21/01/2008
Du rififi dans le monde de l'art.
Voilà ce que c'est que d'avoir beaucoup aimé un roman d'un auteur : on risque la déception au suivant ! Toiles de maître, d'Hannelore Cayre, dont j'avais adoré Ground XO ne m'a pas autant convaincue.
J'ai
deviné très vite quel problème historique était sous-jacent, les
personnages m'ont semblé manquer de relief, bref, je n'aurais pas
dû commencer par le dernier roman en date (bien meilleur à mon avis)
mais respecter l'ordre de parution, j'aurais alors pu écrire que
l'écriteure d'Hannelore Cayre allait en se bonifiant ,( comme le
cognac ? )
06:10 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
18/01/2008
Brumes
Si Cruelles natures se donne d'abord des allures buccoliques
avec son personnage d'écologue,jadis renommé, qui se balade dans la
Brenne, consignant soigneusement les cadavres d'animaux qu'il rencontre
en chemin, le lecteur qui se sera déjà frotté à l'univers de Pascal
Dessaint sait bien que cette atmosphère brumeuse ne peut recéler que de
noirs desseins...
En contrepoint, les paysages du Nord et quelques
habitants de la région de Dunkerque, trois jeunes dont on devine
rapidement qu'ils ne se contenteront pas de voyager par
procuration avec les pigeons voyageurs, trois jeunes qui vont partir en
vrille ...
Tout l'art du romancier sera d'arriver à croiser ces
destins que tout semble éloigner et à semer mine de rien des indices
destinés à nous montrer que tout n'est pas forcément comme nous le
croyons car si "Après quelques instant de discussion et parfois même
d'un seul regard, il semble qu'on est en mesure de tout percevoir
de certains hommes et qu'il n'y a pas grand chose à
espérer sous la surface. Pour d'autres, en revanche, tout se
situe en profondeur. ceux-là ne se dévoilent jamais totalement et
obligent à l'effort."
Fourmillant de noms d'oiseaux et de plantes,
ce roman donne l'irrésistible envie de partir se promener dans la
région évoquée mais l'auteur signale dans sa postface qu'il est
resté "vontairement vague afin de préserver la tranquillité des hommes
et des animaux".
Avec un seule tortue et une voiture, Dessaint arrive à créer un suspense tellement insoutenable que je n'ai pas résisté; je suis allée directement à la fin du livre pour voir si l'animal s'en sortait !
Seule restriction :un passage scatologique dont je cherche encore l'utilité...
le site de l'auteur, originaire du Nord et on se demande pourquoi, installé à Toulouse ...
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
16/01/2008
Maison pleine de charme cherche acquéreur
Quatre personnages en quête de maison. Quatre personnages en
quête d'une place dans le monde, un endroit où se retirer, un endroit
où se sentir enfin soi même...
Pour certains cette quête se trompe
d'objet, ce n'est pas une maison qu'ils cherchent vraiment mais
un nouveau souffle à leur vie. Pour d'autres,cette maison sera le
révélateur que tout ne va pas bien dans leur existence.Pour un
troisième personnage enfin, cette maison n'était qu'un chiffon agité
pour détourner l'attention mais , les charmes du Vexin sont puissants !
L'actuel propriétaire de la maison, qui croit manipuler les uns et les
autres, les rudoyant et les charmant tour à tour , se trouvera peut être
lui aussi mis à nu par cette maison qu'il ne connaît pas
vraiment...
Deux hommes, deux femmes à des moments charnières de
leur existence queAgnès marietta sait rendre attachants même si
j'aitrouvé que les persannages masculins étaient mieux croqués, peut
être parce que moins encombrés de monologues intérieurs que ceux de
l'écrivaine ,"mauvaise-mère", "mauvaise-fille" ou de la femme parfaite
qui se rend compte soudain qu'elle est en train de passer à côté
de sa vie .Alléger un peu leurs pensées aurait donné davantage de
rythme peut être à l'ensemble.
Il n'en reste pas moins que j'ai passé un très joli moment avec les personnages de N'attendez pas trop longtemps.
06:13 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
30/12/2007
Pour les fans de...
Marie Desplechin avec "Copie double" et Malika Ferdjoukh
avec "Le mystère de Greenwood" sont toutes les deux dans le "Je
bouquine"-premier magazine de lecture pour les ados- de Janvier.
Si
je ne suis pas trop rentrée dans le roman de Desplechin, histoire
d'une fille qui en imite en tout une autre, pas assez creusée à mon
avis, j'ai savouré le récit à la limite du fantastique de Malika
Ferdjouhk.
Si vous aimez les histoires se déroulant dans la lande
anglaise, pleines de mystères etde brumes, précipitez-vous chez
votre marchand de journaux !
08:47 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
26/12/2007
Faits d'hiver # 3
Mc Cash n'aime pas Noël. Mc Cash n'aime pas grand monde d'ailleurs, sauf le leader du groupe Clash et en particulier La jambe gauche de Joe Strummer.
Même
s'il vient de donner sa démission de la police,se laisse pourrir sur
pied et envisage de passer de l'autre côté,un courrier providentiel
vient lui apprendre qu'il est père d'une petite fille.Cela le met
plutôt en rogne mais la curiosité est la plus forte et le voilà parti
en Bretagne pour si ce n'est rencontrer mais du moins apercevoir sa
fille."Une orpheline retrouve miraculeusement son père, ancien
activiste expulsé d'Irlande et devenu inspecteur de police pour se
racheter un avenir affectif en toc massif,mais comble de malchance, le père,gangrené jusqu'à la moelle, préfère se tirer une
balle dans l'oeil !"Voilà comment le personnage principal ironise sur la situation.
Mais MCCash le borgne trouve toujours le moyen de se fourrer dans les ennuis et les cadavres pleuvent bientôt autour de lui...
L'intrigue
est plutôt paresseuse, on se doute bien que le père bougon en
diable va finir par se laisser attendrir par sa fille mais c'est
surtout le style de Caryl Férey qui donne tout son punch au roman , "Le contenu des dossiers s'avérant aussi trépidant que la vie d'un gravier..." , ainsi que les personnages,que ce soit ce ronchon de Mc Cabe ou l'assistante sociale pas piquée des vers qu'il rencontre sur son chemin. Le tout scandé par des titres de Clash qui donnent leur nom aux chapitres , "Rock the Casbah", nous valant un petit détour au Maroc, où Mc Cab , fidèle à lui même, s'étonne que les gens dans la rue lui sourient : "Mc Cabe s'était même demandé un moment s'il n'était pas suivi par une espèce de clown à la con, mais il finit par s'y faire".
Je vous souhaite plein de sourires dans la rue...
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)
21/12/2007
Un effondrement
Ecrire sur la dépression ,c'est écrire sur le fil du rasoir : ne pas
tomber dans l'auto-apitoiement tout en arrivant à faire partager
aux lecteurs ce que l'on a vécu (je doute qu'on puisse écrire sur ce
thème sans l'avoir approché au plus près).
Ghislaine Dunant ,en évitant le second écueil typique , "Regardez comme je suis plus fort(e)maintenant",n'exhibe pas cet effondrement
comme d'aucuns leur douleur. Elle y revient, presque de manière
clinique, presque comme si elle parlait d'une autre et cette autre
c'est elle même, mais il y a longtemps déjà...
On frémit, en lisant
que dans les années 70 on pratiquait encore en france les
électro-chocs,on a envie de secouer ses soignants qui ne parlent pas ou
presquepas aux malades, qui n'expliquent rien du traitement subi par
les patients.
Une écriture qui, parfois, m'a rappelé celle de
Duras. Une écriture au plus près de cet engourdissement provoqué
par les médicaments, une recherche mais "Comment pouvais-je dire au
médecin que j'avais perdu quelque chose, il me manquait quelque chose
pour faire tout ça et je ne savais pas ce que c'était? ".
Un livre
qui nous entraîne avec lui et que je n'ai pas su lire d'une
traite, éprouvant le besoin de "bouffées d'oxygène". Une écriture très
belle comme assourdie.
L'avis de Cuné que je remercie encore pour cet envoi.
06:32 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
19/12/2007
"les enfants sont formidables"J.martin
Pour une fois, Christophe n'est pas parti en vacances en
famille. Au fil des lettres que lui envoie son petit frère , nous
découvrirons, en creux, les raisons de cet exil
involontaire.
Portrait épistolaire à une seule voix, Les lettres de mon petit frère
aborde avec délicatesse un sujet encore délicat : "A mon avis,
la faute grave, c'est quand cette idiote de Sylvie est allée lui
raconter qu'elle vous avait vus, toi et Florian , en train de
vous embrasser sur la bouche." Et d'ajouter"Bon, Si on n'a plus
le droit d'embrasser ses copains où on veut autant aller en
prison tout de suite." réaction plus naturelle et
rafraîchissante, y a pas.
En attendant, les vacances sans Christophe
tournent au fiasco : maman rate ses coquillettes, papa fait
chavirer le bâteau car il ne sait pas naviguer sans son
fils aîné, sans compter le estivants qui détruisent
le mur séparant la plage de la maison louée et qui engagent une lutte sans merci contre les parents, bien
décidés à défendre leur territoire, fût-ce au prix d'ordures qui
remplissent le jardin. Chacun interprétera comme bon lui semble
ces symboles...
Les parents et les enfants somatisent à qui mieux
mieux et surtout cet exil forcé empêche Christophe de tenir sa
promesse: être là quand son petit frère tombe amoureux...
Heureusement , tout rentrera dans l'ordre,(demanière un peu trop iédéalisée mais bon ) et chacun retrouvera la sérénité.
Un
petit livre (par la taille ), tout en sensibilité et qui montre que
souvent les enfants sont plus tolérants que les adultes... Un gros coup de coeur !
L'avis de In cold blog
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19)
18/12/2007
Le cognac, ça rap !
Prenez un avocat, Christophe Leibowitz, exerçant depuis
bientôt 20 ans, un peu (désab)usé, mais, au fond, aimant follement la
faune bigarrée qu'il côtoie et défend. Son humour vachard n'épargne
personne ,y compris lui même.
Trop
souvent imbibé, il doit se
soumettre à une mise à l'épreuve et trouve bien évidemment un moyen
original de "contourner" la thérapie : l'envoi de missives à son
thérapeute, missives déjantées où se donnent à lire autant
des fantasmes "fabriqués" pour plaire au psy que ses idées les
plus folles.
Le destin, bon prince, vient mettre du piquant dans sa
morne existence de défenseur de petits dealers en le faisant hériter...
d'une marque de cognac! Aussitôt son imagination s'emballe : il
veut unir l'univers traditionnel du cognac charentais et celui
blingueballant des rapeurs-dealers. Usant de ses " relations", il
trouve bientôt un rapeur doué qui lui écrit aussitôt un texte prônant
cyniquement l'accession à la richesse par le deal et par la même
occasion vantant le cognac de Leibowitz rebaptisé Ground XO. Et là, la machine s'emballe...
L'auteure,Hannelore
Cayre, elle même avocate, possède un style très visuel et qui
fait mouche. Le récit avance tambour battant mais se termine un peu
brusquement, seule restriction que j'émettrai concernant ce
roman que j'ai dévoré d'une traite, le sourire aux lèvres.
Ce roman
étant le troisième d'une série mettant en scène le joyeusement
cynique Leibowitz, il ne me reste plus qu'à dévorer les
précédents ! (déjà sur ma PAL Toiles de maître)
De quoi passer un bon moment.
06:12 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15)
13/12/2007
3,141592653589793238462643383279502884197169399375
Dans La mémoire fantôme , de Frank Thilliez, c'est avec
plaisir que nous retrouvons le personnage de Lucie Hennebelle, promue
lieutenant à la brigade criminelle de Lille depuis l'affaire de La chambre des morts.
La
jeune mère de famille , toujours solitaire, est encore tiraillée entre
son instinct de flic, elle est consciente d'être un "prédateur",
et son amour pour ses adorables jumelles.
Va
faire irruption dan sa vie,une jeune femme, Manon, "prisonnière de
l'instant" car ses troubles de la mémoire font qu'elle oublie aussitôt
ce qu'elle vient de vivre."Tu n'es même pas capable de te rappeler ce
que tu viens d emanger! N'importe qui peut te rouler dans la
farine et toi, tu prétends lutter contre une boucher qui a massacré
sept personnes et qui joue avec la police depuis quatre ans "?
Ainsi, Frédéric ,le frère de Manon résume-t-il la situation. En effet,
le Professeur, qui a assassiné leur soeur aînée , vient de faire sa
réapparition et Manon est bien décidée à entraîner Lucie Hennebelle
dans sa quête...
La lieutenant va rapidement s'attacher à la jeune
femme et devra affronter un assassin "fortiche en mathématiques", tout
en se débattant avec son propre passé qui sera enfin élucidé.
La
dimension mathématique -le nombre Pi se déroule tout en haut des
pages-, les énigmes qui sont proposées à la sagacité du lecteur, les
informations concernant les différents types de mémoire, toujours
intéressantes sans être lassantes, confèrent à ce roman un aspect moins
glauque que dans "la chambre des morts". FrankThilliez a toujours une
imagination aussi fertile, et même si les personnages évoluent parfois
dans "un décor que même le plus tordu des romanciers
n'aurait pu imaginer", même si les tortures sont au rendez-vous, sans
jamais de voyeurisme heureusement, l'intrigue est haletante de
bout en bout et j'ai été happée par ce roman qui se déroule entre le
Nord et la Bretagne, une véritable plongée dans les ténèbres car de
l'aveu même du romancier "jamais le soleil n'éclaire le ciel".
Une réussite !
l'avis de Clarabel
Le site de l'auteur
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (23)
11/12/2007
Une oasis de tendresse
Apparemment il ne se passe pas grand chose dans la vie des
propriétaires , des employés et des clients de ce café d'Asnières. Et
pourtant, Pierrot, dit Pierrounet, 53 ans, serveur depuis toujours ou
presque, porte un regard à la fois juste et plein d'empathie sur les
gens qui l'entourent. Son existence est bien réglée, il pourrait ne
s'occuper que de lui, il a si peu de vie en dehors du travail , mais
non, il écoute les autres, il les accompagne mine de rien et c'est déjà
beaucoup.Pierrounet observe beaucoup, mine de rien "3il savait mettre de l'ambiance et s'attacher les clients, même s'il n'est pas doué pour la fidélité, moi je dis ça comme ça."
Dominique Fabre choisit de nous révéler petit à petit ces vies minuscules et attachantes dans son court roman La serveuse était nouvelle ,
et grâce à lui, nous porterons peut être un peu plus d'attention
à celui ou celle qui nous apportera notre prochaine consommation.
Une bouffée d'oxygène .
L'avis moins enthousiaste de Clarabel.
06:13 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)