11/02/2011
Les chaussures italiennes ...en poche
"Il n'était jamais trop tard pour prendre la photo manquante"
En un peu plus d'un an, la vie de de Fredrik Welin , soixante-six ans, va être totalement bouleversée.Lui qui vivait reclus en compagnie d'une chatte et d'une chienne âgées sur une île suédoise voit un jour arriver une femme qu'il a autrefois aimée et abandonnée.mais Harriet "...était porteuse de nouvelles de la vie-pas seulement de la mort qui viendrait bientôt la cueillir."Et Fredrik va devoir revenir sur les erreurs commises, se plonger dans ce qu'il avait fui avec obstination en se limitant à une vie quasi mécanique: lui-même. En effet, comme le lui confiera le vieux cordonnier de génie qui lui confectionnera ses Chaussures iltaliennes : "Il est aussi facile de se perdre à l'intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes."
Roman sur la vieillesse, la solitude, le temps et l'amour, cet opus de Mankell est aussi l'occasion de se pencher sur le désarroi de certains jeunes, qu'il soient suédois ou étrangers ayant du mal à s'insérer dans la société(l'auteur adresse même un clin d'oeil à un de ses personnages , héroïne d'un autre roman, Tea-bag), nous montrant bien qu'il est possible d'établir des liens entre ces deux pôles de la vie.
Une psychologie fouillée mais sans pathos qui réussit tout en délicatesse à nous amener parfois au bord des larmes sans pour autant être déprimante, un roman chaleureux qui nous prend par la main et qu'on ne lâche plus.
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07/02/2011
Un immense asile de fous , récits d'un village anglais
"Vous êtes flutiste ? Vous habitez ici ? Vous êtes folle ? Vous jouez faux et vous respirez aux mauvais moments ? Vous avez beaucoup de temps libre ? Vous jouez avec quelqu'un ? Vous avez des enfants ? A propos je m'appelle Jenny. Je suis hautboïste. "
Voici un extrait qui vous donne un aperçu d'Un immense asile de fous où Louis de Bernières se propose, en plusieurs récits, de nous brosser le portrait d'un village où se concentre tout ce qui fait le charme de la Grande- Bretagne.
Alternant douce folie, regardée avec bienveillance , et excentricité pleinement assumée, des premiers rôles aux figurants tous nous font sourire ou nous attendrissent. Certains récits sont néanmoins assez convenus et lire la quatrième de couverture, trop explicite, vous ferez perdre le sel de bien des textes.
Je dois avouer que je m'attendais à mieux mais qu'avec le recul mon avis est plus nuancé. Beaucoup de tendresse et d'affection de la part de l'auteur et quelques jolis textes qui font oublier les chutes trop prévisibles.
Un immense asile de fous, récits d'un village anglais, traduit de l'anglais par Fanchita Gonzalez Battle, Mercure de France, 316 pages à attendre en poche ?
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05/02/2011
Là haut tout est calme...en poche
"J'étais le deuxième choix, dis-je. C'était ça le pire."
Depuis que son frère jumeau est décédé dans un accident il y a 35 ans,Helmer van Wonderen a dû le remplacer à la ferme familiale. Mais vingt ans plus tard, brusquement Helmer décide de monter son père grabataire au premier étage et de réaménager la maison. première étape d'un changement de vie significatif qui s'annonce pour celui qui n'a , il l'avouera tardivement, jamais su trouver sa place une fois son frère mort.
Avec une grande économie de moyens Gerbrand Bakker peint avec délicatesse et poésie cette renaissance d'un homme qui jusqu'à présent n'a jamais appris à décider seul.
Ce personnage laconique sait néanmoins tisser avec les animaux et les êtres qui l'entourent de vrais relations et nous surprend sans cesse tant par sa violence feutrée que par sa volonté souterraine mais inébranlable d'avancer enfin. Un livre magnifique , lumineux, et qui accompagne longtemps le lecteur.
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04/02/2011
Loving Frank ...en poche
"Quelle perte cela aurait été de ne pas l'avoir rencontré ou de ne pas avoir connu son amour ! pensa Mamah."
Quand Mamah Borthwick Cheney quitte son mari et ses enfants pour vivre son amour avec l'architecte Frank Lloyd Wright, lui même marié et père de six enfants, c'est le scandale. La presse s'en donne à coeur joie et l'Amérique puritaine se repait de ces articles outranciers. La vérité est toute autre: les amants sont certes emportés par la passion mais aussi taraudés par la culpabilité. Le tout se terminera d'une manière tragique et brutale, presque invraisemblable.
Rien n'a beaucoup changé entre le début du XXème siècle et notre époque. la presse est toujours à l'affût des histoires d'amour lucratives et semble toujours prête à tout pour vendre ses feuilles de choux. Mais c'est surtout le portrait , tout en nuances, que brosse ici Nancy Horan dans cette fiction historique de Martha (dite Mamah) Borthwick Cheney qui a retenu toute mon attention. Trilingue dès la maternelle, ayant fait de solides études, ayant enseigné, dirigé une bibliothèque, cette femme disposait d'un potentiel et d'une personnalité que son mariage semble avoir complètement mis sous cloche. Pourtant comme le lui dira sa soeur "Tu avais tout. Un mari fantastique qui t'adorait, deux beaux enfants en bonne santé. La liberté. Aucun souci financier. Une gouvernante et une bonne. Tu n'avais pas besoin de travailler et Edwin n'exigeait jamais rien de toi. As-tu conscience de tout ce que tu as abandonné pour Fank Wright ? Le genre d'existence dont rêvent la plupart des femmes, y compris les féministes !".
Mais à vouloir vivre selon ses convictions , Mamah, en tant que femme et en tant que mère, devra payer le prix fort, car être la compagne d'un génie de l'architecture ne va pas sans contreparties négatives...
Un livre puissant , plein de vie, mais aussi très pessimiste...
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03/02/2011
La rivière noire
"Tout à coup, elle eut l'impression de se retrouver dans un univers étrange, glacé et terrifiant."
Un homme a été égorgé. Dans la poche de sa veste, des cachets de Rohypnol, la drogue du viol. Grâce à un châle retrouvé sur le lieu du crime, châle exhalant un drôle de parfum d'épices, l'adjointe d'Erlendur, Ellinborg , va mettre la main sur une jeune femme persuadée d'être la coupable, sans que rien ne vienne le prouver...
La société islandaise change, devient plus violente, se laisse "noyer dans de mauvaises habitudes importée de l'étranger" selon certains, mais les injustices n'existent-elles pas depuis toujours ?
Erlendur , comme toujours, porte un regard attentif sur la vie quotidienne de ses personnages et, par le biais de son héroïne confère à son enquête une dimension encore plus chaleureuse, plus humaine. La vie de famille d'Elinborg, ses soucis familiaux, le plaisir qu'elle prend à cuisiner, la relation avec ses enfants, les blogs, voilà de nombreux thèmes qui parlent au lecteur de toute nationalité et contrebalancent une enquête sur les violences sexuelles commises en quasi impunité...
Quelques traits d'humour viennent alléger quelque peu une atmosphère rendue encore plus sombre par l'absence du commissaire Erlendur. Un peu de frustration donc mais qui rend d'autant plus grande l'envie de lire le prochain roman d'Indridason...
La rivière noire, Arnaldur Indridason, traduit de l'islandais par Eric Boury, Métailié 2010, 300 pages à dévorer bien au chaud.
L'avis de Cuné.
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29/01/2011
Histoire de l'oubli ...en poche
"Une inversion de la vie en plein milieu, comme une conclusion prématurée..."
Récit d'une histoire familiale marquée par une forme précoce de la maladie d'Alzheimer, L'histoire de l'oubli alterne les points de vue d'un grand-père et de son petit-fils qui ignorent tout l'un de l'autre.
N'ayant aucun goût pour les récits allégoriques, j'ai allègrement passé l'histoire d'Isidora, lieu mythique, légende familiale qui va rétablir le lien entre les membres de cette famille que la maladie et les secrets ont fait éclater.
Bardé de commentaires dithyrambiques, ce premier roman est certes un bon roman mais il ne confine pas au génie. J'y ai retrouvé une atmosphère déjà rencontrée dans d'autres romans américains et seul le thème de l'oubli m'a paru original. Le style est agréable et fluide.
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28/01/2011
Long week-end en poche
"C'est à cela que menait la liberté ? "
Qu'est-ce qu'une famille ? Est-ce cette femme, Adele, qui ne peut se résoudre qu'à de brèves incursions dans le monde extérieur et qui vit quasiment retranchée en compagnie de son fils de treize ans , Henry ? Fils qui s'efforce sans cesse de lui redonner le sourire . Est-ce cette famille recomposée qui s'efforce de correspondre aux clichés en vogue en s'imposant des rituels qui ne satisfont personne ? Où est-ce plutôt ce trio improbable constitué par ce preneur d'otages et ceux avec qui il s'est enfermé, Adele et Henry, en ce Long week-end du Labor Day ?
Rien ne se déroule comme prévu dans ce roman sobre, où le suspense tout autant que l'évolution des personnages se révèlent d'une efficacité redoutable . Toute mère d'un ado de 13 ans se devrait de lire ce très joli portrait d'un homme en devenir.
A noter que ce roman a bien failli ne jamais paraître, l'auteure ayant été mise au ban des maisons d'éditions américaines. Son erreur ? Avoir publié auparavant un roman où transparaissaient des echos de la vie pour le moins étrange qu'ellle avait menée en compagnie du romancier américain, Salinger. Il ne fait pas bon égratigner les mythes ...
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25/01/2011
Les lieux infidèles
"Je me retrouvais à Faithful Place, comme si je ne l'avais jamais quittée."
Vingt-deux ans que Franck Mackey n'a pas remis les pieds dans ce quartier de Dublin où il avait grandi et où sa bien- aimée, Rosie l'avait abandonné, juste le soir de leur départ pour Londres. Il avait dix-neuf ans et voulait vivre son amour loin d'une famille complètement dysfonctionnelle, marquée par la peur et la violence.
Mais la valise de Rosie vient d'être découverte et Franck, devenu flic infiltré, va devoir à la fois reprendre contact avec les siens et revisiter son passé. Bien évidemment, il ne pourra s'empêcher de mener sa propre enquête car, c'est bien connu, les infiltrés ont un respect tout relatif de la loi.
Les lieux infidèles vaut aussi bien par les péripéties de l'enquête que par l'atmosphère dublinoise qui y est évoquée. Faithful Place est un quartier à la fois pauvre, populaire et chaleureux où chacun s'efforce de préserver ses secrets pour ne pas donner de grain à moudre aux voisins. On y boit parfois plus que de raison, ça chante, ça gueule, ça pleure...Tout un pan de l'histoire dublinoise, marquée par le chômage et les musiques des années 80 s'y donne à voir et c'est ce qui fait la saveur de ce roman, un tantinet trop classique dans la forme. De quoi passer un bon moment cependant.
Les lieux infidèles, Tana French, traduit de l'anglais (Irlande) par François Thibaux, Calmann-Levy 2011, 433 pages qui fleurent bon le houblon brûlé.
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22/01/2011
le testament caché...en poche
"Voyez-vous, contre moi aussi on a prononcé la peine de mort."
L'établissement psychiatrique dans lequel Roseanne Mc Nulty a été internée durant soixante ans va être détruit. Le docteur grene doit évaluer sa patiente, pour voir si elle est apte à réintégrer la société dont on l'a exclue quand elle avait quarante ans.Le psychiatre n'est pas dupe, il sait pertinemment que certains de ses malades ont été "internés pour des raisons sociales plus que médicales." Pourtant, il ne sera pas au bout de ses surprises quand il se mettra en tête d'élucider les raisons de l'internement de Roseanne.Quant à cette dernière, si elle se montre réticente face aux questions du psychiatre, elle rédige avec un mélange de fièvre et de sérénité le récit de sa vie, constituant ainsi son Testament caché.
C'est tout un pan de l'histoire irlandaise qui se donne à lire ici, une histoire pleine de violence et d'exclusions, histoire dans laquelle s'imbrique inextricablement l'existence de celle qui "devrait être un lieu de pélerinage et une icône nationale", comme le pense son médecin.Mais plus que cette histoire de relégation ce qui se donne à lire ici est une réflexion sur les écrits et la crédibilité qu'on doit leur accorder.
En effet, s'entrecroisent dans le roman de Sebastian Barry les notes du Dr Grene, qui analyse aussi au passage tous les textes écrits sur Roseanne, en particulier par le Père Gaunt, artisan du malheur de la jeune femme, et le récit de vie de sa patiente.Grene s'interroge non seulement sur l'exactitude des faits rapportés, confrontant les différentes versions d'un même événement, mais aussi sur la sincérité des scripteurs.
Il se dégage de tout cela une impression troublante car le lecteur , au fur et à mesure, doit remettre en question ce à quoi il accordait sa confiance. Ainsi ai-je failli arrêter ma lecture au récit de la tentative de viol, car il s'en dégageait une étrangeté perturbante, étrangeté soulignée bien plus loin dans le récit par le psychiatre.
En outre, le lecteur n'aura pas forcément les réponses à toutes ses questions (mais cela est-il vraiment possible? !) mais,s 'il accepte de se laisser dérouter par ce récit il y gagnera au change, tant l'écriture de Sebastian Barry est captivante. Seul bémol, la révélation finale qui établit un équilibre de manière quelque peu artificielle à mon goût. Un récit riche en péripéties et en personnages troubles.
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21/01/2011
Crimes horticoles...enfin en poche !
En dépit de son titre, Crimes horticoles n'est pas un roman policier.C'est davantage le récit de la fin du paradis de l'enfance et du passage au monde cruel des adultes. Thème rabattu donc mais que Mélanie Vincelette traite avec maestria.
En un été, la jeune Emile , prénommée ainsi par confusion et superstition, va voir s'écrouler l'univers de mensonges qui l'entourait. Elle habite un coin paumé du Nord du Canada,( ce qui nous vaut des personnages aux noms imagés (Pavel Bouillon,Hugo Hareng) où elle reçoit une éducation hors-normes dans un univers pour le moins bizarre.
La découverte d'un cadavre va, comme lorsqu' un domino en entraîne un autre, provoquer la disparition (au sens propre ou non) de membres de son entourage. Cette accumulation peut d'ailleurs paraître excessive, mais elle sera finalement salutaire...
Le début du roman pourrait paraître languissant s'il ne nous donnait la possiblité de goûter pleinement le style de l'auteure, à la fois lumineux et sensuel.
En 149 pages Mélanie Vincelette bâtit donc tout un univers riche d'interprétations et savoureux que l'on quitte à regret. (paru en 2006)
Points seuil 2011
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : mélanie vincelette