08/01/2024
Jim
"Il me faut apprendre à avancer depuis qu'une partie de moi s'en est allée. "
Il m'a fallu du temps pour me décider à acquérir ce magnifique album dont la couverture m'avait instantanément attirée. Oui, du temps car Jim évoque ce que tout compagnon d'un chien cherche le plus à tenter d'oublier: "Pourquoi la temporalité de l'existence des chiens est-elle si différente de la nôtre ? On est condamnés à les voir vieillir si vite...". Car il s'agit du deuil de Jim, Flat-Coated Retriever (chien d'eau, race dont j'ignorais l'existence) , qui durant treize ans a ala vie de François Schuiten.
A raison d'un dessin par jour, l'auteur nous rend palpable des petits moments d’existence de ce compagnon qui préférait les humains aux chiens , moments tendres, douloureux parfois quand le manque se fait trop difficile...Une merveille de sensibilité poétique, à mille lieues d'un roman qui en devient parfois illisible tant l'écriture en est travaillée: Son odeur après la pluie.
Et zou, sur l'étagère des indispensables.
L'avis d'Antigone: clic
Rue de Sèvres 2023.
06:01 Publié dans BD, l'étagère des indispensables | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : françois schuiten
03/01/2024
Passer à l'Ouest
Julien Solé, à l’instar de Larcenet dans son Retour à la terre, nous relate comment, avec femme et enfants, quittant la riante cité de Sevran, il s'est installé près de Brest.
Aimant beaucoup cette ville (et sa fameuse librairie "Dialogues" ) , je me réjouissais de la retrouver via cette BD. Las, à l'exception du passage sur les expressions brestoise hautes en couleurs, je me suis passablement ennuyée car cette BD manque cruellement d'enjeux narratifs. Les dessins sont beaucoup trop fouillés et nuisent à la lisibilité. Bref, un échec total, corroboré par une deuxième lectrice de mon entourage. Sans doute en attendions-nous trop...
Je remercie les Éditions Locus Solus et Babelio.
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09/10/2023
Le Grand Incident
" La place de la femme dans notre société, la sexualisation du corps féminin (dans les œuvres d'art ancien comme dans la vie de tus les jours) , le harcèlement de rue et le traumatisme des confinement avec la fermeture des lieux culturels constituent les motifs principaux du Grand Incident. "
Qu'est ce qui a mené les visiteurs mâles à devoir se dévêtir totalement pour visiter le musée du Louvre ? La révolte des nus féminins , qui par le truchement d'une femme de ménage qui communique avec elles, ont exprimé leur ras-le bol de devoir subir encore et toujours le harcèlement masculin.Elles ont donc disparu des œuvres , créant ainsi Le Grand Incident et semant la panique dans l'administration du musée.
C'est donc à"Paris un jour comme aujourd’hui", que se déroule la fable à la fois didactique et très drôle imaginée par Zelba. On y apprend, entre autres que "Contrairement au corps masculin dont la nudité est, la plupart du temps, un signe de courage et de force virile, le nu féminin est fréquemment abonné aux poses de soumission ou d'humiliation. ", de quoi "émoustiller " les commanditaires des œuvres...
J'ai particulièrement apprécié les "cabines de redescente émotionnelle" dont je vous laisse découvrir l'utilité ainsi que le clin d’œil final. Une BD pour s’immerger dans le Louvre d'une manière à la fois ludique et féministe. Un pur régal.
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12/09/2023
Le plus beau métier du monde
"M'sieur, on a discuté entre nous et on préfère être honnêtes avec vous: on n'aime pas trop les notes que vous nous mettez en ce moment. "
Ils confondent "sextoy" et "sextant", aimeraient pour certains "trop savoir ce que ça fait d'avoir la moyenne", vivent dans un quartier de Marseille où le service d'ordre des trafiquants de drogue assure la protection du lycée ... Mais ils rêvent aussi d'une carte de séjour , de pouvoir vivre en France . "Ils", ce sont les élèves de Dominique Resch, prof depuis trente ans dans un lycée professionnel des quartiers nord de Marseille et très heureux visiblement de cet état de fait.
Une belle complicité se lit entre lui , ses élèves et leurs parents, puisque certains d'entre eux, au courant de ce projet de BD n’hésitent pas à demander "Sinon, pour votre BD, c'est bien ce qu'on vient de vous dire ? "
Les dessins d'Eric Doxat contribuent à distiller une belle énergie , tout en soulignant de manière discrète mais efficace les moments plus dramatiques.
Voilà qui regonflera peut-être le moral des enseignants qui s reconnaîtront sans doute dans pas mal de situations.
Merci à l’éditeur et à Babelio.
Éditions Vuibert 2023.
06:00 Publié dans BD, Rentrée 2023 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : dominique resch
09/05/2023
Les cerveaux de la ferme: Au coeur des émotions et des perceptions animales
Il faut savoir passer outre les blagues à deux balles du narrateur (je ne suis visiblement pas le cœur de cible car beaucoup de lecteurs les ont appréciées) pour savourer cette BD de vulgarisation scientifique, par ailleurs fort bien étayée de références scientifiques, garantissant le sérieux des propos.
Pour les curieux et curieuses de mon espèce, cet ouvrage est une mine de découvertes concernant aussi bien les poules ( des pros du morpion) , les vaches, les moutons, les cochons ou les chèvres.
Très bien organisée, cette BD envisage leur perception du monde, leur façon de réfléchir, leurs émotions, leur façon de communiquer, leur façon d'apprendre les un.e.s des autres , sans oublier leurs sociétés. Le tout illustré avec tendresse et humour. Un pur régal à découvrir d'urgence.
Merci à Babelio et à l'éditeur , La Plage.
06:00 Publié dans BD, Sciences | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : sébastien moro, layla benabid
07/06/2022
Soixante printemps en hiver
"- Quand les vieux maris quittent leur femme, on les comprend, on leur trouve toutes sortes d'excuses. Mais quand ce sont les femmes...
- Nous sommes les sorcières qui broient les cœurs et brisent les familles... "
Le jour de son soixantième anniversaire, Josy quitte son mari, devenu juste un compagnon, ses enfants et petits enfants et s'embarque dans son vieux combi VW.
Ce n'est pas dans un road-trip qu'elle se lance mais bien dans la reconquête de la sa liberté, nonobstant le harcèlement téléphonique de ses enfants et leur volonté de la faire culpabiliser. Mais Josy , via des rencontres qu'elle n'aurait jamais pu faire en restant dans le rôle qui lui était dévolu par les siens, va se tourner vers la sororité avec des femmes qui ont su s'affranchir elles aussi des diktats de la société et/ou rebondir face aux aléas de la vie. Une bande dessinée qui montre aussi avec beaucoup de douceur et de délicatesse le corps vieillissant des femmes et ne fait pas l'économie de leur sexualité et de la tendresse qui peut se vivre entre elles à tout âge.
Ed. Dupuis 2022
06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : aimée de jongh, ingrid chabbert
21/01/2022
#Amalia#NetGalleyFrance !
"Pour que la vie soit meilleure, il suffit parfois de lui laisser le temps. "
Jonglant entre sa petite fille de quatre ans, sa belle-fille de dix-sept (ses humeurs en dents de scie et son addiction aux youtubeuses beauté), son boulot où l'on lui demande d'être agile et élastique (les nouveaux concepts à la mode), Amalia s'épuise.
Certes, son compagnon met la main à la pâte, mais les nouvelles anxiogènes , la terre qu'on maltraite , sans compter une pandémie qui apparaît en pointillés, tout cela fait qu'un jour le corps d'Amalia dit : "Stop"
Diagnostic de la médecin consultée en visio : "Vous faites une intolérance au rendement. "
Petit à petit, non seulement l'héroïne, mais tout son entourage vont modifier leur façon de voir, leur façon d'agir, chacun à leur échelle. La nature, via une fougère ou une variété de blé vont les y aider , sans oublier certains proches.
Tout en douceur, tant au niveau des couleurs que du graphisme, Aude Picault brosse un portrait réaliste de notre société. On pourrait lui reprocher de ne pas montrer avec suffisamment de violence ce que peut être l'épuisement d'Amalia , d'édulcorer la situation, mais pourquoi rajouter de la noirceur là où il y en a déjà assez ?
Dargaud 2022.
06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : aude picault
28/06/2021
L'oasis
"Un véritable jardin de cocagne ! "
Il n'y connaissait pas grand chose en jardinage , mais Simon Hureau a pris le temps d'expérimenter et de faire la part-belle aux insectes, aux oiseaux et de manière plus générale à la nature pour redonner vie à ce qu'on ne pouvait pas encore appeler un jardin mais au mieux un "extérieur" plutôt tristounet et en friche.
Luttant contre ce qu'il appelle le béton vert , comprendre ces haies uniformes et sans vie de thuyas et autres cotonéasters, il observe, part des plantes qu'il trouve sur place, récupère, échange et peu à peu la vie revient, créant ainsi l'oasis du titre.
J'ai particulièrement apprécie la non-lutte contre les insectes, l'envie de partager les fruits de son labeur avec les oiseaux et autres animaux peuplant ce mini-éden. Pas de lutte acharnée, pas de volonté de maîtriser la nature, juste l'envie de s'y accorder.
Les magnifiques illustrations de papillons, d’insectes et de manière plus générale du jardin sont un enchantement dont on ne se lasse pas . Et zou, sur l’étagère des indispensables.
06:00 Publié dans BD, l'étagère des indispensables, roman graphique | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : simon hureau
20/05/2019
J'peux pas j'ai chimio
Bêtisier: les Enfoirés (extrait):"-J't'embrasse pas, mon système immunitaire est en chute libre !
-Non mais vas-y . J'ai pas peur de l'attraper !"
Une BD sur le cancer qu'on termine toute tourneboulée mais néanmoins le sourire aux lèvres ? Oui ! Pari brillamment tenu par les auteures qui ont su trouver le ton juste (ni doloriste, ni optimiste façon forcené) pour évoquer les différentes étapes, de l'angoisse des résultats d'analyse à la rémission, en passant par les phases de "grotte" où la fatigue et la déprime mènent le bal( mais c'est pour mieux remonter ).
Avec humour, tendresse et bienveillance, elles évoquent aussi les proches, les soignants souvent au bord du burn out, les attentes interminables, mais aussi la solidarité et les remèdes plus ou moins fantaisistes, chacun essayant d'aider comme il peut.
Revitalisant !
Marabulles 2019.
Merci à l'éditeur et à Babelio.
06:00 Publié dans BD, Humour, Récit de vie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : alexandra brijatoff, camille happenot, cancer, humour
23/04/2019
Le retour à la terre. 6. Les métamorphoses
" "Pinson Larssinet" ça sonne bien je trouve...C'est gai. Mariette aimerait un prénom plus classique. Mais "Moineau" je trouve ça trop banal."
Quel plaisir de retrouver Manu, Mariette, Pupuce et surtout tous les habitants hauts en couleurs de leur voisinage, Madame Mortemort en tête !
Chacun d'entre eux, à son échelle, va connaître une métamorphose, même si certains, Manu en tête, sont dans le déni. Il faut voir Madame Mortemort s'initier au téléphone portable et à la domotique, détourner d'une manière à la fois naïve et logique les émoticônes.
En arrière-plan, les humeurs de Manu sont traitées de manière beaucoup moins noire que dans la BD sur laquelle il travaille :"Plast". BD qui cause aussi du souci à son éditeur, d'où l'envoi d'un vaillant émissaire qui part, équipé de pied en cap, affronter les "riantes" contrées campagnardes.
Le volume 6 du retour à la terre est irrigué de figures aviaires, Manu devenant lui-même une figure de père oiseau donnant la becquée à sa famille, qui insufflent à la fois légèreté et tendresse aux scènes. Un univers bucolique à l'humour subtil dans lequel le lecteur se plonge avec délices.
06:00 Publié dans BD | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jean-yves ferri, manu larcenet