08/08/2011
Un ami parfait
"Je suis devenu le contraire absolu de moi-même."
Victime d'une amnésie qui a effacé cinquante jours de sa mémoire, le journaliste Fabio Rossi part à la recherche de ses souvenirs mais aussi de lui même. Est-il ce journaliste intègre prêt à dénoncer tous les scandales ou cet homme attiré par l'argent et par une vie facile et décomplexée ? De qui est-il vraiment amoureux ? Et enfin son ami Lucas est-il vraiment aussi parfait qu'il le croit ?
Une nouvelle fois Martin Suter se plonge dans les mécanismes fascinants de la mémoire et la description de la rééducation de Fabio est vraiment intéressante. Il n'en reste pas moins que ,docteur Jekyll ou Mister Hyde, Fabio le macho n'a su ni me toucher ni m'intéresser vraiment. Reste une intrigue comme d'habitude au cordeau avec une pirouette finale comme Suter en a le secret.
Emprunté à la médiathèque.
Un ami parfait, Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Christian Bourgois Editeur 2002, 373 pages qui manquent un peu de chair.
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03/08/2011
Le dernier des Weynfeldt
"L'argent et les bonnes manières, c'est un mélange rare."
La vie bien lisse d''Adrian Weynfeldt, expert en art et dernier descendant d'une riche famille suisse va être troublée par l'irruption de deux femmes . L'une a le chic pour se fourrer dans les ennuis par amour du grand geste, Lorena . L'autre figure bien sagement en apparence sur un tableau de Félix Valloton: Femme nue devant une salamandre, tableau que va lui demander de mettre en vente un vieil ami de la famille.
Commence une série de retournements de situations dans le monde feutré de l'art, dont le lecteur sort un peu étourdi mais ravi par la virtuosité de Martin Suter.
Le portrait d'Adrian est subtil et feutré mais le jeune homme est plus retors qu'il n'y paraît et avec lui générosité ne rime pas avec manque de lucidité.
Emprunté à la médiathèque.
Le dernier des Weynfeldt, Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Christian Bourgois Editeur 2008, 340 un chouïa trop lisses à mon goût.
06:00 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : martin suter
02/08/2011
Small world/Je n'ai rien oublié
"Une vie comme celle qu'il avait menée n'était supportable que si l'on avait appris dès l'enfance à tout refouler."
"Small world! Que le monde est petit !" a l'habitude de s'exclamer le sexagénaire Conrad Lang quand il n'identifie plus les personnes qu'il rencontre. Un moyen de masquer ses troubles de mémoire, troubles qui seront bientôt identifés comme étant les signes de la maladie d'Alzheimer.
Pas de chance vraiment pour celui qui venait de secouer le joug de sa relation maître/esclave avec son celui avec qui il avait été élevé par caprice, fils de milliardaire, lui qui n'était que le fils d'une servante. Son seul désir étant d'exister aux yeux de ce tout petit monde des richissimes familles suisses au sein desquelles il évolue, plus toléré qu'apprécié.
Mais ses troubles de mémoire font ressurgir, sous fome de retours en arrière des souvenirs de son enfance et cela vient va s'avérer bientôt très dangereux pour le vieil homme...
Utiliser la maladie d'Alzheimer comme moyen d'éclairer un passé qu'on a tout fait pour étouffer voilà un ressort dramatique efficace et Martin Suter, dans son premier roman, ne l'exploite pas de manière mécanique mais pleine d'empathie pour ce vieil homme déchu, alcoolique qui deviendra , sans vraiment s'en rendre compte un appui libérateur pour une jeune femme.
Un portrait émouvant mais jamais pathétique et une intrigue qui tient en haleine le lecteur, jusqu'au rebondissement final. Un sans faute pour ce "thriller familial" comme l'appelle le réalisateur Bruno Chiche !
Emprunté à la médiathèque.
Small world, Martin Suter, traduit de l'allemand par Henri-Alexis Baatsch, Christian Bourgois Editeur, 1998, 359 pages addictives.
06:00 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : martin suter, alzheimer, maître esclave
11/07/2011
La face cachée de la lune
"Dans la forêt, comme n'importe quelle autre créature, , il n'était ni bon ni mauvais."
Est-ce parce qu'il a consommé des champignons hallucinogènes ou parce qu'il en avait assez de sa vie trop lisse d'avocat d'affaires et n'attendait qu'un déclic, toujours est-il qu'Urs Blank va mettre " en actes la totalité de ses pensées" et ce, avec la plus grande liberté, sans être freiné par une quelconque morale.
Simultanément, il trouvera dans la forêt un univers dans lequel il se retrouvera et se fondra en totale symbiose, s'adaptant avec une grande habileté.
Plus rien, ou presque ne le rattachera à son ancien Moi, raffiné , bourgeois et urbain, dans tous les sens du terme. Mais user de la violence sans remords laisse forcément des traces et Urs, devenu en queqlque sorte un ours, devra bien un jour affronter le chasseur...
Quel bonheur que ce livre où Martin Suter, sous couvert d'un "pétage de plomb" dû aux champignons hallucinogènes, nous brosse le portrait poétique et précis d'un retour à la nature d'un genre bien particulier. Les descriptions de la flore et de la faune sylvicoles sont particulièrement réussies, l'intrigue est haletante et l'humour bien présent, ce qui ne gâche rien.
On en arrive même à éprouver de la sympathie pour cet homme qui se lâche et accomplit peut être ce que nous pourrions faire si nous étions nous aussi dénués de toute morale, si nous partions nous aussi à la découvertes de La face cachée de la lune...Un livre puissant !
La face cachée de la lune, Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Christian Bourgeois 200, 333 pages à la croisée de American Psycho et de L'homme qui marchait sur la lune.
Emprunté à la médiathèque. Disponible en points seuil (2002).
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07/07/2011
Le cuisinier
"-Eh! Il y a des gens à l'intérieur qui ont encore du travail !"
Sous-employé dans un restaurant suisse à la mode où on le cantonne aux tâches subalternes, le jeune réfugié tamoul Maravan, une fois licencié, concoctera à son compte des repas moléculaires et aryuvédiques aux propriétés aphrodisiaques. Loin de faire son bonheur, ces repas le mettront en contact avec des clients en apparence policés mais qui pratiquent l'hypocrisie avec une belle ardeur .
La Suisse, paradis fiscal en perte de vitesse en cette année 2008 demeure néanmoins celui des compromis et des tractations souterraines.
Dans ce roman, Martin Suter dénonce aussi bien les agissements des Tigres Tamouls rackettant leurs compatriotes réfugiés en Helvétie que les manigances des autochtones ,trafiquant d'armes par opportunisme, soulignant au passage l'importance d'agir en conscience, quelle que soit sa profession.
L'intrigue est parfaitement huilée( jusqu'au coup de théâtre final), les personnages bien campés, la style fluide et sans aspérités . D'où vient alors ce sentiment de rester quelque peu sur sa faim, un comble pour un texte célébrant la nourriture ? Peut être de la volonté de boucler à tout prix de manière optimiste, affaiblissant ainsi la portée d'un texte qui manque un peu d'acicidité.
Le cuisinier, Martin Suter, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Points Seuil 2011,317 pages qui se lisent sans déplaisir, pages suivies de quelques recettes destinées aux amateurs de cuisine exotique moléculaire...
Mais aucune recette de gâteau d'anniversaire pour fêter la cinquième année de ce blog !
06:00 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : martin suter, cuisine tamoule
19/03/2011
La poussette
"Mais comme j'étais calme, ça ne m'a trop rien fait."
Le monde de la narratrice bascule une première fois à cause d'une poussette.Une seconde fois à cause de balles de golf. Dans les deux cas, elle se raccrochera aux discours techniques concernant ces deux domaines, une manière de tenter de maîtriser une réalité qui lui échappe de plus en plus...
Touché au coeur au tout début du roman, le lecteur entre alors de plain pied dans un univers singulier, à la fois étrange et familier, une écriture qui dit avec une grande économie de moyens la souffrance sans pathos, mais d'une manière aiguë. On assiste, impuissants, à cette spirale inéluctable et on sort de ces 106 pages le souffle court. Magistral.
Un récit dont il ne faut surtout pas trop révéler le contenu, sous peine de lui enlever de sa puissance.
La poussette, Dominique de Rivaz, Buchet-Chastel, 2011, 106 pages troublantes.
06:05 Publié dans romans suisses | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : dominique de rivaz