07/06/2010
De l'eau pour les éléphants
Sur fond de prohibition et de crise de 29, un cirque qui voudrait égaler Barnum sillonne les Etats-Unis , comme c'était l'habitude à l'époque, en train. Parmi la foule des animaux, des techniciens et des artistes, un nouveau venu: Jacob Jankowski, un orphelin de fraîche date, promu vétérinaire soigneur.
Il va découvrir l'envers du décor et l'exploitation sans vergogne des hommes et des animaux.
Roman d'apprentissage, De l'eau pour les éléphants est bien huilé, un tantinet prévisible mais on prend beaucoup de plaisir à découvrir la vie de ces cirques ambulants. Sara Gruen a le chic pour rendre ses personnages attachants et bien visibles.
Un roman sans prétention ,qui n'a ni le souffle ni l'ambition d'un Steinbeck ou d'un Zola, mais qui se lit avec beaucoup de plaisir.
De l'eau pour les éléphants, Sara Gruen, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Valérie Malfoy, Albin Michel 2007 , Livre de poche 2009, 469 pages qui glissent toutes seules.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : sara gruen, cirque, dépression 1929
02/06/2010
Les silences
"Dans le monde des hommes, seul l'amour est à même de combler les manques."
Deux" couples " frères-soeurs, très dissemblables en apparence, vont lutter chacun à leur façon pour la possession d'un mas cévenole, splendidement isolé.
D'un côté, Aramon qui y vit seul, dans un capharnaüm et une saleté indescriptibles. Non loin de là, sa soeur , Audrun, habite une bicoque, "verrue" qui dépare la beauté de la propriété de son frère. De l'autre, nettement plus raffinés, une Anglaise déjà installée dans la région, Veronica, qui va aider son frère Anthony à trouver une demeure pour redonner un sens à sa vie. Cette maison devient vite un enjeu crucial qui va réveiller au passage de vieux traumatismes de l'enfance chez chacun des personnages , traumatismes qui les rendent à la fois vulnérables et capables de tout. Quand Anthony jettera son dévolu sur le mas cévenole, la tragédie pourra se mettre en marche.
Rose Tremain a le chic pour créer une ambiance lourde et étouffante, son intrigue est parfaitement structurée et efficace mais je n'ai pas totalement adhéré au personnage d'Audrun dont la psychologie m'a paru un peu trop sommaire. Le lecteur français de régalera au passage de l'obsession de nos amis d'outre Manche quant à l'innocuité du contenu de leur sandwich, ne risqueraient-ils pas leur vie en mangeant un fromage non pasteurisé ?
Trêve de plaisanterie Silences est un bon roman, dense et prégnant mais je lui préfère néanmoins les premiers textes de Rose Tremain, Le royaume interdit et L'été de Valentine, dont je garde un souvenir intense.
Les silences, Rose Tremain, traduit de l'anglais par Claude et jean Demanuelli, Jean-Claude
Lattès, 2010, 398 pages.
L'avis de Cuné .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : rose tremain, les anglais en france
28/05/2010
Nage libre
"Tu ne connais rien au monde, suppôt de Dieu."
L'eau est son élément. Et ce depuis l'enfance. Rien d'étonnant alors à ce que Philomena, nonobstant (ou à cause d') une série de catastrophes familiales devienne une championne ployant sous les médailles. Las, son quart d'heure de gloire se terminera plus tôt que prévu et la jeune femme devra se réadapter à la terre ferme, non sans difficultés.
Des personnages hauts en couleurs auxquels on s'attache immédiatement, une narration tout en ellipses, qui glisse, presque par inadvertance, des informations cruciales pour désamorcer tout pathos, un style à la fois poétique et bourré d'humour (il faut voir comment Philomena s'adresse aux garçons !), comment ne pas craquer pour Nage libre ?
Eprouvant une féroce aversion pour les piscines en général et la natation en particulier, j'ai pourtant adoré chaque ligne de ce roman. La description des compétitions que j'appréhendais un peu est totalement déroutante et splendide. On se prend des coups à l'estomac et au coeur, on a les larmes aux yeux et la seconde d'après on sourit largement, on est happé dans un maëlstrom de sensations et d'émotions et à peine a-t-on fini ce roman qu'on y replonge à nouveau pour y piocher au hasard de petites pépites. Un grand grand coup de coeur !
Nage libre, Nicola Keegan, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Madeleine Nasalik, L'olivier 2010, 424 pages qui ne sentent même pas le chlore.
Merci Cuné !
Amanda, elle aussi séduite !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (20) | Tags : nicola keegan, natation, famille, soeurs
24/05/2010
Eté
"L'été rince la douleur de nos corps."
Après un Hiver particulièrement rigoureux, le choc thermique est rude pour le lecteur qui va accompagner Malin Fors dans une nouvelle enquête au coeur d'un Eté caniculaire !
Un tueur en série s'en prend cette fois à de très jeunes filles qu'il appelle "Mes anges d'été". En effet, comme dans son précédent opus Mons Kallenfort nous fait partager les pensées des victimes décédées mais aussi celles de l'assassin.
Le lecteur retrouve avec plaisir les personnages rencontrés précédemment et même si l'enquête semble au début un peu languissante, pâtissant de la chaleur accablante, les rebondissements ne manquent pas, y compris dans la vie personnelle de Malin qui gagne ici en densité.
L'auteur rend palpable l'opposition entre l'eau et la chaleur caniculaire qui court tout au long du texte et cette atmosphère jugée dantesque par les enquêteurs mais salvatrice par le tueur.
Un roman qui confirme pleinement le talent de cet auteur suédois.
Eté, Mons Kallentoft, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, 440 pages .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : mons kallentoft, canicule, policier, suède
21/05/2010
Juliet, naked
"Si j'ai envie que quelqu'un me crie dessus pendant 45 minutes, j'appelle ma mère."
Fan inconditionnel de Tucker Crowe, ex-chanteur des eighties, Duncan ne se rend pas compte que sa compagne , Annie est de plus en plus agacée et frustrée. rien de bien folichon en effet dans ce couple où l'amour ou la passion ne semblent pas avoir joué de grand rôle.
A l'orée de la quarantaine, Annie se demande donc si elle n'a pas gâché ces quinze dernières années et sa chronique sur le dernier disque en date de Tucker Crowe, "Juliet, naked",va déclencher un véritable cataclysme.
Féru de musique, on le sait depuis ses premiers romans, Nick Hornby brosse ici , sous prétexte d'étudier le phénomène des fans, le portrait acide et drôle d'un couple au bord de la crise de nerfs, mais qui reste toujours très digne et s'affronte à fleurets mouchetés. Il scrute avec une attention sans faille les paroles et les gestes bien rôdés, la manière dont chacun sait comment l'autre va les interpréter...
Les notices Wikipédia et les transcriptions hilarantes des interventions sur les forums rendent encore plus attachant ce roman qui me réconcilie définitivement avec Nick Hornby. Ce pourrait être déprimant ou d'un optimisme forcené, c'est plein d'humanité , d'empathie et d'humour, et ça donne une folle envie d'aller sur la plage surannée de Gooleness ...
Juliet, naked, Nick Hornby, 10/18, 2010 , traduit de l'anglais par Christine Barbaste, 313 pages qui sonnent juste.
Plein d'avis un peu partout ...
Ys,
Pas une seule fausse note pour l'instant ...
N'hésitez pas à me donner vos liens!:)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : nick hornby, fan de musique, couple
19/05/2010
Maîtresse
"...je devais prétendre qu'il restait en moi quelque chose de vivant."
En 1882 dans le Sud des Etats-Unis, la vie n'est pas aussi flamboyante et douce qu'on pourrait le croire. La révolte commence à gronder et les Blancs ont fort à faire pour conserver les Noirs sous le joug de l'esclavage.
Mais qui vit vraiment , Manon, jeune femme désabusée qui se refuse à son mari tyrannique ou Sarah, l'esclave qui dissimule soigneusement ses pensées et passe ses nuits avec l'époux de Manon ?
Ni avec toi ni sans toi pourrait être le leitmotiv de Manon qui n'arrive pas à se défaire de cette esclave qui l'humilie en sourdine. Une valse-hésitation fascinante où les rapports de force changent sans cesse, où la manipulation se fait feutrée, se donne ainsi à voir.
Bien que les romans historiques ne soient pas vraiment ma tasse de thé, ,ayant beaucoup aimé le précédent roman de Valerie Martin, j'ai enchaîné avec celui-ci et bien m'en a pris. En effet, même si l'auteure s'est appuyée sur une documentation solide , elle a su s'en affranchir pour mieux insister sur les rapports troubles qui se nouent entre les deux femmes. Un roman acide est troublant. A découvrir.
Maîtresse, Valerie Martin, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier, Albin Michel 2004, livre de poche 2006.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : valerie martin, esclavage
14/05/2010
Maria avec et sans rien
"Dans le monde entier, il n'y avait pas autant de calmants qu'il y avait de périls imminents."
Maria a tout perdu : son réalisateur de mari, Carter, parti tourner sans elle dans le désert; sa fille de quatre ans, Kate, internée. Maria, actrice de seconde zone, veut se battre pour récupérer Kate mais dérive dans un monde factice, vide, où les amours et les amitiés sont instables et fugitives, celui de la bourgeoisie intellectuelle de la côte ouest. Alors elle roule sur les autoroutes, tentant vainement d'instaurer une sorte de cadre, ne serait-ce qu'horaire , à sa dérive.
Il faut accepter de perdre parfois ses repères pour accompagner Maria dans ces 80 scènes brèves qui nous la peignent de manière à la fois sensible et détachée. Un livre fascinant.
Maria avec et sans rien, Joan Didion,traduit de l'américain par Jean Rosenthal, pavillons poche Robert Laffont, 233 pages .
L'avis de Joëlle.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : joan didion
12/05/2010
Indesirable
"Sauve qui peut, voilà la fille aux frelons !"
Sur fond de préparation de l'opinion publique américaine à la guerre en Irak, un couple d'intellectuels de la banlieue aisée de New-York, Brendan et Chloe, voit son monde douillet menacé. D'abord par la présence sur leurs terres d'un braconnier. Puis par l'irruption dans leur vie bien lisse de la nouvelle petite amie de leur fils, une jeune réfugiée Croate, au caractère bien trempé, Salomé : "Une sensation déconcertante, comme lorsqu'on voit une araignée sortir fièvreusement de quelque trou noir dans la cave." Le ton est donné.
Avec cette jeune femme, c'est tout un monde étranger et sauvage, marque par la violence de l'Histoire qui va bouleverser leur existence de fond en comble.
Ce n'est d 'ailleurs pas un hasard si Chloe illustre Les Hauts de Hurlevent , et travaille en particulier sur l'identité de Heathcliff...Par ailleurs, Brendan qui est historien mais travaille sur un sujet bien plus confortable et distancié, les croisades, va se trouver confronté de plein fouet à un conflit bien plus contemporain, ce qui nous vaudra des pages très dures consacrées à l'ex-Yougoslavie.
Valerie Martin maîtrise totalement son écriture et choisit de ne jamais nous faire connaître les pensées de Salomé, personnage qui sera uniquement vu par le truchement des autres, de manière plus ou moins indulgente .
En refermant ce roman, le lecteur s'interroge encore sur la figure de Salomé: victime ou fieffée intrigante ?
Indésirable, Valerie Martin, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier, Livre de poche 2010, Albin Michel, 2008.
Lu aussi par Cuné
et Clarabell.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : valerie martin, ah les pièces rapportées!
06/05/2010
Glam, jalousie et autres cachotteries
"Sa grosse allumette lui titillait le nombril."
Officiellement déclarée pourvoyeuse de "Gossip girl" auprès de Madame Ma Fille, j'étais curieuse de lire la prose de Cecily von Ziegesar. Les titres vachards des volumes de "Gossip girl" me laissaient craindre le pire...(Je m'attendais à des histoires de pestouilles friquées écrites à la truelle ). Hé bien non.
Si le titre français pâtit de son côté volontairement clinquant, Glam, jalousie et cachotteries (plus accrocheur pour la lectrice cible que le Cum Laude original), le roman m'a fait passer un très agréable moment et j'ai pris autant de plaisir à découvrir les histoires d'amour de ces étudiants de première année qui viennent de faire leur rentrée dans cette fac américaine, qu'à l'aspect "sociologique"que j' ai voulu y trouver. Ce livre est un véritable mode d'emploi sympathique en diable( et très certainement idéalisé) pour tous ceux qui voudraient aller à l'université aux Etats-Unis.
On sent bien sûr la volonté de peindre des personnages aussi variés et pittoresques que possible mais ceci est fait avec un esprit si bon enfant que cela passe très bien et tant pis si certains voudront y voir des clichés, on a ce qu'on attend et c'est très bien comme ça. Seul petit bémol: était-il bien nécessaire de faire allusion aussi fréquemment à un texte du fondateur d'une secte en vue à Hollywood ?
Glam, jalousie et autres cachotteries, Cecily von Ziegesar, traduit de l'anglais (Etats-unis) par Françoise Hayward, Michel lafon 2010, 332 pages à lire impérativement au soleil.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : cecily von ziegesar, gossip girl mais pas que
04/05/2010
Mistik Lake
"Je suis la tranche de jambon de notre sandwich de soeurs."
1981, une voiture dérape sur un lac gelé canadien. Trois morts, une seule survivante, Sally. Et un secret de famille que, des années plus tard, la narratrice principale, Odella, fille de Sally, devra affronter aux côtés de ses soeurs cadettes.
De nature plutôt classique, malgré sa narration à plusieurs voix, ce roman qui se déroule sur trois saisons, nous peint donc un "sandwich de soeurs", chaleureux, plein de vivacité et de joie de vivre malgré les difficultés. La narratrice fait clairement le choix de la résilience et protège longtemps une mère défaillante. Odella devra aussi arriver à tracer sa propre route ,sans pour autant négliger son amour sororal.
Multipliant les secrets (dont un cousu de fil blanc), ce roman, d'excellente facture, plaira certainement aux adolescentes car il ne sombre ni dans la mièvrerie ni dans le pathos.
Mistik Lake, Martha Brooks, traduit de l'anglais (Canada) par Fenn Troller et Emmanuèle Sandron, Alice jeunesse 2010 , 246 pages.
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