25/06/2010
Blonde
1110 pages en édition de poche mais jamais d'impression de longueurs. Joyce carol Oates s'empare de la vie de Marylin Monroe , la sculpte, la brasse à sa guise et la transforme en une fiction fascinante qui distille un sourd malheur.
De "l'orpheline", dont la mère a été placée en maison de santé, à la star trébuchant sur ses talons hauts, gavée de substances qui l'aident à dormir ou à se réveiller, "morceau de viande" exploité sans vergogne par les studios mais aussi par presque tous les hommes de son entourage, Oates nous offre un portrait à multiples facettes de celle qui voulait qu'on l'appelle Norma Jeane et qui considérait "Marylin" comme un personnage encombrant : "J'emmerde Marylin. Elle n'est pas ici.".
On la suit dans les pricipales étapes de son existence et même si on connaît tous plus ou moins l'existence de la star, on est happé par cette tragédie en marche.Puissant et poignant, on n'en sort pas indemne.
Blonde, Joyce Carol Oates, Livre de poche, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban.
Gérard Collard a récemment signalé qu'il fallait se précipiter sur les exemplaires en poche, cette édition allant disparaître...
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23/06/2010
L'inconnu d'Athènes
"J'ai choisi le conformisme plutôt que l'amour."
Un microcosme bien clos sur lui-même: la petite île grecque de Thiminos. Un accident: une jeune et jolie femme retrouvée morte au pied d'une falaise. Affaire classée pour la police mais pas pour ce mystérieux Inconnu d'Athènes qui, sans esbrouffe, va venir faire éclater une vérité bien dérangeante.
Grâce à Anne Zouroudi nous pénétrons dans cette petite communauté ilienne qui, par bien des aspects, sembel davantage relever de l'Antiquité que de la modernité, tant par son mode de vie, très austère et frugal que par ses croyances hors d'âge. Ce lien avec la tragédie grecque n'est-il pas d'ailleurs établi par ce mystérieux enquêteur prénommé Hermès ?
Une ambiance très bien rendue, un roman de facture classique en apparence mais où l'enquêteur est hors normes..
Merci Cuné !
L'inconnu d'Athènes, Anne Zouroudi, traduit de l'anglais par Clara Mallier Gallimard 2008,356 pages très prenantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : anne zouroudi, grèce, policier
22/06/2010
Indian Creek
"Encore des idioties à la Davy Crockett."
Peut être parce qu'il a beaucoup lu de récits de trappeurs se traînant sur des kilomètres une balle dans la jambe, peut être et surtout parce qu'il ne se rend pas vraimentcompte de ce que cela va représenter, le jeune Pete Fromm accepte de passer sept mois en solitaire au coeur des Montagnes Rocheuses.
Rapidement l'ennui se révèlera être son pire ennemi car veiller sur le bassin à saumons, sa seule responsabilité, ne l'occupe guère et l'hiver qui s'installe le coupera presque totalement du monde extérieur.
Indian Creek est un très joli roman d'apprentissage où le décalage entre la vision romanesque de l'auteur et la réalité brute montre sa sincérité et sa candeur de l'époque et le rend d'autant plus sympathique.
Néanmoins, sorry, Pete Fromm ne rejoindra pas le cercle très fermé de mes Hommes des Bois Préférés (à savoir Julius Winsome et Stoney Calhoun ) !
Indian Creek, Pete Fromm ,Gallmeister collection Totem 2010, traduit de l'américain par Denis Lagae-Devoldère, 238 pages 100% Nature.
L'avis tentateur de Papillon !
Celui, enthousiaste, d'Isabelle !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : pete fromm, un chien, un homme, la solitude
19/06/2010
Petit bréviaire du braqueur, Petite bombe noire
Excellente nouvelle : Petit bréviaire du braqueur est à nouveau disponible en poche! Précipitez-vous !
Et si vous ne l'avez pas encore fait profitez-en pour découvrir Petite bombe noire !
Leur auteur, Christopher Brookmyre, possède un humour vachard, un style vigoureux ("plus serré qu'un cul de dromadaire pendant une tempête de sable") et ses héros roulent souvent à une vitesse "diana-cide" . Ses intrigues sont pleines de rebondissements et se déroulent dans une région pas du tout glamour , l'Ecosse, qu'il connaît comme sa poche et qu'il nous rend attachante avec ses supporters de foot azimutés et ses alcools variés. Mais surtout Brookmyre, comme les "méchants" de ses livres, est un grand spécialiste de la manipulation jubilatoire. On se laisse mener en bateau avec bonheur aux côtés de l'inspectrice Angélique de Xavia qui , petite, femme et noire , cumule tout ce qui peut déplaire à ses collègues. A défaut de collectionner les amants (elle déplore qu'ils soient moins nombreux que ceux qu'elle a refroidis), elle accumule les ceintures noires dans divers sports de combat mais n'en reste pas moins une femme qu'il faut traiter avec délicatesse même si ,comme dit un de ses collègues admiratifs,elle a des couilles.
Brookmyre pulvérise avec panache tous les poncifs du genre policier (la prise d'otages dans Bréviaire... est un régal) et nous gratifie au passage d'une analyse politico-économique de la pipe (pas celle de saint Claude, l'autre) ou d'une diatribe contre les Pauves Enculés de Banlieusards...Un régal !
Tous deux disponibles chez Points Seuil.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : christopher brookmyre
18/06/2010
Du bout des doigts
"Ta fortune, c'est l'avenir qui la fera."
Londres, 1862. Issue du quartier des voleurs et des receleurs, la jeune Sue Trinder accepte de participer à une escroquerie sur la personne d'une riche héritière de son âge-bientôt dix-huit ans, Maud Lilly. Mais les événements ne vont pas se dérouler comme prévu...
Ouvrir Du bout des doigts c'est s'immerger à la fois dans le monde des bas-fonds de Londres, avec ses codes de conduite et son argot, mais aussi découvrir l'univers beaucoup plus feutré et confiné de bibliophiles d'un genre particulier. C'est aussi se laisser surprendre par des coups de théâtre à tiroirs, par tout un jeu de manipulations perverses.
Alternant les points de vue de Maud et de Sue, Sarah Waters n'en donne que plus de profondeur à son récit et à son interrogation sur l'identité. Elle nous peint un univers où les femmes peuvent, suivant le bon plaisir des hommes, être retirées de la société, quelle que soit leur condition sociale, soumises qu'elles sont à l'autorité masculine.
Il n'en reste pas moins que ses héroïnes, tour à tour flamboyantes ou brisées , ont une énergie folle qui leur permet d'affronter les épreuves qui jalonnent ces neuf mois de leur vie.
Mariage secret, traîtrises, détention, sont quelques uns des motifs des romans noirs du XIXème siècle que l'auteure revisite avec aisance et détourne avec bonheur. L'atmosphère des ruelles de Londres ,grouillantes de voyous et de gens du peuple ,est particulièrement bien rendue-on s'y croirait !- et le lecteur ne s'ennuie pas une minute tout au long de ces 750 pages qui filent à toute allure !
Dire que j'ai laissé dormir 4 ans ce chef d'oeuvre dans ma PAL! pfff !
Du bout des doigts, Sarah Waters, 10/18, traduit de l'anglais par Erika Abrams.
L'avis d'Ys qui vous conduira vers plein d'autres...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (28) | Tags : sarah waters, un pavé qu'on lit d'une traite, un pur bonheur
15/06/2010
La ferme des Neshov
Ayant été quelque peu échaudée par la traduction calamiteuse du précédent volume, j'ai sagement attendu que La ferme des Neshov me tombe sous les yeux.
Et là, en un rien de temps j'ai retrouvé mes repères et suivi avec passion les rebondissements de cette saga familiale placée ici sous le signe du changement.
Débarrassés du lourd secret qui plombait l'ambiance , les personnages vont en effet évoluer de manière parfois radicale. Chacun d'entre eux devient encore plus attachant-même Margido le croque-mort !- et l'on apprend au passage comment décorer de manière originale une vitrine , les rudiments du dressage canin ou l'art et la manière de sauver des porcelets.
La transmission de la ferme devient un problème crucial et Anne B. Ragde joue avec nos nerfs en terminant ce volume sur un suspense insoutenable. De la belle ouvrage !
La ferme des Neshov, Anne B. Ragde, traduit du norvégien par Jean Renaud, 380 pages qui donnent envie d'aller faire un tour en Norvège.
l'avis de Cuné.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : anne b. ragde, ferme, saga familiale
14/06/2010
13 heures
"Elle était forcément en sécurité avec quelqu'un qui aimait les livres."
Benny Griessel a senti dès son réveil que cette journée ne serait vraiment pas bonne. Effectivement. Chargé de superviser de jeunes flics du Cap, il va être confronté au meurtre d'une jeune américaine et à celui d'un ponte de la musique, tout en luttant contre une irrésistible envie de replonger dans l'alcool.La tension sera à son comble quand les policiers découvriront que les meurtriers de la touriste traquent maintenant son amie.
Scandées par les indications horaires, ces Treize heures ordinaires d'un flic sud-africain se révèlent particulièrement intenses. Deon Meyer nous plonge dans les embouteillages, la chaleur, les pannes de courant qui paralysent la ville et entravent les policiers. Avec un montage saccadé, il frustre sciemment son lecteur, passant d'une affaire à une autre, multipliant les points de vue en nous faisant partager au passage les tiraillements qui agitent les différents groupes ethniques composant cette fameuse nation arc-en-ciel. L'apartheid a disparu mais l'harmonie ne règne pas pour autant. Les personnages sont bien croqués et le roman est haletant. Prévoir une longue plage horaire pour déguster ce roman d'une seule traite !
13 heures, Deon Meyer, Seuil policiers 2010, traduit de l'anglais(afrique du sud) par Estelle Roudet., 460 pages scotchantes.
Emprunté à la médiathèque.
A noter que le précédent vient de sortir en poche. Billet ici.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : deon meyer, afrique du sud, suspense
11/06/2010
Brève histoire de pêche à la mouche
"Il y a des gens qui, essentiellement, tirent leur sécurité de la permanence de leur malheur."
Quand trois psys partent à la pêche un matin de septembre, qu'est-ce qu'ils se racontent? des histoires de psy ? Pas seulement. Ils nous livrent aussi les phantasmes ( très chastes au demeurant) que leur inspire une jeune serveuse ,ainsi que leurs pensées les plus noires. Ils frôleront une mini catastrophe mais apprendront fortuitement qu'une autre, bien plus réelle, se déroulait simultanément , ailleurs...
Un récit plein de couleurs, de sensations qui m'a parfois mise mal à l'aise car ces pensées tournant autour de la jeune femme je n'avais pas vraiment envie de les connaître. Des pages parfois dérangeantes mais aussi souvent très belles.
Un grand merci à Lily pour le prêt !
Brève histoire de la pêche à la mouche, Paulus Hochgatterer, traduit de l'autrichien par Françoise Kenk, Quidam éditeur.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : paulus hochgatterer, pêche, psychanalyse
09/06/2010
L'école des dingues
"Il y a des gens qui sont bipolaires.
Moi, je suis simplement polaire."
"...Trop dingue pour imposer des frontières relationnelles " selon un de ses élèves, Madeline semble néanmoins avoir trouvé sa place d'enseignante au sein de la Santangelo Academy, établissement privé pour adolescents à problèmes.
Drôle d'école où l'on distribue aux élèves des calmants comme des bonbons, où la discipline est tout à la fois sévère et lâche et où les profs doivent régulièrement subir (le mot n'est pas trop fort) des entretiens psychologiques qui tournent vite aux règlements de compte.
Le suicide d'un couple d'ados va obliger Madeline à lancer un grand coup de pied dans la fourmilière et ce qu'elle va mettre à jour ne correspondra sûrement pas à ses attentes.
Une école privée qui ressemble fort à une secte, des profs plus bizarres les uns que les autres, sans oublier une héroïne, rebelle à toute forme d'autorité, un cocktail détonnant qui emporte immédiatement l'adhésion.
Pourtant l'intrigue surtout dans sa dernière partie qui envisage tous les motifs susceptibles d'éclairer le comportement des protagonistes s'embourbe un peu mais on pardonnera volontiers ce faux pas à Cornelia Read et l'on n'aura qu'une envie : découvrir au plus vite le premier volume mettant en scène Madeline !
L'école des dingues, Cornelia Read, Actes-Sud 2009, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurent Bury , 300 pages qui speedent.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : cornelia read, école, éléves, profs, mais des comme ça, on n'en veut pas!
08/06/2010
Les veuves d'Eastwick
"Pour revoir la scène de notre fleur de l'âge."
Trente ans après, Les sorcières d'Eastwick sont devenues Les veuves d'Eastwick et reviennent sur les lieux de leurs forfaits, nettement moins séduisantes et avec des pouvoirs affaiblis. A leur actif autrefois, sexualité débridée et mort provoquée par leurs incantations. pas sûr que leur retour soit apprécié par les autochtones...
Ultime roman de John Updike, Les veuves d'Eastwick souffre dun début laborieux. Certes les voyages en Egypte et en Chine permettent d'enviasger la mort sous des formes différentes mais on a parfois l'impression de lire un guide de voyage en à peine moins ennuyeux. Passé ces trente premières pages ,on se laisse enfin charmer par ces sorcières qui ont vieilli mais n'ont rien perdu de leurs fortes personnalités. C'est l'heure des bilans et même si certaines se voilent la face, il n'est guère brillant. Tout à leur envie de liberté, ces femmes ont négligé leurs enfants et une seule sorcière essaiera de combler le fossé qui s'est creusé entre sa fille aînée et elle.
Le propos est sombre, sans concessions, on s'est bien amusé mais les temps ont changé et les sorcières , à l'image des Etats-Unis, ont perdu de leur superbe. Updike les décrit de manière lucide et presque cruelle ces femmes riches ou moins riches mais jouissant d'une liberté confortable.
Des pages explicatives techniques alourdissent parfois le propos et l'on sort de ce roman inégal un peu désenchanté mais néanmoins ravi d'avoir retrouvé Alexandra, Jane et Sukie.
Les veuves d'Eastwick, John Updike, Seuil 2010, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude et Jean Demanuelli, 349 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : john updike, les sorcières ont vieilli et l'auteur aussi