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25/08/2012

Les privilèges ...en poche

"Les gens avaient des réactions bizarres avec l'argent. Ne pas le dépenser leur paraissait condescendant. Etre riche signifiait agir en riche, si cela avait le moindre sens, ne pas vivre de la manière dont on pouvait le faire à tout instant de la journée, c'est de la prétention à l'envers. Ou le désir de passer pour normal , ce que vous n'étiez pas."

Comment s'attacher à des personnages qui ont tout pour eux : jeunesse, beauté, richesse, à qui tout réussit et qui deviennent ultra-riches, perdant sans sourciller 480 000 dollars , pour donner un ordre d'idée ? On ne peut que suivre, fasciné par tant de perfection, leur évolution.jonathan dee
Ici pas de richesse ostentatoire, pas de citations de marques de luxe, pas d'amour effréné de l'argent. Il s'agit juste de s'offrir le meilleur à soi et à sa famille, créant ainsi une bulle confortable d'où l'on chassera sans vergogne toute émotion susceptible de bouleverser ce bel ordonnancement.
Bien évidemment tant de perfection n'est pas viable à long terme et chacun des membres de cette famille devra un jour affronter la cruauté d'un monde qu'ils ne pourront tenir éternellement à distance.
Un style impeccable et cruel en diable  pour une histoire glaçante.

20/08/2012

Quand nous étions grands

"Il était une fois une femme qui s'aperçut un beau jour qu'elle était devenue étrangère à elle même."

Qui aurait cru que cette jeune Rebecca,  intello timide, épouserait sur un coup de foudre cet homme plus âgé qu'elle, père de trois fillettes et propriétaire d'une maison de famille où il organise des réceptions ?
Devenue mère à son tour, elle continuera à élever les filles de Joe et reprendra le flambeau de l'entreprise familiale au décès de son mari.anne tyler,les quinqua sont sympa
à cinquante-trois ans Rebecca , tout en organisant à tour de bras des réunions familiales ou non, prend le temps de faire le point sur sa vie, se demandant par exemple si Joe l'avait épousée pour son utilité , si leur amour ne reposait pas ur des malentendus (elle n'est pas aussi enjouée qu'elle le paraît) et surtout s'il était encore temps de faire des changements dans sa vie.
Sur une trame assez classique, Anne Tyler, par la finesse de ses observations, par l'entrain de cette famille recomposée atypique (le personnage de la première femme de Joe est un poème !), par cette élégance de l'héroïne qui signale  en passant ses petits pincements au coeur mais sans jamais les transformer en récriminations, nous donne un roman plein de vie qui réchauffe le coeur !

Quand nous serons grands, traduits de l'anglais (américain) par Sabine Porte, Calmann-Lévy 2002, 343 pages qui se lisent toutes seules !

Déniché à la médiathèque.

17/08/2012

Les trois lumières...en poche

"Et c'est alors qu'il me prend dans ses bras et me serre comme si j'étais à lui."

Parce qu'ils sont surchargés d'enfants et qu'un nouveau bébé va bientôt arriver, une famille irlandaise confie l'une de ses filles à un couple de fermiers taciturnes, les Kinsella.
Pourquoi cette enfant et pas une autre, pourquoi ce couple ? à ces questions il ne sera jamais apporté de réponses claires. 41nCyYyA-ZL._SL500_AA300_.jpg
De la même façon, c'est par petites touches que l'enfant- narratrice va prendre conscience tout à la fois de l'amour qui va se tisser entre elle et le couple qui l'accueille et du drame qui les a frappés.
Souffrance réprimée, cruauté consciente ou non, tout se donne à voir à travers des gestes en apparence insignifiants: quelques tiges de rhubarbe que personne ne veut ramasser, uin chien qu'on n'appelle jamais par son nom. à la curiosité inquisitrice, on répond par le silence, silence auquel la narratrice sera initiée .
C'est aussi tout un monde rural en voie de disparition qui se donne à voir ici, un monde plein de poésie qu'on savoure quand la journée de travail est enfin terminée.
Un univers riche en émotions et qui tient en une centaine de pages denses , cruelles, pleines d'émotions et qui se terminent avec une phrase parfaite d'ambiguïté.

13/08/2012

Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants

"Je comprends soudain que tu dois souffrixialu guor beaucoup avec moi. Parce que je suis puissante et exigeante avec les mots, moi aussi. Et le plus grave c'est que tu dois supporter mon anglais tous les jours. tu n'as pas de chance d'être avec moi."

Venue étudier l'anglais à Londres, une jeune chinoise de 24 ans va , sur un malentendu linguistique, emménager chez un londonien quadragénaire, sculpteur, végétarien et livreur.
Elle apprend "comme une folle"  dit-elle et note sur un journal de bord, ayant comme entrée un mot dont elle a recopié soigneusement la définition, l'évolution de sa relation avec cet homme et ses étonnements devant la vie occidentale. Par la même occasion, le lecteur note les progrès linguistiques de Z, comme elle préfère qu'on l'appelle. Mais plus que la barrière linguistique ne serait-ce pas plutôt deux conceptions différentes d'une relation amoureuse qui risque de séparer les amants ?
Un regard étranger sur un mode de vie est toujours extrêmement intéressant et permet par la même occasion de glaner des éléments culturels sur le spectateur extérieur. De plus, ici,  les caractères complexes  des protagonistes confèrent une gravité au récit qui ne tombe jamais dans les pièges du pathos ou de la guimauve.
J'ai commencé ce récit avec plein d'a priori qui ont pris la poudre d'escampette très rapidment et je me suis vraiment régalée avec ce roman tout bruissant de marque-pages.

Un régal à s'offrir en poche !

Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants, Xiaolu Guo, traduit de l'angalis (Chine) par Karine Laléchère, pocket 2012375 pages à savourer !

L'avis de Florinette qui vous enverra chez plein d'autres !

Celui de Mango.

10/08/2012

Rupture...en poche

"Triste et solitaire , et incapable de casser le moule dans lequel sa vis s'était installée."

Un prof ouvre le feu dans un collège anglais.Trois élèves et un professeur tués. Suicide du meurtrier.Affaire bouclée en un rien de temps. Mais ce serait sans compter sans l'obstination de l'inspecteur Lucya May qui ne se contente pas de la version officielle qui satisfait un peu trop de monde.
Alternant les interrogatoires des différents protagonistes et la quête obstinée de Lucya, le récit avance et devient de plus en plus oppressant, brossant le portrait sans concession d'une société qui, cyniquement , sacrifie son système éducatif, détournant les yeux pour ne pas voir le harcèlement, la violence, le racisme qui la gangrène à tous les niveaux.simon lelic,école
La solitude de Lucya, lâchée par sa hiérarchie, n'en devient que plus poignante et on avance le coeur serré au fur et à mesure que se déploie l'éventail de petites lâchetés qui, accumulées, ne pouvaient mener qu'au drame.
Une écriture qui nous ménage heureusement quelques bouffées d'humour mais pour mieux nous piéger au détour d'une information cruciale révélée quasi par inadvertance par l'un des protagonistes. Quand on croit pouvoir souffler un peu , Simon Lelic nous cueille du au creux du plexus solaire et l'on reste sonné devant cette montée de l'horreur.Un récit tendu mais qui laisse la part belle à l'humanité des personnages néanmoins. Un coup d'essai , Rupture est un premier roman, qui est un coup de maître

08/08/2012

L'arbre à bouteilles

 

"-Chérie, je te regarde, et j'ai pas besoin de câbles de démarrage."

Leonard Pine vient d'hériter de son vieil oncle cent mille dollars et une maison délabrée où" pousse" un arbre à bouteilles, censé éloigner les mauvais esprits, mais guère efficace contre les voisins indésirables qui habitent la crack house voisine. Gageons que Leonard et son ami blanc Hap sauront venir à bout de l'état déplorable de la bicoque de l'oncle comme de celle de leurs voisins, mais pas forcément de la même manière.joe r. lansdale,noir c'est noir
Mais faire le ménage et rafistoler peut mener aussi à d'étranges découvertes, un squelette pas forcément caché dans un placard par exemple...
Ce deuxième épisode des aventures de Hap et Leonard (mais le premier traduit en français, va savoir pourquoi) se déroule entièrement dans un quartier noir et pauvre où Hap fera l'expérience du racisme à l'envers si j'ose dire, y compris dans ses relations amoureuses. Pas trop déstabilisé pour autant, il aidera efficacement son compère à enquêter sur des disparitions dont personne ne se souciait trop.
La tonalité de cet épisode est très sombre mais l'humour de nos héros permet de détendre l'atmosphère et la certitude de voir le problème résolu de manière efficace réjouit d'avance le lecteur ! Un de ces romans qui vous remet le pied à l'étrier !

L'arbre à bouteilles (Mucho Mojo, soit Beaucoup de magie noire), Joe R. Lansdale, traduit de l'américain par Bernard Blanc, Folio Policier2004, 350 pages revigorantes.

Challenge Thrillers et polars chez liliba

L'avis de Dasola, qui souligne que cet Lansdale est cité chez Ken Bruen , une autre bonne référence!:)

 

joe r. lansdale,noir c'est noir

06/08/2012

C 'était pas ma faute

"Tout était si diamétralement opposé au Chicago doux, agréable et bien tempéré des romans d'Henry LaMarck que ça finissait quand même par frôler la tromperie malveillante."

Parce qu'elle attend avec impatience LE livre sur le 11 septembre que tarde à rendre l'auteur de best sellers américain Henry Lamarck dont elle est devenue la traductrice allemande attitrée, Meike se rend à Chicago pour rencontrer son grand homme. Évidemment elle ignore que celui-ci l'a en horreur "Parce qu'elle passe son temps à dépiauter [ses] romans et à chercher les erreurs." L'écrivain, de son côté, est fasciné par la photo d'un trader, Jasper,  qu'il tient à tout prix à rencontrer. Ce dernier évidemment, va draguer Meike et commettre une erreur de transaction, le battement d'aile du papillon qui mettra en évidence les faiblesses du système financier, rien que ça.
De malentendus en quiproquos, chaque personnage croit détenir sa vérité  et se trouve embarqué dans un chassé-croisé qui se transformera bientôt en course poursuite dont l'issue, bien sûr, remettra tout en ordre mais pas forcément celui auquel on s'attendrait !kristof magnusson,trader,traducteur,romancier
Le décalage entre la réalité et la vision qu'en a chaque personnage fait tout le sel de cette comédie parfois grinçante, dont l'auteur, par ailleurs lui aussi traducteur, maîtrise parfaitement le rythme . Son analyse des rapports entre les personnages est fine et on ne peut lâcher ce roman qui , cerise sur le gâteau parle d'écriture, de traduction et parvient même à nous intéresser au monde de la finance, ce qui pour ma part n'était pas gagné d'avance !

Merci Sylvie !

C'était pas ma faute, Kristof Magnusson, traduit de l'allemand par Gaëlle Guichenay, Métailié 2011, 268 pages pleines de surprises !

Plein d'avis chez Babelio !


30/07/2012

Divan

"Je me suis découvert une clairière,  un espace inhabité, un coin de moi que je n'avais pas encore visité, je le laisserai s'épanouir sans intervenir."

Elle reconnaît avoir une vie agréable, son mariage n'est pas en ruines, elle peut exprimer sa créativité, mais pour la première fois elle suit une psychanalyse. Pourquoi? Elle même est bien en peine de le dire, mais la crise (de milieu de vie ?) est bien là.maria medeiros,psychanalyse
 Cette thérapie  va se poursuivre trois ans durant, et au fil des rencontres avec son thérapeute va se dessiner le portrait d'une femme d'un peu plus de quarante ans qui a l'impression d'être une thérapie de groupe à elle toute seule car elle est plusieurs femmes en une.
Pas d'indications de temps, de cette analysée nous ne saurons rien d'autre que ses épanchements à son thérapeute et ce sera au lecteur de combler les pointillés, d'ajuster les différentes indications qu'elle nous donne. C'est à la fois un peu frustrant mais également très intéressant car le portrait reste sans cesse en évolution et ne sera jamais figé.
L'écriture est élégante et l'on s'attache à cette femme dont certaines facettes nous ressemblent souvent.On reste juste sur sa faim car le livre est  trop court (158 pages seulement) et l'on serait bien resté un peu plus longtemps en aussi charmante compagnie.

Divan, Maria Medeiros, traduit du brésilien par Marcia Corban, Pocket 2012.

26/07/2012

Vanilla Ride

"J'ai des scrupules , mais ils sont du genre flexibles."

"Les jumeaux du désastre", ainsi sont surnommés par certains Hap Collins, le blanc hétéro démocrate et Leonard Pine, le black gay  républicain. Bastonneurs en diable, ces péquenauds de l'East Texas , comme il se définissent eux-mêmes, peuvent aussi avoir la gachette facile, surtout quand il s'agit de rendre service à un de leur vieux pote. Evidemment, les événements vont prendre une tournure plus compliquée et nos deux héros, forts en gueule et à l'humour décapant vont aller se fourrer dans un joli pétrin, qui les mettra aux prises avec la Dixie Mafia et leur donnera l'occasion de découvrir qui se cache derrière  ce patronyme de Vanilla Ride (ne comptez pas sur moi pour vous le dévoiler !).joe r. lansdale,hap collins,leonard pine
On ne s'embarrasse ni de stratégie ni de psychologie dans ce roman qui fonce sur les chapeaux de roue mais on passe un excellent moment avec Joe R. Lansdale, son humour et ses métaphores pas piquées des vers.

Si on m'avait dit que j'achèterais un jour un roman avec ce type de couverture  ! Mais je l'ai fait et je me suis ré-ga-lée ! Merci Gwen pour cette découverte !

Vanilla Ride, Joe R. Lansdale, Folio policier 2012, 384 pages qui ne font pas dans la dentelle , qui dépotent et sont jubilatoires !

Cycle de Hap Collins et Leonard Pine
  1. Savage Season, 1990)
  2. L'arbre à bouteilles (Mucho Mojo, 1994), Gallimard, Série noire, 2000
  3. Le Mambo des 2 ours (Two-Bear Mambo, 1995), Gallimard, Série noire, 2000
  4. Bad Chili (Bad Chili, 1997), Gallimard, Série noire, 2002
  5. Tape-cul (Rumble Tumble, 1998), Gallimard, Série noire, 2004
  6. Veil's Visit (1999)
  7. Tsunami mexicain (Captains Outrageous (2001), Gallimard, Série noire, 2007
  8. Vanilla Ride (d'abord annoncé sous le titre : Blue to the Bone 2009), Gallimard, Folio policier, 2012joe r. lansdale,hap collins,leonard pine

03/07/2012

Les oreilles de Buster

"Le mensonge ne se laisse pas noyer dans l'amour."

En apparence Eva, cinquante six ans , mène une vie paisible , vie qu'elle partage avec Sven et une vieille dame acariâtre dont elle s'occupe. Le cadeau d'un journal intime que lui fait sa petite-fille va néanmoins chambouler de fond en comble cette vision car elle l'avoue ex abrupto en le rédigeant le soir: Eva a tué sa mère.
Revenant sur son passé, la quinquagénaire revit les émotions d'alors et nous offre un portrait de femme pugnace et tenace mémorable, oscillant entre cruauté et sensibilité extrême.marie ernestam
Une narration qui, en outre, ménage des surprises quasiment jusqu'à la fin ! Vite, passez un excellent moment avec Eva !

Les oreilles de Buster, Maria Ernestam, traduit du suédois par Esther Sermage, Gaïa 2011.

 

Des avis sur babelio

Plein d'autres avis chez Theoma (merci !)

Merci Sylvie !