30/06/2012
Witch
"C'était une bonne âme honnête que l'intellect n'encombrait pas."
Les offres spéciales de l'été ont ceci de bon qu'elles nous permettent de découvrir des romans vers lesquels on ne serait pas allés spontanément...
Une jeune femme, terroriste internationale et travaillant aussi à son compte, est rentrée en Grande-Bretagne , de manière fort peu discrète. Aussitôt son "plus grand fan" Dominic Elder, reprend du service au sein des services secrets britanniques car un sommet international va alloir lieu à Londres. Quelle sera la victime de celle que personne ne peut décrire avec précision et qui a été surnommée Witch (sorcière )?
Witch de Ian Rankin a été le roman parfait pour cette fin d'année scolaire et les deux neurones qui me restent : un intrigue prenante, de l'humour, un style agréable qui nous porte tranquillement, pas de voyeurisme dans l'expression de la violence , des personnages attachants et une relation complexe unissant la femme fatale et celui qui la traque, que demander de plus?
En prime, le roman ayant été écrit dans les années 90 , on replonge dans un univers dépourvu de téléphones portables, ce qui paraît tout à fait exotique !
L'exotisme apparaît également dans la vision des françaises: Dominique, une jeune femme qui travaille à la DST roule ainsi en 2CV et porte un béret et des gants rouges (? *) en plein mois de juin à Londres !
Bref, un roman classique et agréable qui remplit parfaitement son contrat !
Gratuit pour deux livres de poche achetés en ce moment.
* Tatiana Golovin qui a créé le buzz avec ses gants quand elle commentait Roland Garros aurait-elle lu ce livre ? :)
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : ian rankin
28/06/2012
Les oranges ne sont pas les seuls fruits
"L'incertitude était pour moi ce que l'aardvark* est pour les autres gens."
Paru pour la première fois en 1985 (et adapté pour la Télévision britannique en feuilleton), Les oranges ne sont pas les seuls fruits est la version romanesque de Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?**
Ce roman insiste davantage sur la dimension religieuse du personnage de madame Winterson (si obnubilée par ses pratiques religieuses qu'elle ne se rend pas compte que sa fille adoptive est devenue sourde !) et n'hésitant pas à organiser un exorciste quand elle se rend compte de l'homosexualité de cette dernière.
J'ai nettement préfé l'autobiographie de Jeanette Winterson, qui revient davantage sur sa "libération" grâce à la littérature et relate sa recherche de sa mère biologique.
Merci Sylvie !
*petit fourmilier d'Afrique.
**qui vient d'obtenir le prix Marie-Claire.
Jeanette Winterson à écouter ici.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : jeanette winterson
26/06/2012
L'aérodynamique du porc
"J'aime assez cette sensation d'être rassasié et flapi."
Premier roman de mon chouchou Patrick Gale, L'aérodynamique du porc contient en germe des thèmes qui seront ensuite exploités et enrichis : les relations familiales, la découverte de l'amour homosexuel. Mêlant ici deux intrigues qui finiront par se nouer in extremis, ce roman, parfois un peu maladroit , parfois un peu bavard,fait la part belle à l'espièglerie et à la fantaisie un peu foutraque.
Comme d'habitude un très joli portrait de mère , avec laquelle je me suis trouvée un point commun : "Evelyn dormait la fenêtre ouverte car elle appréciait un lit bien chaud dans une pièce fraîche. Elle ouvrait toujours les rideaux avant de se coucher , de façon à être réveillée par le soleil. Ce matin-là , il se déversait à flots dans la pièce et elle s'éveilla au chant des oiseaux. elle s'habilla en vitesse et s'éclipsa."
Quant au porc du titre, il désigne en argot un policier (une des héroïnes est une jeune policière qui tarde à se reconnaître lesbienne) mais peut être compris de bien d'autres façons. à réserver aux inconditionnels sans doute.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : patrick gale
22/06/2012
Les sortilèges du Cape Cod...en poche
"Il ne leur faisait pas assez confiance- au monde à elle, à lui-même et à leur belle vie-, ce qui l'amenait à comprendre les choses de travers."
Deux mariages comme autant de bornes entre lesquelles nous suivrons le parcours à la fois géographique (entre côte Est et côte Ouest des Etats-Unis), introspectif et temporel (retours dans le passé)de ce sympathique quinquagénaire, Jack, qui fait le bilan de sa vie , de son mariage qui commence à battre de l'aile) et de ses relations avec ses parents et beaux-parents.
Il apparaît perpétuellement écartelé entre deux visions de la vie , deux emplois (prof de fac ou scénariste) et deux familles (la sienne qu'il fuit et celle de sa femme qu'il snobe consciencieusement). Mais possède-t-il une juste vision des faits ? Il pourrait être exaspérant ce cher Jack mais il est juste humain et ô miracle, il est même capable de reconnaître- du moins in petto -ses torts !
Echappe-t-on jamais aux automatismes familiaux? C'est bien difficile , surtout si comme notre héros on est doté d'une mère à la fort personnalité : "La mère de Griffin était en très grande forme. Si on relevait une de ses vacheries, elle rebondissait sur une autre. Vouloir lui rabattre son caquet revenait à tenter d'enfermer un chat dans un sac : il restait toujours une patte dehors et on n'en sort jamais indemne."
Le roman prend plus son temps dans la seconde partie, la mélancolie pointe le bout de son nez, mais on n'abandonne pas pour autant l'humour vachard, marque de famille des Griffin quoi qu'il lui en coûte de l'admettre, et on en redemande ! La répétition du dîner de mariage est un spectacle à ne pas manquer, de quoi donner des sueurs froides aux futures mariées !
Un roman tendre sans être mièvre, qu'on a du mal à quitter .
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : richard russo
18/06/2012
Héritage
"Le bonheur que l'on n'a pas gagné n'est pas le bonheur."
Apprenti éditeur, Andy Larkman, parce qu'il s'est trompé de salon funéraire, hérite de 17 millions de livres sterling de la part du défunt, Christopher Madigan, dont il ignore tout.
L'argent va évidemment modifier son rapport aux autres mais simultanément le rendre débiteur , comme il mettra du temps à s'en rendre compte.
Il lui faut en effet comprendre qui était cet homme, comment ce réfugié arménien est devenu un nabab du minerai de fer en Australie avant de devenir un parfait Anglais et de déshériter sa fille.
Andy deviendra ainsi le dépositaire de récits qu'il lui faudra agencer pour profiter pleinement de son Héritage.
Mêlant récit d'apprentissage, d'aventures et ne négligeant pas le poids de l'Histoire, le roman de Nicholas Shakespeare est un pur plaisir. On ne le lâche pas une seconde, savourant les pointes d'humour : "Il la soupçonnait d'être la réincarnation d'un guerrier barbare. Une grimace pareille , ça ne s'apprenait pas en une seule vie." , retrouvant avec plaisir les figures imposées du récit à rebondissements. Un roman confortable, comme on les aime et qu'il m'a absolument fallu finir hier soir, d'où mes yeux de panda !
Héritage, (Inheritance) Nicolas Shakespeare, traduit de l'anglais par Karine Lalechère, Grasset 2012, 421 pages à dévorer.
Déniché à la médiathèque.
L'avis de Clara !
Celui de Gwenaëlle06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (14)
11/06/2012
Enfants de poussière
"-Je me demande parfois si tu n'es pas en train d'essayer de résoudre du même coup deux mystères qui se sont produits à presque quarante ans d'intervalle."
Le cadavre d'une jeune Asiatique vient d'être trouvé en bordure de route dans le comté d'Absaroka, Wyoming.Le coupable, un géant Indien frappé de mutisme, paraît tout désigné mais notre shérif préféré Walt Longmire, n'est pas du genre à bâcler une enquête. D'autant que dans le sac à main de la victime, une photo va le replonger dans sa première enquête durant la guerre du Vietnam.
Alternant passé et présent, ce nouveau roman de Craig Johnson a le mérite de nous replacer en territoire connu, avec, entre autres, une superbe description de ville fantôme . L'humour est toujours aussi présent, Longmire oberve ainsi avec attention le nouvel amoureux de sa fille : "Michael prit la dernière huître des Rocheuses*. il n'avait pas remarqué qu'il était le seul à en manger."mais les retours en arrière m'ont paru assez confus et Longmire m'a souvent donné l'impression de me retrouver dans une atmposhère à la Rambo (seul contre tous, impossible de s'en sortir mais si).
Bilan mitigé donc aggravé par tous ses Ouaip qui ponctuent régiulièrement les paroles du shérif.
Enfants de poussière,( Another Man's Moccasin), traduit de l'américain par Sophie Aslanides, Gallmeister 2012, 323 pages qui font passer un bon moment , sans plus.
Déniché en médiathèque.
L'avis de Keisha
Celui de Kathel
*alias la friandise des Hautes Plaines, autrement dit un testicule de bouvillon pané, bon appétit !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : craig johnson
08/06/2012
Dérive sanglante...en poche
"Tire sur le premier intrus qui se présente, l'ami."
Stoney Cahloun travaille pour la somptueuse Kate (et plus car affinités) comme guide de pêche et mène une vie des plus tranquilles et retirée avec son chien, le très craquant et philosophe, Ralph, épagneul breton de son état. Mais son meilleur ami disparaît et Calhoun va se rendre compte que son passé, dont il n'a que de vagues souvenirs, va le rattraper en mettant à jour des capacités que jusque là il ignorait...
William G. Tapply a le chic pour mettre en scène ses personnages en quelques lignes, du plus important jusqu'aux seconds rôles, il les croque et tout de suite ils nous sont familiers. Son héros est un homme comme on en rêve : calme et tendre, patient et délicat avec une virilité de bon aloi accompagné d'un chien à la fois placide et vif, doté d'une réelle personnalité.
L'intrigue mêle savamment l'enquête personnelle de Calhoun et ses découvertes sur ses capacités insoupçonnées. La lumière ne sera d'ailleurs pas entièrement faite sur le passé du héros, ce qui nous donnera bien évidemment envie de découvrir la suite de ses aventures ! Un bain de verdure et de fraîcheur malgré le titre : Dérive sanglante !
Un petit extrait pour le plaisir : "Il laissa la cabane à la garde de Ralph en lui rappelant ses devoirs: mordre au derrière tous les intrus sans exception, faire la vaisselle et couper un peu de bois de chauffage.
-Et pas question d'aller nager dans la rivière, ajouta-t-il.
Ralph, vautré sur la terrasse ensoleillée agita son moignon de queue sans rouvrir les yeux."
Dans l'ordre :
Casco Bay (en poche)
Dérive sanglante
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : william g tapply
07/06/2012
Désaccords mineurs
"Les attentes des autres, il y a de quoi vous donner mal à la tête."
Chrissie, mère de trois filles dont la benjamine a dix-huit ans, appartient à "...cette espèce de femmes exaspérantes qui, quand on les interviewait dans leur maison impeccable sur leur aptitude à ne pas devenir folle alors qu'elles géraient l'existence de quatre ou cinq personnes en plus de la leur et en plus d'un boulot, souriaient avec sérénité et répondaient qu'en réalité, il suffisait de faire des pense-bêtes." Ou plutôt appartenait car le décès de celui qui ne l'a jamais épousée, Richie, la laisse dans un désarroi total. D'autant plus que, les dispositions de l'héritage font revenir à la surface la première famille de son compagnon, famille qu'elle aurait préféré continuer à ignorer.
Alors que Chrissie et ses deux premières filles restent bloquées sur le drame qui a bouleversé émotionnellement et économiquement leurs vies, Amy , la plus jeune, faisant fi des accusations de déloyauté ,va de l'avant et établit même un lien avec son demi-frère.
Les univers brossés par Joanna Trollope, que ce soit le Londres coquet ou le Newcastle plus rustique, sont tous empreints de ce confort douillet qu'elle sait si bien décrire. On s'y réconforte à grands coups de mugs de thé, on y croise un chat lourd comme "un hippopotame à fourrure", on déjeune dans un restaurant compassé et on se régale de la finesse des notations psychologiques. Seul bémol, les choses s'arrangent un peu trop bien mais c'est la loi de ces bons gros romans réconfortants, n'est-ce pas ?
Désaccords mineurs, (The Other Family), Joanna Trollope, traduit de l'anglais par Johan-Frédérick Hel Guedj, Editions des deux terres 2012, 332 pages si délicieusement british !
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : joanna trollope
01/06/2012
la rivière noire...en poche
"Tout à coup, elle eut l'impression de se retrouver dans un univers étrange, glacé et terrifiant."
Un homme a été égorgé. Dans la poche de sa veste, des cachets de Rohypnol, la drogue du viol. Grâce à un châle retrouvé sur le lieu du crime, châle exhalant un drôle de parfum d'épices, l'adjointe d'Erlendur, Ellinborg , va mettre la main sur une jeune femme persuadée d'être la coupable, sans que rien ne vienne le prouver...
La société islandaise change, devient plus violente, se laisse "noyer dans de mauvaises habitudes importée de l'étranger" selon certains, mais les injustices n'existent-elles pas depuis toujours ?
Erlendur , comme toujours, porte un regard attentif sur la vie quotidienne de ses personnages et, par le biais de son héroïne confère à son enquête une dimension encore plus chaleureuse, plus humaine. La vie de famille d'Elinborg, ses soucis familiaux, le plaisir qu'elle prend à cuisiner, la relation avec ses enfants, les blogs, voilà de nombreux thèmes qui parlent au lecteur de toute nationalité et contrebalancent une enquête sur les violences sexuelles commises en quasi impunité...
Quelques traits d'humour viennent alléger quelque peu une atmosphère rendue encore plus sombre par l'absence du commissaire Erlendur. Un peu de frustration donc mais qui rend d'autant plus grande l'envie de lire le prochain roman d'Indridason...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : arnaldur indridason
29/05/2012
Moi, Ambrose,roi du scrabble
Looser absolu, allergique aux cacahuètes, surprotégé par sa mère qui ira jusqu'à le retirer de son énième collège , Ambrose arbore un pantalon violet et un bonnet à pompon, ce qui , évidemment, n'arrange pas les choses.
En plus il a le chic pour agacer les gens , ce qui le rend plutôt solitaire. Mais tout va changer dans sa vie quand il va se mettre en tête de faire d'un ex-taulard, Cosmo, la figure paternelle dont il manque tant. Ambrose ira jusqu'à traîner Cosmo dans un club de scrabble où l'adolescent apprendra à devenir plus modeste et plus tolérant.
Premier roman écrit par Susin Nielsen, Moi Ambrose, roi du scrabble, ne possède pas le charme de Dear George Clooney mais on y sent la patte d'une bonne scénariste et on ne s'ennuie pas une seconde.
Merci à Clara pour le prêt !
06:00 Publié dans Humour, Jeunesse, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : susin nielsen