13/12/2010
Un Noël en famille
"Blablabla, répéta-t-telle. Blablabla."
Victime d'un accident de voiture, Henry, la cinquantaine sur le déclin, souffre de pertes de mémoire. Et au vu de son lourd passif, on ne peut que juger finalement providentielle cette amnésie partielle.
Gravitent autour de lui une mère joyeusement indigne dont l'excentricité tend de plus en plus à ressembler à de la démence sénile, une ex-femme qui va affronter avec un flegme sans pareil tout un tas de révélations plus choquantes les unes que les autres à grands coups de verre de vin pour "se réchauffer le coeur", sans compter des frères amoureux de la mauvaise personne, ou de la bonne , va savoir.
Pimentez le tout de subterfuges tout droit venus de Marivaux, agrémentez de citations de Shakespeare qui tournent en boucle, sans compter les paroles de chansons reprises en choeur, ou pas.
Comme mes petits nélèves, Jennifer Johnston a compris que les dialogues permettaient d'atteindre plus vite le nombre de lignes demandé, le pire étant qu'ici ces paroles sonnent totalement faux.
Le lecteur n'a qu'une hâte venir à bout au plus vite de ce pensum où les personnages ingurgitent des quantités de Whiskey (la vieille mère), de thé (un peu), de café et de vin et ce dès le matin. On se pochtronne allègrement sous n'importe quel prétexte et , bizarrement personne ou presque ne travaille mais tout le monde habite dans de superbes maisons. Il est vrai qu'on évolue au sein de la bourgeoisie bohème (architecte, éditeur ou peintre). Tout est bâclé, y compris les plates descriptions du paysage irlandais. Un parfait gâchis. Aucun piquant, aucun humour, des dialogues alternant cajôleries gnangnan (ma pauvre cocotete, mon coco !) et vacheries soudaines...Rien à sauver.
Ayant par le passé apprécié à plusieurs reprises les romans de Jennifer Johnston (je possède , hélas , une excellente mémoire pour cela), malgré quelques déceptions plus récentes, je me suis laissée tenter par cette couverture et ce titre, comptant sur ce roman pour me laisser (enfin) gagner par l'esprit de Noël !
Echec à tous les étages ! Ah non, c'est la première étape irlandaise de mon défi Voisins, Voisines organisé par Kathel !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : jennifer johnston
10/12/2010
Un mariage en décembre
"Nier la réalité, apprenait-elle peu à peu, n'était pas seulement efficace , mais parfois primordial."
Un mariage ? Rien de tel pour générer stress et révélations en tous genres. Anita Shreve l'a bien compris et elle rassemble non pas deux familles mais une bande d'amis autour de mariés ayant décidé de célébrer leur union dans une auberge cosy des Berkshires.
Tous faisaient partie de la même bande au lycée. La vie ne les a pas épargnés, et vingt ans plus tard, chacun a évolué de son côté, accentuant ou pas les défauts de l'adolescence . Bien évidemment ils sont unis par un secret dont seuls quelques- uns détiennent la clé.
A part quelques insipides pages de description de match de baseball, Un mariage en décembre est un roman bien équilibré et calibré qui ne déçoit pas sa lectrice et lui apporte une bonne dose d'émotions et de sentiments. On s'attache aux personnages et si on frôle parfois le pathos, Anita Shreve parvient toujours à redresser la barre.
Un roman anti prise de tête qui remplit son contrat : nous distraire. L'équivalent d'un bon téléfilm.
Un mariage en décembre, Anita Shreve, traduit de l'américain par Michèle Valencia, Pocket 2010, 409 pages confortables.
Ps: après la lecture de ce roman on ne laissera jamais son conjoint aller seul à une rencontre d'anciens élèves !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : anita shreve, pas prise de tête, amûr, cancer, passé
09/12/2010
Les sortilèges du Cap Cod
"il ne leur faisait pas assez confiance- au monde à elle, à lui-même et à leur belle vie-, ce qui l'amenait à comprendre les choses de travers."
Deux mariages comme autant de bornes entre lesquelles nous suivrons le parcours à la fois géographique (entre côte Est et côte Ouest des Etats-Unis), introspectif et temporel (retours dans le passé)de ce sympathique quinquagénaire, Jack, qui fait le bilan de sa vie , de son mariage qui commence à battre de l'aile) et de ses relations avec ses parents et beaux-parents.
Il apparaît perpétuellement écartelé entre deux visions de la vie , deux emplois (prof de fac ou scénariste) et deux familles (la sienne qu'il fuit et celle de sa femme qu'il snobe consciencieusement). Mais possède-t-il une juste vision des faits ?
Il pourrait être exaspérant ce cher Jack mais il est juste humain et ô miracle, il est même capable de reconnaître- du moins in petto -ses torts !
Echappe-t-on jamais aux automatismes familiaux? C'est bien difficile , surtout si comme notre héros on est doté d'une mère à la fort personnalité : "La mère de Griffin était en très grande forme. Si on relevait une de ses vacheries, elle rebondissait sur une autre. Vouloir lui rabattre son caquet revenait à tenter d'enfermer un chat dans un sac : il restait toujours une patte dehors et on n'en sort jamais indemne."
Le roman prend plus son temps dans la seconde partie, la mélancolie pointe le bout de son nez, mais on n'abandonne pas pour autant l'humour vachard, marque de famille des Griffin quoi qu'il lui en coûte de l'admettre, et on en redemande ! La répétition du dîner de mariage est un spectacle à ne pas manquer, de quoi donner des sueurs froides aux futures mariées !
Un roman tendre sans être mièvre, qu'on a du mal à quitter .
Les sortilèges du Cap Cod , Richard Russo, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy, Quai Voltaire 2010, 315 pages qui m'ont redonné le goût de lire et c'est pas rien !
Merci Cuné !
Amanda a aussi beaucoup aimé et cite en prime un passage savoureux !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : richard russo, couples, parents dont on n'arrive pas à se débarrasser
04/12/2010
6 heures plus tard ...en poche
"Comment, mais comment un plan aussi modéré, aussi "raisonnable" avait-il pu déboucher sur une telle ignominie ? "
Le shérif du comté de Nation, Carl Houseman, est envoyé pour des raisons de politique locale, en tant que simple observateur à Londres, dans le cadre de la disparition d'une jeune fille de l'Iowa.
Évidemment notre enquêteur bien-aimé ne va pas rester à se tourner les pouces aux côtés du New Scotland yard et sera bientôt entraîné dans une spirale de violence qui n'aura rien de commun avec ce qu'il a connu précédemment.
Mettre aux prises Carl Houseman avec des terroristes sur le sol britannique est une excellente idée. Le dépaysement et les notes d'humour(Houseman est flanqué d'un "boulet" en la personne du nouvel avocat général du comté, "garçon encore jeune et pas très fûté"), les enquêteurs s'affrontent à coup de clichés (étoile de shériff contre parapluie )permettent de détendre un peu l'atmosphère .
Mais là où excelle Donald Harstad c'est dans son démontage implacable de la manipulation de gens qui n'ont rien de nigauds et se laissent embarquer dans une entreprise qui va très rapidement les dépasser et les broyer. Ils n'ont rien de ces fanatiques hallucinés qu'on voudrait trop souvent nous présenter et par là même n'en deviennent que plus dangereux...Une réussite !
Points seuil 2010
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7)
29/11/2010
L'homme inquiet
"Ce personnage inquiet et mal assuré dans la marge: c'est moi."
Wallander est devenu grand-père , à sa grande surprise et à sa grande joie. Le spectre de la retraite commence à rôder autour de lui tandis que la vieillesse gagne davantage de territoire, détériorant non seulement son corps, qu'il a part trop négligé, mais aussi, et c'est ce qui l'angoisse le plus, sa mémoire.
Malgré tout cela , obstiné, il mène une enquête, en parallèle des services officiels ,sur la disparition des beaux-parents de sa fille Linda. Remontent alors à la surface des échos de la guerre froide , de sous-marins et d'espionnage.
L'enquête est particulièrement lente dans cet ultime épisode de la série des Wallander. Ce qui prime avant c'est le personnage en lui même, qui fait le bilan de sa vie à la fois professionnelle et personnelle. Reviennent ainsi à sa mémoire des souvenirs des enquêtes précédentes et des gens du passé. Les femmes de sa vie réapparaissent également pour un dernier tour de piste, une manière d'évaluer si , une fois pour toutes, il pourra se faire à l'idée de vivre seul à la campagne , en compagnie d'un chien.
Parcouru de nombreux allers-retours, à la fois dans l'espace et dans le temps, L'Homme inquiet évoque aussi une période trouble de l'histoire de la Suède et la nécessité, selon l'auteur, de ne pas négliger la politique. Tout ceci a parfois des accents de testament et ce n'est sans doute pas un hasard si, à la fin du récit, Wallander éprouve le besoin de mettre au clair ses idées sur une enquête non entièrement élucidée, par écrit.
Henning Mankell en finit avec son personnage d'une manière particulièrement efficace et réussie, lui laissant tout à la fois un espace de liberté et l'impossibilité physique de réapparaître dans une autre enquête. Un texte riche en réflexions et un portrait particulièrement poignant.
L'homme inquiet, traduit du suédois par Anna GIbson, Henning Mankell, Seuil 2010, 552 pages sombres .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : henning mankell, wallander la fin, espionnage, sous-marins, vieillesse
28/11/2010
Dans quel ordre lire les Wallander?
1) Meurtriers sans visage
2) Les Chiens de Riga
3) La Lionne blanche
4) L'Homme qui souriait
5) Le Guerrier solitaire
6) La Cinquième Femme
7) Les Morts de la Saint-Jean
8) La Muraille invisible
9) Avant le gel
10) L'homme inquiet (Billet à venir demain)
Les 9 premiers tomes sont sortis en poche.
A noter la réédition en volumes réunissant plusieurs aventures de Wallander.
Repéré aussi quelque part sur le net qu'il existe un volume de nouvelles mettant en scène Wallander, datant de 1999 et pas encore traduit en français. Affaire à suivre.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : wallander, henning mankell
27/11/2010
C'est dans la poche, Pippa!
"Tu n'es pas facile à coincer , Pippa."
Pippa Lee, cinquante ans, et son mari Herb, trente de plus ,viennent de s'installer, à la surprise de leurs amis, dans un lotissement chic pour retraités. Se sentant d'abord libérée, Pippa, "considérée par ceux qui la connaissaient comme une des dames les plus charmantes, les plus gentilles, les plus adorables, les plus simples et les plus rassurantes qu'il aient jamais vues", va peu à peu laisser remonter à la surface bien des émotions enfouies, liées à un passé tumultueux.
Ainsi se construit, étapes par étapes, l'images à facettes d'une Pippa beaucoup moins lisse qu'il y paraissait de prime abord. C'est aussi l'histoire d'une lignée de femmes à l'histoire perturbée et d'une mère, Pippa, qui ne veut pas léguer à sa propre fille, un héritage empoisonné.
Fille, amante, épouse, Pippa se définit par rapport aux autres mais a-t-elle jamais existé pour elle-même, dans sa quête de sécurité affective ?
Un roman plein de rebondissements, de remarques vachardes qui nous promène aussi dans le monde de l'édition et des écrivains. Une jolie réussite à laquelle manque juste un peu moins de retenue, une étincelle de folie plus assumée. Une lecture très agréable.
A noter que ce livre de Rebecca Miller a été adapté au cinéma par elle-même.
Points seuil 2010.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : rebecca miller, oui, la fille de...
24/11/2010
Les ombres silencieuses
"Elle était là, aux yeux de tous, mais personne ne l'avait vue."
Un photographe -devenu un quasi clochard -assassiné ; une adolescente, livrée à elle même dont nous suivons, impuissants la lente marche vers son prédateur, tels sont les principaux protagonistes de ce roman qui nous permet de retrouver le commissaire Knutas et le journaliste Johan Berg (Cf Celui qu'on ne voit pas. ) (ici)
De novembre au lendemain de Noël, nous allons les suivre sur l'ïle de Gotland, dans un paysage saturé de brume et de neige, découvrant un peu plus leurs vies privées et leurs sentiments.
Comme souvent dans les romans policiers, j'ai davantage apprécié l'atmosphère et les portraits des personnages que l'intrigue en elle même, qui joue plus comme un révélateur des turpitudes de ceux que nous cotoyons et qui pourraient être nous que comme un exercice de style. Classique mais efficace et plus réussi à mon avis que le précédent car l'auteure semble avoir trouvé ses marques.
Les ombres silencieuses, Mari Jungstedt, traduit d du suédois par Maximilien Stadler et Lucile Clauss, Plon 2008, 295 pages de saison.
Merci Cuné !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mari junstedt
22/11/2010
Pied-de-mouche
"Mazzie, maman et moi étions tous sous amphétamines. En ce sens-là, nous étions tous de la haute."
Quel drôle de p'tit bonhomme que ce John Cromer, cloué au lit depuis l'âge de trois ans par une maladie rare des os ! Plein d'imagination, c'est un être délicieusement excentrique qui analyse avec finesse et beaucoup d'humour les subtilités du monde qui l'entoure. Ce monde dans lequel il ne fera d'abord que de brèves incursions mais qu'il parviendra petit à petit à s'approprier.
Jamais d'auto-apitoiement mais une analyse féroce parfois de son comportement et de celui des adultes, parfois sadiques, qui l'entourent. Il observe tout avec intérêt , y compris les erreurs de la médecine (voir le titre !) et parvient malgré tout à rester un enfant non pas comme les autres mais presque. On le suit de l'enfance à l'adolescence et même si le roman comporte 595 pages qui font parfois ployer nos poignets, on se retrouve à la toute fin un peu déçu de ne pas en avoir davantage à se mettre sous les yeux !
Pied-de-mouche*, Adam Mars-Jones, traduit de l'anglais (Royaume Uni) par Richard Cunningham, Jean-Claude Lattès 2010.
*voir ici
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : adam mars-jones, enfance, maladie, humour
20/11/2010
L'anniversaire du chat assassin
"Des fantômes dans le placard et des bosses dans le lit, voilà le prix à payer. Que cela vous serve de leçon !"
Sacré Tuffy ! Parce que ses maîtres ont décidé de fêter Halloween plutôt que son anniversaire, (quelle idée d'être né un 31 octobre in England !) notre chat préféré va leur mener la vie dure une semaine durant et organiser sa propre fête. Evidemment les chiens seront interdits. Evidemment une floppée de chats délurés qui s'amusent et bambochent cela ne peut que tourner mal... Mais bien sûr , comme d'hab' ,Tuffy retombera sur ses pattes et continuera de martyriser sans vergogne son maître.
Les chats font la loi !
Une nouvelle aventure sympathique de Tuffy, même si Hallowen a perdu tout son impact en France. Les dessins pleins de malice de Véronique Deiss contribuent au plaisir de ce roman destiné aux enfants qui aiment déjà lire tout seuls.
L'anniversaire du chien assassin, Anne Fine, traduit de l'anglais par Véronique Haïtse.71 pages qui se gaussent (gentiment ) des chiens.
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : anne fine, le chat assassin