09/10/2024
#Bâtardes #NetGalleyFrance !
"Nous sommes donc les bâtardes, mères de bâtardes,filles de bâtardes, perpétuant le cycle des mensonges et de l'obscurité. "
On estime le nombre d'enfants nés de mère française et de père appartenant à l'armée allemande durant la Seconde guerre mondiale entre 10 00 et 20 000. L'occasion pour ceux qu'on a appelés "les résistants de la dernière heure", de tondre ces femmes coupables de "collaboration horizontale", de se venger sur elles de leurs propre lâcheté (voire pire) en les tondant sur la place publique.
L'arrière petite fille d'une de ces femmes va remonter le temps des silences et des hontes pour mettre à jour les mensonges qui gangrènent plusieurs générations d'une lignée de femmes de sa famille.
Rachel Corenblit, avec beaucoup de sensibilité, donne la parole à chacune de ces femmes qui expriment avec beaucoup de lucidité leurs sentiments, mais aussi l'hypocrisie d'une société patriarcale. Une belle réussite.
15:58 Publié dans Jeunesse, Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rachel corenblit
15/05/2024
Géographie de la peur
"Le pire n'est pas d'être quittée par tous ou par tout le monde. Le pire est de ne pas pouvoir vivre avec soi. "
Maureen, 19 ans souffre d'agoraphobie et de Trouble Anxieux Généralisé. A l'orée de l'âge adulte, alors qu'elle devrait aller à l'université, toute sortie devient une expédition dangereuse car son cerveau la maltraite et lui fait envisager le pire.
Petit à petit, l'incompréhension de ce qui lui arrive réduit le cercle de ses amis et/ou les incite à interpréter son comportement d'une manière totalement inappropriée.
Le roman relate de l'intérieur le ressenti à la fois psychologique, mais aussi physique , et ce de manière très réaliste. L'humour n'est pourtant pas absent car Maureen, mine de rien, alterne entre autodérision et auto-apitoiement.
Un roman qui permet de comprendre une pathologie qu'on aurait trop facilement tendance à prendre à la légère: il/elle n'a qu'à prendre sur soi.
Scripto, Gallimard 2024, 165 pages .
06:01 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : claire castillon
17/02/2024
A quoi rêvent les étoiles...en poche
"On a tous besoin de se raconter une histoire qu'on trouve cohérente, de s'arranger une vérité à partir de fragments de fabriquer des liens de cause à effet. Même lorsqu'ils n'existent pas vraiment. Surtout lorsqu'ils n'existent pas vraiment. "
Roman Choral, A quoi rêvent les étoiles met en scène cette fameuse théorie qui veut que nous soyons reliés à n'importe qui dans le monde par une chaîne de six relations individuelles.
Ici, le territoire est plus circonscrit car il se limite à la Bretagne, mais l'ambition n'en est pas moins grande car Manon Fargetton va relier des êtres qu'en apparence tout oppose (par l'âge, la profession, le passé...). Il y aura des surprises (et non des moindres) mais rien de télescopé.
Quel que soit l'âge de ses personnages, elle les dépeint avec beaucoup de sensibilité et de véracité se glissant aussi bien dans la peau d'un ado refusant de sortir de sa chambre que dans celle d'une veille dame refusant de vivre sans son mari, décédé. La maladie mentale, l'emprise ou le parent qui refuse de donner son indépendance à sa fille sont aussi évoquées mais les personnages sont aussi animés par leurs passions, aussi différentes soit-elle. Faisant le lien entre eux, un peu à la manière d'un chœur antique à lui tout seul, un marchand ambulant de crêpes haut en couleur commente ce qu'il voit et ce qu'il devine. Un excellent moment de lecture pour ados- mais pas que- car l'écriture est fluide, els personnages complexes et la structure très maîtrisée.
06:00 Publié dans Jeunesse, le bon plan de fin de semaine | Lien permanent | Commentaires (2)
17/01/2024
#Celuiquinaimaitpaslire #NetGalleyFrance !
"Je suis timide : les personnages des romans parlent pour moi. Je suis casanier : ils me font parcourir le monde. J'ai peur de déplaire aux femmes : ils les séduisent à ma place. Je comprends mal le monde : ils me l'expliquent en s'y frottant à ma place. Je me sens lâche : ils sont héroïques. Vaniteux : ils m'enseignent l'humilité, la fragilité, l'humanité. "
Daniel Pennac dans Chagrin d'école relate la souffrance du cancre qu'il était dès l'enfance et qui est parvenu à devenir professeur , puis écrivain.
Mikaël Ollivier,lui, c'est à l'adolescence que les choses se sont gâtées, mais dès le début l'école a su éliminer toute notion de plaisir de l'acte de lire. Il n'était donc pas un lecteur, contrairement à son frère aîné.
C'est par le biais du cinéma, et de ses adaptations de romans qu'il le deviendra et dans la foulée, il écrira des romans, ce qui lui permettra de rencontrer sa femme, ce qui n'est pas rien.
J'ai beaucoup aimé découvrir de l'intérieur comment un élève apparemment sans problèmes, devient un "décrocheur"et la manière positive dont ses parents mais aussi la principale du lycée ont réagi. Un récit autobiographique classique mais intéressant. Une réédition d'un texte de 2004.
La Martinière Jeunesse 2024.
06:00 Publié dans Autobiographie, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : mikaël ollivier
20/12/2023
Miettes moineau ribouldingue
"à quoi ça sert
un merle ?
à s’émouvoir d'un rien,
d'un soir qui tombe
sur un jardin
dans son chant modulé"
D'abord il y a l'objet-livre. Un 24.2 x 0.7 x 32.1 cm qu'on ne peut pas louper et qui sent bon le neuf. Le titre, ensuite, qui claque en rouge, avec son allitération en m et son facétieux ribouldingue , un mot familier et vieilli désignant une partie de plaisir une noce , qui s'avérera ici être le nom du chat qui clôture le livre et le plateau de jeu de ce jeu de l'oie sans oie mais avec un moineau , un ours qui sert à tout, un arrosoir pour faire la pluie, une ramassette pour "rassembler ses pensées éparses quand on cesse sa rêverie et qu'on retourne dans le réel. "
Bienvenue dans le monde facétieux et poétique d'aNNE herbauts qui multiplie les techniques (crayon, collage, découpage, papier déchiré...) et qui avec quelques couleurs (du blanc, du noir, du rouge, du bleu) nous fait entrer dans un album qui peut dérouter, faire sourire, réfléchir et donne surtout à rêver. La formule "à quoi ça sert" rythme la progression et, mine de rien , dynamite un univers où tout doit avoir une utilité.
Petits et grands y trouveront leur content que ce soit par la lecture seule de cet album magnifique ou par le jeu.
Un grand merci à Babelio et aux Éditions Esperluette pour cet album qui file sur l'étagère des indispensables.
Pour voir l'autrice au travail, c'est ici .
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne herbauts
17/05/2022
La Jungle
Comment évoquer pour les enfants le thème des migrants sans tomber dans la mièvrerie ou le voyeurisme ?
Ludovic Joce y parvient avec une grande délicatesse en relatant la rencontre fortuite (et brève) entre Lucas, arrivé depuis peu à Calais et Seyoum, un jeune africain qui habite La Jungle.
En quelques pages, illustrées avec beaucoup de douceur par Nathalie Lagacé, le jeune lecteur peut prendre contact avec une réalité dont la brutalité n'est pas gommée, mais évoquée par petites touches. Un héros qui évolue au fil du texte et des personnages qui resteront gravés dans la mémoire font de ce roman une réussite.
Éditions Alice 2022.
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ludovic joce
02/06/2021
Le plongeoir
"Je n'avais rien à leur prouver, à ces cons-là ! je plonge si je veux. Pas parce qu'on me lance un défi. Je ferai les choses quand je serai prête. Et même si je ne plonge jamais de ma vie, cela gêne qui ? "
Trois nouvelles mais deux thèmes communs: l'eau et le jeu qui se transforme en contrainte, en harcèlement. Trois points de vue également: celui de la jeune fille que deux lourdauds voudraient contraindre à plonger; celui du harceleur qui oblige son cousin à apprendre à nager , en lui faisant frôler de peu la noyade; enfin celui du témoin passif, en l’occurrence la mère d'un ado qui voudrait contraindre sa copine à nager tout de suite alors qu'elle voudrait prendre son temps, jugeant l'eau trop froide.
Des situations en apparence anodines, dont les adultes ne prennent pas toujours la mesure du traumatisme qu'elles peuvent engendrer et qu'Elsa Devernois peint avec beaucoup de finesse et d'efficacité en quelques pages.
Merci à Babelio et Talents Hauts pour cette découverte.
06:00 Publié dans Jeunesse, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : elsa devernois
18/03/2021
Elle est le vent furieux
"On ne réalise pas, quand tout va bien, la rapidité avec laquelle ce qu'on croit immuable peut s'écrouler." Flore Vesco
Printemps silencieux, essai de Rachel Carson ,alertait déjà sur les dangers des pesticides . Ici, Marie Pavlenko, Sophie Adriansen, Marie Alhinho, Coline Pierré, Cindy Van Wilder et Flore Vesco se mettent à six pour s’adresser aux jeunes générations, mais pas que, pour envisager les différentes formes de la colère de Dame Nature face aux multiples agressions dont elle est victime.
Les formes et les tonalités divergent, mais s’harmonisent par la structure du recueil et Flore Vesco n'hésite d'ailleurs pas à recycler le texte de ses compagnes d'écritures dans un centon* où se côtoient aussi bien Borges que Jules Renard ou le mode d'emploi du Minitel 2 modèle Phillips.
Si j'ai apprécié la totalité des nouvelles, leur volonté de maintenir un peu d'espoir, fût-il aussi léger qu'un papillon..., je chéris tout particulièrement le texte de Coline Pierré qui, par sa poésie, sa douceur et son écriture à la fois sensuelle et empathique a su m'enthousiasmer. Un recueil nécessaire.
Flammarion 2021.
* une œuvre littéraire ou musicale, constituée d'éléments repris à une ou plusieurs autres œuvres et réarrangés de manière à former un texte différent.
Antigone a aussi beaucoup aimé: clic
06:00 Publié dans Jeunesse, Nouvelles françaises | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : marie alhinho coline pierré marie pavlenko sophie adriansen, flore vesco, cindy van wilder
25/11/2020
Petite salamandre Le merle voisin du jardin
La revue des enfants curieux de nature (destinée aux 4-7ans) s’avère être une mine d'informations sur les animaux qui nous entourent (phasmes, lérots, crapauds...), mais aussi bien évidemment sur le merle, vedette de ce numéro.
De superbes photos et un poster permettent d'admirer cet oiseau et de le découvrir plus avant. On croirait presque l'entendre chanter !
Un foule d'activités (coloriage comptage, jeu d'observation...) permettent d'oublier le confinement et une histoire qui fera battre les cœurs complète le programme.
La mascotte de cette revue, Sam, la petite salamandre, accompagne la lecture au fil des pages et un logo P'tit web signale des surprises à retrouver sur le site web. De quoi allier papier et écrans...Bref, une revue très complète, très belle graphiquement et riche d'infos que je vais m'empresser d'offrir à une petite fille de 4 ans et demi !
Merci à Babelio et à l'éditeur pour cette belle découverte .
06:00 Publié dans Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (0)
29/10/2020
Les potos d'abord
"- Tu vis sur quelle planète, Nathan ? Dans quel monde tu évolues ? J'ai l'impression que coincé dans ton univers de petit bourgeois de merde tu ne t’aperçois de rien !"
Amis depuis toujours , Nathan, le narrateur et son meilleur ami, Ihmed partent pour la première fois en vacances sans leurs parents.
De déconvenues classiques, en plans foireux qui se transformeront sans doute plus tard en souvenirs pleins d'humour, l’aventure va soudain virer à l'aigre quand les deux potes se trouveront confrontés à ce que Nathan refuse de voir: le racisme et les différences sociales.
Un récit moins léger qu'il n'y paraît de prime abord.
Collection Court Toujours Éditions Nathan, texte qui donne accès à la version numérique et à la version audio.
06:00 Publié dans Jeunesse, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : rachel corenblit