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03/09/2011

Plage...en poche

Mais samedi existerait-il ?"

Une femme encore jeune attend sur une plage bretonne l'homme marié et en âge d'être son père qui a promis de la rejoindre dans une semaine.
"Encombrée par [ses] souvenirs", Anne observe les gens autour d'elle et leur comportement, leurs paroles font écho et la renvoient à sa situation de petite fille tiraillée entre un père, aimant mais volage, et une mère aigrie et mal aimante.Le temps de l'attente sera finalement celui de la réflexion et quoi qu'il arrive, Anne aura enfin grandi, se sera frottée aux autres et aura pris la mesure de ses possibilités.
Il ne se passe presque rien en apparence mais jamais le lecteur ne s'ennuie en suivant le parcours de cette femme en dormance qui va peu à peu explorer son univers mental et s'ouvrir aux autres, délaissant les romans , aux titres évocateurs, qu'elle avait emportés...marie sizun
Le style, tout en précision de Marie Sizun accompagne cet éveil sans tambour ni trompettes mais avec beaucoup de  délicatesse. Une très jolie découverte !

02/09/2011

Les amandes amères

"C'pas moi, j'pleure, c'est mon coeur."

Fadila est "une femme lasse et révoltée qui se voit comme une vieille femme", "une femme déracinée", elle a quité le Maroc , et qui surtout ne sait ni lire ni écrire, ce qui lui complique bien évidemment la vie et la rend dépendante des autres.laurence cossé,analphabétisme,illéttrisme
à cette humiliation, s'ajoute la solitude d'une chambre minuscule où elle ne peut qu'angoisser. Tout ceci, Edith,maîtrisant parfaitement les mots car elle est  interprète et traductrice  ) qui l'emploie pour quelques heures de ménage, le découvrira petit à petit . Sur une impulsion, la française propose à Fadila de lui apprendre à lire et à écrire.
Mais la tâche est rude car d'une part on ne s'improvise pas formatrice et d'autre part parce que Fadila ne progresse pas de manière continue. Ce qui est acquis ne l'est jamais définitivement, et le caractère alternativement rude et plein de douceur de l'élève ne facilite pas les choses. Au fur et à mesure de leur relation, Edith  reconstruit, petit à petit,le parcours d'une femme perpétuellement blessée, tandis qu'en parallèlle se constitue le récit d'une amitié chaotique, tour à tour rugueuse et cocasse ,car Fadila est surprenante à plus d'un égard !
Un roman qui brosse le portrait d'une  femme digne que la vie n'a pas épargnée et qui ne dispose pas du pouvoir des mots pour échapper à l'inquiétude qui la taraude. Un récit sobre et plein d'humanité.

Les amandes amères, Laurence Cossé, Gallimard 2011, 219 pages profondément émouvantes.

01/09/2011

Et rester vivant

"Avoir vingt-deux ans , apparemment une malédiction temporaire."

Le narrateur, très jeune,  a d'abord perdu dans un accident de voiture, sa mère et son frère. Au début du roman, il vient de perdre son père et, à vingt-deux ans, décide de partir , sur la foi d'une chanson, visiter la côte ouest des États-Unis en compagnie de son ex et de son meilleur ami. Improbable triangle et improbable voyage pour  se débarrasser d'un héritage à la fois pécuniaire et émotionnel trop encombrant.jean-philippe blondel
Le préambule du roman nous informe du très fort aspect autofictionnel du texte et quand j'ai lu l'entretien  croisé entre Laurence tardieu et Delphine de Vigan dans le Monde du 19 août 2011, j'ai enfin pu mettre le doigt sur ce qui explique que je sois restée totalement extérieure au roman de Jean-Philippe Blondel :

"Quand on part d'un matériau autobiographique, on se pose sans cesse la question -et Delphine de Vigan se la pose aussi : est-ce que cela peut faire un livrb ? Est-ce que les autres peuvent y entrer ? la condition , c'est justement ce combat mot à mot. Sinon, ils sont face à une matière figée et restent en dehors. Oui, il fait que le combat se fasse matière vivante pour que les autres puissent y entrer." (Laurence Tardieu).

A trop vouloir éviter le pathos d'une situation extrêmement violente, à coups de phrases juxtaposées qui tiennent le lecteur à distance, Blondel  a raté son coup avec moi. J'ai lu ce roman sans déplaisir jusqu'au bout mais en restant totalement en dehors.

Et rester vivant, Jean-Philippe Blondel, Buchet-Chastel  2011.



27/08/2011

Ce que je sais de Vera Candida...en poche

"Ne te prends pas pour un tremblement de terre."

Est-il  besoin encore de résumer l'histoire  de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le  nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs,  le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de véroniqNe  te prends pas pour un tremblement de terre."  Est-il  besoin encore de résumer l'histoire  de ces trois générations de femmes, chacune d'elles enfantant sans pouvoir révéler le  nom du père ? Si ces personnages sont hauts en couleurs,  le lieu dans lequel se déroule l'action est tout autant remarquable: une île, Vatapuna, où se dresse un rêve inachevé de marbre,  au sommet d'un immense escalier,  comme une  pyramide maya  menant à un autel sacrificiel...51tR27Kpz-L._SL500_AA240_.jpg Seule  Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera  d'apprivoiser celle qui se donne  des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce  roman:  l'exotisme de pacotille, les grosses  coutures du conte annoncé,  mais  Véronique Ovaldé s'empare  avec jubilation de son décor  tropical et de sa faune pour mieux explorer "les  territoires du secret et de la dissimulation dont elle  [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui  brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le  fantastique qui se vit  ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles  et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.ue ovaldémarbre,  au sommet d'un immense escalier,  comme une  pyramide maya  menant à un autel sacrificiel...
Seule  Vera Candida brisera la fatalité et osera rejoindre le continent,quelque part en Amérique du Sud, devinons-nous. Là, elle rencontrera une sorte de chevalier blanc qui tentera  d'apprivoiser celle qui se donne  des allures d'amazone.On craint le pire en commençant ce  roman:  l'exotisme de pacotille, les grosses  coutures du conte annoncé,  mais  Véronique Ovaldé s'empare  avec jubilation de son décor  tropical et de sa faune pour mieux explorer "les  territoires du secret et de la dissimulation dont elle  [connaît] bien les contours et les lois.", à l'instar de son héroïne.Ses personnages ne sont jamais caricaturaux et on s'immerge avec bonheur dans ce récit qui  brasse à la fois le réalisme (la condition faite aux femmes) et le  fantastique qui se vit  ici d'une manière tout à fait anodine. On s'attache à ces heroïnes tour à tour victimes et rebelles  et on ne peut plus les lâcher. un enchantement au sens fort du terme.

26/08/2011

Un avenir

"Quittez cet endroit, me direz-vous , mais j'ai laissé passer le moment où c'était encore possible, a dit la femme, dans la plupart des cas, nous laissons passer ce moment."

Paul, malgré un "rhume colossal" parcourt les 300 kilomètres le séparant de la demeure familiale, pour vérifier  qu'un robinet a bien été purgé. C'est en effet le prétexte qu'a trouvé son frère Odd- qui lui a annoncé par courrier qu'il disparaissait pour un certain temps- pour le faire revenir à la maison .
Bientôt la neige va bloquer Paul qui aura ainsi tout le loisir de revenir sur son passé et de reconstituer progressivement l'histoire de sa famille, une famille haute en couleurs !véronique bizot
"Cascade narrative" annonce la quatrième de couverture et c'est tout à fait cela. On se retrouve embarqué dans un récit où les identités se constituent par petites touches, souvent par paires qu'on devine potentiellement interchangeables, où les destins se jouent à peu de choses, évoluent de manière surprenante et où les lieux et les moyens de transport (parfois saugrenus) jouent un rôle essentiel ...La boucle sera bouclée mais nous serons entre temps passés des paysages alpestres enneigés aux terrasses monégasques sans oublier un petit détour par la Malaisie.
Il faut accepter de perdre ses repères pour embarquer dans le récit de Paul et le laisser décanter pour mieux le savourer.

Un avenir, Véronique Bizot, Actes Sud 2011, 104 pages déroutantes et savoureuses.

L'avis de Mélopée

25/08/2011

Eux sur la photo

"Il est tentant d'en rester là et de ne retenir que l'image idéale d'un couple sous une tonnelle."

Une seule photo, voici l'unique souvenir que possède Hélène de sa mère, morte alors qu'elle avait trois ans. Faisant paraître une petite annonce dans un quotidien, elle a la surprise de recevoir une réponse : Stéphane a reconnu son père.
Commence alors une enquête croisée et un échange épistolaire qui, scandés par des descriptions particulièrement réussies de photos (on sent que l'auteure s'est régalée !) mettent à jour une histoire d'amour , voire peut être deux car les sentiments,d' Hélène et Stéphane vont évoluer au gré de leurs découvertes.hélène gestern
Une trame narrative solide,pleine de rebondisesments, on s'inquiète, on sourit, des personnages et des ambiances sensibles et bien campées, une écriture fluide , souvent teintée d'humour et de tendresse font de ce premier roman une réussite ! Hélène Gestern dépoussière le thème du secret de famille et de ses conséquences sur les descendants de manière sensible et originale. On aurait même envie de croire que cette histoire est vraie !
Un de mes coups de coeur de cette rentrée !

Eux sur la photo, Hélène Gestern, Arléa 2011, 274 pages sensibles.

24/08/2011

Courir

"L'Emile du marathon, lui, court dans la plus totale sérénité, sans la moindre souffrance apparente."

Haruki Murakami- dont j'adore par ailleurs les romans même si je n'arrive jamais à rédiger un billet dessus- dans son Autoportrait en coureur de fond ne nous épargne aucune précision technique, aucune douleur, aucun détail technique. Pff. Tout pour décourager la béotienne que je suis.jean echenoz,emile zatopek
Avec cette vraie-fausse biographie d'Emile Zatopek, Jean Echenoz fait tout le contraire et adapte sa foulée à celle du coureur : sereine et faussement simple. Car, même si le coureur tchécoslovaque gesticule, grimace sur la piste , il s'épanouit dans le marathon, trouvant là sa pleine mesure. Je ne sais pas vous mais je n'ai aucun intérêt pour les athlètes qui se battent autant contre eux-mêmes que contre les autres. Et arrivent à demi-morts, sans avoir pris le moindre plaisir.Il doit y avoir de l'élégance, de la décontraction dans le geste sportif. Comme dans l'écriture d'ailleurs, même si tout cela demande énomément de travail, rien ne doit paraître, sauf le plaisir, la grâce.
Zatopek, représentant unique d'un minuscule pays face à la toute puissance soviétique est tout simplement touchant, émouvant et nous réconcilie avec le sport par son absence apparente de sophistication technique. Il est humain, profondément humain . Un coureur atypique et un texte d'une fluidité absolue, un régal !

Courir, Jean Echenoz, Editions de Minuit.

L'avis d'Amanda, de Dasola.

D'Hélène,

22/08/2011

So long, Luise

"Un jour, je ferai cesser ce gourgandinage."

Qui dit testament dit en général roman bien huilé, secrets de famille, amour, haine , règlements de comptes grinçant à tous les étages.céline minard
Rien de tel chez Céline Minard . Si la narratrice- dont nous ne connaîtrons jamais la véritable identité- romancière de son état, revient bien sur son passé, éclairant pour sa compagne, Luise, des événements dont cette dernière n'avait pas perçu toutes les facettes, c'est pour mieux pulvériser tous les clichés du genre et montrer la toute puissance des mots.
En effet, par ce qu'elle appelle jactance, la narratrice arrive à produire les effets les plus divers chez ses auditeurs médusés. Effet hypnotisant du langage parfaitement manié.
De la même façon, mêlant anglais et ancien français par petites touches, convoquant gnomes, pixies et brownies dans une sorte de flot tour à tour furieux et serein, au gré des humeurs de sa narratrice, Céline Minard entraîne son lecteur dans un texte surprenant à plus d'un égard, poétique, ludique et parfois érotique, qui le laisse parfois désorienté mais épaté par tant de virtuosité (mais comment fait-elle? !!)et d'amour du langage. Mensonges , (re)création voire récréation ,car l'humour est souvent présent, sont au coeur de ce roman jubilatoire  qui est aussi un acte d'amour...On glisse d'un univers à un autre de manière imperceptible , tout ne sera pas éclairci ,mais peu importe car il faut se laisser charmer- au sens fort du terme- par cette narratrice qui fait les quatre cents coups et ne s'en laisse compter par personne, colonie de nains bûcherons ou auto-stoppeur !
Céline Minard use du langage comme une magicienne, montrant dans ce vrai-faux testament que "nous ne possédons rien, si ce n'est la puissance et, peut être le talent de recréer, allongé sous un saule dans un fauteuil articulé, ce que nous avons soit-disant déjà vécu."

So long, Luise, Céline Minard, Denoël 2011, 215 pages frappées, à déguster cul-sec !

Et zou sur l'étagère des indispensables !céline minard,bizarrement ce livre m'a fait penser à l'album Never for ever de kate b

20/08/2011

Mon couronnement ...en poche

véronique bizotSur les gens habitués à réfléchir, avait-il ajouté, Le Touquet agissait comme un lavage de cerveau , et ils ne le toléraient naturellement pas."

108 petites pages qui  se calent avec aisance dans la main et racontent Mon couronnement, celui d'un scientifique à la fin de sa vie, pour une découverte dont il a tout oublié -ou presque- et qui ne sera jamais précisée...
Gentiment mais fermement pris en main par sa femme de ménage qui ne jure que par " un bon plat de petites lentilles" pour se remettre d'aplomb, le narrateur fait face à ce déferlement de visites et à cette notoriété subite dont il n'a que faire. C'est aussi l'occasion pour lui de renouer avec son passé, passé lacunaire dont le lecteur complètera les pointillés...Mais c'est lors d'une escapade sur la Côte d'Opale que l'absurdité de l'existence ,qu'il ne cesse de souligner, culminera dans un discours pseudo scientifique hilarant sur les typologies respectives des habitants d'Etaples et du Touquet. Un monde où rôde une folie douce, une folie en sourdine, un monde d'une étrangeté familière. 108 pages, un excellent format, à la fois dense et léger.

19/08/2011

Le coeur régulier...en poche

"J'ai tant d'admiration pour ceux qui se relèvent."

Après la mort de son frère, sorte de mouton noir de la famille, une jeune femme part au Japon sur les traces du défunt, laissant en France un mari et des enfants adolescents qui semblent s'être éloignés d'elle. A moins que ce ne soit l'inverse...

oli"J'ai tant d'admiration pour ceux qui se relèvent."  Après la mort de son frère, sorte de mouton noir de la famille, une jeune femme part au Japon sur les traces du défunt, laissant en France un mari et des enfants adolescents qui semblent s'être éloignés d'elle. A moins que ce ne soit l'inverse... 41S5cBtcBDL._SL500_AA300_.jpg   Le coeur régulier est un creuset des différentes thématiques abordées dans les précédents romans d'Olivier Adam : le décès d'un frère marginal aimé, une femme que sa vie familiale ne satisfait plus vraiment, le suicide . L'auteur les revisite sans que le lecteur éprouve de déplaisir , au contraire, mais faute de cohérence et d'approfondissement le lecteur demeure perplexe. En effet, le Japon n'est ici qu'un décor que quelques mots étrangers jetés de- ci ,de-là ,ne suffisent pas à camper et l'atmosphère créée autour de cette falaise d'où se jettent des gens à bout de force pourrait être aussi bien française que nipponne. Quant à son héroïne, elle souffre d'un manque d'inscription dans une quelconque réalité sociale. On ignore quasiment tout du métier qu'elle exerce , semblant flotter dans une abstraction qui fait perdre toute profondeur à sa souffrance. On attendait ainsi, par exemple ,plus de mordant dans la description du stage de motivation auquel elle participe. Bref, tous ceux qui ont aimé les précédents romans d'Olivier Adam ne seront pas dépaysés mais resteront un peu sur leur faimvier adam

Le coeur régulier est un creuset des différentes thématiques abordées dans les précédents romans d'Olivier Adam : le décès d'un frère marginal aimé, une femme que sa vie familiale ne satisfait plus vraiment, le suicide . L'auteur les revisite sans que le lecteur éprouve de déplaisir , au contraire, mais faute de cohérence et d'approfondissement le lecteur demeure perplexe.

En effet, le Japon n'est ici qu'un décor que quelques mots étrangers jetés de- ci ,de-là ,ne suffisent pas à camper et l'atmosphère créée autour de cette falaise d'où se jettent des gens à bout de force pourrait être aussi bien française que nipponne.
Quant à son héroïne, elle souffre d'un manque d'inscription dans une quelconque réalité sociale. On ignore quasiment tout du métier qu'elle exerce , semblant flotter dans une abstraction qui fait perdre toute profondeur à sa souffrance. On attendait ainsi, par exemple ,plus de mordant dans la description du stage de motivation auquel elle participe.
Bref, tous ceux qui ont aimé les précédents romans d'Olivier Adam ne seront pas dépaysés mais resteront un peu sur leur faim