forme de livre. Un recueil savoureux où Anne Sylvestre , tout à la fois évoque , par petites touches, des souvenirs, des sentiments, des sensations mais aussi se montre malicieuse voire délicieusement critique quand elle personnifie et croque le portrait de « Baliverne et Billevesée », deux commères comme nous en connaissons tous !
Les mots, elle en savoure les sonorités et les couleurs, voire les odeurs (cf « Frangipane ») dans des textes jubilatoires où l’on sent le plaisir de les prononcer, de jouer avec eux, avec le rythme qu’elle leur imprime. Et les textes en prose de flirter avec la poésie…
Des textes qui célèbrent aussi la nécessité des petits mensonges, la lenteur des lectures et relectures de l’enfance, la chaleur de l’édredon, « cette caverne, ce terrier de marmotte pour survivre à la nuit. », la « doublure légère » des mots mal compris, détournés.
On sent l’âme à la fois légère et bien trempée de l’artiste qui a su tracer son chemin à l’écart des sentiers battus. 192 pages à déguster , bien au chaud, sous un édredon.
« En attendant la fin du monde et de nous, mentons mais avec délectation. »
Coquelicot et autres mots que j'aime, Anne Sylvestre, Points Seuil 2014.
06:00 Publié dans l'amour des mots | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : anne sylvestre