10/10/2011
Fauna
"ça ne faisait rien, la grâce a fini par revenir."
à la lisière de Toronto, la casse automobile de Guy abrite une buse blessée, une nichée de ratons-laveurs, sans compter un jeune ex-soldat, une ado (aux cheveux roses) en cavale avec un énorme chien, Billy. Un inventaire à la Prévert mais aussi un havre où tous ces éclopés de la vie peuvent souffler un peu et se recréer un semblant de famille en écoutant Guy lire "Le livre de la jungle". Mais cette paix va peut être se voir remise en question quand la jeune Edal Jones, agent fédéral de la faune , en congé pour stres,s va découvrir le monde de Guy.à moins qu'elle aussi ne se laisse séduire par ce monde en marge...
Si vous êtes fan des livres mettant en scène des animaux, ce roman est pour vous ! En effet, l'auteure a su décrire avec précision et empathie les comportements de nos amis à deux ou quatre pattes et l'on suit, fasciné, les descriptions de cette faune sauvage qui vit à deux pas de la ville.
Si vous avez besoin d'un livre réconfortant qui vous fasse croire le temps de quelques heures que la résilience est possible et que les enfances les plus calamiteuses peuvent déboucher sur des années plus roses, n'hésitez pas non plus ! Un moment d'évasion, parfois cousu de fil blanc,mais pas grave, de temps en temps ça fait du bien de mettre ses pas dans des sentiers balisés,et, au détour d'une page, de bien jolies surprises et des ruptures de ton bienvenues comme cette description parfaitement juste d'une scène d'après l'amour...
Un roman scandé par les lectures des différents personnages, lectures qui bien évidemment donnent envie de (re) découvrir les livres en question !
Fauna, Alissa York, traduit de l'anglais (Canada) par Florence Lévy-Paoloni, Editions joëlle Losfeld 2011, 333 pages qui donnent le sourire.
Un peu dans l'esprit de Vivement l'avenir...
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : alissa york, un chien, une buse et quatre ratons -laveurs
06/10/2011
Ma soeur vit sur la cheminée
"Le poisson est tout seul. Je sais exactement ce qu'il ressent."
La mort de Rose, tuée dans un attentat terroriste à Londres a détruit sa famille. Ses parents ne peuvent supporter leur douleur et négligent quelque peu leurs autres enfants: Jasmine la soeur jumelle de Rose et le petit dernier, Jamie.
Ce dernier,pour affronter les autres, se réfugie dans un monde de super-héros, ce qui lui permettra de s'allier à une petite fille tout aussi malicieuse que lui, Sunya. Oui mais voilà, la famille de Sunya est d'origine pakistanaise , ce qui ne plaît pas du tout au père de Jamie...
D'emblée, le lecteur sait qu'il entre dans un roman confortable, raisonnablement prévisible -et ceci fait partie de son charme. La narration est fluide, les personnages des enfants bien croqués mais on regrettera quelques scènes qui sonnent faux et une référence à une émission de télé réalité qui apporte bien peu à la tension dramatique. un roman plein de fraîcheur qui a les défauts de ses qualités, quand il tire trop sur les ficelles du pathos. Un bon moment de lecture cependant quand on a besoin de facilité (et ce n'est pas une tare !)
Deux couvertures au choix, pour la collection jeunesse ou adultes.
Ma soeur vit sur la cheminée, Annabel Pitcher, traduit de l'angalis par Amélie de Maupéou, Plon 2011 236 pages pleines de tendresse.
06:00 Publié dans Jeunesse, rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : annabel pictcher, mort d'un enfant
04/10/2011
Fly in the ointment
"If true contentment is living free from irritation, then I was content."
(Que faire quand les éditeurs français tardent à traduire les romans d'une de mes auteures préférées ? Dénicher sur la Toile an english book d'occas' et se lancer...)
Son mariage est un tel échec que Lois met une journée complète à se rendre compte que son mari, le froid et indifférent Stuart, a bel et bien déserté le domicile conjugal. Lois va alors pouvoir sortir de ce long engourdissement de dix-huit ans et pouvoir entamer une nouvelle vie. Du moins c'est ce qu'elle croit jusqu'à ce qu'elle se rende compte que son fils, dont elle a dû supporté l'addiction à la drogue, les mensonges et les vols , est devenu père. Doit-elle se désintéresser de cet enfant comme le lui conseille les services sociaux ou laisser parler son coeur et essayer de le soustraire à Janie-Gay, une mère pour le moins déficiente ?
Tous les ingrédients du mélo semblent ici réunis mais l'énergie de l'héroïne, son mauvais esprit réjouissant et le récit mené tambour battant font que tous les écueils du genre sont évités. Anne Fine nous dépeint ici à travers le personnage de Janie-Gay une mère horripilante,immature, tournée uniquement sur elle même , en rébellion permanente contre tout ce qu'elle juge pouvoir l'entraver dans la satisfaction de ses désirs. Une mère dont le comportement vis à vis de son enfant se situe juste au dessus de la limite nécessitant l'intervention des services sociaux . Comportement qui, selon son héroïne , ne peut qu'entraîner néanmoins de lourdes conséquences sur le développement de l'enfant. Et comme Lois n'y va pas par quatre chemins, même si elle sait aussi être patiente, sa solution ne peut être que radicale...Un récit qui peut parfois choquer, politiquement incorrect, nuancé cependant et qui sait aussi ménager de jolis moments de tendresse. Un cocktail détonnant et hautement réjouissant !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : anne fine, en v.o
03/10/2011
Famille modèle
"-Si tu fais vraiment partie de la famille, il va falloir que tu apprennes à merder."
Warren Ziller, a décidé de transplanter sa famille du Wisconsin où tous profitaient d'un bonheur paisible, pour leur faire partager son rêve américain de richesse et de confort en Californie . Las ! les ennuis vont commencer et s'aggraver d'autant plus vite que Warren ne peut avouer à sa parfaite petite famille que toutes leurs économies ont disparu dans le sable du désert...
Eric Puchner brosse un portrait caustique de la société américaine,et de cette famille qui semble dans un premier temps échappée d'une publicité : la mère , toujours vêtue de pastel, surnommée par ses enfants "Pyrex, déesse des gratins" qui réalise des films éducatifs benêts, les enfants, tous très beaux mais qui, mine de rien, peinent à s'adapter à ce nouvel environnement qui ne leur semble pas forcément idyllique et le père , incarnation vivante de l'esprit d'entreprise.
Tout ce joli petit monde va se trouver sévèrement secoué dans le shaker du destin et les véritables personnalités vont se découvrir peu à peu,tandis que s'effilochent les rêves paternels. C'est à la fois cruel et drôle , on contemple tout à la fois effaré et troublé cette chute de la maison Ziller en croisant les doigts, juste au cas où...
Famille modèle, Eric Puchner, traduit de l'anglais (E-U) par France Camus-Pichon, Albin Michel 2011, 523 pages à déguster.
Merci à Clara pour le prêt,
à Keisha qui a joué les passeuses !
Cuné a beaucoup aimé aussi.
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : eric puchner, famille américaine
27/09/2011
à marée basse
" Tu aimes les vielles filles mortes [...] et les chiens qui courent après les camions."
Miles,un ado des treize ans qui en paraît huit. Rien du gamin populaire donc, surtout qu' il passe son temps à récolter étoiles de mer et autres palourdes quand il ne dévore pas de livres sur la vie des océans (son idole est la biologiste Rachel Carson).
Mais un jour Miles va découvrir un calmar géant et là tout va basculer : les médias mais aussi une secte vont essayer de tirer partie du jeune garçon, le présentant comme un observateur infatigable ou comme un prophète. Mais tout ça lui passe un peu par dessus la tête car il a d'autres problèmes à affronter : ses parents sur le point de divorcer, sa vieille amie dont les problèmes de santé s'aggravent, sans oublier son ancienne baby-sitter, Angie, qu'il veut à tout prix séduire.
Unité de temps, unité de lieu,un récit où se concentrent toutes sortes d'émotions et d'aventures qui vont transformer un être un peu en marge malgré lui, rien que du classique donc mais un roman d'apprentissage des plus sympathiques car plein de tendresse et de sensibilité. On apprend plein d'infos sur les formes de vie marine, on ne s'ennuie pas une minute avec un personnage qui sait voir le monde qui l'entoure, qu'il soit animal ou humain. Un chouette petit gars qu'on aurait envie de rencontrer et un auteur qui sait tout à la fois émouvoir et faire sourire, que demander de plus ?
à marée basse, Jim Lynch , livre de poche 2009, traduit de l'anglais (E-U) par Jean Esch.
Kathel a aimé aussi !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : jim lynch, plein d'infos sur les bestioles maritimes mais pas que
22/09/2011
A vol d'oiseau
"La moitié se mit à pleurer, l'autre moitié à sangloter."
A vol d'oiseau est un roman qui bouscule les frontières. Frontière géographique d'abord: celle entre le Canada et les États-Unis, dont le tracé capricieux avait plus ou moins été oublié et qui, sur une partie du microcosme où se déroule l'action, est symbolisée par un fossé que l'on saute allègrement. Oui mais des trafiquants de drogue, des passeurs de clandestins , voire des terroristes,vont changer la donne et faire grimper la paranoïa du côté des États-Unis...
La frontière entre les catégories professionnelles est- elle aussi chahutée: qui aurait pu croire que le héros du roman, Brandon, 210 cm, dyslexique, un peu autiste sur les bords, passionné d'oiseaux (il les identifie et les compte sans arrêt) deviendrait l'un des meilleurs garde-frontières ? On n'aurait pas parié un dollar sur lui, pas plus qu'on aurait cru que ses oeuvres artistiques, inspirées du Land Art, possédaient une quelconque valeur...En tout cas, il est le seul , dans sa fraîcheur d'esprit à planer au dessus de toutes ces contingences et à poursuivre son chemin entre deux communautés , pleines de gens pittoresques, que la peur de l'autre fait partir en vrille.
Un roman plein d'humour et de tendresse (on ne peut que tomber amoureux de Brandon (et pas seulement parce qu'il sait si bien comprendre les vaches !)), qui ne lésine pas sur les rebondissements et peint ce microcosme avec bonhomie et bienveillance, sans oublier néanmoins une petite touche acide... Un roman dont j'ai tourné de plus en plus lentement les pages pour le faire durer un peu plus longtemps ! "On n'oublie pas les moments passés avec Brandon."
A vol d'oiseau (Border songs) traduit de l'anglais (E-U) par Jean Esch, Éditions des deux terres 2011, 424 pages qu'on a peine à quitter !
06:00 Publié dans rentrée 2011, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : jim lynch, argh ayé je craaque et j'ai déjà commandé le premier roman de ce
17/09/2011
Hiver...en poche
"C'est toujours le désir qui tue."
Sacrifice en hommage aux dieux vikings ou meurtre commis par un esprit particulièrement tordu ? Seul le cadavre nu, obèse et gelé se balançant à une branche de chêne pourrait répondre. Mais il se contentera de commenter l'évolution de l'enquête menée par Malin Fors , inspectrice de police.Malin qui a fort à faire avec son boulot prenant, ses amours en pointillés et surtout son adolescente de fille qui se lance dans sa vie amoureuse.
Affrontant le froid d'un hiver particulièrement rigoureux, un clan familial retors, Malin Fors démêlera cette "logique absurde des sentiments." Pour autant les mystères ne seront pas tous levés, juste de quoi attendre avec impatience le prochain volume de cette série "où chaque titre est articulé à une saison."
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mons kallentoft
28/08/2011
Sukkwand Island...en poche
"Il savait que son père s'infligeait cela tout seul. »
Un homme et son fils de 13 ans, seuls sur une île sauvage au Sud de l'Alaska, difficilement accessible. Viennent en tête du lecteur les notions de « pionnier », de "conquête du territoire ", liées à l'histoire des Etats-Unis, mais d'emblée l'auteur instaure une atmosphère lourde de « bourbier ». Il ne s'agit donc pas ici de « robinsonner » en toute sécurité mais , pour le père, à défaut d'arriver à maîtriser sa vie et ses pulsions, de réussir à assurer sa survie et celle de son fils, Roy, ainsi que de restaurer une relation père/fils pour le moins défaillante. Très vite le lecteur se rend compte que le plus mature des deux n'est pas forcément le plus âgé et son coeur bat la chamade en tournant les pages ...jusqu'à la fin de la première partie qui arrive comme un uppercut et le laisse groggy. Magistral.
La suite du récit est une plongée hallucinante dans un esprit malade, alternant auto apitoiement et déni de la réalité. On sort de là estomaqué par ce premier roman de David Vann , au style tout en retenue et qui montre une maîtrise totale de la narration .
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : david vann
23/08/2011
Ru
"Mes parents nous rappellent souvent, à mes frères et à moi, qu'ils n'auront pas d'argent à nous laisser en héritage, mais je crois qu'ils nous ont déjà légué la richesse de leur mémoire, qui nous permet de saisir la beauté d'une grappe de glycine, la fragilité d'un mot, la forme de l'émerveillement. Plus encore ils nous ont offerts des pieds pour marcher jusqu'à nos rêves, jusqu'à l'infini. C'est peut être suffisant comme bagage pour continuer notre voyage par nous-mêmes. Sinon, nous encombrerions inutilement notre trajet avec des biens à transporter, à assurer, à entretenir. (...)
Alors, j'essaie le plus possible de n'acquérir que des choses qui ne dépassent pas les limites de mon corps."
Une forme éclatée - des textes courts- pour dire l'exil forcé dans le ventre dun bateau ,l'internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les souvenirs du Viet-Nam mais aussi l'arrivée au Québec et la vie actuelle de la narratrice, autant de fragments ténus mais d'une force incroyable pour dire la volonté de survivre, de cueillir quelques fragments de bonheur dans les situations les plus difficiles.
Pas de continuité narrative ou temporelle possibles dans un monde qui n'est jamais vécu comme sûr et/ou stable mais une vie marquée par cette volonté de rêve auquel se fier pour avancer. L'adaptation tragi-comique aux coutumes québécoises, l'attachement à l'odeur d'un assouplissant, autant de manières sensibles de se maintenir en équilibre et d'aller de l'avant, vers l'épure.
Un texte qui évite tout pathos -ce que je craignais le plus-et qui en 143 petites pages nous dit tout à la fois "l'écoulement de larmes , de sang, d'argent" et la berceuse que signifie son titre en vietnamien. Un petit ruisseau qui a coulé dans de nombreux blogs et qui vient de sortir en poche.
Ru, Kim Thùy, Liana Levi Piccolo.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : kim thùy, exil, sud-vietnam
10/08/2011
Les neuf dragons
"S'il ne la revoyait plus, il ne pourrait plus y avoir de rédemption."
Meurtre dans le quartier chinois; Harry Bosch soupçonne vite des acitvités de racket des Triades chinois. la routine, quoi. Mais le récit va s'emballer quand Bosch découvre que sa fille, Madeline, vient d'être enlevée à Hong-Kong, où elle réside avec sa mère.
Commence alors une journée de 39 heures qui verra Bosch aux prises avec les Triades dans une course haletante et sans temps morts.
Connelly choisit clairement (voir le texte en postface) de creuser la faille que représente sa fille pour Harry Bosch et il redonne ainsi du souffle à une série qui en manquait cruellement. J'ai néanmoins eu l'impression à plusieurs reprises que ce roman avait été écrit en prévision d'une adaptation cinématographique et ce côté un tantinet formaté a un peu gâché mon plaisir.
404 pages à lire d'une traite pour éviter tout manque ou risquer la nuit blanche. à attendre tranquillement en poche ...
Les neuf dragons, Michael Connelly, traduit comme d'ha' par Robert Pépin, Seuil 2011.
Merci àCath et Laurent pour le prêt !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : michael connelly