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24/04/2012

La main droite du diable

"Un état mental que l'on ne peut décrire que comme reflétant la violence pure, dans les textes sur la guérison que l'on utilise pour parler de l'alcoolique sobre. Triste, mais vrai."

A peine sorti de l'hôpital psychiatrique, Jack Taylor peine à se réadapter à une Irlande en pleine mutation , à la fois économique et culturelle. Pas facile en outre de rester sobre dans un pays où les pubs et les ennuis pullulent pour celui dont les amis ont une fâcheuse tendance à se retrouver au cimetière.
La preuve qu'il va mal : au début du roman, il ne pense même pas à ouvrir un livre pour se remettre en selle.ken bruen
Mais une enquête sur les victimes d'un prêtre pédophile retrouvé décapité va lui permettre de renouer avec son ancien travail et même de se trouver un fils spirituel. Bienvenue en enfer, Jack !
On se replonge toujours avec bonheur dans un roman de Ken Bruen, la preuve la multitude de marque-page qui hérissent les 376 pages de ce roman qui a obtenu le Grand prix de Littérature policière 2009 ! à consommer sans modération !

La main droite du diable, Ken Bruen, traduit de l'anglais (Iranlde) par le talentueux Pierre Bondil, folio policier 2011.

19/04/2012

Cuisine tatare et descendance

"Les gens aimaient qu'on leur retourne les tripes. Je n'avais jamais compris pourquoi."

Quand sa fille , dans un rare sursaut de révolte lui balance à la figure qu'elle est méchante et tyrannique, Rosalinda n'en revient pas ! Elle , méchante? ! Elle qui ne veut que le bien de sa famille et s'y emploie de toute sa volonté et de toute son énergie ! Même Dieu, selon elle, lui obéit, c'est dire !
Ce que cette Tatare haute en couleurs oublie juste d'admettre c'est qu'elle veut le bien des siens selon ce qu'elle a décidé . alina bronsky
Cette volonté de toute puissance ,boostée par un narcissisme exacerbé, trouvera cependant ses limites quand sa petite fille, Aminat ,ouvrira les yeux sur le comportement de sa si singulière grand-mère...
Portraits de plusieurs générations de femmes dans une U.RSS en pleine crise, ce roman vaut par l'énergie qui s'en dégage et la vision faussée que nous offre jusqu'au bout Rosalinda. On pourrait la détester mais son aplomb et sa pugnacité la rendent non pas sympathique mais terriblement captivante ! Une réussite !

Merci  Cuné !   

Cuisine tatare et descendance, Alina Bronsky, traduit de l'allemand par Isabelle Liber, Actes Sud 2012, 330 pages qu'on ne lâche pas !

12/04/2012

Jusqu'au dernier jour

 

Elle ne lui avait jamais dit que ses parents étaient naturistes. Il ne lui avait jamais confié que son frère était gay et handicapé. Commencée à la fac leur histoire d'amour avait capoté mais voilà que au coin d'une rue Ben retrouve Laura. Il est marié, elle est libre, chabadabada ou pas ?
Au fil d'une journée d'été, entrecoupée de souvenirs, nous suivons les anciens amants et voyons comment chacun d'eux a évolué.patrick gale
Ce pourrait être une bluette charmante et quelconque mais Patrick Gale a le chic pour choisir des personnages légèrement excentriques et aborde, mine de rien et avec beaucoup de grâce et d'humour des thèmes qui ne sont pas si fréquents. Ainsi la sexualité des handicapés est-elle abordée sans aucune lourdeur mais avec un naturel rafraîchissant.  Quant à la la description de cette vieille dame naturiste dans son jardin , qui aurait peu être scabreuse, elle devient ici quasiment une invite sensuelle à l'imiter !
Même si Patrick Gale n'atteint pas ici la qualité de son chef d'oeuvre (à mes yeux au moins !) Chronique d'un été (disponible en 10/18) , il nous offre un roman plein de charme .

Jusqu'au dernier jour (The whole day trough), traduit de l'anglais par Isabelle Caron, Belfond 2011, 247 pages douces-amères.

Patrick Gale chez cathulu c'est ici.

10/04/2012

Texasville

"S'il tenait tant à Bobby Lee, c'était , entre autres,  parce qu'il lui suffisait de le regarder pour se souvenir que la vie avait des aspects comiques."

Ses enfants sont plus fous les uns que les autres, sa femme est insolente (on le serait à moins vu la suite), ses maîtresses l'ennuient, son chien est le frère de Rantanplan , il aborde la cinquantaine et doit affronter la crise du pétrole qui le met au bord de la faillite et , ah oui, il doit organiser et participer au centenaire de la petite ville texane dans laquelle il habite !Vaste programme pour Duane qui voit aussi , pour couronner le tout, revenir son amour de jeunesse. larry mc murty
Il aurait pu nous exaspérer ce cow-boy tout sauf serein mais il est fichtrement attachant le bougre et le monde foufoufou qui gravite autour de lui également. Un roman qui cavale à toute allure et donne la pêche !

 

Merci à Keisha qui a su trouver les arguments pour le tirer de ma PAL !

05/04/2012

Couché

- Il s'agit à la fois de ne rien faire et d'accomplir quelque chose d'exceptionnel, a-t-il résumé.

Le jour de ses vingt-cinq ans, Malcom décide de rester Couché. Durant vingt ans, ce jeune homme qui rêvait de changer le monde, qui était la pierre angulaire de sa famille, va rester allongé, enflant démesurément dans la maison familiale où ses parents et son frère demeurent, prisonniers volontaires.
Alternant passé et présent, le frère cadet nous raconte la relation particulière,passant de l'amourdavid whitehouse inconditionnel à l'exaspération ou à la rivalité, qui l'unit à son frère. Il nous décrit aussi, de manière très fine, la manière dont chacun au sein d'une famille, essaie d'aider les autres tout en se préservant, ou pas.
Il ne s'agit pas ici du portrait d'un bon vivant à la manière d'Alexandre le Bienheureux,  film d'Yves Robert, pas plus d'ailleurs que d'un cas d'obésité morbide sortie tout droit d'une émission de télé trash. Non, dans ce premier roman, David Whitehouse nous livre un récit métaphorique et néanmoins ancré dans le réel, dans lequel les descriptions du corps de Malcom suscitent quasiment la nausée, sans pour autant tomber dans le sensationnalisme. L'écriture est toujours très maîtrisée, l'humour n'est pas absent et le récit ménage de nombreux rebondissements, un défi malgré le caratère statique du personnage central !
Un roman surprenant dans lequel chacun pourra projeter ses interprétations mais un vrai tour de force littéraire en tout cas !

Couché, (Bed), traduit de l'anglais par Olivier Deparis, Plon 2012, 264 pages qui nous laissent un peu sonnés !

L'avis de Clara.

01/04/2012

Toxic blues

"La joie est une chose tellement aléatoire qu'il faut la prendre par petites doses."

Je sais, je sais, j'aurais dû lire la série des Jack Taylor dans l'ordre , pour mieux suivre l'évolution de cet ex-flic de la Guarda , police irlandaise, toxico, alcoolo, féru de littérature et qui attire la violence et les ennuis avec une belle constance !51cSNPl2tFL._SL500_AA300_.jpg
 Mon parcours a été quelque peu erratique, j'ai même annoncé que j'arrêtais de le lire ( !), mais les romans de Ken Bruen sont hautement addictifs  et Jack Taylor sauvagement séduisant malgré sa cinquantaine quelque peu déglinguée !
Cette fois, il va aider un tinker, irlandais non sédentaire et fortement ostracisé par les autochtones , à identifier celui qui tue en toutes impunité des jeunes hommes du clan. Jack a sa manière bien à lui de traiter l'affaire, semblant quasiment s'en désintéresser, avant de se décider à faire appel à des connaissances pour l'aider à régler le problème entre un rail de coke, une biture et quelques bouquins . Quelques surprises déroutantes aussi bien sûr au détour d'une page car ce cher Jack a l'art de surprendre même ses amis les plus chers...Un roman comme je les aime, âpre et rugueux, cynique et drôle mais fichtrement confortable quand même !

Toxic blues, (the killing of the tinker), traduit de l'anglais (Irlande) par Catherine Cheval et Marie Ploux, avec quelques notes explicatives mais pas assez à mon goût !, folio policier 2007.

La série dans l'ordre :

26/03/2012

Le mode interrogatif

"Est-ce que cela change un peu les choses de vous apercevoir que ces questions en ont méchamment après vous ? Et que dans une certaine mesure, elles ne dépendent pas de moi? Qu'elles s'apparentent d'une certaine façon à des zombies du mode interrogatif ? "

Il faut ouvrir le livre pour répondre à la première interrogation : quel est le titre de ce livre ?, puisqu'en couverture ne figure qu'un homme tenant en main un point d'interrogation géant.
Le mode interrogatif donc, et en dessous : roman ?
Commence alors une accumulation de questions , un interrogatoire inlassable entre un narrateur-auteur qui, de temps en temps, apostrophe le lecteur, lui demandant s'il se souvient que la question lui a déjà été posée, s'inquiétant de son possible agacement. Les interrogations oscillent entre test de personnalité, questions humoristiques ,souvent déstabilisantes, nous invitant à réévaluer notre vision du monde, suscitant parfois un haut-le coeur car refusant l'édulcoration. padgett  powell
C'est aussi un portrait en creux du narrateur-auteur , qui se livre par bribes, et renforce ainsi le lien avec son lecteur, donnant de la chair à ce monde absurde, marqué par l'abondance. On se surprend à sourire, à répondre ou au contraire à balayer mentalement de la main certaines questions. D'une situation de communication perturbée , un seul interlocuteur monopolise la parole, on passe alors à une relation virtuelle qui s'établit entre le lecteur et l'auteur.
Pour résister à cette avalanche d 'interrogations, il faut bien évidemment se réserver de lire ce texte en plusieurs étapes ! Une lecture enthousiasmante !

Le mode interrogatif, Padgett Powell, traduit de l'anglais (E-U) par Olivia Roussel, Editions rue Fromentin 2012, 232 pages ?

18/03/2012

Le diable vit à Notting Hill

"Je lui ai répondu aussi sec que s'il fallait prendre en compte les névroses des copines , on allait devenir chèvres."

Waouh ! Avec de telles amies, pas besoin d'avoir d'ennemies ! ça défouraille sec dans ces demeures donnant sur un square privé de Notting Hill où vivent de riches banquiers et leurs familles. Les deux narratrices , dont les points de vue alternent, sont supposées nous donner des points de vue croisés sur ce microcosme tellement chic et branché.rachel johnson,schtroumpf grognon le retour
Mais sous sommes loin du film Coup de foudre à Notting Hill ! D'abord parce que le style est atroce, plein de niaiserie et que la traduction (et pourtant ils s'y sont mis à deux) abonde en fautes d'orthographe:"il a eu tord"(sic), quand ce ne sont pas des horreurs comme "il a aménagé dans cette rue". Sans oublier les multiples légumes et vin organiques, (biologiques n'est pourtant pas bien compliqué), ou les mots qui ne sont ni traduits ni expliqués (qu'est ce qu'une maison shabby ?).
Bref, je croyais avoir trouvé un bon roman somnifère mais , le diable étant dans les détails, c'est râpé !

Déniché à la médiathèque.

17/03/2012

la gifle...en poche

Un enfant, non cadré par ses parents , est giflé par un adulte lors d'une fête réunissant des représentants du melting-pot australien . Les parents de l'insupportable gamin décident aussitôt de porter plainte, fragilisant ainsi et leur couple et toute la communauté de leurs amis qui vont devoir ou non prendre parti pour l'un ou l'autre camp.51Mxkubr09L._SL500_AA300_.jpg
Les personnages de La gifle sont tout sauf sympathiques, poisseux pour la plupart,  mais leur variété, aussi bien dans l'âge que dans l'origine sociale, et la manière dont l'auteur leur fait prendre tour à tour la parole est en soi intéressante. Un roman agaçant  (jai dû m'y reprendre à deux fois pour en venir à bout) mais qui brosse un portrait-mosaïque intéressant de la société australienne contemporaine.

16/03/2012

Olive Kitteridge

"Je ne vois vraiment pas pourquoi je pleurerais."

Tantôt personnage principal, tantôt juste mentionnée, Olive Kitteridge nous apparaît dans un portrait kaléidoscope la suivant de l'âge adulte à la vieillesse. Mais qui est-elle réellement? Pour les uns, une prof de maths qui terrorise ses élèves , pour d'autres une femme avec son franc-parler mais qui sait aussi faire preuve de déroutants élans de bonté . Étouffante pour son fils unique qui n'aura de cesse de la fuir , compatissante pour une jeune femme souffrant d'anorexie ou pour un ancien élève dépressif, Olive nous surprend toujours.elisabeth strout
La construction, perturbante au début, on a l'impression de lire des nouvelles sans lien entre elles, bâtit en fait, de manière subtile, tout un univers qui nous devient vite familier. On guette l'apparition Olive et très rapidement on s'attache à cette femme et à ceux qu'elle côtoie.
Elisabeth Strout nous montre avec aisance aussi bien les drames que les joies, la solitude et la vieillesse mais aussi le nouveau comportement amoureux des personnes âgées , leur manière d'affronter les surprises du coeur. Un roman généreux et tout en finesse.

Olive Kitteridge, Elisabeth Strout, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon. Ecriture 2010, 375 pages revigorantes. Livre de poche 2012.

Prix Pulitzer de Littérature 2009.

le billet de Clara qui vous envoie vers plein d'autres !

Celui d'Anne.