17/09/2013
Idiopathie
"Meilleure elle était dans l'exercice de son travail, plus les gens la détestaient. De l'avis général, elle excellait dans son travail."
Séparés après une liaison tortueuse, Katherine et Daniel vont devoir se rapprocher pour faire face au retour d'un fantôme de leur passé: leur ami commun Nathan.
Daniel a retrouvé l'amour mais il n' a jamais été et ne sera jamais de taille à affronter son ex , reine du cynisme et de la mauvaise foi. Les retrouvailles s'annoncent donc plutôt compliquées...
Trentenaires narcissiques et par certains côtés encore puérils, Daniel , Katherine et Nathan prennent tour à tour la parole dans ce roman présenté comme une comédie à l'anglaise .
Si Sam Byers manie les mots avec une profonde jubilation et atteint souvent son objectif,nous faire sourire, voire pouffer, (j'ai adoré en vilaine que je suis l'exploitation de Nathan par sa mère) il ne parvient pas toujours à donner de la densité à ses second rôles (j'aurais aimé que soient développés par exemple les personnages de la mère et de la sœur de Katherine). Il aurait sans doute fallu aussi tailler dans les discussions et les prises de tête intérieures entre les anciens amoureux (si je lui dis ça, elle va réagir comme ça mais...). Trop longues, elle ont failli m'occasionner un mal de tête et j'avais juste envie de dire à Daniel : Fais-toi une raison et tais-toi. Quant aux vaches, atteinte du syndrome du désœuvrement, elles sont le symbole d'une société en perte de sens. Elles n'en demandaient pas tant, les pauvres.
Bref, un premier roman presque réussi. ...,
Traduit de l’anglais par Nicolas Richard.
Le billet tentateur de Cuné, qui a bu du petit lait !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : sam byers, comédie à l'anglaise
12/09/2013
Sondage au pif
" Je devine juste que je suis étrange."
Quelle drôle de bonne femme cette Irma! Se faisant passer pour une enquêtrice, elle s'introduit dans des foyers de la grande banlieue de Helsinki . Sans doute juste pour tromper sa solitude. mais très vite, afin de se dépêtrer de ses mensonges, elle va s'enfoncer dans des situations de plus en plus compliquées et absurdes qui culmineront dans une épique course poursuite à 50 kilomètres par heure sur l'autoroute , en plein hiver finlandais !
Jonglant avec des mots d'argot, créant des mots-valises et/ou des néologismes (bravo au traducteur!)) Mikko Rimminen éprouve semble-t-il beaucoup de sympathie pour son héroïne. Cette dernière accumule les bourde, malgré sa bonne volonté, manque de confiance en elle, ne maîtrise ni son corps ni le tacot qu'elle tente de conduire.
Mais la conclusion est des plus chaleureuse et optimiste alors, préparez vite du café, laissez Irma entrer chez vous et préparez-vous à beaucoup sourire !
Sondage au pif, Mikko Rimminen, traduit brillamment du finnois par Sébastien Cagnoli, Actes Sud 2013, 327 pages farfelues...,
Le billet tentateur de Clara !
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : mikko rimminen, roman finlandais, déjantée
09/09/2013
La femme à la clé
"Je m'étais fait une idée trop simpliste de ce travail: j'entre, nous parlons, je lis à haute voix , nous parlons encore un peu après, je dis bonne nuit, porte ouverte, porte fermée ou entrebâillée , et je pars."
Veuve depuis peu, Nettie, pour des raisons économiques, propose un service à la personne plutôt novateur : faire la lecture à des personnes avant leur coucher. Rien d'ambigu car elle insiste sur son apparence maternelle. Mais tous ceux qui lui confient leurs clés vont livrer aussi un peu voire beaucoup de leur intimité et Nettie sera peut être dépassée par les situations...
Il y a une dizaine d'années ,Raymond Jean nous proposait La lectrice*, roman où l'accent était davantage mis sur le trouble qui s'établissait entre les personnages au fil des lectures. Sans doute ce souvenir a-t-il nui à ma lecture de Vonne van der Meer. J'ai trouvé son personnage un peu trop guindé et les passages de textes cités un peu trop longs. L'émotion qui pourrait naître au vu des situations évoquées reste brimée par l'aspect trop en retrait de Nettie. Un bon moment de lecture néanmoins..
Lu dans le cadre de La voie des Indés.
Merci à Libfly et aux éditions Héloïse d'Ormesson
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
05/09/2013
Place à prendre
"Ils se croient capables de mettre un terme à soixante années de colères et de rancœur avec quelques statistiques."
Le conseiller paroissial Barry Fairbrother vient tout juste de décéder et les notables de la petite bourgade de Pagford s'emploient à ourdir des plans pour prendre sa place. L'enjeu est de taille car depuis soixante ans un litige oppose la ville à sa voisine concernant un centre de désintoxication et un ensemble de logements sociaux dont les bien pensants de Pagford ne veulent plus assumer la charge financière.
En sous-main, les manigances des adolescents, leurs propres inimitiés, leurs ressentiments envers les adultes souvent présentés comme faibles , lâches , arrogants, pervers, voire violents, vont encore compliquer l'élection en révélant des secrets pour le moins embarrassants.
Ah, elle ne fait pas dans la dentelle J. K. Rowling dénonçant les hypocrisies, la violence domestique,l'indifférence et l'égoïsme qui règnent dans cette petite ville ! J'avais peur de me perdre un peu vu la multiplicité des personnages, mais pas du tout. Certes l'ensemble manque de nuances mais on passe un bon moment avec ce bon gros roman de 680 pages.
Merci Cuné !
Sortie en poche fin septembre.
06:02 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : j.k rowling
03/09/2013
Il pleuvait des oiseaux
"Ils s'amusaient d'être devenus si vieux, oubliés de tous, libres d'eux-mêmes. Ils avaient le sentiment d'avoir brouillé les pistes derrière eux."
Enquêtant sur un survivant mythique des grands feux ayant ravagé la région québécoise du Téminscamingue, une photographe découvre, au milieu des bois, une petite communauté de vieux briscards. Ils ont laissé leur vie derrière eux et s'en sont offert une deuxième, au cœur de la nature.
Mais la vie de ces ermites , bravaches et frondeurs, va être bouleversée le jour où une très fragile vieille dame va venir se réfugier dans les bois...
Quelle délicatesse dans l'écriture et dans la manière dont cette histoire est racontée ! Quelle sensibilité aussi ! Il y a quelque chose de régénérant dans ce roman qui nous présente des personnages qui, vaille que vaille ont su, malgré les extrêmes difficultés qu'ils ont connues, s'arranger de la vie et tout voir avec une extrême acuité. Ni pathos, ni angélisme dans ce roman où la mort fait bien évidemment partie du parcours. L'écriture, extrêmement visuelle , nous rend présents le paysage et la fureur de ces incendies apocalyptiques dont je n’avais jamais entendu parler . Une découverte difficilement oubliable et un vrai coup de cœur ! ....,
Il pleuvait des oiseaux, Jocelyne Saucier, Denoël 2013, 203 pages qui résonnent longtemps en nous.
....
Le billet de Lewerentz, elle aussi conquise.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (21) | Tags : jocelyne saucier
02/09/2013
Inside
"Qu'y-a-t-il de pire que de devoir assumer tout ce que l'on fait, tout ce que l'on ressent, tout ce que l'on dit ? Assumer la manière dont nos actes irradient jusqu'à changer complètement notre vie mais celle des gens autour de nous ? Elle voyait clairement, à présent, comme il était difficile de suivre son propre conseil."
Doit-on se sentir responsable de la personne dont on a sauvé la vie ? Parce qu'elle a emprunté ce chemin plutôt qu'un autre lors d'une promenade à skis sur le mont Royal, Grace a interféré dans l'existence de Tug, l'empêchant de mener son suicide à bien. Commence alors une relation faussée par la mauvaise volonté de l'un et le sentiment de responsabilité de l'autre.
Circulant à la fois dans l'espace et le temps, de Montréal à New-York en passant par Vancouver, de 1996 à 2006 , (un chapitre se consacre à un lieu et à une année donnée), la structure du roman peut s'avérer dans un premier temps déroutante mais ménage bien des surprises et des clins d'oeil au lecteur.
L'évolution des personnages, la manière dont ils se croisent, dont les retours en arrière éclairent leur comportement, la finesse de l'observation psychologique font de ce roman un peu régal dont il serait dommage de trop révéler la teneur. Il faut se laisser embarquer, chahuter par la chronologie pour mieux goûter l'humour pince -sans rire, l'émotion distillée par ces pages parfois cruelles mais emplies d'empathie et d'humanité. Et zou, sur l'étagère des indispensables !....,
Inside, Alix Ohlin, traduit de l'anglais (canada) par Clément Baude, Gallimard 2013, 363 pages addictives et bruissantes de marque-pages (une vraie forêt canadienne !)
Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout, organisé par Libfly ! Merci !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : alix ohlin
28/08/2013
Los Angeles nostalgie
"Ry Cooder nous offre une plongée noire et musicale dans les bas-fonds de sa ville natale." Dixit la quatrième de couv'.
Totalement restée insensible à ces histoires, totalement extérieure, par manque de références sans doute.
Lu dans le cadre de l'opération On vous lit tout chez Libfly. Merci à Libfly, au Furet du Nord et à l'éditeur !
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : ry cooder, schtroumpf grognon le retour
25/08/2013
Héritage...en poche
"Le bonheur que l'on n'a pas gagné n'est pas le bonheur."
Apprenti éditeur, Andy Larkman, parce qu'il s'est trompé de salon funéraire, hérite de 17 millions de livres sterling de la part du défunt, Christopher Madigan, dont il ignore tout.
L'argent va évidemment modifier son rapport aux autres mais simultanément le rendre débiteur , comme il mettra du temps à s'en rendre compte.
Il lui faut en effet comprendre qui était cet homme, comment ce réfugié arménien est devenu un nabab du minerai de fer en Australie avant de devenir un parfait Anglais et de déshériter sa fille.
Andy deviendra ainsi le dépositaire de récits qu'il lui faudra agencer pour profiter pleinement de son Héritage.
Mêlant récit d'apprentissage, d'aventures et ne négligeant pas le poids de l'Histoire, le roman de Nicholas Shakespeare est un pur plaisir. On ne le lâche pas une seconde, savourant les pointes d'humour : "Il la soupçonnait d'être la réincarnation d'un guerrier barbare. Une grimace pareille , ça ne s'apprenait pas en une seule vie." , retrouvant avec plaisir les figures imposées du récit à rebondissements. Un roman confortable, comme on les aime et qu'il m'a absolument fallu finir hier soir, d'où mes yeux de panda !
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : nicolas shakespeare
22/08/2013
La lettre à Helga
"Si la vie est quelque part, ce doit être dans les fentes."
Bjarni va passer l'été dans une chambre avec vue plongeante sur la ferme où vécut Helga, celle pour qui il brûla toute sa vie d'un amour impossible. Le vieil homme rédige alors une longue lettre à celle qui emplit chacun des moments de son existence et la rend ardente: "Tu as mis en moi une attirance qui ne fit que s'exacerber et qui pouvait se transformer en brasier à tout moment., sous le moindre prétexte. Si je voyais une bosse de terrain rebondie ou une meule bien ronde , leurs courbes se confondaient avec les tiennes, de sorte que ce n'était plus le monde extérieur que je percevais , mais toi seule dans toutes les manifestations de ce monde."
Comment ce fermier islandais, en complète osmose avec la nature, s'est-il astreint à se priver d'un bonheur à portée de la main et à gâcher délibérément, semble-t-il, sa vie ?
Dans une langue charnelle, Bergsveinn Birgisson peint le portrait de cet amour par delà les années, un amour qui s'inscrit dans un paysage âpre auquel son héros prête une attention particulière car "Habitués à l'isolement, les gens des péninsules ont les sens plus développés que les autres." Un roman captivant , qui nous emporte très loin...
La lettre à Helga, Bergsveinn Birgisson, traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma 20113, 131 pages profondément émouvantes.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (19) | Tags : bergsveinn birgisson, islande, personnes âgées
21/08/2013
Dans le silence du vent
"Tu ne peux donc pas manger ? Tu te sentirais mieux. Tu n peux donc pas te lever ? Tu ne peux donc pas ...revenir à la vie ? "
L'été des treize ans de Joe est marqué par le viol de sa mère. Cet adolescent va brutalement faire l'expérience de la notion de justice car l'imbroglio des lois s'exerçant sur le territoire indien et le silence obstiné de sa mère ne facilitent guère l'identification du violeur et son jugement. Joe va donc devoir mener l'enquête de son côté et basculer irrémédiablement dans le monde des adultes.
Louise Erdrich dans ce nouveau roman décrit avec une acuité sans pareille la prostration de la victime et la difficulté à faire émerger la vérité. Une situation hélas représentative car,selon un rapport publié par Amnesty international en 2009, une femme amérindienne sur trois sera violée au cours de sa vie et que, vu le "Labyrinthe de l'injustice", peu des violeurs seront poursuivis. Mais la romancière n'en fait pas pour autant un livre lourdement pédagogique. L'intensité dramatique est prenante et le style parfaitement maitrisé.
Les descriptions de la vie quotidienne de l'adolescent sont autant d'échappées belles loin de l'atmosphère étouffante de la maison familiale et l’occasion également de montrer la solidarité sans faille qui s 'exerce au sein de sa famille élargie.
Un roman que j'ai pris le temps de lire car, malgré quelques notes humoristiques et certains personnages hauts en couleurs, il y règne un climat lourd et poignant. Beaucoup de sobriété et d'émotion. à lire absolument.
Un roman récompensé par le National Book Award et élu meilleur livre de l'année par les libraires américains.
Dans le silence du vent, Louise Erdrich, traduit de l’américain par Isabelle Reinharez, Belfond 2013
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (18) | Tags : louise erdrich, violence faite aux femmes