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29/08/2013

Chambre 2

"J'assiste à la naissance d'une mère. C'est presque plus émouvant que la naissance d'un enfant."

Quand on passe dans le couloir d'un hôpital, on entr'aperçoit des fragments de vie, et l'on se sent un peu gêné, un peu voyeur. Rien de tel dans le roman de Julie Bonnie où Béatrice nous fait partager son quotidien, parfois émouvant, parfois douloureux, dans une maternité. julie bonnie,maternités
Mais plus qu'une galerie de portraits de mères en devenir, c'est aussi le récit de'une tentative de normalisation d'une femme, la narratrice qui, quittant le monde du spectacle où elle mettait en scène son corps , affronte une réalité où la nudité, si elle est prise maintenant au sens figuré, est beaucoup plus cruelle : "Douze heures dans la chair humaine, nue dans la neige, nue dans le feu, nue quand il est vital de se couvrir."
Les souvenirs de son passé artistique ne sont en rien enjolivés mais s'opposent néanmoins à un quotidien où la violence et le silence s'imposent aux corps des femmes. Une écriture puissante et charnelle. Un grand coup de coeur !....

Chambre 2, Julie Bonnie, Belfond 2013, 187 pages piquetées de marque-pages !

Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout chez Libfly ! Merci à Libfly, au Furet du Nord et à l'éditeur !julie bonnie,maternités

Le billet de Clara, elle aussi conquise !

26/08/2013

La grâce des brigands

"Cette dernière passion, ça ne faisait pas un pli, l'entraînerait loin de Lapérouse, puisque les livres servent, comme on le sait, à s'émanciper des familles asphyxiantes."

 Maria Christina Väätonen, qui s'est auto-attribué le titre de vilaine sœur, a quitté son grand Nord et sa famille étouffante dès seize ans pour s'installer à Santa Monica . Quand le roman commence,  le 12 juin 1989, elle reçoit un coup de fil de sa mère qui va la faire revenir sur son passé et sur la manière dont, dans les années 70, elle est devenue une très jeune écrivaine à succès.véronique ovaldé
Quel bonheur que ce livre ! Un je ne sais quoi m'avait toujours retenue dans mon appréciation des précédents romans de Véronique Ovaldé mais ici toutes les restrictions ont été balayées !
Le premier chapitre qui explique l'inclination de l’héroïne pour ce quartier de Los Angeles où elle habite est une pure merveille ! Nous sommes avec elle en train de siroter des sangrias, de sentir le vent frais qui vient des jardins... et ce sera comme cela tout le long du texte car Ovaldé a un don visuel certain. Cet éloge sensuel fonctionne d'ailleurs en contrepoint de la liste sèche et  pleine de rigueur de "La vulgarité selon Marguerite Richaumont", la mère de l'héroïne. Les titres des chapitres , "L'encombrant désespoir des fillettes", " Mettre le bras entier dans un trou d'alligator", le style, plein de cette Grâce des brigands vantée dans le texte, font de  ce roman d'émancipation féminine une pure merveille, jamais pesante, où les épreuves sont racontées avec justesse, sans auto-apitoiement et avec toujours une pointe d'humour. Une écrivaine qui a atteint une aisance dans l'écriture que nombre de ses confrères lui envieront !

Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages, et qui file d'un seul coup d'un seul sur l'étagère des indispensables !

La grâce des brigands, Véronique Ovaldé , l'olivier 2013, 284 pages de bonheur !

 

Ps: ne pas lire la 4 ème de couv' qui en dit beaucoup trop !

23/08/2013

Lucia Antonia funambule

"Le fil ou la marée montante qui envahissait les herbiers : lequel me portait ? "

Après le décès de sa jumelle ,funambule comme elle, Lucia Antonia revient dans un carnet, sous formes de (très) courts chapitres,  sur son cheminement, depuis ses premiers pas sur le fil qui la berçait déjà enfant , jusqu'à l'époque actuelle.daniel morvan
Ayant quitté le cirque familial, elle va s'installer entre sable et mer sur une presqu'île où elle va faire la connaissance de personnes aussi dissemblables que poétiques.
Comment rendre compte de la beauté, de la délicatesse de ce texte lumineux, fragile et envoûtant ? Même s'il est ancré dans le réel, par quelques notations permettant de le situer dans l'espace et dans le temps, ce roman est intemporel et acquiert presque la dimension de conte. Daniel Morvan a réussi à bâtir apparemment sur presque rien un univers où le lecteur entre dans une nouvelle dimension. Un très joli livre qui plaira aux amoureux de la poésie !

Lucia Antonia, funambule, Daniel Morvan, Zulma 2013, 129 pages cristallines.

15/08/2013

Les Fuyants

"Son corps était en train de déclarer forfait. Jacob a mis du temps  à réunir assez de courage pour être lâche . Ou l'inverse."

Dans la famille Hintel , les hommes ont une fâcheuse propension à se carapater et à fuir toute forme d'engagement sentimental. Le petit dernier de cette lignée familiale, Joseph, aidé par son oncle Simon, parviendra-t-il, en explorant le passé, à dépasser ce schéma transgénérationnel ?arnaud dudek
Ils auraient tout pour qu'on les déteste ces Fuyants mais tout l'art d 'Arnaud Dudek, par une construction subtile du récit, par un humour parfois tendre, parfois féroce (ah la visite au beau-père potentiel collectionneur de tire-bouchons !) et surtout par son écriture , fertile en formules et en métaphores, est de nous les rendre sinon sympathiques , du moins diablement attachants. Car il y a  beaucoup de tendresse et de délicatesse dans ce roman qui revisite, sans prendre la forme d'un règlement de comptes, les périlleuses relations père/fils. Un roman qui nous laisse un peu K.O, avec juste l'envie de le relire aussitôt pour encore mieux le savourer. Un pur délice !

Clara a elle aussi été conquise.

Le billet de Cuné !

Les Fuyants, Arnaud Dudek, Alma Editeur, 127 pages, un concentré de bonheur.

Du même auteur: clic !

 

09/07/2013

La clôture des merveilles/ Une vie d'Hildegarde de Bingen

"Au bout du compte, nous sommes tous confrontés à cette liberté d'être contraints."

En 2012, le pape Benoît XVI proclame Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise. Elle est la quatrième femme à obtenir un tel titre. C'est à celle qui dès sa huitième année est entrée au couvent, a eu des visions dès l'âge de trois, a inventé une nouvelle langue , toute hérissée de z, a su pénétrer les secrets de la nature , a créé son propre couvent ,que Lorette Nobécourt consacre un livre inspiré.lorette nobécourt,hildegarde de bingenAnecdotes avérées ou inventées se mêlent pour relater la riche vie de cette femme complète qui toujours se dresse face à l'autorité, "Aussi droite, et haute, solide et stable que l'échelle  du H. de son nom. Ainsi se tient désormais Hildegarde de Bingen."
Dans un monde qui refuse toute contrainte, Lorette Nobécourt interroge cette notion de soumission et analyse les relations de H., c'est ainsi qu'elle la nomme à une exception près tout le long du texte, aux mots, à l'écriture. Un texte prenant et envoûtant qui donne envie d'aller encore plus avant dans la vie de cette femme du XII ème siècle qui, par bien des aspects, nous apparaît très contemporaine.

 

08/07/2013

Mariage blanc

"Et en plus, les clichés me reposent. ça protège tellement de se sentir vivre dans une fiction. Tout peut arriver, on peut tout expérimenter sans risques."

Antoine et Rachida forment un couple merveilleux, généreux , pétri de bons sentiments, mais farouchement opposé au mariage et à sa routine. Alors, quand Antoine, sur un coup de tête et sans en avoir auparavant discuté avec sa bien-aimée, décide d'entrer en résistance et de contracter un mariage blanc pour permettre à une jeune fille de L'Est, Tatiana, de rester en France, cela ne va évidemment poser aucun problème.valérie zenatti,marivaudage
Petit marivaudage de 82 pages enlevé, Mariage blanc vaut surtout par l'alternance des points de vue (celui de la meilleure" amie" de Rachida est un pur délice !) et par la manière dont Valérie Zenatti se moque -gentiment - de ses personnages, toujours prêts à retomber dans leurs travers mais farouches adeptes du politiquement correct. Un petit plaisir plein d'humour à savourer entre deux pavés.

Mariage blanc, Valérie Zenatti, Les éditions du moteur 2012.

Merci Cuné !

01/07/2013

Un mari ordinaire

 

Pendant vingt-cinq ans, "Combats et trêves s'étaient succédé et Claire avait tenu bon, s'usant de l'intérieur, sans mesurer combien." Mais cette fois, Claire quitte son mari tyrannique ,  caractériel ,et dans ses bagages elle emmène Pretty, sa chèvre malicieuse.christine cerrada,divorce,reconstruction
Au coeur des Pyrénées, dans une grange aménagée, la quinquagénaire va se reconstruire, aidée par les habitants des lieux, par la beauté des paysages et aussi par sa drôle de petite compagne.
Roman qui fait du bien, Un mari ordinaire, dépeint avec finesse et sans manichéisme, une relation plus commune qu'il n'y paraît, celle d'un mari éteignoir (moodkiller) qui déprécie systématiquement celle qu'il prétend aimer, et d'une femme qui attend que son fils unique soit grand pour prendre le large.
L'histoire est parfois maladroite, cousue de fil blanc mais on prend plaisir à suivre ce récit lumineux qui donne envie de découvrir ce coin des Pyrénées. Un roman facile à lire,  parfait pour les périodes où tout nous tombe des mains.

Un mari ordinaire, Christine Cerrada, Editions Michalon 2013, 255 pages qui fleurent bon le foin !

Pour en savoir plus sur l'auteure et la vallée en question, clic !

PS: lu, dans la foulée, la première nouvelle qui donne son titre au recueil d'Alice Munro, Fugitives. j'y ai trouvé quelques points communs ( dont la chèvre ! ), le tout traité d'une manière radicalement différente et noircissime ! Attention, je ne dis pas que l'une a copié sur l'autre, entendons-nous bien ! Je souligne juste une coïncidence amusante (la chèvre).

25/06/2013

Sex and the kitchen

"à quoi bon avoir une âme quand on a les fesses de Cameron Diaz, je vous le demande ?"

Charlotte, blogueuse culinaire bio en vogue, végète aussi bien en amour qu'au boulot. Un SMS révélateur, l'arrivée d'un nouveau chef dans la rédaction du magazine culinaire où elle est maquettiste sans oublier les mails d'un mystérieux admirateur vont transformer radicalement sa vie.
Ses  amies, hautes en couleurs, vont  l'aider, chacune à leur bien particulière façon ! Morgane, qui enchaîne les petits boulots, pour assouvir sa passion des fringues,  et les amants pour assouvir sa passion du sexe va se charger de la rebooster. Avec son caractère bien trempé et sa verve, on adore l'entendre réprimander vertement des clients du téléphone rose ! Quant à Déborah, orthophoniste un jour sur deux, dominatrice les autres, elle a un carnet d'adresses bien fourni et entraîne ses copines dans des soirées SM de haut vol !octavie delvaux
La couverture rose-bonbon mise sur le côté girly, évidemment très présent dans le texte, mais la quatrième de couv' avertit gentiment "Avec de vraies scènes de sexe à l'intérieur !". Cuisine et sexe sont donc inextricablement liés dans ce roman qui , même s'il entraîne la lectrice dans des lieux interlopes, garde toujours un côté bon enfant des plus sains.Les héroïnes sont tout sauf idiotes, prennent leurs vies en main et discutent sex-toys en consommatrices averties. Le récit est enlevé, les scènes de sexe explicites mais jamais vulgaires, le tout est à la fois fort drôle et efficace ! Un seul regret : l'appelation "la mouille" pour désigner le liquide sécrété par les glandes de Bartholin situées de chaque côté du vagin, lorsque la femme est en état d'excitation sexuelle. La cyprine est bien plus jolie, non ?

Déniché à la médiathèque et bien en vue, tiens!:)

Comme l'auteure est très sympa, elle n'hésite pas à partager quelques unes de ses recettes de cuisine sur son blog (clic) !

Sex in the kitchen, Octavie Delvaux, La Musardine 2013, 318 pages qui donnent la pêche!

 

22/06/2013

L'armée furieuse...en poche

"Quand une alarme vitale se déclenche, la réplique humaine est impondérable et foudroyante."

Une armée furieuse , tout droit sortie des fins fonds du Moyen- Age, composée de chevaux et de cavaliers spectraux,  a été vue dans un village normand. L'effroi s'empare aussitôt de la population car cette apparition annonce une "fameuse secousse", à savoir des décès de gens ayant l'âme mauvaise...
C'est évidemment Adamsberg "[le] rustre,[le ] montagnard, [le]pelleteur de nuages" qu'on appelle et qui va devoir composer avec la manière particulière de s'exprimer des Normands pour élucider le mystère de cette Grande Chasse. Non content de s'étonner de l'immobilisme des vaches dans cette région écrasée par la canicule, il devra aussi frayer avec une fratrie pour le moins singulière tout en essyant de "trouver "un passage obscur"pour affronter "l'aigre réalisme d[une] affaire polico-financière" qui lui met de sérieux bâtons dans les roues.fred vargasSi l'on retrouve ici" la composition de chimères et d'illusions"qui plaît tant au commissaire Adamsberg- et au lecteur par la même occasion-, celle-ci est nettement plus crédible que dans l'épisode précédent (Un lieu incertain) et nettement moins embrouillée. Je m'attendais à ce que les liens père /fils s'étoffent davantage mais c'était sans compter sans la légendaire lenteur d'Adamsberg ! Néanmoins on retrouve dans cet opus tout ce qui fait le charme de l'univers de Fred Vargas: des personnages atypiques , qui, se montrant solidaires, arrivent à adapter à leurs singularités un monde par trop normé, un policier plein d'humanité qui attache autant  d'importance à la mort d'une vieille obsédée du ménage qu'à l'entravement d'un pigeon et qui se réjouit (avec nous) de "triomphe[r] contre les colosses" !

18/06/2013

Les petites mères

"Elles ont les mêmes blessures et un manque de confiance dans la vie  qui les fait croire  à l'abandon et au désintérêt comme à la seule conclusion possible d'une rencontre. "

Fatalité familiale ?  Autoprogrammation trangénérationelle ? Toujours est-il que Les petites mères du roman de Sandrine Roudeix, se sont toujours retrouvées seules à élever leur fille. Travailleuses, issues d'un milieu familial modeste, Concepcion, Fernande et Babeth, respectivement arrière-grand mère, grand-mère et mère de Rose, peinent à recréer un esprit de famille. Quand la dernière de cette famille de femmes vient présenter son fiancé, les tensions s'exacerbent et le passé ressurgit... Rose parviendra-t-elle à se libérer de ses liens familiaux pesants ? sandrine roudeix
Histoire intégénérationnelle, Les petites mères fait la part belle aux femmes, les hommes n'y apparaissant qu'en creux, tout étant vu du point de vue féminin. Cette omnipotence est analysée de manière subtile par l'auteure qui mène son récit avec maîtrise, malgré une baisse de régime en toute fin . Un style précis et sensible, une analyse féroce des rapports sociaux (ah la présentation de la fiancée à la future belle-famille huppée!) un roman bruissant de marque-pages qui a su séduire toute la blogosphère jusqu'à présent, moi y compris !

Les petites mères, Sandrine Roudeix, flamamrion 2013 , 180 pages .

L'avis d'Aifelle, Antigone Lucie, Sylire .

Celui d'Un autre endroit