25/09/2024
#Mesenfantssontpartis #NetGalleyFrance !
"Parce que je veux que mes enfants s'affranchissent de moi. Je le veux vraiment. Je constate que cela me dévaste mais je n'ai pas une seule seconde envie de les garder à mes côtes toute leur vie. Il faut lutter contre des montagnes géantes, il faut trouver une place entre le désir de leur bonheur et ce deuil affreux qui m'attend. "
Cinquante ans au compteur. Les enfants qui s'envolent. Syndrome du nid vide qui survient brutalement dans la vie de l'autrice. L'occasion pour elle de faire le bilan de sa vie artistique (pas facile d'être une femme dans le monde de la musique surtout quand on n'est plus "fraîche"). La ménopause qui la guette n'arrange pas les choses dans une société qui invisibilise les femmes, une fois qu'elles ne peuvent plus être mères...
Heureusement, sa reconversion dans le monde de la santé lui permet de rencontrer d'autres femmes et leurs expériences , qui se tissent à son récit, offrent des portraits sensibles , parfois douloureux mais toujours pleins de vie.
On sourit, on compatit, on se reconnaît, un peu, beaucoup... Un roman tendre et sincère dont les pages se tournent toutes seules ou presque.
Grasset 2024.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : julie bonnie
18/09/2024
Un printemps en moins
" Je veux me souvenir de Gabriel à dix-sept ans.
Je veux me souvenir de Gabriel à trente-trois ans.
Sinon il n'y aura plus de vrais dimanches. "
Trois voix alternent dans ce roman choral : Cellede Gabriel , treize ans, dans le coma, à l’hôpital ; celle de son père , Martin, qui n'a rien vu venir; celle de Romane enfin, une prof du collège où Gabriel se faisait harceler et qui a vu le corps de l' adolescent tomber dans la cour de l’établissement scolaire.
Trois points de vue pour mieux comprendre la violence exercée via les réseaux sociaux et dont les adultes ne veulent ou ne peuvent pas prendre la mesure. Mais un roman qui fait aussi la part belle à la poésie et à l'espoir, par petites touches.
On échappe ainsi au roman - dossier et on partage un peu de la vie des ces trois personnages attachants en diable, qu'on aimerait bien retrouver...
les Avrils 2024. 122 pages.
Merci à L'auteur et à l'éditeur pour l'envoi. Je n'ai pas été rémunérée pour ce billet.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : arnaud dudek
17/09/2024
Après la brume
"Je les sens familiers de ce climat avec lequel je tâtonne encore. Les chemins de l'île, les marées sont inscrits en eux, comme en moi les rues parisiennes. "
Une île bretonne où une sortie scolaire perturbée par l'arrivée de la brume a mal tourné : la petite Raph a disparu.
Tour à tour, des îliennes , des femmes de passage ou récemment arrivées prennent la parole et les histoires récentes ou anciennes se croisent, s'éclairent petit à petit.
La nature est très présente et l'écriture de l'autrice, dont c'est le premier roman, en rend compte avec justesse et poésie.
Une intrigue solide, des personnages bien ancrés dans le réel, une écriture puissante, voilà d’excellents ingrédients pour une lecture captivante. Seul petit bémol : je me suis parfois un peu perdue dans les personnages ...
Éditions Dalva 2024.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : estelle rocchitelli
12/09/2024
Au bal des absents...en poche
"[...], tous ces gens-là qui la condamnaient à la mot sociale, la mort civile , la mort de faim, la mort de froid, la mort dehors, la mort de désespoir, l'avaient définitivement amarinée à la houle incessante, insondable de la cruauté humaine."
Au chômage, au RSA, bientôt à la rue, Claude, quarante ans, est contactée par un mystérieux juriste qui lui propose d'enquêter sur la disparition de toute une famille américaine dans une maison isolée en pleine campagne.
Notre héroïne ignore encore qu'elle va devoir faire face, totalement seule, à "tant de siècles de méchanceté embusquée dans un gigantesque manoir ". Mais Claude a de la ressource car "le désespoir , c'est un luxe. Tu n'as pas les moyens", s'admoneste-t-elle. Et de se forger, grâce à une flopée de bouquins, de films, de jurons et de formules d'exorcisme, sans oublier les formations subies à Pôle Emploi, toute une batterie d’armes, à laquelle elle adjoint une binette bienvenue.
Sous couvert de fantastique, d'horreur, Catherine Dufour nous peint ici le combat solitaire d'une femme contre la misère à laquelle on voudrait qu'elle se résigne. Un combat social, féministe( j'adore la fin, à la fois drôle et horrifique). On sourit (quand on aime l'humour noir), on frémit et on apprécie de voir ici convoquées et détournées les figures imposées de ce genre de roman.
Claude est pugnace , intelligente et astucieuse et on jubile de voir comment elle apprivoise la situation à sa façon. Un roman hautement réjouissant même pour quelqu'un comme moi qui ne suit pas familière du genre fantastique et/ou horrifique.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : catherine dufour
06/09/2024
Le jour et l'heure...en poche
"Le monde qui semblait se refermer sur nous depuis des mois s'ouvrait enfin. Le monde que je croyais perdu à tout jamais me revenait grâce à l’art, aux traits, aux couleurs. "
Le temps d'un week-end, une famille va rejouer le scénario d'un départ en vacances d'enfance : les parents, les quatre enfants , devenus adultes, à l'arrière.
Direction la Suisse où la mère de famille, Edith, a décidé de se rendre pour qu'on puisse l'assister à mourir car elle se sait condamnée. Durant ce trajet, à cause de la situation bien particulière, mais aussi du temps qui a passé, la constellation familiale va évoluer et les rôles vont peut être se redistribuer.
Si j'ai apprécié , comme toujours, la manière dont Carole Fives scrute les familles et les interactions qui s'y mettent à jour, je suis restée un peu sur ma faim quant au thème principal.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carole fives
04/09/2024
L'incandescente...en poche
"Je pensais filer en sa compagnie du côté des enfants amoureux, le seul pays dont je me revendique, où tout est encore lié, les herbes , les mots, le monde."
Découvrant des lettres adressées à sa mère, l'autrice reconstitue l'histoire d'amour qui l'a liée à Marcelle, L'incandescente, avant qu’Emma n'épouse Marcel.
Sous fond de tuberculose, le fléau aux aspects romantiques, Claudie Hunzinger donne vie à toute une époque et à une histoire d'amour enflammée.
Si j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver le style de l'autrice, je suis restée un peu sur ma faim à cause du choix qu'elle fait de ne pas nous livrer le texte de ces lettres, ou de nous les résumer, mais de se les approprier, tout en les commentant , leur conférant ainsi un statut un peu bizarre. Avis en demi-teintes donc.
06:02 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : claudie hunziger
02/09/2024
Une femme sauvage
"Car depuis des lunes et des lunes c'est un pays où l'on combat. Un pays où l'on se défend. Un pays où l'on résiste. Et j'aime les endroits où l'on se tient debout envers et contre tout, sans forcément avoir besoin de revendiquer pour quelles raisons profondes. Des gens debout, hors de la norme, contre une oppression, alors que la majorité s'engourdit, se laisse plier sous le joug, ça me plaît. "
Alliant son amour de la marche, de la rébellion et de la nature, Pascal Dessaint part sur les traces d'une femme qui, en 2008, a choisi de vivre seule dans la forêt cévenole, et ce pendant quinze ans.
De nombreuses questions lui viennent en tête, tout à la fois matérielles et humaines et, au fil de ses pérégrinations,l'évocation de cette jeune femme qu'il laisse deviner victime d'un traumatisme, va faire écho à d'autres souffrances plus personnelles.
Avec beaucoup de pudeur, l'auteur se livre un peu et, en célébrant au fil des balades les enclaves de beauté qui subsistent malgré tout , il nous entraîne à sa suite dans cette quête poétique , erratique et lumineuse. Une belle manière d'entamer septembre. Et zou, sur l'étagère des indispensables.
Merci à l'auteur et à l'éditeur pour cet envoi.
Éditions Salamandre 2024.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pascal dessaint
28/08/2024
L'orage qui vient
"D'où lui vient cette idée que l'on a besoin d'eux partout, d'où vient aux hommes cette certitude d'être essentiels ? "
Une communauté de femmes vivant de manière solidaire et quasiment en autarcie dans le Hameau. Survient un homme de la ville, élément perturbateur qui va brouiller les pistes et que l'héroïne, Mila ne sent pas du tout.
Très vite, on comprend que Mila, quinze ans, possède des facultés fantastiques et tout l'art de l'autrice est de révéler comment le Hameau compose, ou non, avec ces particularités.
Un roman qui bat en brèche les clichés et fait la part belle à la sororité et à la nature.
La Ville Brûle 2022
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : louise mey
26/08/2024
Alors c'est bien
"Face aux caprices de l'inconnu, nous tentons à l'aveuglette de faire de notre existence le meilleur film possible. pendant que nous sommes occupés à soigner le scénario, le décor et les accessoires, nous gagnons quelques instants de légèreté. Comment faire autrement ? "
Avec ce texte, Clémentine Mélois a entrepris de préserver les souvenirs liés à la vie et à la mort de son père, Bernard Mélois, sculpteur poétique, anarchiste, anticapitaliste, amoureux éperdu de sa femme (et de ses filles).
Beaucoup d'émotion, mais aussi d'humour , dans ce récit où se tissent le récit de l'enterrement "pharaonique" où mère et filles s'attachent aux plus petits détails pour faire de cette cérémonie un acte d'amour le plus fidèle possible aux volontés de Bernard Mélois qui n'appréhendait pas son décès et l'avait préparé depuis longtemps.
Un sacré personnage ce Bernard Mélois, dont Dali disait : "Mélois, qui fait des sculptures avec des seaux à caca. ", comprendre des objets émaillés que toute la famille allait récupérer dans des décharges. Sa fille lui rend ici un hommage plein de tendresse, sans cacher pour autant les défauts de celui qui, plein de fièvre créatrice, n'hésitait pas à empiéter sur les créations de ses filles !
Nous serons toutes et tous confrontés à cette situation (où l'avons déjà été) et je trouve que en dehors de ses qualités littéraires évidentes et très grandes, ce récit permet aussi de mettre en avant le déni auquel nous risquons d'être confrontés et d'en comprendre les motivations.
Ainsi l'autrice reconnaît-elle tenir "le réel à distance et pratique(r) une forme de judo existentiel où l'on se sert de la force de l'adversaire pour le renverser (même s'il est le plus costaud) Bien stable sur mes appuis, je transforme mon angoisse en action et, d'un geste souple, je fais basculer le chagrin sur le tatami de la vie".
Elle rappelle enfin que "Ceux qu'on aime souffrent et meurent , et on se surprend à rire encore . Le champ de lin n'a rien perdu de sa beauté, la clématite sauvage croule sous les fleurs. [...] Malgré tout. "
Un roman qui file, bien évidemment sur l'étagère des indispensables.
L’arbalète Gallimard 2024.
06:00 Publié dans Rentrée Littéraire 2024, romans français | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : clémentine mélois
23/08/2024
Sexe bombe...en poche
Ils trouvent génial de rencontrer des râleurs, même en dehors de Paris. C'est culturel, c'est folklorique, c'est la France. "
Comme dans la chanson interprétée par Jacques Dutronc, Eddy, coiffeur reconverti en toiletteur pour chien, aime les roses fanées, comprendre les femmes d'âge mûr "car elles sont aventureuses et captivantes, elles n'ont plus d'interdits ni de tabous." Il emmène donc certaines de ses clients du salon de toilettage canin au septième ciel, c'est à dire chez lui, au premier étage, juste au dessus de son lieu de travail.
Sa routine, comme sa réputation, sont bien établies dans cette ville thermale de Dax où curistes et habitantes du cru se refilent la bonne adresse. Jusqu'au jour où débarque Maryse, ancienne speakerine, veuve, mais pas trop, flanquée de sa fille Chloé. Un très lourd contentieux oppose les deux femmes et Eddy pourrait bien malgré lui, être entraîné dans une histoire qui virerait au noir...
Le souvenir d'une lecture réjouissante ( Roland est mort) m'a incité à entamer ce nouveau roman de Nicolas Robin et je ne le regrette pas. En effet, les personnages sont hauts en couleurs, parfois outrés, mais c'est le jeu. Ils n'en révèlent pas moins des failles qui les rendent sinon attachants, du moins profondément humains. Le récit cavale à toute allure et l'on se surprend à sourire plus d'une fois en tournant les pages de ce bon roman de détente.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans français | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nicola robin