11/12/2007
Une oasis de tendresse
Apparemment il ne se passe pas grand chose dans la vie des
propriétaires , des employés et des clients de ce café d'Asnières. Et
pourtant, Pierrot, dit Pierrounet, 53 ans, serveur depuis toujours ou
presque, porte un regard à la fois juste et plein d'empathie sur les
gens qui l'entourent. Son existence est bien réglée, il pourrait ne
s'occuper que de lui, il a si peu de vie en dehors du travail , mais
non, il écoute les autres, il les accompagne mine de rien et c'est déjà
beaucoup.Pierrounet observe beaucoup, mine de rien "3il savait mettre de l'ambiance et s'attacher les clients, même s'il n'est pas doué pour la fidélité, moi je dis ça comme ça."
Dominique Fabre choisit de nous révéler petit à petit ces vies minuscules et attachantes dans son court roman La serveuse était nouvelle ,
et grâce à lui, nous porterons peut être un peu plus d'attention
à celui ou celle qui nous apportera notre prochaine consommation.
Une bouffée d'oxygène .
L'avis moins enthousiaste de Clarabel.
06:13 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
28/11/2007
La championne du monde de la non-histoire d'amour
Toujours fâchée ,Aurore a été exilée chez ses grands-parents,
le temps de laisser souffler sa famille et le temps de se métamorphoser
au point de s'étonner elle même.
L'ado ronchon et drôle (parce
que chez les autres...) se juge "Nulle désagréable et
fainéante" mais constate que "mes amies me préfèrent en limace.
Mon avenir est dans les choux".
Marie Desplechin mêne les trois
premiers quarts de son livre à un rythme effréné et
les phrases drôles jalonnent le parcours de la transformation
d'Aurore. Cela s'essouffle un peu ensuite mais les
réflexions de notre ronchon préférée (ches les
autresn j'insiste lourdement) nous mettent le sourire aux lèvres. En
prime nous assiterons même à une sorte de miracle mais je n'en dis pas
plus. A lire en cas de morosité tenace, des chocolats à portée de
main.
lecture tandem avec Chiffonnette !
PS:Bizarrement, je viens de demander à mes élèves (tous des garçons de plus de 16 ans) de brosser leur autoportrait, à de rares exceptions près, tous se trouvent beaux et agréables à vivre, beaucoup affirment plaire aux filles. Je ne m'étais pas rendue compte de la chance que j'avais ! :)) mais bon, je ne suis plus une fille et ce depuis longtemps, heureusement !
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (23)
27/11/2007
Emue par les mues
Poursuivant
ma découverte de la collection "les mues" chez Intervista, c'est avec
beaucoup d'intérêt que j'ai dévoré d'une traite Le syndrome Godzilla , de Fabrice Colin.
Deux
couples père-fils au centre de ce court mais dense roman . Celui de
Daniel que son biologiste de père emmène autour du monde, au fil
de ses mutations. Daniel qui manifeste un apparent détachement vis à
vis de ces arrachements successifs mais va s'attacher à
faire la connaissance d'un "monstre" assis sur un banc, la tête
recouverte d'un sac en papier. Par l'intermédiaire de Godzilla, le
monstre-héros de cinéma , un lien va s'établir entre ces deux jeunes
gens qui ont en commun le fait d'être orphelin de mère. D'abord
silencieux, celui qui s'identifie à Godzilla va raconter son étrange
histoire à Daniel. Une histoire d'amour/haine avec un père producteur
de cinéma qui l'emmènera au Japon, autre point commun entre les jeunes
gens.
L'univers de Fabrice Colin flirte avec l'onirisme et ne
dissimule rien de la violence du monde, de la violence des êtres en
devenir : "Maintenant j'étais un monstre en devenir. je voulais que ma
mère meure et qu'elle en fasse rien d'autre.Je voulais tuer ses
amants Je voulais détruire le monde". Cette violence qu'ils
vont même jusqu'à retourner contre eux, faute de pouvoir exprimer leur
souffrance autrement.
Un roman fort et puissant.
L'avis de la tentatrice Lily
06:07 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13)
15/11/2007
Coup au coeur/coup de coeur
Pour peu qu'il ait lu ait lu ce livre
(et pourquoi pas celui-ci),
le
lecteur sera intrigué par le titre du roman d'Alice de Ponchevielle :Calamity Jane avait deux filles. Mais il faudra la fin du livre pour qu'il prenne toute sa dimension.
En
effet, pas d'effet de manche ou de roulement de tambour dans ce roman
qui avance à petits pas, pour mieux nous laisser le loisir de faire
connaissance avec les deux soeurs , Elise et Rose, deux très jeunes
filles aux prises avec une réalité qui les dépasse souvent , quasi
laissées à elle mêmes,dans un monde violent où "manquait des valeurs
féminines" .
Mais plus que les révoltes de banlieues ,qui servent
de toile de fond et ne les concernent qu'indirectement, par ricochet,
c'est la fragilité des êtres que nous montre l'auteure.Ces êtres qu'une
trop grande douleur ou une accumulation d'accidents de la vie peut
faire sombrer...
Adultes ou
adolescents,ils prennent le monde à bras le corps ou se laissent
parfois couler, oscillant au bord du vide, les plus courageux
n'étant pas forcément ceux dont on pourrait légitimement attendre le
soutien.
Deux très beaux portraits de jeunes filles que l'on
découvre progressivement,adhérant totalement au rythme de l'auteure,
tout en délicatesse.
Alice de Poncheville n'édulcore pas la
réalité,tout en évitant tout apitoiement sur ses personnages. On
a parfois le coeur serré mais elle refuse toute solution de facilité
aux deux soeurs car "Il y a des choses
que l'on ne doit faire que lorsqu'on a épuisé toutes les autres
possibilités".
Et
comme le dit Elise,la plus jeune, " Je peux faire face à
beaucoup de choses. je suis petite mais peut être que je
comprends les gens mieux que toi".
Un très beau livre sur les liens entre soeurs et un portrait en creux des liens mère/fille qui sort vraiment de l'ordinaire.
Je
ne révèle volontairement rien de précis sur l'histoire pour mieux vous
laisser le plaisir d'avancer de découverte en découverte.
Un
livre comme j'en ai rarement lu, tout en émotion retenue et en
sensibilité. Des personnages qui resteront longtemps dans mon coeur.Un livre que toute bibliothèque se doit de contenir et une
auteure dont je vais essayer de trouver vite d'autres ouvrages.
06:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (22)
09/11/2007
Sa vie c'est des montagnes russes
J'ai beaucoup hésité avant d'acheter Darling de Jean
Teulé qui, à l'occasion de la sortie du film, vient de
ressortir en poche. La couverture avait tout pour me plaire et
j'éprouve beaucoup de sympathie pour l'auteur mais franchement, je
craignais le pire surtout que Darling existe réellement, qu'elle est
allée trouver Jean Teulé pour lui raconter sa vie. Une vie
cabossée, une vie où les moments de bonheur ou d'éclaircie sont
tellement rares qu'on se demande comment elle fait, Darling, pour se
relever et continuer malgré tout.
Et puis, on embarque dans
l'histoire de cette femme pas aimée par ses parents, des paysans qui
lui préfèrent ses frères, qui rêve d'épouser un routier, qui symbolise
pour elle la liberté et l'aventure.
Elle réalisera son rêve
mais dès le mariage tout vire au cauchemar et elle se laisse
entraîner dans une spirale avilissante, jusqu'à ce qu'elle
touche le fond et trouve la force de rebondir.
Je mentirais
en disant que j''ai lu ce roman d'une traite, on a besoin de
respirer entre deux, de se remettre, car on est estomaqué devant
ce qui est raconté.
On est estomaqué aussi par le talent de
jean Teulé , dont l'écriture souvent poétique ne sombre jamais dans le
misérabilisme.Il la houspille Darling, mais on sent toute l'humanité
dont il fait preuve en l'écoutant et en nous racontant cette histoire.
Ps: finalement , ce qui m'a décidée à lire ce livre, c'est une interview de l'actrice principale du film : Marina Foïs...
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (22)
31/10/2007
Ne dors pas, je le veux !
"Un instant, il envisagea la confrontation à huis-clos d'une flic séductrice,d'une thérapeute marseillaise et d'un artiste déséquilibré. Il eut envie de rebrousser chemin." Pas nous car le premier volume de "la pyramide mentale" de Thierry Serfaty, La nuit interdite est une réussite. Elle met en place les personnages dont la psychologie sera approfondie dans Peur et encore une fois , l'auteur se joue de nous, nous manipule avec brio tout en nous livrant plein d'informations sur le sommeil, base de cette pyramide mentale.
Pas une minute,je n'ai soupçonné qui était le coupable et d'ailleurs à la fin du livre tous les mystères ne sont pas éclaircis...
ps:Il aurait évidemment mieux valu commencer par celui-ci mais même en ayant lu Peur en premier,je n'avais pas toutes les clés pour comprendre, c'est dire si l'auteur est retors !
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
30/10/2007
Légère déception
Est-ce parce que j'avais été très enthousiaste à la lecture du premier roman de Raphaëlle Moussafir que le deuxième ne m'a pas autant plu ?
La surprise du ton juste était émoussée et j'ai lu avec le sourire mais sans plus cette découverte des premières ébauches d'émois amoureux de Rachel.
La préface d'Arnaud Cathrine est fort plaisante à lire car elle évoque les livres qu'on ne peut pas lire en public, entre autres ceux qui nous font rire tout haut (et dans lesquelsi ls placent ceux de Moussafir).
Il ne faut également pas oublier ceux qui ont une couverture hideuse et/ou peu représentartive du contenu du livre.
Peut être faudrait-il donc songer à réhabiliter ce qui existait dans les années 70 : des sortes de protège-cahier en cuir (des liseuses) qui,quand elles étaient offertes, contenaient une boîte de chocolats,histoire de doubler le plaisir. Bon,j'avoue,je mangeais les pralines mais ne me servait jamais de la liseuse !
06:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
19/10/2007
"Attendez-vous à savoir..."
A Paris,en cette fin de guerre d'Algérie Omar, dix ans, porteur de cartable pour le FLN va rencontrer Raphaël, jeune "pied-noir" rapatrié qui, sans le savoir va occuper avec sa famille, le logment que convoitait la famille d'Omar.
Mais les deux enfants ont plus de points communs que ne le voudraient les événements historiques et c'est un récit à la fois tendre et drôle que nous livre ici Akli Tadjer.
Toute une époque revit sous nos yeux et au fil du roman s'entrelacent paroles de chansons et vers de poèmes, dans une fluidité exceptionnelle. On oscille tout au long de ce texte entre rire et émotions, alternant entre une leçon de baiser hilarante (page 222 pour ceux qui en auraient un besoin urgent), dont je vous livre juste un conseil essentiel : "je ne dois pas enfoncer ma langue trop profondément dans sa gorge car si elle rencontre ses amygdales ça peut l'asphyxier et ce n'est pas bien" et une réalité qui reste néanmoins cruelle.
Pas de manichéisme dans ce récit sensible et attachant (on a envie de faire la bise aux personnages et de savoir ce qu'ils sont devenus), dont je regrette juste un peu la fin, trop idéaliste à mon goût...Mais un vrai bonheur de lecture qui vous donne le sourire durablement!
Merci encore au passage à Akli Tadjer pour sa disponibilité et sa gentillesse. (Hé oui, les auteurs se déplacent même dans le Nord de la France ! )
Ce texte a obtenu le prix Maghreb-Méditerranée-Afrique de l'ADELF- Ville de Paris et a été adapté à la télévision mais même si vous l'avez vu , précipitez-vous sur le livre !
06:21 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
18/10/2007
Rachel, 9 ans et pas sa langue dans sa poche...
Attirée par la couverture et le titre, rebutée par la 4 ème de couv' qui convoque à la fois Le petit Nicolas et Zazie dans le métro (ainsi que par le prix ,13 euro 50 pour 111 pages), j'hésitais toujours. mais j'ai sauté dessus quand je l'ai vu à la médiathèque et j'ai bien fait !
La préface d'Howward Buten m'a mise en confiance et et j'ai vite été prise par l'histoire de cette petite Rachel qui observe le monde des adultes avec acuité et impertinence,"C'est bien ce que je dis,décidément les parents heureusement qu'ils filent pas dans leur chambre chaque fois qu'ils sont à côté de la plaque, parce que sinon, il resterait plus grand monde à table". Sa copine , Hortense n'est pas en reste d'ailleurs, elle qui constate avec une logique imparable : "Les péchés font partie des obligations de l'existence, figure-toi Rachel.Si j'ai rien à confesser,soit le père Nérac sera déçu, soit il me prendra pour une menteuse, et je ne peux pas trop me permettre de le contrarier avant ma première communion si tu vois ce que je veux dire."
Le récit est rythmé par les séances avec Mme Blabla "psychologue pour enfants persécutés" et on est partagé entre le rire et l'émotion , par les efforts de Rachel pour s'intégrer tout en gardant sa liberté de ton.
Il y avait Du vent dans les branches de sassafras et désormais il y a Du vent dans mes mollets et une auteure, Raphaële Moussafir, que je vais suivre, j'en suis certaine avec ce titre, toujours dans la collection "les mues", décidément fort riche .
(Rien que le titre m'enchante !)
06:06 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (18)
16/10/2007
Bloomsbury, mai 68 , même combat ?
Titillée par l'avis de Florinette , je me suis empressée de lire Le journal deYaël Koppman de Marianne Rubinstein.
La narratrice de ce journal, Yaël, enseigne l'économie à la fac et nonobstant les conseils de sa cousine Clara qui travaille dans l'édition, plutôt que d'écrire de lachick litt,effectue des recherches sur la nièce de Virginia Woolf, Angelica.
Pas dupe,Yaël se rend bien compte que qu'Angelica lui "tend un miroir" quant à sa ralation avec sa mère. Elle est très lucide également en ce qui concerne ses aventures amoureuse et le comportement de ses ami(e)s.
Alternant sourires et émotion, parfois teinté d'un léger cynisme, ce roman est une réussite car l'auteure sait créer un univers qui n'est pas sans rappeler parfois celui de Stephen Mc Cauley. Elle dépoussière aussi au passage l'image que l'on pouvait sefaire du groupe de Blomsbury et éclaire d'une manière originale l'oeuvre de David Garnett, La femme changée en renard. De l'érudition donc mais pas du tout indigeste, car les personnages sonnent justes et vrais.
06:23 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)