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07/05/2008

"Laisse tomber! Des mecs, il y en a partout.Un job comme ça, on n'en trouve pas tous les jours."

Sans  l'aide d'aucun réseau relationnel, Dahlia Arditi a réussi à entrer dans une grande et très chic agence parisienne de relations publiques. Là, elle va devoir affronter sa supérieure hiérarchique, Chloé de Lignan, alias Cruella, tant sur le plan professionnel que sur le plan amoureux, les deux demoiselles étant tombées amoureuses du même homme...Coup bas et talons hauts , tout est permis pour emporter les budgets des clients et le coeur du bel Adam...4192iiTFBAL
N'étant guère sentimentale,je me  suis souciée comme d' une guigne de l'histoire d'amour.Tonie Behar barbote en outre allègrement dans les clichés ( ce qui est un peu la loi du genre, mais point trop n'en faut) et j'ai même eu un mouvement de recul à la lecture de la  rencontre-ratée (dans tous les sens du terme) des deux héros. Néanmoins, quand l'auteur s'affranchit du carcan de la chick litt, on ne peut qu'apprécier la description des coulisses de ce monde du luxe.J'ai aussi été très touchée par la description de cette tribu familiale et matriarcale de l'héroïne.Ces femmes chaleureuses et hautes en couleurs entraînent aussitôt notre sympathie, plus peut être d'ailleurs que Dahlia qui est une allumeuse sans scrupules...
La scène finale, par son point de vue original, rattrape largement le début et entre les deux on ne s'ennuie pas une minute !
Un roman qui tient ses promesses : nous faire passer un bon moment.

Le site de l'auteure

01/05/2008

Marions-les ,marions-les

Ne pas se fier à la couverture sucrée du roman d'Audrey Diwan, la fabrication d'un mensonge n'est pas un roman sentimental , loin s'en faut.51zBBqZP9LL
De mariage  il en sera certes question puisque l'héroïne qui  navigue depuis sept ans  de la philosophie  à l'ethnologie  en passant par l'histoire  de l'art, trouve un job d'été dans une boutique un peu miteuse "Mariage 2000". C'est là que Raphaëlle va se jeter "avec une certaine  allégresse"  dans les  griffes de Lola, menteuse  patentée.
La dilettante qui travaille "pour qu'il lui arrive des choses" connaîtra  une expérience marquante avec cette fille débrouillarde et rusée qui la fascine.
Un style vigoureux et une vraie aisance dans la narration. Une  auteure  à découvrir  et à suivre.

L'avis plus nuancé de Laure

22/04/2008

"Chansons pour bestioles"

Les bestioles , ce sont les autres,ceux avec qui Marthe tentent d'établir un semblant de communication. Mais rien n'y fait: dès que La jeune femme apparaît, la réalité dérape subtilement jusqu'à dérailler complètement comme le train dans lequel elle a pris place au lieu d'aller à son travail.51M__MzzqVL
En effet, Marthe a décidé de changer de vie (thème à le mode) et ne fera désormais que ce qui lui plaît.
Cette difficile exigence n'est pas du tout envisagée de manière banale dans le premier roman de Cécile Reyboz. Pas d'histoire à l'américaine , triomphaliste, mais un personnage qui nous entraîne dans son univers, qui  est presque le notre mais pas tout à fait. En effet, Marthe ne maîtrise pas son corps dans l'espace et envisage celui des autres d'une manière toute particulière...
Habillée comme un évêque ou comme une putain, répétant ses prises de parole, voire les mimant, Marthe se veut critique vis à vis de ce que l'on appelle la réalité et semble en perpétuel déséquilibre.
Chanson pour bestioles   est un roman qui possède à la fois un vrai univers à la fois cocasse et poétique ,un style subtilement dérangeant et une narration habile. Une auteure à suivre.

ps: ce roman vient d'obtenir le Prix Lilas.

L'avis de Mous

11/04/2008

Où rôde le fantôme de Perec

Attirée par le titre de ce roman,, derniers vers du poème  de Perec, Déménager, j'ai entamé avec enthousiasme la lecture du texte de Lise Beninca, Balayer fermer partir.31DfReycEcL
Si le  début et la fin (vraiment originale) m'ont intéressée, je me suis peu à peu perdue dans les méandres des  réflexions de la narratrice sur ce que signifie l'occupation de l'espace.
Beaucoup  de références à Perec  qui le premier s'était penché sur la question, mais bizarrement ni le titre ni l'extrait du poème mentionné plus haut ne lui sont attribués.
je suis restée totalement extérieure à ce texte aride et sans chair.
Un grand merci à Guillaume Teisseire de Babelio qui  a tenu , très gentiment, à se substituer aux éditions du Seuil dans le cadre de l'opération Masse critique.

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10/04/2008

La fille transparente

Bon, allez, je peux le dire maintenant, puisqu' il y a prescription: la seule chose que j'avais aimée dans Elle fait des galettes, c'est toute sa vie était ...la  couverture rayée !9782915779080
Même si celle  de Ker Violette est très réussie aussi (dans un autre genre)( n'oublions pas que Karine Fougeray a été graphiste dans une autre vie) son héroïne restera longtemps dans ma mémoire.
Excessive, cette fille qui cherche son cheval, l'est jusqu'à l'outrance.Cette sirène "qui a des écailles en elle" navigue entre terre et mer(e). Au fil de ses rencontres, les fils du passé se dénouent et le portrait se précise peu à peu. L'enfant blessée réapparaît dans Clara qui se jette avec avidité parfois sur les hommes ou les bolées de champagne...
Dans une langue très imagée, où surnagent parfois quelques clichés, scories qui auraient facilement pu être gommées, Karine Fougeray nous propose une histoire attachante dont les personnages sonnent juste. Un roman que j'ai lu d'une traite même si je n'ai pas de sympathie particulière pour les chevaux !

Le blog de l'auteure

Elles ont été emballées et ont su vaincre mes réticences : 

Clarabel

Laure

03/04/2008

Le téméraire

Le narrateur, venu, comme d'habitude passer ses vacances en famille dans  sa maison de  la côte normande, va peu à peu délaisser sa femme et ses deux filles au profit  d'une vieille dame qui le rudoie mais le fascine.51DfZ3MbPqL
Nouée incidemment, cette relation toute platonique, sera l'occasion d'un dialogue haché concernant la culture Hopi et le  voyage d'André Breton aux Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale. Choc de cultures, transformation du sacré en oeuvre d'art. cette partie "historique" aura des  retentissements dans le présent du narrateur qui risque gros en  se laissant entraîner...
La chaleur et la poussière du désert évoqués s'opposent à la réalité du climat humide de la Normandie. Passé et présent se rejoignent dans un rythme lent qui diffère sans cesse la révélation de secrets...
Ce très beau texte de Claudie Gallay,  Dans l'or du temps m'a fait penser au film de Josée Dayan "Cet amour-là"traitant de la  relation entre Marguerite Duras et Yann Andréa. Même attraction des jeunes hommes. Mêmes rudoiements de la part des femmes âgées. Même décor.Mais bien évidemment,le thème en est tout différent.
Un texte insaisissable comme le sable du désert.

L'avis de  Clarabel

Katell

Lily


 

31/03/2008

"Le corps cassé/toujours vivant/ je traverse l'été."

Deux femmes issues de milieux sociaux tout à fait opposés.  L'une très jeune, mère involontaire, qui s'apprête à  accoucher sous X, Emilie. Judith, quant à elle, espère avec ferveur la naissance de son enfant,  enfant qui ne survivra pas.  Une  logique folle se met alors en marche...A ce moment là du récit (nous ne sommes qu'au tout début de l 'action) j'ai failli lâcher le roman de  Karine Reysset, Comme  une mère.
Envisager quasi simultanément les deux faits que redoute le plus une mère me semblait de l'ordre de l'insoutenable.41qFm7cTFLL
Il faut savoir passer outre et découvrir les merveilles que recèle ce roman. L'auteure, en effet, fore avec obstination ce thème de la maternité, traque les ressemblances entre ces deux femmes dans leur rapport à la  maternité. Toutes deux , pour des raisons  totalement opposées auraient pu prononcer ces  paroles : "Ma bouche lavée à grande eau de tous ces mots liés, ces mots tordus et râpeux comme  de la laine de fer."  le  récit rebondit sans cesse, même si le rythme semble volontairement ralenti, comme  si  nous évoluions dans un cauchemar ...
Le séjour dans la thalasso nous montre également une lutte des classes en sourdine, feutrée...Sous des dehors bien lisses, la réalité est plus râpeuse...
La langue de Karine Reysset, toute en retenue, sauf  quand explose la violence des mots enfouis depuis trop longtemps, nous fascine et nous entraîne dans sa poésie âpre et tendre.  A tenter absolument.

Un grand merci à Amanda qui a  fait voyager ce livre et a su me  donner envie de le découvrir.

Pour retrouver un autre titre de cette auteure en poche, c'est ici.

28/03/2008

"Elle pourrait marcher sur les nuages, s'endormir parmi les étoiles et croquer un bout de lune brune"

Si vous avez parfois rêvé d'être une petite souris pour savoir comment vivent, rêvent, espèrent,s'ennuient les  ados d'aujourd'hui, alors ce livre est pour vous ! 51JEkM_858L
Dans La vie rêvée de Mademoiselle S., Samira El  Ayachi, dans un style très imagé (juste un cliché ou deux qui auraient pu passer à la trappe) , nous relate la vie d'une héroïne avec qui elle a du avoir quelques points communs dans un passé pas si lointain car l'auteure est toute jeune.
Salima est bonne élève mais voudrait avoir de l'argent dans ses poches et se présente pour un poste de femme de ménage...Salima nous raconte ses amis de tous âges et de toutes origines  dans cette banlieue lilloisse  ni pire ni meilleure qu'une autre, les profs, les fêlés du quartier, esquivant avec tendresse et humour tous les clichés que l'on craignait de rencontrer.. On la suit aussi au Maroc pendant son séjour estival, fidèle à ses racines, mais bien contente de rentrer en France car "Ici, je ne suis qu'une Française aux mains et aux pieds de verre." Le roman vaut surtout pas le ton et le style de l'auteur, on sent un souffle, une inspiration, un amour des mots. Samira El Ayachi file les métaphores  avec brio, enchaîne les périphrases, les métaphores poétiques (un bus devient une roulotte où  une femme se métamorphose sous nos yeux) et nous embarque dans les visions et les rêves de son héroïne."Tu délires. Oui, c'est vrai. mais je ne trouve pas le  sommeil. ça fatigue de vivre.  Il en faut del 'énergie , pour  se couper de ses rêves, courir après le métro, le  bus,  aller en cours, manger,  rire, faire bien ses devoirs,  embrasser le front ridé  de sa mère,  celui  de son père (enfin,  quand il n'est pas sur les  routes). et encore  faire  ses devoirs, ceux de  la petite soeur, et aider les  voisines.  Repasser ses fringues pour le lendemain.  Rêver les  yeux ouverts d'un prince  imbécile  aux yeux verts et vivre pleinement le  présent de ses  dix-huit ans."
Manque juste une véritable tension dramatique...Un bon moment néanmoins. une découverte à poursuivre

21/03/2008

Charlémoi , émois émois émois ...

Charlémoi est un récit à plusieurs voix. Celle d'Edouard d'abord, auteur de jeunesse pour enfants qui part faire le point dans la riante région des Vosges . Celle de Gloria, qui travaille en usine et qui pense beaucoup trop aux autres et pas suffisamment à elle même ...Celles d'autres personnages ( y compris une lampe  chez un artiste !) encore viendront se mêler et petit à petit vont se renouer les fils du passé d' Edouard, ce passé qu'il traîne comme un sac trop lourd...
D'emblée le lecteur est séduit par le style de Christine Jeanney et si Edouard se désespère que ses livres ne soient pas  "recyclabe[s] en cotations", tel  n'est pas le cas ici, mon exemplaire de Charlémoi étant tout hérissé de bouts de papiers ! Mais attention pas de citations pontifiantes à coller comme autant de fleurs séchées dans un herbier ! Non! des citations comme  autant de diablotins sautillants qui viennent vous faire sourire ou vous émouvoir car Christine Jeanney aime les mots* et les manipule avec fluidité et dextérité.
Si j'ai d'abord marqué une nette préférence pour le  personnage de Gloria, Edouard me  semblant risquer un peu la nombrilite aiguë,je me suis petit à petit attachée aussi à ce personnage changeant et plus sombre qu'il n'y paraît de prime abord. 51zDz7FY1RL
Avoir du style, c'est bien mais savoir raconter une histoire c'est encore mieux et l'auteure s'y entend parfaitement aussi. je me suis laissée chahuter par la  construction éclatée (j'adore ça) et c'est un peu sonnée mais souriante que j'ai terminée la lecture de Charlémoi. Un pur moment de plaisir ! à quand le  suivant, Christine ?

Ps:  ne comptez  pas sur moi pour en faire un livre voyageur, je me  le garde jalousement tout hérissé qu'il est car il faut faire vivre  les petites maisons d'édition courageuses !

*  Et les livres aussi! D'où une description de librairie aussi jouissive que celle de Jean-Marie Gourio dans Chut !
-L'avis plus qu' enthousiaste de Cuné

le  blog de l'auteure .

Le site de la maison d'édition

13/03/2008

Pourquoi je réessaie quand même ....

D'abord, je me laisse tenter par les titres à la fois poétiques et diablement efficaces: Cet effrayant besoin de famille, le privilège des rêveurs...510GE2z8RPL
Ensuite, ces familles improbables, souvent au coeur de ces romans m'intéressent beaucoup...L'écriture de Stéphanie Janicot, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, est agréable et je lis ses textes jusqu'au bout mais avec toujours un sentiment d'insatisfaction.
La lecture du Privilège des rêveurs m' a permis de mettre le doigt sur ce qui me chiffonne: les sentiments sont bel et bien présents mais exprimés de manière trop feutrée, pas assez heurtée. Les conflits restent larvés et j'ai trouvé que la relation entre cette fille abandonnée par sa mère et cette dernière étaient trop rapidement pacifiée. Les problèmes se résolvent bien trop harmonieusement, les aspérités de la vie étant trop vite rabotées. J'ai néanmoins apprécié la description de la relation trouble qui s'établit entre l'écrivaine héroïne du privilège des rêveurs et le modèle réel dont elle s'est inspirée pour un de ses personnages.

les  avis plus enthousiastes de

Gachucha

Clarabel

Laurence