08/03/2010
Drôles de femmes
Yolande Moreau, Sylvie Joly, Anémone, Amélie Nothomb, Florence Cestac, Michèle Bernier, Maria Pacôme, Tsilla Chelton, Dominique Lavanant sont de Drôles de femmes rencontrées par Julie Birmant et croquées par Catherine Meurisse.Cela donne un album chaleureux où Julie Birmant se met en scène, donnant à voir l'admiration ou l'amour qu'elle éprouve pour ces femmes hors du commun. Chacune d'entre elles a dû prendre la vie à bras le corps, forcer son destin, lutter contre les préjugés, que ce soit Tsilla Chelton que son éducation ne destinait en rien à jouer Ionesco ou l'inoubliable Tatie Danielle, Anémone, rejetant le système du cinéma français ou Michèle Bernier qui a su imposer à la fois un physique atypique et une pièce , le fameux Démon de midi prenant à rebrousse-poil les discours convenus...
Anecdotes hilarantes ou confidences se succèdent au fil des rencontres et même si on sent parfois que le courant n'est pas toujours passé avec la même intensité, il n'en reste pas moins que chaque portrait est à la fois respectueux et riche.
A lire et relire, y compris par les plus jeunes qui ne se rendent pas toujours compte du chemin parcouru par les femmes, y compris dans le monde de l'humour. C'est la journée de la femme, les filles, je prends le droit de faire ma féministe !:)
Un énorme merci à Cuné, qui d'autre pouvait dénicher une telle pépite ? !
Drôles de femmes, Julie Birmant, Catherine Meurisse , Editions Dargaud 2010
06:00 Publié dans Humour | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : humour, femmes, julie birmant, catherine meurisse
17/02/2010
Eddy Milveux
Quand on sauve la vie d'une blatte magique, forcément la qualité des voeux qu'on va pouvoir faire exaucer s'en ressent. Loin de faciliter la vie -et les amours-d'Eddy, la blatte magique va le plonger dans des situations délirantes ou à tout le moins gênantes, pour le plus grand plaisir du lecteur, petit ou grand.
Lu et approuvé par Ferdi ,10 ans.
Eddy Milveux,tome 1, Lisa Mandel, Milan 2004.
Emprunté à la médiathèque.
Il était temps que je découvre cette auteure !
06:00 Publié dans BD, Jeunesse | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lisa mandel, humour
13/01/2010
Mon couronnement
"Sur les gens habitués à réfléchir, avait-il ajouté, Le Touquet agissait comme un lavage de cerveau , et ils ne le toléraient naturellement pas."
108 petites pages qui se calent avec aisance dans la main et racontent Mon couronnement, celui d'un scientifique à la fin de sa vie, pour une découverte dont il a tout oublié -ou presque- et qui ne sera jamais précisée...
Gentiment mais fermement pris en main par sa femme de ménage qui ne jure que par " un bon plat de petites lentilles" pour se remettre d'aplomb, le narrateur fait face à ce déferlement de visites et à cette notoriété subite dont il n'a que faire. C'est aussi l'occasion pour lui de renouer avec son passé, passé lacunaire dont le lecteur complètera les pointillés...Mais c'est lors d'une escapade sur la Côte d'Opale que l'absurdité de l'existence ,qu'il ne cesse de souligner, culminera dans un discours pseudo scientifique hilarant sur les typologies respectives des habitants d'Etaples et du Touquet. Un monde où rôde une folie douce, une folie en sourdine, un monde d'une étrangeté familière. 108 pages, un excellent format, à la fois dense et léger.
Véronique Bizot confirme ici tout le bien que je pensais déjà d'elle après avoir lu son recueil de nouvelles Les sangliers. Billet ici !
Merci Cuné !:)
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : véronique bizot, absurde, humour
30/12/2009
Opale
"J'encaissais la gnôle aussi bien que Fantômette."
Parce qu'il aime photographier la pluie, l'orage, Robin Mésange, va soudain se retrouver à enquêter sur le suicide-ou présumé tel - d'un homme qui vient de se jeter du cap Blanc-Nez sous ses yeux.
Journaliste dans une feuille de chou locale dotée de plus d'ambition que de lecteurs, le jeune homme va s'improviser détective. Un détective qui carbure au Yop et aux pépitos et qui vit dans le même immeuble que sa nourrice, pour élucider une affaire qui va très vite se révéler plus sordide que ne le laissait présumer cette atmosphère bon enfant.
Le récit file à toute allure, plein d'humour et de métaphores-pas toujours de très bon goût- mais il sera beaucoup pardonné-y compris les fautes de français et les approximations animalières-à ce premier roman qui a su décrire avec acuité les ciels changeants du Pas -de -Calais et possède un vrai ton. Des personnages attachants qu'on a déjà envie de retrouver ,des rebondissements en cascade, mais un dénouement qui pêche un peu en crédibilité. D'aucunes ont évoqué le Pennac de Mallaussène, je n'irai pas jusque là mais Opale constitue un excellent moment de détente , y compris pour ceux qui ne sont pas férus de polars.
Opale, Stéphane Lefebvre, Editions Les nouveaux auteurs, 629 pages qui ont la pêche !
A obtenu le prix VSD du polar en 2009.
Emprunté à la médiathèque.
Sandrine l'a aimé aussi.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : stéphane lefebvre, polar, boulogne, pas-de-calais, humour
18/12/2009
Méfie-toi fillette
"Les prières exaucées sont la pire blague que puisse nous faire le destin."
Prenez une Miss Catastrophe énamourée, oscillant entre bêtise crasse et intelligence aiguisée. Jetez la dans les pattes de terroristes barbus.Faites la courir dans tout Paris, grimper, descendre , escalader. Donnez-lui une famille bobo -que vous égratignerez gentiment au passage -, un tonton providentiel. N'oubliez pas un méchant borgne. Saupoudrez largement d'humour , ajoutez un trait de sérieux au passage, vous obtiendrez un cocktail frais, pétillant et tonique qui vous remet la tête à l'endroit et le sourire aux lèvres.
On pense à la délicieuse Patricia des "Tontons flingueurs" ou à la mutine Marlène Jobert de "Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages" et on en redemande !
Méfie-toi, fillette, Sylvie Granotier, Editions La branche, 95 pages qui filent à toute allure. Juin 2009
Emprunté un peu par hasard à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : sylvie granotier, policier, terrorisme, humour
08/12/2009
L'âme soeur
"-Maman, est-ce que tu m'aimerais encore si je travaillais dans un pressing ? "
Fille unique, Angèle, qui n'a rien d'un ange, comme le dit avec tendresse De Gaulle le cuisinier de la maison, vit en Afrique en compagnie de ses parents. Son père est écrivain et sa mère vaccine à tour de bras pour le compte de la Croix Rouge.
La solitude ne pèse pas à la fillette car elle est dotée d'une imagination fertile et d'une précocité qui alarme un peu ses parents. Mais tout son petit monde va s'effondrer quand ses parents décident d'adopter une petite africaine, Gloria." C'est sûr, je ne comblais pas mes parents. A dix ans, j'étais déjà une fieffée ratée et ma vie promettait d'être un bel échec, si prévisible que mes parents avaient jugé bon de prendre une fille de rechange, au cas où. Une police d'assurance en cas de descendance défaillante."
Quand Gloria arrive, le duel commence car l'ex-orpheline ne correspond pas du tout aux idée toutes faites d'Angèle et va se montrer tout aussi retorse qu'elle. Un texte piégé comme ces bonbons qui pétillent soudain dans la bouche...
Un livre sur la magie de l'enfance et le pouvoir des mots, ces mots que le père ne trouve plus, ces mots qu'Angèle utilise comme des projectiles pour contrer les questions paternelles: " BLANC ! criais-je à tous les coups".
Humour, tendresse sont au rendez-vous dans ces 159 pages jubilatoires et pleines d'invention qui se dévorent d'une seule traite !
Emprunté à la médiathèque, sur la seule foi de la couverture !
L'âme soeur, Anne Lenner, Le Dilettante.
L'avis de Pagesàpages.
PS:Dans la foulée, j'ai lu le premier, autour duquel j'avais tourné sans me décider, la faute à une couv' peu engageante ,et paf! voir le blogit-express! Billet à venir!
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : anne lenner, afrique, soeurs, humour
21/10/2009
dernière morsure
"Je t'aime mais tu es irrécupérable."
C'est un peu par hasard que j'ai emprunté le roman d'Ariane Fornia Dernière morsure. D'ordinaire ce genre de livre, pondu par une jouvencelle d'à peine dix-huit ans, me fait frémir d'horreur, d'autant plus que la demoiselle en question est doublement "fille de" en l'occurrence fille de Eric Besson (le ministre ) et de Sylvie Brunel, géographe et écrivaine, ex-couple actuellement sous les feux de l'actualité. Mais l'avis de Laure sur son premier roman a su m'intriguer et comme Dernière morsure a sauté dans mon sac à la médiathèque, je n'avais plus qu'à m'incliner.
C'est donc à un- je cite "réjouissant inventaire d'une adolescence" que nous convie l'auteure. Et c'est vrai, c'est le sourire aux lèvres que nous parcourons dans un premier temps ce catalogue dressé avec verve et férocité par Ariane Fornia, qui est dotée d'un joli brin de plume. Elle a même l'originalité de ne pas cracher dans la soupe familiale et de ne pas être dupe de ces révoltes de pacotille. On pense parfois à Muriel Cerf (Les rois et les voleurs), le baroque en moins, la férocité en plus, mais bien vite l'exercice tourne court et je me suis contentée de survoler la dernière partie du livre , beaucoup moins percutante.
Une agréable plongée néanmoins dans ce monde mystérieux des êtres bizarroïdes qui gravitent autour de nous mais dont le catalogue deux ans plus tard paraît déjà terriblement daté. Histoire de nous rappeler que la roue tourne encore plus vite que ne le craignait l'auteure.
06:00 Publié dans je ne regrette pas de les avoir juste empruntés | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : ariane fornia, adolescence, humour
02/10/2009
Irène sur le plancher des vaches
"On découvrait l'arrière des maisons (...) c'était un terreau d'informations sur les gens."
De 1960 à 2005, tous les 5 ans, le narrateur nous propose une balade à Abbéfontaine, petit village du Jura dont la population agricole décline au fil du temps.
De l'épierrage fastidieux d'un champ par trois fillettes, dont l'Irène du titre, à la phrase finale:"Elle pouvait enfin se décharger de sa pierre et la jeta dans la vallée.", la boucle est bouclée. Entre temps, nous aurons eu droit à de savoureuses vignettes où l'auteur, tour à tour ethnologue tendre et plein d'humour,traque les dialogues à fleurets mouchetés entre une mère et sa fille, nous dévoile les secrets de l'utilisation du conditionnel et d'"une affection particulière pour les formes impersonnelles" car "personne ne voudrait donner l'impression de s'occuper des affaires de ses voisins". Il nous montre aussi les subtilités du choix d'une place lors du spectacle de Noël, tout en révélant par petites touches, les blessures et les fragilités de ses personnages. C'est tout un monde qui s'efface sous nos yeux, un monde où "le grand-père de Romain , le Vieux dictait de son lit la manière de penser de tous les membres de sa généalogie", Vieux à qui "une opération chirurgicale somme toute bénigne pouvait [...] sauver la vie, mais il se refusait à laisser voir son bas-ventre. l'idée d'être complètement endormi, vraisemblablement nu et à la merci d'infirmières lubriques lui était insupportable.Dans le Dictionnaire Parmentier, sa définition des parties intimes allait du nombril aux genoux."
Toutes ces règles implicites qu'il vaut mieux connaître pour se fondre dans la masse, tous ces petits plaisirs cachés ("bavasser discrètement sur les autres invités"), sont peu à peu balayés par le vent de la modernité et les villages n'abritent plus que des lotissements tout confort mais sans charme. Un très joli moment.
Irène sur le plancher des vaches, Frédéric Michaud, Editions Delphine Montalant, 107 pages fluides.
Merci à Laure pour le prêt !
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : frédéric michaud, jura, paysans, humour
02/09/2009
Une semaine avec ma mère
"Elle avait l'impression de nager toute habillée"
Elles sont trois. Ni Grâces, ni Parques, trois mères soucieuses de mieux connaître leurs fils et débarquant chacune à l'improviste chez leur trentenaire de fils, trop secret à leur goût.
Après l'embarras initial, chacun des garçons va secrètement se réjouir de cette arrivée impromptue et durant la semaine de cohabitation bien des secrets seront révélés, tant du point de vue des mères que des fils, non sans cris, non sans larmes mais toujours avec l'amour en ligne de mire...
Ce pourrait être dégoulinant de bons sentiments ou hérissé de combats épiques et hystériques, mais non ,c'est infiniment juste et terriblement drôle.Les rapports de couple sont passés au crible,( comment William Sutcliffe arrive -t-il à se glisser avec autant d'aisance dans la peau de trois femmes en âge de devenir grands-mères? (ce qu'elles réclament d'ailleurs plus ou moins ouvertement)) mais sa vision du rôle maternel est beaucoup plus apaisée et tendre. Après tout ce sont de bons petits et ils font tout ou presque pour satisfaire leur mère . Ainsi Daniel va-il "prendre contact avec Allison, la mère de l'enfant qui allait à la crèche avec le fils du neveu de la soeur de la femme dont le chien l'avait mordu quand il était petit", ouf !, devinez à l'instigation de qui ...
Sutcliffe souligne aussi au passage ,avec infiniment de drôlerie , le fossé qui s'est creusé entre les générations, en particulier au niveau du langage mais ne rend jamais ridicules ses personnages pour qui il semble éprouver une grande tendresse. Pas de happy end généralisé pour autant ,nous sommes dans une comédie certes mais pas au pays de Candy !
Une semaine avec ma mère(Whatever makes you happy), XWilliam Sutcliffe, traduit de l'anglais par Elsa Maggion), Editions Calmann-Lévy , 2009,282 pages à lire avant que votre mère ne débarque chez vous,pour garder le sens de l'humour !
.
06:00 Publié dans Rentrée 2009 | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : william sutcliffe, humour, rapport mèrefils
03/08/2009
La bouffe est chouette à Fatchakulla
Bienvenue à Fatchakulla, petit comté tranquille , entouré de marécages brumeux à souhait. Comme il ne se passe rien, ou presque, on y boit sec, on chasse ,on pêche et on chouchoute des matous un peu hors-normes : "Quant à l'heureux propriétaire de cet être hors pair, un chat à six doigts, à grosse tête,atteint de strabisme, il pouvait compter sur toute une vie de félicité." Alors quand " le plus fieffé salaud du canton de Fatchakulla", j'ai nommé Oren Jake Purvis qu'on soupçonnait de faire disparaître certains de ces matous -entre autres forfaits - est retrouvé mort , il ne s'est pas trouvé grand monde pour le pleurer.
Mais les victimes s'accumulent, éparpillées un peu partout , façon puzzle, comme aurait dit Audiard, et les esprits s'échauffent, d'autant plus que certains morceaux sont portés manquants...
La bouffe est chouette à Fatchakulla est un divertissement très réussi, à la croisée du Lézard lubrique de Melancholy cove et de Fantasia chez les ploucs.On y sourit, on y frissonne et très souvent en le lisant me sont venues des images tirées des Mystères de l'Ouest (la série ,pas le film, grandguignolesque et boursouflé), pour ce qui concernait l'élucidation du mystère...
Un grand merci à Cuné !
Ned Crabb, La bouffe est chouette à Fatchakulla, Folio policier, 267 pages , seulement !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : ned crabb, humour, suspense, farce et bonne tranche de rigolade