04/10/2008
"Tout passe, tout casse, sauf l'amour . Pourquoi ? "
A coups de phrases souvent courtes, hachées, Arno Reyes nous raconte son histoire d'amour avec Giannina. Une histoire d'amour commencée sous les auspices les plus poétiques et qui, après la naissance de leur fils va prendre une toute autre tournure...
Rien que de banal à première vue.
A seconde vue aussi.
L'embêtant en outre est que je n'ai pu me défaire d'une impression de malaise face à cette théâtralisation de l'amour clairement revendiquée par le narrateur, l'impression permanente que le narrateur se regarde tomber amoureux ... : "J'ai sans doute hérité du caractère burlesque et débridé de mon père et des qualités théâtrales de ma mère. Comme elle, j'avais besoin de mettre ma vie en scène.", ce qui nous vaut des phrases définitives comme celle-ci : "La journée du lendemain a changé ma vie."
Sortez les violons , musique dramatique pour souligner l'effet.
On aurait aussi voulu que les personnages aient un vrai arrière-plan; le narrateur par exemple ,nous dit qu'il est singe, comprendre qu'il réalise des travaux acrobatiques à travers le monde. A le lire, on croirait volontiers que cela consiste uniquement à monter et descendre d'avion...
La deuxième partie, plus réussie à mon avis laisse un goût d'amertume : les histoires d'amour finissent mal...Vous connaissez la chanson.
Bref, un goût d'artificiel et de déjà lu, tempéré cependant par de jolis moments d'émotion dûs au personnage de Giannina.
Merci à
et aux Editions Héloïse d'Ormesson
L'avis de Clarabel
Celui de Lucie.
Celui de Thaïs
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (23) | Tags : amour, eric genetet, le fiancé de la lune
02/10/2008
"Nulle et nulle part."
"Oui, il voulait que les livres lui montent jusqu'aux yeux,lui révèlent le monde . Oui, il était sûr que la lecture d'un vrai texte change le regard de celui qui lit. Sa force à lui, elle est là, dans les livres."
Ce credo réconfortant d'un professeur de français est une des jolies découvertes du roman de Jeanne Benameur, Présent ? .
Lu pendant les vacances (quel masochisme !), j'ai failli interrompre la lecture de ce texte quasiment dès le début, freinée que j'étais par certains monologues, trop lyriques à mon avis, de cette jeune professeur des sciences de la vie et de la terre qui se demande si elle va continuer à enseigner. Finalement, j'ai vaincu l'obstacle et lu d'une traite ce récit polyphonique d'une journée cruciale à l'intérieur d'un collège de banlieue:celle du conseil de classe , couperet ou passerelle vers l'avenir, selon le verdict.
Maintenant que j'ai repris contact avec la réalité de l'enseignement, je dois avouer que le roman de Jeanne Benameur ne me convainc plus autant, sa vision étant trop idéalisée.
L'avis de Gambadou
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : collège, profs, enfants, présent, jeanne benameur
26/09/2008
"Du côté de "Chez Nous".
"Chez nous "est un café du Nord de la France où tinte La petite cloche au son grêle, petite enclave de bonheur tranquille où se blottissent Aldo, le père, Paola la mère et leur fils unique, Paolo. Leur vie douce, pleine de tendresse, va être quelque peu chahutée par la découverte de Proust. La mère est ravie que son fils lise enfin, le père,se sentant mis de côté "-Ce Proust, il commence à me les briser franchement !" découvre en catimini cet auteur intimidant par le biais d'un "Abécédaire "qui lui est consacré, "Hélas, les choses se gâtent le jour où il tombe sur la lettre H, celle qui abrite Homosexualité (voir Inversion) ainsi que sur la lettre O Comme Odette mais surtout comme Onanisme." Cette lecture entraînera d'ailleurs toute la petite famille en pélerinage à Cabourg, au Grand Hôtel...
Le roman de Proust servira aussi à jouer à l'intello pour plaire aux filles, ou plutôt à celle que Paolo a remarqué depuis longtemps...La dernière "utilisation" de l'auteur de "La recherche du temps perdu" est encore plus émouvante et explique le tutoiement systématique qui m'avait un peu déstabilisée au debut de ma lecture.
Premier roman de Paul Vacca, La petite cloche au son grêle, réussit le pari d'évoquer le monde de l'enfance sans mièvrerie, une enfance à la fois enjouée et tragique. Il nous montre une nouvelle fois le pouvoir de la littérature.
L'avis de Bellesahi
Celui de Moustafette.
Un coup de coeur pour Mireille
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : proust, amour de la lecture, enfance, paul vacca, la petite cloche au son grêle
23/09/2008
"Où et quand commence une famille? "
Sur une impulsion,Sabine,embauche au sein de l'entreprise familiale un parfait inconnu, Pierre. De simple factotum celui-ci va bientôt prendre une place importante autant dans l'entreprise que dans la famille Bérynx. Quelques années plus tard, il disparaît brusquement , laissant chacun face à ses fêlures...
Alléchée par un début intriguant,j'ai aussitôt été embarquée dans cette histoire familiale, sans pour autant retrouver le même plaisir que dans Magnus.Le nouveau roman deSylvie Germain, L'inaperçu, est traversé de très belles images d'arbres, de peintures et le style de l'écrivaine est toujours aussi beau mais...
Faute de réelle tension dramatique, j'ai en effet eu l'impression de voir défiler la vie de cette famille derrière une vitre, de me laisser aller au fil del'histoire,guettant mais en vain l'étincelle qui ferait flamber mon enthousiasme.
Un grand merci à Alexandra de chez Hautetfort grâce à qui j'ai pu lire ce livre, ainsi qu'aus éditions Albin Michel.
L'avis d'Amanda.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : famille, peinture, l'inaperçu, sylvie germain
19/09/2008
"et je me dis que tenir à une grand-mère, c'est pas plus reposant que tomber amoureux."
La peste (Camus), La promesse de l’aube (Gary) , Le vieux qui lisait des romans d’amour (Sepulveda), c’est en partageant la lecture de ces trois romans que Germain, le balourd, l’abruti quasi analphabète et Margueritte, la vieille dame fluette et cultivée, vont tisser des liens sur un banc de jardin public.
Germain qui a La tête en friche, va peu à peu évoluer grâce aux livres , dans ses relations avec les autres mais aussi en réfléchissant sur lui-même.
Le joli roman de Marie-Sabine Roger nous montre que le vocabulaire nous permet d’affiner nos pensées et par là même nos actes.L’auteure peint avec tendresse les relations quasi filiales qui s’établissent entre ces personnages en apparence si dissemblables
De jolies trouvailles linguistiques quand Germain malmène la langue mais aussi un sentiment de facilité et de fatigue dû ce torrent de langage grossier qui se déverse sur nous. Une réussite en demi-teinte.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : tendresse, personnes âgées, lecture, pouvoir des mots, la tête en friche, marie-sabine roger
11/09/2008
"Les arcs-en ciel sont sourds et les trésors ont disparu."
Pour empêcher la jeune L. de commettre le pire, l'ange (son ange gardien ? ), utilisant une régie particulière projette devant elle des moments clés de sont existence, qu'ils soient joyeux ou pénibles. Simultanément s'instaure un dialogue très animé entre les deux personnages , dialogue d'autant plus important que pour l'ange "les mots sont des tiroirs, ils dissimulent des trésors aigres et doux. Je voudrais juste que tu apprennes à les comprendre , à déjouer leurs pièges, à passer à travers leurs apparences. Un mot de haine, parfois c'est un cri."
Mais qu'ils sont durs les mots pour qualifier cette jeune fille . Ceux de ses camarades de classe: "La mère fait des ménages, la fille fait des saletés."ou ceux de la mère justement "qui n'étaient pas des gros mots , mais des mots épais. Impossible à digérer." Toute tentative pour les utiliser avec plaisir ces mots est bientôt réprimée, ainsi pour l'institutrice de son enfance : "On ne pouvait pas parler de tout en poésie. Le dernier poème s'appelait La Bouteille de papa."
Les mots de tendresse, ils sont pour l'ange "Mon ange" car "C'était peut être l'amour qui manquait. La possibilité de croire qu'il existe."
Beaucoup d'ellipses et d'implicite dans Il n'y a pas d'ange. Anne Mulpass laisse au lecteur le soin de combler les trous du récit, de formuler clairement ce qui est suggéré, conférant ainsi une forte densité à ce roman parfois oppressant. Cependant la prose poétique de l'auteure nous offre quelques échappées bienvenues, quelques bouffées d'air frais pour échapper à ce mal être de l'adolescence si bien dépeint. On pourrait reprocher à ce roman son déterminisme mais tous les membres de la même fratrie ne réagissent pas de la même manière à ce qu'ils vivent au sein du huis-clos familial. D'ailleurs les différents points devue des protagonistes qui sont proposés permettent de relativiser ou d'éclairer d'un jour nouveau les événements.
Une oeuvre puissante et émouvante mais que je ne proposerai pas à un ado en plein désarroi.
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : adolescence, mal-être, poésie, il n'y a pas d'ange, anne mulpass
09/09/2008
Bande de vieilles taupes
"Vestiaire de rugby",ring de boxe ? Non , Cabine commune d'essayage dans une boutique de luxe.
Sous forme de dialogues enlevés, sans une ligne de description, Delphine Bertholon réussit le pari de croquer sur le vif, les clientes (ou clients) et le personnel de ce magasin de vêtements féminins.
De bizarres tribus s'y croisent le temps d'un essayage: "Celle-qui-veut-tout-pareil-que-la- voisine", les "Princesses", celles qui ont un problème avec leur corps : elles vont perdre deux kilos, elles n'ont jamais mis de 40 de leur vie... Elles mettent les nerfs des vendeuses à rude épreuve , vendeuses qui prédisent que "Bientôt les meurtres en boutique par des vendeurs excédés vont se généraliser(...) Un mal nécessaire, quoi !".
Unité de temps, une semaine, unité de lieu, la cabine, ce cadre bien précis donne toute leur force à ces mini-drames qui se donnent à voir.
Beaucoup d'humour (et de patience) sont nécessaire au personnel du magasin pour faire face à ces clientes , telle celle-ci qui affirme tout de go:"-Le mohair ça grattouille l'angora ça peluche la soie c'est fragile le cachemire ça fait des bourres et le mérinos ça rétrécit.
- Vous êtes sûre que vous voulez de la laine? ".
Néanmoins ces cabines ont un avantage pour certaines: "Je ne viens pas pour acheter. mais voir tous ces corps défraîchis à côté du mien, ça me remonte le moral ! Vos cabines communes, c'est ma cure de jouvence!". On peut quasiment en dire autant du roman de Delphine Bertholon : on en sort le sourire aux lèvres, toute ragaillardie !
06:00 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : femmes, humour, delphine bertholon, cabine commune
04/09/2008
"Qu'ont-ils fait de toi, ma petite pierre ? "
"Pour vous" est l'agence qu'a créée Delphine, agence discrète destinée à satisfaire les demandes les plus bizarroïdes en matière de relations humaines. Scandé par les rapports circonstanciés et les tarifs de ses prestations, la narratrice, créatrice et directrice de ces prestations de services , égrène les récits de ses interventions, nous raconte ses débuts quasi involontaires ainsi que son évolution- bien involontaire- au contact d'un client tout à fait particulier qui lui ouvrira, peut être, enfin, le chemin de la compassion.
D'emblée, le premier chapitre nous plonge dans un atmosphère opressante quand nous découvrons jusqu' où Delphine est allée et ce sans le moindre état d'âme. Pas question ici d'empathie ou d 'altruisme. Tout est question de tarifs. Les demandes des clients : "Il n'est rien dont nous ne fassions commerce, la vie, l'amour, la mort."- sont dérangeantes à plus d'un titre. Comment peut-on se sentir si seuls et demander à une étrangère de mimer des sentiments ? Comment peut-on accepter de telles demandes ? Je ne vous les détaillerai pas , vous laissant le soin de les découvrir avec peut être le même sentiment d'angoisse que celui que 'jai éprouvé. Certes, Delphine va évoluer mais on peut se demander si elle n'a pas vraiment loupé le coche en chossissant de se calfeutrer dans une telle carapace, bien à l'abri des sentiments, cette absence étant "l'âme et la colonne vertébrale de Pour vous." Un jour Delphine va ouvrir ce qu'elle appelle elle-même, la boîte de Pandore,boîte qui rappelons-le contenait les malheurs et les maladies. Seule était restée l'espérance...
Un roman dérangeant où l'on retrouve l'écriture souple et délicate de Dominique Mainard. Un roman qui nous invite à une réflexion sur notre société et sur les rapports humains, nous offrant au passage une galerie de personnages plus vrais que nature.
06:06 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : ouverture à la vie, relations humaines, dominique mainard, pour vous
03/09/2008
"C'est la vie qui vous tombe dessus."
Un enfant et son père , sans oublier le chien, crapahutent dans les gorges.Il ne se passe presque rien, sauf la vie qui passe, les senteurs, la lumière, les sensations : "Je n'ai jamais autant savouré cette chaleur." Puis tout s'accélère, Tom va devenir grand frère un peu plus tôt que prévu...Mais le père et le fils vont partir à la rencontre du nouvel enfant "D'un drôle de pas qui prenait son temps."
Hanno qui nous dit la présentation "Ne mange pas de cerises en novembre. Et dès l'automne, il n'est plus question de tomates. Les tomates, c'est l'été. Ou alors en bocaux. Quand on sait ça, on est à moitié paré pour la vie. On empile sur l'étagère des bocaux de mots pour passer l'hiver." ne pouvait que m'être sympathique. Quant à son livre, Sur le bout des doigts, imprimé ""à tâtons" pour le compte des Editions Thierry Magnier, il faut absolument le mettre sur nos étagères pour passer l'hiver avec des phrases telles que celles-ci : "Chaque jour est une naissance.Pour chacun.Des fois on a des yeux, des fois on n'en n'a pas. Parfois c'est les mains qu'on n'a pas, d'autres fois, le coeur qu'on a en pierre." Un livre à glisser dans la poche et à chérir.
L'avis de Bellesahi que je remercie pour la découverte.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : enfance, sens, sur le bout des doigts, hanno
01/09/2008
Ah mais lis, mais lis vite !
Mélie, soixante-douze ans reçoit pour la première fois pour toutes les vacances sa petite-fille, Clara, clarinette, qui va entrer en Cm2 à la rentrée. En même temps, la vieille dame apprend qu'elle a un souci de santé mais décide de ne pas approfondir pour l'instant et n'ouvre pas l'enveloppe contenant le résultat de ses analyses, bien décidée à profiter de ses vacances au maximum...
Et les vacances seront effectivement inoubliables pour tout le petit monde heut en couleurs qui gravite autour de Mélie, mamie gentiment indigne mais pleine d'amour , non seulement pour sa lignée mais aussi pour un vieux bonhomme qui répare tout ce qu'elle détraque sciemmnt dans sa maison...
Ce livre sent bon les confitures de prunes, l'amour sans mièvrerie sous toutes ses formes , évoqué avec beaucoup de délicatesse et avec tout l'humour et la verve déjà rencontrés dans Allumer le chat*.
Barbara Constantine aurait pu éviter quelques facilités (faire parler des meubles ) mais bon, on lui pardonne car A Mélie, sans mélo est un roman qui donne le sourire, un roman où l'on prend le temps d'observer les bambous pousser ou une araignée tisser sa toile, de quoi prolonger joliment nos vacances !
* annoncé en poche.
06:05 Publié dans romans français | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : humour, tendresse, vacances, à melie sans mélo, barbara constantine