16/10/2010
Madame la présidente ...en poche
La présidente des Etats-unis, en visite officielle en Norvège vient de se faire enlever. Evidemment, la planète toute entière est en émoi et les conséquences politiques et économiques ne pourront être que gravissimes...
Partant de ce postulat, Anne Holt qui a été ministre de la justice, procureur, avocate, et journaliste nous embarque avec délectation dans un monde qu'elle connaît bien, celui des intrigues , des trahisons et des secrets, tempérant l'aspect politique qui aurait pu être rébarbatif par un traitement plein d'humanité de ses personnages.
L'intrigue est parfaitement menée, bien structurée pour nous tenir en haleine, Anne Holt manie l'ellipse avec brio et l'on espère une seule chose, retrouver dans un prochain opus toute la petite famille de l'enquêteur Yngvar Stubo et de son épouse et coéquipière, Inger Johanne.
De la même auteure, j'avais déjà lu et bien aimé (pas de billets) La déesse aveugle* et bienheureux ceux qui ont soif...*
Cuné parle de la suite qui vient de sortir ici.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : anne holt
13/10/2010
Le chuchoteur
Une histoire de tueur en série , voilà bien longtemps que je ne m'y étais risquée, après Hannibal Lecter, ils sentaient tous un peu le déjà lu.
Et puis est venu Le chuchoteur. Le choc.Le vrai. L'envie de ne pas lâcher le livre, d'hésiter entre le dévorer tout de suite ou d'en laisser un peu pour demain. Parce qu'une histoire comme celle-ci, écrite par un criminologue, qui se fend au passage de passages didactiques qui plairont aux curieux comme moi, qui parvient sans cesse à déstabiliser son lecteur et à le surprendre, voilà un bonheur qui ne se refuse pas.
Alors oui , arrivée à la moitié du livre je me suis dit qu'il y avait des incohérences, que l'on sombrait dans le gothique parfois, voire dans le gore (un soupçon) , que l'auteur martelait un peu trop lourdement des banalités (nous ne connaissons pas vraiment ceux que nous côtoyons) , que ses réflexions sur le mal ou le bien étaient souvent pataudes, que j'aurais bien aimé savoir une bonne fois pour toutes où se déroulait le récit (beaucoup d'indices plaident pour les Etats-Unis mais vu la mondialisation...) que l'auteur semblait avoir brûlé toutes ses cartouches en un livre pour faire un joli feu d'artifice (voyez ce que je sais faire).... Mais bon, tout ceci est compensé par la virtuosité et l'aspect malin du récit et je ne boude pas mon plaisir de lecture !
Le chuchoteur, Donato Carrisi, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Calmann-Lévy 2010, 433 pages piégées.
Emprunté à la médiathèque.
L'avis de Stéphie.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : donato carrisi, tueur en série mais pas que..., enlèvement d'enfants
12/10/2010
Mes chères voisines
"On a tous pris un sacré coup sur la tête, pas vrai ? dit-elle avec douceur."
Une banlieue américaine proprette, des femmes au foyer parfaites qui voient débarquer un petit couple sans enfants (ça fait tache no kids) mais comme le mari est un médecin super beau gosse aux yeux verts, ça passe nettement mieux. Si on rajoute un cancer et un ado surdoué vous vous dites que la coupe est pleine et vous passez votre chemin.
Et vous auriez tort car Marisa de los Santos, qui semble craindre plus que tout la comparaison avec d'autres média vu le nombre de fois où ses héros s'écrient "si on était au cinéma..." possède un style agréable et enjoué et ses personnages (sauf à la toute fin un peu trop mélo à mon goût) tiennent la route.
De quoi passer un bon moment sans complication sans pour autant trop sombrer dans la guimauve.
Mes chères voisines, Marisa de los Santos, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anouk Neuhoff, presses de la cité mars 2010.380 pages qui ne donneront pas de migraine.
Emprunté à la médiathèque.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : marisa de los santos
11/10/2010
La vie rêvée des plantes
"Le corps est plus franc, il fait savoir exactement ce qu'il veut."
Entrer dans La vie rêvée des plantes c'est pénétrer dans une réalité pétrie à la fois de violence crue et de délicatesse.
Cette famille coréenne où les parents ne s'adressent quasiment pas la parole, où les deux frères se déchirent,et où chacun vit claquemuré sur ses secrets ne donne guère envie. Surtout quand on apprend que le frère cadet espionne sa mère pour un mystérieux commanditaire. Et pourtant passé le choc de la scène initiale, on suit le narrateur dans ses pérégrinations apparemment erratiques( mais qui vont le mener à découvrir un secret de famille) et on découvre de véritables oasis de paix , des brèches où l'amour et la poésie se donnent libre cours et où les plantes sont les métaphores des souhaits des hommes.
Amours entravées , amours qui se vivent de multiples façons, le tout sur un arrière plan de violence politique, la délicatesse côtoie la bestialité mais le lecteur, même chahuté, conservera longtemps en mémoire certaines évocations de moments précieux, des parenthèses magiques dans le temps. A tenter absolument.
La vie rêvée des plantes, Lee Seung-U, traduit du coréen par Choi Mykyung et Jean-Noël Juttet, Folio2009.
L'a vis de Kathel qui vous mènera vers plein d'autres !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : lee seung-u, corée, frères, amour, plantes
09/10/2010
En poche...
"-Donc tu as quitté une guerre pour en retrouver une autre, commenta-t-elle."
En Grande-Bretagne, durant la seconde guerre mondiale, David vient de perdre sa mère. Ne pouvant accepter la nouvelle femme de son père et son demi-frère, il se réfugie dans le lecture dans une drôle de chambre où les livres lui parlent et où parfois il aperçoit rôder un bonhomme bizarre, vaguement effrayant...
Un soir, entendant des appels de sa mère, il se rend dans le jardin et découvre un passage vers un monde parallèle , peuplé de créatures cauchemardesques qu'il devra affronter avant de pouvoir trouver Le livre des choses perdues, unique clé pour regagner le monde réel.
Roman initiatique, ,Le livre des choses perdues revisite -avec irrévérence parfois (voir le portrait-charge de Blanche-Neige !) - l'univers des contes et légendes. Le héros, aidé d'auxiliaires qui ne veulent parfois le sauver que pour mieux le duper, va devoir affronter des créatures répugnantes et d'une férocité extrême (certaines descriptions sont d'une cruauté rare), résoudre des énigmes(ses souvenirs de lecture lui seront llors bien utiles!) et surtout se rendre compte que la limite entre le Bien et le Mal est parfois floue. Il devra accepter aussi la perte et le renoncement , quittant ainsi le monde de l'enfance.
Tout cela apparaît à première vue bien classique mais d'emblée, John Connolly excelle à créer une ambiance très particulière , où la menace rôde, où la végétation elle même apparaît menaçante, très cinématographique en fait. Quant au récit, il est impossible de le lâcher car même si on a l'impression d'avancer en terrain connu, l'auteur se joue de nous, multipliant les référencs pour mieux les détourner. Quant aux personnages, à l'image de ces créatures hybrides qui hantent le récit, ils ne sont pas monolithiques et savent à la fois nous émouvoir et nous faire sourire. Car de l'humour il y en a aussi, histoire de relâcher un peu la tension ! Bref, j'ai été captivée par ce récit que je n'ai pas pu lâcher alors que je ne suis jamais venue à bout du deuxième tome d'Harry Potter...
Le livre des choses perdues,John Connolly, traduit de l 'anglais (Irlande) par Pierre Brévignon.
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06/10/2010
Olive Kitteridge
"Je ne vois vraiment pas pourquoi je pleurerais."
Tantôt personnage principal, tantôt juste mentionnée, Olive Kitteridge nous apparaît dans un portrait kaléidoscope la suivant de l'âge adulte à la vieillesse. Mais qui est-elle réellement? Pour les uns, une prof de maths qui terrorise ses élèves , pour d'autres une femme avec son franc-parler mais qui sait aussi faire preuve de déroutants élans de bonté . Étouffante pour son fils unique qui n'aura de cesse de la fuir , compatissante pour une jeune femme souffrant d'anorexie ou pour un ancien élève dépressif, Olive nous surprend toujours.
La construction, perturbante au début, on a l'impression de lire des nouvelles sans lien entre elles, bâtit en fait, de manière subtile, tout un univers qui nous devient vite familier. On guette l'apparition Olive et très rapidement on s'attache à cette femme et à ceux qu'elle côtoie.
Elisabeth Strout nous montre avec aisance aussi bien les drames que les joies, la solitude et la vieillesse mais aussi le nouveau comportement amoureux des personnes âgées , leur manière d'affronter les surprises du coeur. Un roman généreux et tout en finesse.
Olive Kitteridge, Elisabeth Strout, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon. Ecriture 2010, 375 pages revigorantes.
Prix Pulitzer de Littérature 2009.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : elisabeth strout, portrait de femme
05/10/2010
Wendy et Lucy
"Toi aussi, Benny, tu ne t'occupais que de toi. Sauf que tu n'as jamais été bien doué pour le faire."
Pour les personnages des nouvelles de Jon Raymond, il suffirait d'un rien pour qu'une amitié défaillante se remette sur ses rails, pour qu'un couple perdure : "C'était chouette d'être amoureuse de toi cette semaine" , lui dit-elle d'une voix sincère",pour qu'une vieille guimbarde tienne encore quelques kilomètres , sauvant ainsi sa propriétaire d'un destin semé d'embûches... L'amour, l' amitié , la fraternité sont si proches mais en même temps si ténus, si friables...Chahutés par la vie ses personnages n'ont rien d'héroïques mais ils font face aux aléas avec détermination.
Pas de chute mécanique cependant, l'auteur stoppe son récit juste au bon moment, le laissant se poursuivre dans nos esprits et surtout dans nos coeurs qu'il malmène à loisir. Une écriture précise et remplie d'empathie, décrivant la nature avec poésie, des personnages qui se gravent dans nos mémoires et ne laissent pas de place au désespoir. Un grand et beau coup de coeur !
Wendy et Lucy, Jon Raymond, 9 nouvelles* traduites de l'américain par Nathalie Bru, Albin Michel 2010. 284 pages emplies d'émotion.
Bon sang, je le savais, rien qu'en regardant la couv' que j'aurai les larmes aux yeux !
* dont 2 ont été adaptées au cinéma par Kelly Reichardt.
Merci à BOB et aux éditions Albin Michel.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : jon raymond
04/10/2010
Tea-bag
"Pour survivre, je dois cesser d'espérer."
Un poète suédois , très centré sur lui-même, va se trouver brutalement confronté à ce qui constitue une partie de la réalité de son pays: les clandestins qui tentent d'y survivre.
Il y verra d'abord l'occasion de s'approprier les récits de vie de trois femmes aux identités fluctuantes avant que de s'impliquer en toute conscience.
Alternant les récits à la fois rudes et poétiques des clandestines avec les démêlés économico-littéraires du poète engoncé dans son égo, Tea-bag est un roman tour à tour grinçant et drôle avec des personnages hauts en couleurs (comme la mère du narrateur), un roman où les femmes sont pleines de ressources et arrivent à se réinventer sans cesse pour préserver leur vie et leur dignité .
Beaucoup d'émotion et pas d'angélisme.
Tea-Bag, Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, Seuil et Points Seuil.
Emprunté à la médiathèque.
L'avis de Kathel qui vous enverra vers plein d'autres !
Celui d'Aifelle.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : henning mankell, clandestins
24/09/2010
Le septième fils
Incendies, profanations de tombes, finalement Einar, correspondant du Journal du soir n' a pas le temps de s'ennuyer dans ce coin paumé d'Islande de l'Ouest, touché par la crise de la pêche !
A défaut d'être aidé par la trop laconique commissaire de police, Einar fourrera son nez un peu partout et parviendra à démêler les fils de cette pelote qui remontent jusqu'à la capitale Reykjavik.
Il est toujours intéressant de voir évoluer un personnage récurrent.Il n'a pourtant pas grand chose de sympathique ce journaliste qui fait fi des sentiments des témoins et ne semble pas s'embarrasser d'un semblant d'éthique, son journalisme tenant plus du sensationnalisme que de l'investigation.
Il y avait donc de la matière à exploiter et pourtant en lisant Le septième fils on a le sentiment que l'auteur se contente d'effleurer tout cela .
Le récit aurait donc largement gagné à se centrer sur l'homme politique et à creuser davantage la psychologie des personnages.
Le septième fils, Arni Thorarinsson, traduit de l'islandais par Eric Boury, Métailié noir 2010 , 351 pages.
06:00 Publié dans rentrée 2010, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : arni thorarinsson, islande
20/09/2010
La folle équipée de Sashenka Goldberg
"Elle n'était plus l'animal de compagnie juif et soviétique de quelqu'un , mais seulement un élément du décor, une fille dans un aéroport."
Sashenka Goldberg , en quelques années, va vivre plusieurs vies. De sa Sibérie natale aux Etats-Unis, elle devra fuir plusieurs fois mais saura toujours s'adapter, tant aux gens qu'aux circonstances. Il vaut mieux d'ailleurs car être à la fois "Noire" et Juive et Soviétique n'est pas de tout repos, surtout quand on est doté d'un corps massif...
Pas de trémolo mais une narration qui avance tambour battant, effectuant de brusques coupes , juste pour éviter le pathétique et/ou susciter l'intérêt du lecteur. De l'émotion pourtant car les tribulations de Sasha en sont pleines et toujours inattendues. Notre héroïne semble parfois stagner mais toujours elle aura le déclic qui la fera se réinventer une nouvelle fois. On ne s'ennuie pas une minute au fil de ses 473 pages.
Un grand merci à Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : anya ulinich, de la sibérie aux etas-unis