07/03/2008
"What a glorious day!"
D'abord un peu d'appréhension : vais-je retrouver le charme des yeux jaunes des crocodiles ? Les suites sont si souvent décevantes, davantage dictées par l'économie que par l'envie réelle...
Mais très rapidement la magie opère, grâce aux rappels savamment instillés par Katherine Pancol, on se réinstalle très vite parmi les nombreux personnages de cette Valse lente des tortues , qui nous redeviennent très vite familiers, comme de vieux amis perdus de vue avec qui la conversation reprend comme si nous nous étions quittés la veille. Nous retrouvons avec plaisir Jo(séphine) qui se juge elle même "femme de peu d'éclat"et a bien du mal à s'habituer à la richesse et à la notoriété que lui a apporté son livre, ses filles, la plus jeune découvrant les joies de l'amour,l'aînée celle de la réussite dans son école de mode londonnienne...Quant à Iris,dont le "coeur est un cactus hérissé de sourires", la soeur dominatrice de Jo , elle a bien du mal à encaisser le succès de cette dernière mais n'a pas dit son dernier mot.
Si les sentiments et les relations familiales priment toujours, la tonalité devient parfois plus sombre avec des incursions dans le monde du polar et Katherine Pancol nous fait passer en un clin d'oeil du sourire à l'angoisse. Son roman, comme la vie fourmille d'histoires, on se cultive au passage en apprenant (entre autre)d'où vient l'expression "travailler au noir"*, on croise un chien noir si moche qu'il sera appelé Duguesclin, (je vous laisse deviner pourquoi), chien qui adore le jazz, quelques tortues qui passent mine de rien,à deux ou quatre pattes, des tas de personnages parmi lesquels on évolue sans aucun souci de se perdre, et l'on valse lentement de page en page pour faire durer le plaisir ...
Cuné m'a fait découvrir le terme "page turner", livre qui donne envie de tourner les pages, il faudrait en inventer un autre pour correspondre au roman de katherine Pancol, livre qui donne envie de tourner les pages mais pour lequel on se rationne volontairement pour que le plaisir dure un peu plus longtemps...
le site de l'auteure
*"La chartre des artisans [...]exigeait que le travail ne s'effectue qu'à la lumière du jour.certains maîtres , pour augmenter le rendement de leurs ouvriers, les faisaient travailler à la chandelle, une fois la nuit tombée, ce qui était interdit." (p.531)
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (21)
05/03/2008
Un enfant qui a perdu sa mère, une mère qui a perdu son enfant
Plus que la thématique "penchons-nous sur le sort des jeunes SDf ", c'est davantage l'histoire croisée d'une enfant sans mère et d'une mère qui a perdu un enfant que j'ai perçue dans le roman de Delphine de Vigan,No et moi.
Franchement, je m'attendais au pire avec la rencontre de cette surdouée de 13 ans et de cette jeune Nolwenn,jeune SDF qui va entrer dans la vie de Lou, à l'occasion d'un exposé. Mais finalement,j'ai trouvé beaucoup de délicatesse dans la manière d'aborder la problématique par l'intermédiaire de Lou qui aime la grammaire car elle structure la langue, elle qui voudrait tant que la vie soit cadrée ...: "Dans les livres, il y a des chapitres pour bien séparer les moments, pour montrer que le temps passe ou que la situation évolue, et même parfois des parties avec des titres chargés de promesses, la rencontre, l'espoir, la chute, comme els tableaux. mais dans le vie, il n'y a rien, pas de titre, pas de panneau, rien qui indique attention danger, éboulements fréquents ou désillusions imminentes. Dans la vie on est tout seul avec son costume , et tant pis s'il est tout déchiré."
En aidant, No, c'est finalement eux que les parents de Lou aident ,thème déjà abordé par exemple par Marie Desplechin dans son roman Sans moi.
Finalement ce que j'ai préféré, c'est le portrait de ces deux jeunes filles que tout semble opposer mais qui, chacune à sa façon, sont en décalage par rapport au monde dans lequel elles évoluent.
L'avis de Laure
qui vous enverra chez plein d'autres lecteurs,(désolée,je suis à la bourre !)
06:03 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
04/03/2008
Roméo et Marilyn
Roméo, tel est le vrai prénom du docteur Greenson, le dernier psychanalyste de Marilyn ,Monroe, bien sûr. Michel Schneider explore dans Marilyn dernières séances, les liens pour le moins bizarres qui s'étaient établis entre la psychanlyster et sa célèbre patiente. ce faisant, il envisage églement les liens qui se sont tisssés dans les années 60 aux Etats-Unis entre cinéma et la science mise au point par Freud,( Freud dont la fille ,Anna aura comme patiente épisodiquement la star hollywoodienne): "Chacun avait partagé la folie de l'autre"...
Mêlant dialogues réels et inventés, chahutant la chronologie , c'est un portrait sensible et d'une intelligence aiguë qui se donne à lire ici.
Même si comme moi on n'est pas spécialement fan de l'actrice, on ne peut qu'être touché par l'intelligence et la fragilité de la femme : "Je vous dirais ce que je peux. Comment répondre à ce qui vous engloutit.", "vous savez, dit-elle à Greenson venu le soir chez elle, j'ai trouvé ma définition de la mort. Un corps dont il faut de débarrasser." ou bien encore: "Quand on se dit qu'on est soi même une erreur, on n'a pas envie de s'entendre dire qu'on fait des fautes."
Avoir une patiente aussi célèbre ne pouvait que flatter le narcissisme de Greenson, qui lui intima : "Laissez-moi faire et décider ce dont vous avez besoin.", essaya de lui donner une place au sein d'une ambiance familiale mais échoua dans son traitement et ne s'en remit pas. Les dernières pages du roman , consacrées à la manière dont Grennson vécut cet échec après la mort de Marilyn m'ont paru un peu longuettes mais je n'ai pour autant pas boudé mon plaisir tant est passionnante cette vision fouillée et attachante.
L'avis de Clarabel .
05:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (12)
20/02/2008
Une place pour les hommes
"Elle me plaît tout de suite. Je n'ai pas d'effort à faire pour lui
sourire, lui parler, la comprendre. les mots, les attitudes me viennent
naturellement.Je vois bien que ,de son côté,les choses sont
pareilles. Tout se passe comme si chacune de nous venait de
rencontrer son reflet dans un miroir."Ainsi s'exprime Verte quand
elle rencontre son alter ego Pome , sorcière en devenir elle aussi.
Dans
ce volume ,Marie Desplechin nous montre l'évolution des deux
jeunes filles, tant dans le domaine de la sorcellerie que
dans leur relation aux autres et en particulier au monde des hommes.
Verte, en effet a retrouvé non seulement un père mais un grand-père que
cette relation a métamorphosé.Lui si taciturne et strict a su
arrondir les angles et chouchoute avec allégresse Verte et ses amis,
tout en lorgnant avec admiration vers Anastabotte, la grand-mère de
Verte. Quant à Gérard, le père de Verte, il va enfin ouvrir les
yeux et vivra une relation plus pacifiée avec la mère de Verte. On
arrivera même à faire un p'tite place pour le copain de ces
demoiselles, Soufi ...
Bousculant jouyeusement les
conventions, ce roman nous montre l'importance des grands-parents
mais aussi la nécessité de ne pas se montrer sectaire, c'est à dire de
ne pas sescouper d'une moitié de l'humanité ...Encore plus réussi que
le premier !
06:07 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10)
19/02/2008
Tu seras une sorcière ma fille !
Quand , sans toucher à rien, par la seule puissance de son" sale caractère" ,la petite Verte,
onze ans fracasse pour 500 francs de vaisselle (75 euros), sa mère
contemple le désastre avec "des hoquets de joie". et pense :"Si ce
n'était pas là la signature d'un pouvoir surnaturel, je voulais bien me
faire fée des bois." Car dans le famille de Verte, on est
sorcière de mère en fille que ca plaise ou non.
Verte rechignant un
peu, sa mère Ursule passera le relais à la grand-mère Anastabotte,
sorcière respectée par tout le monde de la sorcellerie. Mais Verte n'a
de cesse que de retrouver ...son père, un mortel tout ce
qu'il y a de plus normal, la preuve: son prénom bien banal : Gérard.
Marie
Desplechin,sous prétexte de sorcellerie, nous montre ici une
famille matrilinéaire, où la transmission se fait par les femmes et
où les hommes n'ont, apparemment, qu'un rôle secondaire. Ce n'est
pas non plus un hasard si à plusieurs reprises on souligne l'aspect
précoce de la manifestation de sorcellerie de Verte, ce passage
symbolique à l'adolescence entraînant un conflit avec la mère qui sera
pacifié par la grand-mère qui prend le relais de la transmission du
savoir.
Une jolie manière d'envisager le passage à l'adolescence et de montrer le pouvoir des femmes !
L'avis de Clarabel
celui de Malice
06:09 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (17)
12/02/2008
"Elle avait simplement voulu commettre un bonheur"
Oui, vous avez bien lu "Commettre" et non pas "connaître" un
bonheur.Mais bien évidemment, quand Sixtine adopte Dalton, croisé de
setter gordon et de levier afghan, emprisonné dans un refuge depuis de
trop longues années, c'est le début d'une très belle relation entre la
jeune femme éprise de liberté et le chien apparemment inapte au
bonheur.
On
sourit quand Sixtine "se dit qu'elle n'avait pas
réalisé à quel point il était gênant de passer une soirée en tête à
tête avec qulqu'un qu'on en connaît pas,qu'il fût humain ou pas. même
s'il ne paralit pas, elle aurait au moins aimé qu'il manifeste plus
d'enthousiasme en découvrant son nouveau confort, qu'il lui témoigne
tout de suite plus de reconnaissance, qu'il se comporte comme une
sorte d'acteur hollywoodien qui traverse le séjour en décrétant qu'il
va prendre une bonne douche et se sert au passage un scotch on
the rocks qui lui fait fermer les yeux de plaisir.".Ou quand elle
trouve le moyen de contourner un règlement imbécile pour ne pas quitter
son chien dans un magasin d'alimentation...On a les larmes aux yeux
quand , enfin, Dalton " manifeste du bonheur , qu'il se révèle capable de quitter son monde des morts sans expression." Bien sûr le
bonheur de l'un va déteindre sur l'autre car "Dalton était devenu un
prétexte de bonheur. ce que Sixtine n'aurait pas fait pour
elle-même, elle le faisait pour Dalton."
En
contrepoint, un peu artificiel à mon goût, nous suivons le périple de
la soeur aînée de Sixtine qui, veuve, quitte les Etats-Unis et rentre
en France avec le vague espoir de renouer avec celle qu'elle connaît à
peine. Un peu caricatural mais amusant ce personnage devient peu à peu
pathétique...
Quant à la fin du roman, elle m'a fait penser à celle, très poétique, du film "Crin Blanc"...
Les
personnages de Far-Ouest
ne sont pas être pas suffisamment fouillés mais en même
temps cela nous donne tout le loisir de compléter à notre guise ce qui
a été esquissé et de passer un excellent moment sur les plages de
l'Atlantique , en mangeant des chouquettes, en compagnie de ceux
qui sont devenus nos amis, Sixtine,
Dalton et la jument Fidèle .
Un premier roman sensible et émouvant de Fanny Brucker ,dédié à ...Dalton !
L'avis de Cuné que je remercie chaleureusement !
06:01 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (14)
08/02/2008
La paix, la paix, maintenant.
"Et j'ai écouté l'histoire de Chaïma. Mon histoire. Notre
histoire. ce que l'on peut trouver dans nos veines. A elle et à
moi." Ainsi parle Camille dans les couloirs de l'hôpital de Toulouse où
est en train d emourir sa grand-mère.
Camille , d'origine juive,
Chaïma, palestinienne réfugiée en France et dont les destins familiaux
sesont croisés bien avant cette rencontre entre les deux ados.
Shalom salam maintenant est un récit plyphonique où s'entrecroisent des voix palestiniennes et israëliennes, dévidant le fil de l'Histoire.
Un récit sensible et touchant, où je me suis parfois perdue mais dont je suis ressortie vraiment émue par ces destins.
Rachel Corenblit par ce premier roman donne déjà envie dedécouvir le reste de son oeuvre.
l'avis de Clarabel.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (8)
07/02/2008
Cluedo dans la plus grande bibliothèque du monde
La délégation norvégienne, d''Hugo Boris, semble de prime
abord s'inspirer de deux schémas classiques. D'une part des gens, qui,
différents tant par leur nationalité que par leur origine sociale vont
se retrouver dans un espace qui va rapidement devenir clos,
en l'occurence un chalet nordique; d'autre part, un point commun qui
les unit, la chasse, ce qui va donner lieu à quelques récits troublants
, racontés pour se distraire, comme le faisaient les
personnages-prétextes de Maupassant dans le recueil de nouvelles Contes de la bécasse.
Mais
,d'emblée le fantastique confère une toute autre dimension à ce roman.
Cette forêt d'où est issue la majorité des livres publiés en
Europe devient une bibliothèque puis un personnage à part entière
:"Il lui semble marcher entre des piles fragiles de livres élancées
vers le ciel, se surprend à pousser les branches alourdies avec
plus de circonspection, comme s'il avait à coeur de ne pas faire
s'écrouler ces étagères de livres." les chasseurs, dont chaque
sortie ne se déroule pas normalement, seront-ils " digérés et
rejetés " par la forêt?
Livres et forêt, étroitement
imbriqués...L'auteur sème des indices comme el petit poucet et
nosu fait basculer dans un monde où le narrateur principal est
aveuglé par la réverbération de la neige et où le lecteur lui même
devient acteur: à lui d'influer, ou non, sur le cours des
événements en tranchant dans le vif et dans le dernier cahier du livre,
volontairement non massicoté....
Si
Clarabel ne me l'avait pas gentiment envoyé, je doute que
j'aurais sauté le pas vu mon aversion pour les chasseurs.
mais là, bizarrement, mon amour des mots a prévalu et je me suis
régalée avec le vocabulaire technique de la chasse, le style
puissant et efficace de l'auteur. Je me suis laissée prendre au charme
de ce roman qui traite bien plus du pouvoir des livres et des mots
que de la traque des animaux. Une réussite !
L'avis, plus nuancé, de Cuné.
06:02 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13)
06/02/2008
"Tout était made in Vian."
Louis et Elsa forment un « bébé-couple » qui se connaît depuis 5 ans déjà et « C’est
long cinq ans, à vingt ».
Habituée par ses parents trotskystes
à manier les mots, Elsa ne supporte plus les silences de Louis. Pour mieux nier
l’évidence et/ou ou tenter de le garder, La jeune femme se lance à corps et cœur
perdu dans une histoire d’amour avec…Boris Vian. Boris Vian dont elle range la
bibliothèque et qui lui apparaît à plusieurs
reprises…
Premier roman de la jeune Lou Delachair, Boris Vian et moi fourmille d’invention
langagière et d’énergie. Le monde des parents est traité à la kalachnikof , « Et je songeais que les vieux couples
finissent toujours par communiquer par porosité, comme les jeans les jours de
pluie, quand l’eau monte jusqu’au genou » mais aussi avec beaucoup de
tendresse.
Malgré quelques longueurs et scories
d’écriture (quelques clichés côtoient de superbes images), on suit le sourire au
lèvres, les péripéties de ces amours (débutantes) qui, on le sait bien,
« finissent mal, en général . »Lou Delachair se crée
un univers poétique et dynamique et pas besoin d’être une groupie de l’auteur de
« L’écume des jours » pour apprécier ce très joli premier roman destiné aux
ados. Un talent à suivre.
06:04 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11)
29/01/2008
Livre à part
Catherine Ternynck, dans sontrès beau texte,Chambre à part, nous
convie à une mise en mots de sa pratique de psychanalyste. Nul
discours théorique, nul voyeurisme mais une écriture au plus près du
ressenti, des émotions.
Dès
la montée de l'escalier, dès l'entrée dans la Chambre, cette Chambre,
si vivante , si réceptive et si bien transcrite par la plume de
l'auteure, le dialogue s'engage.Nécessité pourtant pour l'analyste de
se tourner parfois, pour une respiration, vers l'extérieur: un
mystérieux chat blanc qui passe, voire accompagne les visiteurs ou plus
le souvent l'Arbre qui est "au dehors, le tiers sans lequel dans la
Chambre, il n'y aurait pas d'échange, de rencontre possible."
Le
lecteur glane au fur et à mesure des réflexions dans ces fragments comme autant de
lumignons susceptibles d'éclairer son chemin : "On
ne peut imaginer le nombre de gens qui vivent mal logés en
eux-mêmes. certains n'ont pas su prendre soin du lieu.
D'autres n'ont jamais imaginé qu'on pouvait être bien chez soi et se
sont accomodés. Il faut dire que la tolérance des hommes aux espaces insalubres est extrême, déconcertante.".Ou bien encore: "Le monde irait-il mieux si l'on renonçait
à vouloir le faire parler? Si l'on acceptait, de temps en temps, de le
prendre dans ses bras et de le bercer en silence? ".Et c'est
ce que chacun des visiteurs vient peut être chercher dans la
Chambre...
Une écriture charnelle et puissante à laquelle on ne peut rester indifférent. Une très belle rencontre.
Catherine Ternynck - Chambre à part (dans le cabinet du psychiatre)
Ed. Desclée de Brouwer "Littérature ouverte"
Déjà vendu dans le Nord-Pas-de-Calais, sortie nationale en Mars 2008
Merci à Cuné pour cette découverte qui va m'accompagner longtemps.
06:18 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16)