26/08/2016
Un travail comme un autre
"S'il avait changé le cours de sa vie, puisant sa force en sa femme et en son fils plutôt qu'en du courant électrique, alors son passé aurait fini par se taire complètement [...]"
Alabama, années 20. Roscoe T Martin a épousé Marie qui ne vit que pour sa ferme. Lui, son univers c'est l’électricité et, pour concilier ces deux univers antagonistes et sauver la propriété, Roscoe va détourner du courant électrique, sans en parler à son épouse.
Malheureusement, ce branchement sauvage va coûter la vie à un employé de la compagnie officielle. Dans sa chute Roscoe entraînera Moa, l'employé Noir qui l'a aidé.
Placé sous le signe du secret, le premier roman de Virginia Reeves nous dépeint avec force et âpreté l'univers carcéral ,où les détenus Noirs connaissent un sort encore plus affreux que les Blancs, vendus à des compagnies minières par L’État. C'est aussi le lent délitement d'un couple, où les fissures deviennent des gouffres et où l'épouse a, par ses choix et son attitude, sa "cellule d'isolement qu'elle s'était fabriquée elle-même" alors que son époux parvient à faire survivre un peu d'humanité, même dans les moments les plus sombres.
Un premier roman saisissant et fort.
Un travail comme un autre, Virginia reeves, Stock 2016, traduit de l'anglais (E-U) par Carine Chichereau.
25/08/2016
M pour Mabel
"L'autour était un feu qui dévorait ma douleur. Il ne pouvait y avoir en elle ni regrets ni deuil. Ni passé ni avenir. Elle ne vivait que dans l'instant présent et c'était mon refuge."
à la mort subite ,et d'autant plus douloureuse, de son père Helen Macdonald plonge sans s'en rendre compte dans la dépression.
Passionnée depuis l'enfance par la fauconnerie, elle décide alors d'apprivoiser un autour, rapace particulièrement rétif, qui ne l'avais jamais attirée auparavant. Mais le monde a changé et elle aussi.
Commence alors la quête de l'oiseau, puis un enfermement chez elle pour habituer petit à petit l'oiseau à son nouvel environnement. Et là un phénomène étrange survient :"à mesure que Mabel s'apprivoisait, je devenais sauvage." Une transformation "sous l'effet du deuil, du dressage et d'une dépossession de" moi-même." dont l'auteure finira par prendre conscience qu'il est nocif mais qu'elle a ressenti comme nécessaire et bénéfique. Étape après étape nous suivons donc l'éducation de cet oiseau et le retour vers les humains, la disparition de la terreur de Helen Mc Donald.
Écrit plusieurs années après les événements, M pour Mabel est un récit émouvant mais avec le recul nécessaire pour que l'auteure analyse avec lucidité les états par lesquels elle est passée. Son écriture, précise et parfois poétique, nous fait partager de très beaux moments comme la rencontre avec celle qu'elle va appeler Mabel, ses balades dans la campagne et toute la gamme d’émotions par laquelle elle passe. Un récit lumineux et constellé de marque-pages ! Un grand coup de cœur !
M pour Mabel,Helen Macdonald, traduit de l’anglais par Marie-Anne de Béru, Fleuve 2016, 400 pages addictives.
06:00 Publié dans Rentrée 2016, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : autour, deuil, helen macdonald
24/08/2016
Station eleven
"Ce qui a été perdu lors du cataclysme: presque tout, presque tous. Mais il reste encore tant de beauté: le crépuscule dans ce monde transformé, une représentation du Songe d'une nuit d'été sur un parking, dans la localité mystérieusement baptisée St Deborah by the Water, avec le lac Michigan qui brille à cinq cents mètres de là."
Un acteur s'effondre sur scène en pleine représentation du Roi Lear, à Toronto. Le point de bascule vers un monde qui ne sera peut être plus jamais le même. En effet, une pandémie ravage le globe et, en très peu de temps, la civilisation s'effondre.
Récit post-apocalyptique, Station Eleven se concentre surtout sur la volonté d'une poignée d'hommes et de femmes de faire perdurer l'art et la culture, en jouant du Shakespeare ou du Beethoven. Cette compagnie itinérante, qui se déplace dans la région des Grands Lacs ,est ainsi à même de constater les changements qui s'opèrent au fil du temps. Si la violence est présente, elle n'est jamais centrale, l'auteure préférant souvent la suggérer et se pencher plutôt sur la manière dont certains s'autoproclament prophète , pour mieux abuser de la crédulité des autres.
C'est un sacré défi que s'est lancé Emily St John Mandel, choisissant d'entrelacer- de main de maître- les destins de différents personnages, sur des décennies ,sans jamais nous perdre en route. Le souvenir est en effet un thème qui court tout au long de ce roman, l'humanité se scindant en deux groupes: ceux qui se souviennent des objets et de la société d'avant et les autres. Faisant le lien entre les deux, comme un fil rouge tout au long du texte, cette BD qui donne son titre au roman et un musée,fabuleux ou réel.
Je n'attendais pas Emily St John Mandel dans ce type de texte et c'est sur la seule foi de son nom que j'ai lu ce roman qui m'a emballée. Étant une petite nature- je n'ai toujours pas ouvert La route- j'avançais avec précautions, les récits post-apocalyptiques faisant en général la part belle à la violence. Tel n'est pas le cas ici où se donnent surtout à lire des émotions, par le biais de personnages qui nous deviennent vite familiers, dont les préoccupations pourraient être les nôtres. Un grand coup de coeur !
D'Emily St John Mandel : clic
Station Eleven, Emily St John Mandel, traduit de l'anglais (Canada) par Gérard de Chergé, Rivages 2016, 475 pages captivantes.
06:00 Publié dans Rentrée 2016, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : emily st. john mandel
23/08/2016
Nos premiers jours
"[...]quelque chose était né à partir de rien-une vieille maison se retrouvait remplie, ne serait-ce que pour une soirée, de vingt-trois univers différents, dont chacun était riche et mystérieux."
De 1920 à 1953, nous suivons la vie d'une famille , les Langdon, et plus précisément le jeune couple formé par Walter et Rosanna qui veulent s'installer à leur compte ,dans leur propre ferme, en Iowa.
Aléas climatiques, drames familiaux, mais aussi crise économique et conflit mondial , tels sont les écueils auxquels ils seront confrontés.
Nous verrons évoluer les différents membres de cette famille, peints dans leur vie quotidienne, au plus près de leurs sensations et de leurs sentiments et tous, personnages principaux ou secondaires , nous deviendront proches, sans que jamais le lecteur ne se perde parmi eux. Jane Smiley parvient même à deux reprises à se glisser dans la peau de très jeunes enfants et rend compte de leurs perceptions d'une manière troublante.
Évolution des pratiques agricoles, changements des mentalités, les différentes générations présentes dans cette saga y font face chacune à leur rythme et leur manière. Des caractères forts sortent du lot et on a hâte de les retrouver dans les autres volets de cette trilogie.
Quel plaisir de retrouver Jane Smiley que j'avais découverte dans les années 80 !Si les sagas ne sont pas vraiment ma tasse de thé, c'est sur la seule foi de son nom que j'ai lu, puis dévoré Nos premiers jours. Un très grand plaisir de lecture !
Nos premiers jours, Jane Smiley, excellemment traduit de l’anglais (E-U) par Carine Chichereau, Rivages 2016, 587 pages qui se tournent toutes seules!
06:00 Publié dans Rentrée 2016, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : jane smiley
19/08/2016
New York, esquisses nocturnes
"Le milieu, l'esbroufe, l'envie de gloire, les conversations blasées ou les interminables discussions critiques ne l'avaient pas encore polluée."
Raul Engales, peintre argentin en exil,bourré de talent mais qui tire le diable par la queue et tente d'oublier ceux qu'il a laissés derrière lui, Lucy, jeune banlieusarde de l’Idaho, émerveillée par Manhattan et sa faune et James Bennett critique d'art qui fait la pluie et le beau temps, tels sont les personnages dont les destins vont se croiser grâce à un tableau.
Tous trois portent des regards différents sur le New York de cette époque, New York qui est un personnage à part entière de ce roman et qui leur offre le succès mais aussi des épreuves terribles.En effet, pour l'un d'entre eux, il faut "Supplier New York de lui donner une chance en enfer."
Entremêlant les points de vue,Molly Prentiss brosse un portrait plein de vie du microcosme artistique du New York des années 80.
On sent beaucoup d'empathie de l'auteure pour chacun des personnages principaux et secondaires , dont elle aime peindre les particularités et les vies, sans jamais les juger. Elle parvient particulièrement bien à rendre compte des synesthésies que connaît James Bennett , qui lui assurent des critiques particulièrement originales et prisées.
Un premier roman brillant et sensible qu'on ne lâche pas. Un coup de cœur !
New York, esquisses nocturnes, Molly Prentiss, traduit de l'anglais (E-U) par Nathalie Bru, Calmmann-Lévy 2016, 413 pages piquetées de marque-pages.
Un coup de cœur pour Antigone !
06:00 Publié dans Rentrée 2016, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : molly prentiss
14/08/2016
Avenue des mystères
"Le jour où les femmes cesseront de lire, alors, oui, ce sera la mort du roman !"
Voilà longtemps que j'avais réussi à terminer un roman de John Irving. Après l’émerveillement, l'enthousiasme suscité par ses premiers romans, je l'avais un peu perdu de vue, échaudée par les tentatives, avortées, de pavés indigestes.
Pourtant, les thèmes évoqués, les prises de position de l'auteur dans ses textes, ses propos, lors des interviews, son bureau même entrevu lors d'un reportage télévisé, tout cela me plaisait mais rien n'y faisait.Quand ça veut pas , ça veut pas.
J'aimerais écrire que ça y est, j'ai renoué avec Irving , mais non. Si j'ai réussi à lire en entier ce pavé, c'est de manière fractionnée, en alternant avec d'autres romans (mauvais signe) car tout au long des pages , je me disais : "Mais pourquoi s'est-il trompé de narrateur ?" Ce n'est pas le gamin estropié qui survivait sur une décharge publique mexicaine qui est devenu romancier après une série de rebondissements dont Irving a le secret, le personnage intéressant, c'est sa sœur !
On se fiche pas mal que Juan Diego Guerrero, au fil de rêveries, revive son passé, tout en jonglant dangereusement entre bêtabloquants et petites pilules bleues (qui lui permettent d'assurer auprès d'une mère et sa fille) , c'est Lupe qui éclaire véritablement ce roman ! Lupe qui parle une langue incompréhensible à tous (sauf à son frère qui lui sert ainsi de traducteur, édulcorant souvent ses propos car Lupe lit dans les pensées) , Lupe qui lit dans le passé, moins bien dans le futur dont la mort est annoncée très rapidement.
Alors oui, il y a quelques scènes réussies (je pense ainsi au repas final troublé par un gros lézard, ou à la scène dans laquelle Juan Diego retrouve un de ses anciens harceleurs) mais au final on se demande bien quel était l'objectif de ce roman et on reste sur sa faim. Ce qui est quand même paradoxal quand on a "avalé" 528 pages.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : john irving
13/08/2016
Au début de l'amour
"N'y a-t-il pas quelque chose qui les lie l'un à l'autre malgré tout ? "
Stella , mariée, une petite fille de quatre ans, mène une vie très calme dans un quartier résidentiel de banlieue. Elle est infirmière à domicile et ses patients âgés sont quasiment les seuls adultes avec qui elle peut discuter, son mari, un taiseux par ailleurs, étant souvent au loin pour son travail.
Pourtant, quand un inconnu sonne à sa porte alors qu'elle est seule chez elle, elle refuse de lui parler. Il insiste et peu à peu s'installe un harcèlement d'autant plus insidieux qu'il remue en Stella des sentiments contradictoires et la mène à s'interroger sur sa vie et ce qu'elle est devenue.
Plus que le phénomène de stalking (harcèlement), ce que Judith Hermann dépeint ici , c'est la prise de conscience de la petitesse de nos vies comparée à ce que nous en attendions et le personnage de la meilleure amie, exilée à mille kilomètres de Stella, tout comme le réparateur de vélos, aident aussi l’héroïne à ne prendre conscience.
Premier roman de Judith Hermann (autrice auparavant de recueils de nouvelles) Au début de l'amour est un texte d'une redoutable efficacité qui, avec une grande économie de moyens, installe une atmosphère épurée et anxiogène.
Au début de l'amour, Judith Hermann, traduit de l'allemand par Dominique Autrand, Albin Michel 2016.210 pages troublantes.
10:10 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : judith hermann
09/08/2016
Les jours clairs
"Nous n'avions plus qu' à décrocher nos mères qui collaient comme des pots de glu aux tissus de nos vêtements, à fermer les yeux et à sauter dans la vie comme en apesanteur. Nous n'avions pas peur, et c'était grâce à Évi et à ma mère, elles nous avaient appris, au fil des ans à ne pas en avoir peur, même si nous ne l'aurions jamais admis, surtout pas à l'époque."
Singulier triangle amical que forment à première vue Seri, Aja et Karl, trois enfants qui grandissent dans une petite ville du Sud de l’Allemagne dans les années 60. La vie est douce, en apparence et ils profitent des jours clairs de l'enfance, leitmotiv qui revient jusqu'aux trois quarts du roman. Évi, la mère d'Aja , excelle à créer une atmosphère poétique et champêtre dans sa maison minuscule, malcommode, mais ô combien accueillante.
La narratrice, Seri, remarque cependant : "Karl, Aja et moi n'avions pas de père, du moins pas comme d'autres enfants avaient des pères. Nous avions nos mères , avec leurs secrets silencieux qu'elles protégeaient comme des trésors."
Ces secrets, à l'orée de l'âge adulte, les trois amis les découvriront à l'occasion d'un séjour en Italie. C'est là aussi qu'apparaitront des fêlures, peut être irréversibles dans ce qui les unit.
Roman d'atmosphère, Les Jours clairs est un texte qu'il faut prendre le temps de savourer, de laisser infuser. Il distille un charme qui opère d'emblée. On découvre au détour d'une phrase,lâchée mine de rien, une information d'importance, évitant ainsi tout pathos. On devine la trahison, mais rien n'est jamais clairement mentionné. Les épreuves rapprocheront petit à petit les mères, mais sans rien de théâtral.Des attentions, des gestes minuscules mais qui ont une importance extrême pour ceux qui sont dans la peine, tout est délicat, poétique. Un roman marqué par la perte mais qui n'en reste pas moins d'une formidable luminosité.
Les jours clairs fait partie de ces livres qu'on quitte à regret et pour mieux prolonger ma lecture, je me suis même mise à lire à mi-voix le dernier chapitre de ces 539 pages...
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
PS:Le nageur, de la même autrice attend dans ma Pal.
Les jours clairs, Zsuza Bank,magnifiquement traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Éditions Piranha 2015.
Découvert grâce à mon fils qui a attiré mon attention sur ce roman, accompagné d'un bandeau tentateu,r à la librairie Les Petits Papiers à Auch ! clic.
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : zsuzsa bank
04/07/2016
Ceci n'est pas une histoire d'amour
"Elle aimait les livres plus qu'elle n'aimait les gens . Il n'y avait aucun mal à cela. N'était-ce pas mieux que de vanter ses mômes ou de vivre l'existence d'un mari par procuration ? En tout cas , c'était mieux que de choper la chaude-pisse."
Harriet Post, blogueuse littéraire à succès (et romancière en devenir), s'est fixée une mission:dénoncer l'imposture de Sepp Gregory, star de téléréalité et prétendu auteur d'un roman, qui, elle doit bien se l'avouer, est fort bon.
Elle se lance donc à la poursuite de Sepp, plus prompt à retirer son tee-shirt pour exhiber ses tablettes de chocolat, que pour aligner trois mots, bien décidée à lui extorquer le nom du Ghost Writer qui a commis ce roman. Mais celui qui mènera la danse lors de ce road-trip, parfois chaud-bouillant, ne sera pas forcément celui qu’on croit...
Dénonçant les multiples réalités dans lesquelles se perd Sepp, tout autant que la fatuité d'Harriet, Mark Haskell Smith se livre à un réjouissant jeu de massacre de la société américaine. Ses personnages principaux son attachants, parfois pas forcément pour de bonnes raisons, ils inspirent "Le genre de réaction émotionnelle qu'on ressentait face à un chiot un peu débile. On hésitait entre lui faire un câlin ou le faire euthanasier."
Sepp, romantique fragile planqué derrière ses abdos et Harriet qu'il identifie comme une" femme fougueuse", comprendre : "Les femmes qui ont des couilles assurent", parviendront-ils à trouver un terrain d'entente et à se dépêtrer des situations explosives dans lesquelles ils vont se fourrer ?
Ce roman, qui se dévore à toute allure, ne peut que faire le bonheur des lecteurs français, car l'auteur l'assure à plusieurs reprises: les Français lisent encore des livres et échappent donc à la connerie ambiante !
En tout cas, Mark Haskell Smith nous offre ici un parfait remède à la morosité, roboratif, épicé et hautement réjouissant !
Ceci est une histoire d'amour qui commence avec cet auteur ou je ne m'y connais pas.
Ceci n'est pas une histoire d'amour, Mark Haskell Smith, Rivages 2016, traduit de l’anglais(E-U) par Julien Guérif
06:00 Publié dans Les livres qui font du bien, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : mark haskell smith
20/06/2016
Le bestiaire fantastique de Mme Freedman
"Je suis prête à réduire les inégalités scolaires, à démanteler les systèmes d'oppression structurelle et de racisme qui gangrènent notre société, à équiper les leaders de demain des outils universitaires qui leur permettront de révéler pleinement leur potentiel.
D'après mon père, les idées progressistes m'ont lavé le cerveau."
Que penser d'une jeune prof qui donne à ses élèves le sujet suivant : "Écrivez une histoire d'une page dans laquelle votre créature fantastique préférée résout le plus grand problème sociopolitique de notre époque" ? Qu'elle sollicite l'imagination de ses élèves, certes, mais qu'elle est aussi légèrement fêlée . Fêlure qui va aller s'agrandissant car les élèves de Mme Freedman, même s’ils se situent dans la Bible Belt (territoire fondamentaliste chrétien) et plus précisément au Texas, ne sont en rien des anges. Et ce qu'ils révèlent soit avec naïveté, soit avec rouerie , est un quotidien fort agité.
Il n'empêche que deux d'entre eux,Janice Gibbs , rebelle à toute forme d'autorité, et Cody Splunk, futur grand écrivain, vont maintenir un lien avec leur ancienne Prof quand celle-ci sera internée .Ils décideront même de l'aider à s'évader de l'institution où elle est enfermée, institution qui pratique un "modèle capitaliste de thérapie comportementale et cognitive" pour le moins bizarre.
Commencé le sourire aux lèvres, ce roman évolue très rapidement dans des zones plus troubles. Les émotions sont au rendez-vous,douces-amères ou plus violentes et les extraits de journaux des différents protagonistes, les courriels échangés, leurs narrations scolaires ou thérapeutiques, sans oublier l'intrusion de la téléréalité dans leurs vies forment un kaléidoscope nous permettant une vison à la fois plus approfondie et plus éclatée. Se construit ainsi le portrait d'une femme trop idéaliste,trop sensible aussi, trop fragile aussi.
Un grand coup de cœur !
Le bestiaire de Mme Freedman, Kathleen Founds traduit de l'anglais (E-U) par Caroline Bouet, Plon 2016
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (16) | Tags : kathleen founds