14/06/2016
La végétarienne...en poche
"C'était un corps débarrassé de toute superfluité jusque dans ses moindres aspects."
Sous l'influence d'un rêve, l'héroïne, Yönghye, devient végétarienne car elle aspire à devenir elle-même végétale et à détruire l'origine de la violence.
Cette lente descente vers la folie fait peu à peu éclater les liens familiaux et sociaux quelle entretenait.
Présenté en un triptyque où la voix de l’héroïne se fait très peu entendre, son mari, son beau-frère et sa sœur prennent tour à tour la parole pour narrer les différentes étapes de cette glissade vers l'absolu, le récit exerce une sourde fascination.
Tout à la fois poétique, critique et un peu érotique, le roman de Han Kang touche à l'universel. 212 à savourer lentement pour mieux s'en imprégner
Han Kang a reçu le Booker Prize pour ce roman paru au livre de poche en 2016. Traduit du coréen par Jeong Eun-Jing et Jacques Batilliot
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : han kang, corée du sud
08/06/2016
American Girl
"Je suis une battante. Ce qui m'agace, c'est ce que ce mot sous-entend : les battantes doivent aller de l'avant. Elles doive,t mettre une robe de mariée et avancer jusqu'à l'autel, bouquet de fleurs à la main pour triompher de leur passé, plutôt que de ruminer des souvenirs impossibles à retoucher. Ce mot-là nie quelque chose que je ne peux pas, que je ne veux pas, nier."
Au début du roman, Ani, jeune et jolie journaliste,est à quelques semaines d'épouser son alter ego au masculin, de surcroît issu d'une vieille et riche famille.Tout semble donc lui sourire, mais très vite cette apparente perfection révèle des failles .Ce qui semblait commencer comme un mix de chick litt et de roman de lycée, avec les retours en arrière, et ses inévitables élèves populaires et ceux qui gravitent autour d'eux, va donc se révéler beaucoup plus sombre.
C'est avec une volonté de chaque instant que TifAny Fanelli s'est réinventée en cette cette ""Ani", prononcé "Ah-niii" parce que "Annie", c'était trop ordinaire pour une file aussi désabusée que moi." Non pour cacher son passé mais pour "devenir celle que, selon les gens, je ne méritais pas de devenir: Ani Harrison." Un travail secrètement sapé par le syndrome de l'imposteur, mais aussi par les conséquences d’événements dramatiques survenus quand elle avait quatorze ans qui la rendent insecure.
Si la première partie vibre d’une tension extrême, la seconde est un peu moins réussie,même si elle multiplie les rebondissements et permet de mieux comprendre les traumatismes de l’héroïne.
Un roman prenant qu'on ne lâche pas.
Americangirl, Jessica Knoll, traduit de l’anglais (E-U) par Hubert Malfray, Actes Sud 2016, 360 pages piquetées de marque-pages.
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04/06/2016
Dites aux loups que je suis chez moi
" J'avais besoin de savoir que ma mère comprenait qu'elle aussi avait sa part de responsabilité dans cette histoire. Que toute la jalousie et la honte que nous portions en nous étaient notre maladie propre. Une maladie aussi grave que le sida de Fin et Toby."
Milieu des années 80, États-Unis, une maladie encore mal connue frappe Finn, peintre de talent . Son dernier tableau représente les deux filles de sa sœur: June ,adolescente écrasée par la forte personnalité de son aînée, Greta.
à l'enterrement de l'artiste apparaît son compagnon , Toby, violemment rejeté par la sœur de Finn, mais avec lequel June va nouer une relation complexe, tissée de jalousie et d'affection , pour retrouver, même partiellement ,le parrain qu'elle adorait.
Avec ce premier texte, Carol Rifka Brunt nous propose un roman d'apprentissage sensible et prenant qui évoque de manière très fine les relations fraternelles et sororales, à l'adolescence, mais aussi à l'âge adulte. Elle crée une atmosphère particulière, ouatée, évoquant le monde secret de June qu’elle s'est créé dans un bois où l'on entend hurler des loups, les secrets des adolescentes, délaissées par des parents aimants mais trop pris par leur travail, et aussi, par petites touches la honte et les peurs qui entachent le sida.
Un texte qui vous prend tout de suite par la main et qu'on ne peut lâcher.
Dites aux loups que je suis chez moi, Carol Rifka Brunt, traduit de l'anglais (E-U) par marie-Axelle de la Rochefoucauld, Buchet Chastel 2015, 492 pages qui auraient peut être gagné à être un peu élaguées parfois.
- 10/18 2016
"
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31/05/2016
Je suis si bien ici sans toi
"On aime les gens. Et ils nous déçoivent. Mais pas toujours. Parfois ils continuent à nous aimer indéfectiblement , dans l'attente qu'on ouvre les yeux et qu'on réponde à leur affection.C'est comme un "je t'aime. je t'ai toujours aimé."
Richard, artiste anglais a épousé une française très belle et très intelligente, Anne-Laure. Ils ont une petite Camille de cinq ans et vivent à Paris. Le paradis donc. sauf que Richard ne se remet pas du départ de sa maîtresse (hou, le vilain) et qu'évidemment sa femme a découvert le pot aux roses. Pour tout gâcher, Richard a vendu un tableau "L’ours bleu" un symbole important pour son couple.
Dans l'espoir de reconquérir sa belle, le voilà donc parti en Grande-Bretagne à la recherche du tableau, mais peut être aussi des secrets de l’amour qui durent.
Courtney Maum, qui fait de Paris un personnage à part entière et sait exploiter le caractère romantique de cette ville, parvient même à ne pas rendre Richard totalement antipathique. En dépit de quelques longueurs, cette comédie romantique est attachante,par ses personnages principaux ou secondaires. Mention particulière pour ces vieux couples à qui l'artiste tente d'extorquer les secrets de durée de leur couple. Une bonne idée de lecture pour les vacances.
Je suis si bien ici sans toi, Cortney Maum, traduit de l’américain par Sophie Troff, éditions Rue Fromentin 2016, 328 pages pétillantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : courtney maum
19/05/2016
Féline...en poche
Une jeune fille coréenne adopte un chat errant. Ce n'est pas par bonté d'âme mais pour le vendre via internet.
Hélas pour elle, le félin croit reconnaître en elle un de ces humains fabuleux qui comprennent le langage des chats et n'aura de cesse de la rejoindre.
Deux êtres aussi sauvages l'un que l'autre vont progressivement apprendre à se connaître et à s'apprécier.
Schéma connu desservi ici par des personnages peints de manière un peu rude et un style tout aussi brut de décoffrage. Il manque un je ne sais quoi de policé dans ce texte pour emporter l'adhésion. Bilan en demi-teintes donc.
Le billet d'Aifelle pour qui ça n'a pas été un coup de cœur...
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bu hui-ryeong
02/05/2016
En veilleuse
"Mon père a commandé deux autres bières et les choses ont commencé à toutes se mélanger , comme si les signes de ponctuation étaient rationnés. Comme si les mots et le temps étaient portés disparus."
Alby adopte un comportement pour le moins abrupt, ne parvenant pas à canaliser la colère et les sentiments qu'il ressent face au décès de sa mère. Il est vrai que chaque membre de cette famille semble avoir reçu un trop plein d'énergie, rendant le corps paternel insensible aux pires poisons car "C'était un homme dont le coprs refusait de mourir.", tandis que la sœur n'hésite pas à voler le jambe artificielle de son père pour l'empêcher de se suicider !
Et tout ce petit monde de s’engueuler, de s'empoigner, faute d'arriver à communiquer dans le calme !
Pendant le premier tiers du roman, j'ai craint le pire car l'accumulation de comportements agressifs et bizarroïdes m'évoquait Bret Easton Ellis mais j'avais tout faux. La preuve: un homme qui possède une bouledogue français peut être bizarre mais jamais mauvais. Et, au fur et à mesure, je suis devenue plus sensible à l'humour décapant du narrateur, avant de me laisser émouvoir par lui.
Une voix originale et forte vient se faire entendre avec vigueur ! Laissez la vous gueuler à l'oreille , bientôt elle se fera beaucoup plus tendre...
En veilleuse, Matt Sumell, traduit de l'américain par Jérôme Schmidt, Plon 2016.
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01/05/2016
La libraire...en poche /l'affaire Lolita (nouvelle édition)
”Un livre est l'élément vital et précieux d'un esprit supérieur...”
En 1959, Florence Green, veuve sans histoire, décide d'acheter The Old House, vieille bâtisse à l'abandon depuis plusieurs années, pour créer une librairie, la première de Hardborough, petite ville anglaise assoupie.
Cette décision va mettre en branle toute une série de manœuvres dissuasives pour contrecarrer cette décision.
L'affaire Lolita ,(précédent nom du roman en France) provoquée par la mise en vitrine du roman de Nabokov, ne sera qu'un épisode de cette lutte sourde entre Florence Green et Mrs Gamart qui a jeté son dévolu surThe Old House.
Le roman de Penelope Fitzgerald nous montre avec précision et un charme très british la faculté d'exclusion d'une petite communauté , pas pire qu'une autre.Qui y chercherait un roman sur la création d'une librairie ou sur le scandale créé par le roman de Nabokov ne pourrait qu'être déçu.
L'humour britannique rend cette lecture très plaisante
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : penelope fitzgerald
29/04/2016
Quoi qu'il arrive
"Le sujet du tableau, c'est la multitude de chemins que l'on n'emprunte pas, la multitude de vies que l'on ne vit pas. Il l'a intitulé Quoi qu'il arrive."
La rencontre, accidentelle, entre Jim et Eva a lieu en 1958. Trois versions pour une rencontre entre ces jeunes gens nous sont proposées.Trois versions pour deux vies qui verront se concrétiser, ou pas, ce qui est encore en germe.
Choisissant un montage alterné, Laura Barnett nous offre la réjouissante possibilité de voir les conséquences de nos choix, conscients ou pas, héritages plus ou moins assumés de nos histoires familiales
Car il est aussi beaucoup question de familles dans ce roman qui choisit de conserver aux principaux protagonistes leurs origines dans tous les cas de figure.
La littérature, l'art dramatique et la peinture sont aussi des fils conducteurs de ce roman qui nous promène de Cambridge à Londres en passant par Los Angeles , Paris ou l'Italie, car nos héros ont quelque peu la bougeotte ! Nous les suivons ainsi jusqu'au soir de leur vie, partageant leurs vies riches en émotions.
On prend beaucoup de plaisir à la lecture de ce roman original et enlevé qui réussit le pari de ne jamais perdre son lecteur en chemin, même s'il faut accepter en début de chapitre de ne pas savoir immédiatement de quel version il s'agit. Un léger flou artistique dont on s'accommode fort bien. Un petit bonheur de lecture dont on aurait tort de se priver !
Quoi qu'il arrive, Laura Barnett, traduit de l'anglais par Stephane Roques, Les Escales 2016.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : laura barnett
27/04/2016
Je suis si bien ici sans toi
"On aime les gens.Et ils nous déçoivent.mais pas toujours.Parfois ils continuent à nous aimer indéfectiblement, dans l'attente qu'on ouvre les yeux et qu'on réponde à leur affection. c'est comme un "Je t'aime. Je t'ai toujours aimé.""
Richard, peintre anglais, est mariéà une française très belle et très intelligente dont il a une petite fille. Tous trois vivent à Paris. Ce pourrait être le paradis si, richard ne parvenait pas à se remettre du départ de sa maîtresse (hou le vilain) et qu'évidemment sa femme ne découvre le pot aux roses.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : courtney maum
21/04/2016
Nos années sauvages
En 2014, j'écrivais ceci :
De Karen Joy Fowler j'avais lu, il y a quelques années, un texte fort plaisant,Le club Jane Austen. Mais rien qui nécessite de me précipiter sur un roman pas encore traduit en français , même conseillé par Cuné. Sauf que quand cette dernière écrit :"Toi, il faut ABSOLUMENT que tu le lises, je ne peux pas te dire pourquoi mais tu es LA lectrice idéale pour ce roman, foi de moi :)", on ne peut que craquer !!! En plus sur liseuse, le prix est ridiculement bas et le dico anglais/anglais a permis de me dérouiller vite fait .
Je ne vous cacherai pas qu'au tout début de ma lecture , quand j'ai vu le temps restant s'afficher , j'ai blêmi mais le rythme a été vite pris surtout quand je suis arrivée à la fatidique page77 qui contient un twist tellement renversant que j'ai failli en crier ! Tout ce qui pouvait paraître vaguement intriguant et/ou bizarre dans ce qui s'annonçait comme un secret de famille avec disparitions à la clé et narratrice perturbée prend alors tout son sens et sa profondeur. Cette révélation (surtout ne pas lire les billets, articles, 4 ème de couv' révélant Le secret de la page 77 ) n'est pas un effet de manche de l'auteure (regardez comme je vous ai bernés) mais correspond parfaitement à la volonté de renverser notre point de vue sur un thème ô combien passionnant !
Un roman bouleversant brassant , entre autres, les thèmes de la culpabilité et du souvenir à découvrir absolument ! Et zou sur l'étagère des indispensables !
Le roman vient d'être traduit en français , sous le titre Nos années sauvages, je ne l'ai pas lu en traduction, mais je ne mettrai pas la couverture qui en dit BEAUCOUP trop !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : karen joy fowler