21/10/2013
Le peigne de Cléopâtre
"Elsa Karsten méritait ses cigares et ses sous-vêtements en dentelle. Elle méritait de prendre son envol."
Trois amis de longue date, Mari, Anna et Fredrik s'associent pour monter une société qui a pour objectif de résoudre les problèmes des gens. Vaste domaine où chacun d'eux pourra mettre en œuvre ses compétences.
Cette société , ils décident de la baptiser Le peigne de Cléopâtre car "Les apparences sont trompeuses. C'est la signification du peigne de Cléopâtre." Ils ne croient pas si bien dire car rapidement ils vont se trouver désemparés face à le demande d'une vieille dame: éliminer son mari, un tyran domestique...
Entré de plain pied dans un univers hautement sympathique, le lecteur va rapidement prendre conscience des failles des trois héros , amis qui ne se connaissent pas si bien que cela. Si la première partie est extrêmement plaisante, la seconde bascule dans les révélations fracassantes qui frôlent souvent le grotesque tant le style devient ampoulé et maladroit. Un roman que j'ai terminé mais qui m'a laissée perplexe dans sa seconde partie.
Du même auteur Les oreilles de Buster(clic).
Le peigne de Cléopâtre, Maria Ernestam, Gaïa 2013, traduit du suédois par Ether Sermage et Ophélie Alegre.
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19/10/2013
L'expert...en poche
"Les aigles ne sont pas des ornithologues."
Suite des aventures de Jonathan Hemlock, L'expert reprend un peu le schéma de La sanction: Même départ avec le personnage trop sûr de lui, même intervention féminine (justifiée par une ressort dramatique que je ne révèlerai pas), mais la tonalité est encore plus sombre et la faille s'agrandit dans l'âme d'Hemlock. Côté humour, nous avons aussi droit à un hilarant dialogue-promenade mettant aux prises le héros avec la campagne anglaise.
Mais cette fois nous gravitons à la fois dans le monde de l'art , celui de l'espionnage et des milieux interlopes et les épreuves rencontrée par notre héros seront encore plus physiques et originales que dans La sanction. Une petite baisse de régime (plus d'effet de surprise) mais un excellent moment cependant.
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18/10/2013
Dernière nuit à Montréal...en poche
"- Je ne suis pas sûre de savoir comment rester, dit Lilia."
Toute sa vie, ou presque ,Lilia aura été suivie. Enlevée à sept ans par son père, elle va connaître jusqu'à l'adolescence une longue cavale qui lui donnera pour toujours le goût de partir.
Au début du roman, elle quitte Eli, un étudiant new-yorkais fasciné par les langues, qui n'arrive pas à s'"immerger dans le monde". Contacté par Michaela, qui se rêvait funambule, pour perpétuer la tradition familiale, ce dernier part pour Montréal où se dévoileront tous les secrets de la vie de Lilia.
Hypnotique et fascinant, ce roman, présenté comme une thriller, brouille toutes les frontières. Les personnages sont à multiples facettes et se dévoilent peu à peu dans une construction narrative éclatée qui , pourtant, n'égare pas le lecteur. Le rythme est lent, mais jamais languissant et l'on se plaît à faire durer la lecture de ce roman poétique , superbement écrit où Montréal, ville présentée comme férocement francophone, joue un rôle essentiel et glaçant.
Un premier roman à découvrir absolument.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : emily st. john mandel
17/10/2013
Sur ta tombe
"-Jack, ce qui vous terrifie, ce n'est pas l'idée du bonheur, c'est celle de causer le malheur d'autrui."
Une bande de gothiques a décidé de "nettoyer" les rue de Galway de tous les "marginaux, handicapés, démunis, tocards et autres miséreux." Pas de bol pour notre ami Jack Taylor, détective aussi bien porté sur la bibine que sur la littérature, passablement éclopé et même pas riche d'illusions.
Si l'on ajoute qu'un prêtre s'est fait tabasser, qu'un autre s'est enfui en emportant la caisse , voici de quoi brosser un tableau bien peu réjouissant de la situation en Irlande !
Pourtant Jack Taylor, de plus en plus éclopé, parviendra comme d'hab' à faire pencher la balance du bon côté et à ramener un semblant d'ordre dans la ville à défaut de trouver un peu d’harmonie dans sa vie.
Bonne nouvelle : si Jack Taylor semble sombrer de plus en plus, son humour noir est toujours au rendez-vous et Ken Bruen se montre ici au mieux de sa forme . Mauvaise nouvelle : il s'agit de l’avant dernier opus de la série !
Pour se consoler d'avance, on pourra toujours noter les multiples références de romans citées par Jack dont celle-ci : "Je me suis aussi pris du Carol O' Connell. Peu importe ce que pensent les gens, sa Kate Mallory a eu une influence indéniable sur Stieg Larsson." Tout à fait d'accord , la Lisbeth de Millenium a un air de famille avec Kate Mallory.
Sur ta tombe, Ken Bruen, Fayard 2013, 307 pages qu'on peut lire indépendamment, mais c'est mieux de suivre la série. (Bon, j'ai loupé un épisode précédent et je m'en suis sortie quand même ! )
1. Delirium Tremens (Mai 2006 en Folio). clic
2. Toxic Blues (Mai 2007 en Folio)clic
3. Le martyre des Magdalènes (Folio, 2008) clic
4. Le dramaturge (Oct 2007) clic
5.La main droite du diable clic
6.Chemins de croix.
7. En ce sanctuaire clic
8.Le démon clic
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : ken bruen, jack taylor
08/10/2013
Complications
"Les choses se passaient si vite qu’elles devenaient irréelles."
Comme le souligne Tricia Sullivan dans sa postface, tous les textes constituant ce recueil ont pour sujet la perte. Perte d'êtres aimés qu'on voudrait retrouver par delà le temps, le temps qui occupe une place essentielle par l'intermédiaire de montres chéries, objets patinés et peut être dotés de capacités surprenantes.
Les maisons de poupées, les microcosmes de manière générale, tout ce qui est construit minutieusement et révèle des endroits cachés sont aussi au cœur de ces textes qui gomment la frontière entre notre réalité et d'autres espaces temps. Mais tout ceci est composé de manière subtile et délicate et les non amateurs de science-fiction et/ou de fantastique (dont je fais généralement partie) trouveront un charme prenant à ces nouvelles où l'on retrouve des personnages portant le même nom mais semblant saisis à d’autres époques de leurs vies ou dans d'autres réalités. Le livre lui-même peut être envisagé de la même manière comme "...une belle machine , une histoire qui soit la somme des faits tout en les dépassant. Quand la machine commence à marcher toute seule, alors c'est le moment où on sait qu'on a réussi à dire la vérité."
On se laisse envoûter par ces ruptures subtiles de ton ou de temps et l'on savoure l'écriture précise et délicate de Nina Allan. Un expérience à ne rater sous aucun prétexte ! Et zou sur ma fameuse étagère !
Complications, Nina Allan, traduit de l'anglais par Bernard Sigaud, éditions Tristram 2013, 202 pages constellées de marque-pages.
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03/10/2013
Les femmes de ses fils
"Cela lui rappellerait que la vie n'est pas seulement peuplée de moments de colère et de confusion, et de sentiments blessés."
Les trois fils de Rachel et Anthony sont maintenant mariés ,et pour certains père de familles, mais leur mère entend bien que ses enfants continuent à lui prêter allégeance. Son manque de tact va entraîner quelques remous dans les jeunes couples mais, les trois belle-filles, chacune avec des personnalités bien différentes vont tenter progressivement de réorganiser la constellation familiale et de redéfinir le rôle de chacun.
Que voilà un roman confortable ! Délicieusement britannique mais sans pour autant être poussiéreux ! les personnages sont croqués à ravir, la gamme des émotions analysée avec finesse et on se retrouve juste une peu désemparé que cela se termine si vite. à déguster que l'on soit dans l'un ou l'autre camp, ou dans les deux !
Déniché à la médiathèque.Petit bémol: la traduction, un peu bancale parfois.
les femmes de ses fils, Joanna Trollope, Éditions des deux terres 2013, 334 pages qui nous entraînent de Londres au Suffolk.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : joanna trollope, belle-mère, belles-filles
30/09/2013
En même temps, toute la terre et tout le ciel
"C'était quelque chose que je devais à Nao. j'avais envie de lire son journal au rythme de ce qu’elle avait vécu."
Oui, il faut prendre son temps pour savourer et laisser infuser les 596 pages du roman de Ruth Ozeki. se laisser prendre par la magie de ce livre qui alterne les récits de Nao, jeune japonaise victime de harcèlement dans un pays qu'elle ne reconnaît pas comme le sien et Ruth, écrivaine en panne d'inspiration au Canada, sur une île où la nature sauvage a encore droit de cité.
Probablement emporté par le tsunami, un sac en plastique contenant le journal de Nao , des lettres et une vieille montre s'échoue sur la baie de Desolation. Il sera trouvé par Ruth qui se rendra vite compte que les mots de la lycéenne lui sont destinés. S'établit alors entre les deux femmes, entre les deux pays, entre passé et présent, une relation où les mots joueront un rôle essentiel.
La frontière entre réel et imaginaire devient poreuse mais le lecteur accepte sans broncher qu'un rêve puisse modifier le passé ou qu'un corbeau joue un rôle essentiel tant il est captivé par ce récit à la construction harmonieuse. On veut savoir ce qu'il advient de chacun des personnages, on partage leurs souffrances, on découvre les situations sous différents points de vue et on finit ce roman en parvenant même à s'intéresser au chat de Schrödinger sans mal de crâne !
Un roman d'une grande richesse et d'une extrême sensibilité qui évoque aussi bien le zen, avec une nonne de cent quatre ans pleine d'empathie et d'humour, les kamikazes, le choc des cultures, l'identité , la tentation du suicide mais sans jamais devenir pesant. On y glane aussi, grâce au mari de Ruth, plein d'infos scientifiques. Bref, on se régale de bout en bout ! un roman constellé de marque-pages ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Un énorme MERCI à Clara !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : ruth ozeki, japon, canada
24/09/2013
Le livre du roi
Un jeune étudiant islandais parti étudier à Copenhague va se retrouver embarquer dans une chasse au trésor d'un genre particulier. En effet, dans cette Europe d'après guerre, il va aider un professeur aussi savant qu'atrabilaire à mettre la main sur Le livre du roi, "la plus ancienne source de la mythologie et de la poésie nordique ancienne." Par la même occasion , il s'agit aussi de réaffirmer la singularité de la culture islandaise, l'Islande étant à cette époque sous la coupe du Danemark.
à la croisée du Nom de la rose et d'Indiana Jones, Le livre du roi est un roman d'aventures et de formation qui tient ses promesses, ni plus ni moins. L'auteur s'offre même le petit plaisir d'y mettre en scène son propre père, journaliste à l'époque, ce dont nous informe une note en bas de page. Un livre qui plaira aux amoureux des livres car Arnaldur Indridason y affirme la nécessité d'apprécier la valeur des manuscrits anciens.
Un cran en dessous de notre policier préféré mais une lecture confortable car on y trouve tout ce à quoi on s'attend dans ce type d'ouvrage.
06:00 Publié dans rentrée 2013, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : arnaldur indridason
21/09/2013
La part de l'homme...en poche
"Est-ce que vous pourriez changer le papier peint pour la prochaine fois ? J'ai rompu mes liens avec la nature."
Pour sept mille euros l'ancienne mercière à la retraite Salme Malmikunnas a vendu sa vie à un écrivain en mal d'inspiration.
Mais à quel usage destine-t-elle cette somme ? Le récit qu'elle confie est-il vraiment conforme à la réalité ? Dans une Finlande en proie au libéralisme le travail a bien changé et rare sont ceux qui privilégient aux euros le sentiment du labeur bien accompli.
Racisme, pauvreté , violence des mots encore plus que des gestes, ces mots auquel le mari de Salme semble avoir renoncé, ces mots dont sa fille Helena connaît bien le pouvoir, sont au centre de ce roman entrecoupé par les cartes postales que Salme adresse à ses enfants, petits messages foutraques témoignant de son amour , le tout composant une mosaïque sensible d'un pays en pleine mutation. La fin est tout à fait percutante , violente, symbolique et apaisante à la fois.
Un roman au style parfois haché mais un très joli portrait d'une famille qui pourrait être la notre au sein d'un monde qui est le notre.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : kari hotakainen
20/09/2013
Lady Yoga en posture critique
"Chaque jour, elle sent que quelque chose se réveille à l'intérieur d'elle, que de nouveaux sentiments germent, comme de jeunes pousses."
L'avantage quand on enchaîne la lecture de romans qui se suivent , c'est qu'on ne ressent aucune frustration, qu'on n'a pas besoin de se remémorer qui est qui, qui fait quoi. C'est donc de manière bien confortable que j'ai lu Lady Yoga en posture critique, la suite de Les chroniques de Lady Yoga (clic).
Pas de soucis, Stephen Mc Cauley tient bon la barre et, si l'effet de surprise a disparu, si le côté grand show du yoga aux États-Unis m'a plutôt laissée perplexe quant à ma propre pratique, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé Lee, Katherine, Imani et les autres.
Mc Cauley ,visiblement en terrain connu, en profite pour se livrer à une réjouissante satire du monde du cinéma. Il établit aussi une correspondance entre littérature et yoga qui devrait parler à plus d'une lectrice : "Lire, a décidé Katherine, c'est comme suivre un cours de yoga : on pénètre dans un autre monde, où l'on rencontre des personnages chaque fois différents, aux prises avec leurs propres problèmes, leurs propres défis; observer leurs tribulations nous tient à l'écart de nos soucis quotidiens et, lorsqu'on émerge de ce monde parallèle, on se trouve en possession de nouvelles informations-ou de bribes d'informations, plutôt-que l'on a collectées à notre insu, mais qui commencent à nourrir notre réflexion."
Un chouïa en dessous du premier mais fort sympathique néanmoins et toujours aussi addictif !
PS: pour "mettre le pied à l'étrier" à quelqu'un qui voudrait se mettre à la lecture un personnage conseille de lire chaque matin pendant dix minutes...
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : rain mitchell, stephen mc cauley