25/01/2019
Les chemins de la haine...en poche
"Il y avait des milliers d'Andrus Tombak qui faisaient vivre les immigrés dans des conditions que ne tolèreraient jamais jamais ceux qui déversaient leur haine sur eux."
Un homme est mort dans l'incendie d'une cabane de jardin de Peterborough. Il s'agit d'un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov. Un parmi tous ceux qui arrivent des pays de l'Est dans ce qu'ils croient être un Eldorado mais qui se révèle bien trop souvent un enfer.
Nouveaux esclaves, ils sont exploités sans scrupules et haïs par la population locale.Les deux policiers qui mènent l'enquête, Zigic et sa partenaire, Ferreira ,immigrés de la deuxième génération ont eux-mêmes , à des degrés divers, été en butte à ce racisme plus ou moins larvé de la part des Britanniques de souche.
Les chemins de la haine possède tous les ingrédients d'un formidable roman noir: personnages parfaitement croqués, intrigue à rebondissements et surtout un arrière-plan social passionnant. Addictif ! On a d'emblée hâte de découvrir le prochain roman de cette auteure.
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : eva dolan
23/01/2019
Le paradoxe du bonheur
"Comme dans son monde à elle , il n 'y avait pas forcément de règles strictes; parfois, il valait mieux laisser les situations s'équilibrer d'elles-mêmes. Plus on intervenait, plus on risquait de perturber les variables infinies."
Sur un pont de Londres, un renard va, sans le savoir, rapprocher deux destinées: celle d'une américaine,Jean, fraichement divorcée, biologiste chargée d'observer les goupils qui se sont approprié le territoire urbain et celle d'Attila, ghanéen au nom de guerrier, qui intervient certes sur les lieux de conflits partout dans le monde ,mais en tant que spécialiste du stress post traumatique.
Ils sont solitaires, comme tant d'autres autour d'eux qui œuvrent dans les coulisses de la ville, mais la fugue d'un petit garçon établira des connexions inattendues et multiples entre des personnages riches d'humanité.
Des loups, des coyotes, des renards mais aussi des perruches effrontées traversent ce roman et , pour certains d'entre eux, la ville de Londres, nous rappelant qu'il nous faut composer avec la nature et non tenter inutilement de la détruire faute de pouvoir la dominer.
Quant aux personnages, on s'attache très vite à eux et des retours en arrière, nous permettent de mieux les comprendre,avec pudeur et émotion. La résilience est au cœur de ce roman, sans pour autant céder à la tentation des bons sentiments, et l'écriture, riche de métaphores et de réflexions pertinentes, nous offre ici un peu bonheur de lecture.
On apprend plein d'informations mine de rien dans des domaines très divers et l'on se sent plus riche d'humanité en refermant ce livre que j'ai trimballé partout le temps de sa lecture, ce qui est un excellent signe !
Le Paradoxe du Bonheur (Happiness)Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Claire Desserrey, Editions Delcourt 2019, 411 pages piquetée de marque-pages.
Et zou un roman qui fait du bien sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : aminatta forna
22/01/2019
#Transcription #NetGalleyFrance
"Est-ce qu'ils élevaient ces filles dédaigneuses dans un incubateur spécial quelque part ? "
Kate Atkinson dans Transcription continue d'explorer la période de la 2 nde guerre mondiale , cette fois sous l'angle de l'espionnage. Son héroïne, Juliette Armstrong, en apparence naïve, est recrutée par les services secrets britanniques pour participer au démantèlement de la cinquième colonne, ces sympathisants locaux du nazisme.
Rien de bien glorieux car il s'agit dans un premier temps de retranscrire leurs propos, souvent obscurs, voire ennuyeux. Tout cela paraît assez bon enfant jusqu'à ce qu'enfin, les événements s'emballent et que Juliette ne soit amenée à devenir une espionne comme elle le rêvait.
Entremêlant à son habitude avec virtuosité les époques, parsemant son texte de touche d'humour et nous gratifiant d'un revirement final assez efficace, Kate Atkinson, n'a pourtant pas réussi à me captiver comme elle le fait d'habitude.La tension dramatique n'est pas suffisamment efficace et l'intrigue un peu trop paresseuse à mon goût.
Gageons que ce n'est que partie remise ! J'attends déjà avec impatience les nouvelles aventures de Jackson Brodie.
Cuné est déçue. Clic
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : kate atkinson
21/01/2019
C'est lundi aujourd'hui
"Maintenant j'évite la compagnie des humains mais, bizarrement, il y a toujours quelqu'un qui se soucie de moi."
Julia, trente ans à peine, n'est plus étudiante mais vit en colocation. Elle a écrit un roman autobiographique sur son histoire d'amour terminée, mais ne se dit pas écrivaine. Elle est femme de ménage, mais seulement le matin. Elle tient à distance ceux qui s'intéressent à elle, parents ou amoureux potentiels.
Elle est solitaire, boulimique, insomniaque et souffre de maux de tête, peut être dus à sa consommation excessive d'alcool.
Julia a fait un pas de côté en exerçant ce métier et porte aussi un regard décalé sur notre société, soulignant les travers dont nous ne sommes plus toujours conscients : la comédie sociale, la nécessité de passer par un médiateur dans nos rapports humains, la violence sociale "Mais de nombreuses personnes ont dit éprouver le besoin de voir les clients et les employés réunis. Vous êtes aussi des êtres humains après tout", ou le fait qu"On est clients partout, même dans sa propre maison, même dans le débarras."
C'est grinçant, parfois drôle (elle songe à se déclarer allergique aux gens tristes, par exemple), révélateur des idiosyncrasies, pas toujours reluisantes ou logiques de ses clients, mais le pas de côté dérape et ,petit à petit, Julia profite davantage des libertés que lui confèrent les clés de ses clients, s'immisçant à leur insu dans leur vies...
Un premier roman qui prend son temps pour démarrer mais instaure ensuite une tension dramatique assez fascinante. Un personnage insolite et mémorable .
Traduit du néerlandais par Arlette Ounanian
Nil 2019, 336 pages parfois déroutantes mais captivantes.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : sytske van koeveringe
19/01/2019
Quand monte le flot sombre ...en poche
"Ces deux mois ont été très longs. Elle était beaucoup plus jeune, il y a deux mois. Elle avait traversé la soixantaine et dépassé les soixante-dix ans en marchant régulièrement sur un plateau des années durant, mais, maintenant, elle a brusquement descendu une marche. Voilà ce qui se passe. Elle sait tout là-dessus. Elle a été avertie plusieurs fois de l'existence de cette marche vers le bas, de cet étage inférieur. Ce n'est pas une falaise de la chute, mais c'est une descente vers un nouveau genre de plateau, vers un niveau inférieur. On espère rester sur ce terrain plat encore quelques années, mais on peut ne pas avoir cette chance."
Tandis que Fran sillonne l'Angleterre, évaluant des maisons de retraite, des inondations menacent, métaphore poétique de la mort dont sont proches presque tous les personnages du roman de Margaret Drabble Quand monte le flot sombre.
Pour autant ce roman n'est en rien lugubre ou désespérant. Fran est pleine de vigueur et ses amis ou connaissances abordent le dernier rivage avec, sinon, sérénité, du moins sans acrimonie. Il est vrai qu'ils ont eu des vies plutôt protégées, du moins dans leur âge adulte, riches d'un point de vue intellectuel et bénéficient de conditions de fin de vie confortables. Veuve mais s'occupant d'un ex-mari alité, Fran entretient aussi des relations subtiles, parfaitement décrites ,avec ses enfants, mais néanmoins empreintes d'une tendresse prudente.
Avec sa finesse et son humour parfois acidulé, Margaret Drabble nous livre une analyse psychologique fouillée, tissée de citations poétiques ou littéraires ,mais aussi un portrait d'une certaine Angleterre. Avec empathie, mais se tenant aussi à distance de ses personnages pour éviter tout pathos, la narratrice du roman affirme ignorer certaines de leurs pensées ou balayer d'un revers de la main, sans précisions, la fin de certains d'entre eux.
Un bon gros roman anglais comme on les aime !
06:02 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : margaret drabble
16/01/2019
#HorsDeSoi#NetGalleyFrance
"Les gens veulent entendre des histoires et ça a son prix : les histoires de familles tragiques , c'est hors de prix."
Une carte postale envoyée d' Istanbul, c'est la seule trace qu'a laissée Anton. Sa jumelle, Alissa que plus rien ne retient à Berlin, part alors à la recherche de ce frère avec qui elle a partagé une enfance dans le Moscou post-soviétique.
L'occasion aussi de revenir sur une histoire familiale marquée par l'exil et l'antisémitisme et d'entamer une recherche identitaire où Alissa s'identifiera, jusqu'à se confondre parfois, avec ce frère insaisissable.
Il se dégage de ce roman foisonnant une atmosphère parfois poisseuse, mais néanmoins addictive qui fait qu'on ne le lâche pas , même si on se perd parfois dans les méandres de ce récit.
Grasset 2019 .Traduit de l'allemand par Claire de Oliveira.
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sasha marianna salzmann
10/01/2019
#Bonne élève#NetGalleyFrance
"Je sais très bien qu'il n'y a plus de place en moi pour la peur. Ni pour la faiblesse. Parce que c'est ma dernière chance de grandir et de me réaliser avant qu'il ne soit définitivement trop tard."
La narratrice n'a plus qu'un an pour se trouver un emploi en Angleterre et ainsi tirer parti du diplôme d’histoire de l'art qu'elle a brillamment obtenu dans ce pays il y a quelques années. Sans quoi, retour à la case départ dans son pays d'origine, l’Argentine.
Les pressions sur cette jeune fille brillante sont nombreuses: celle de l'argent de l'héritage paternel qui lui est bien évidemment compté, celle de sa mère restée au pays, celle de son père que, par-delà la mort elle continue entendre et surtout celle qu'elle se met elle-même, infligeant à son corps à la plus petite tentative de relâchement , de supposée faiblesse, de multiples et variées mutilations.
Cette tension irrigue tout le texte, faussant jusqu'à la vison des événements qu'a la narratrice concernant son propre comportement. Elle n'en reste pas moins lucide sur l’opposition existant entre les étudiants autochtones issus de milieux favorisés qui auront l'embarras du choix d'un travail favorisé par la réputation de l'université et par les relations familiales.
Un roman parfois suffoquant et d'une puissance extra-ordinaire.
Éditions Noir et blanc 2019
06:00 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : paula porroni
07/01/2019
Le dimanche des mères...en poche
"...en ce jour unique entre tous, où c'était le monde à l'envers, se placer, lui seigneur des seigneurs qu'il était, dans le rôle du serviteur."
Angleterre, printemps 1924. C'est Le dimanche des mères (rien à voir avec ce qui sera instauré plus tard),le jour où les aristocrates donnent congé à leurs domestiques pour qu'elles puissent visiter leurs mères. Un jour où il fait exceptionnellement beau, de quoi donner à Jane, la femme de chambre orpheline,envie de lire au soleil un des romans d'aventure que lui prête son employeur, ou de parcourir la campagne à bicyclette. Elle rejoindra plutôt le fils des aristocrates voisins, dernier survivant d'une fratrie fauchée par la guerre 14.
Arrivés là, vous vous dites qu'on peut déjà dérouler à l'avance le fil de l'histoire et, comme moi, vous aurez tort. D'abord, parce que la relation qui s'établit ce jour-là entre les deux amants est très particulière, emplie de sensualité , de liberté, de renversement de situation comme annoncé dans la citation de ce billet. Ensuite parce qu'au milieu du roman, un événement surgit, qui va totalement changer la donne et sera même l'occasion à la fin du roman d'une nouvelle interprétation. Enfin, parce que Graham Swift titille notre curiosité en parsemant son texte d'indices qui donnent à penser que la destinée de Jane va prendre une toute autre direction.
De magnifiques images, celle d une femme nue s'appropriant une demeure où elle n'a pas sa place, la peinture d'un monde déliquescent, où les seuls véritables vivants sont les domestiques, une domestique intelligente et primesautière qui saura prendre son destin en main, font de ce roman un indispensable !
Le dimanche des mères, un roman de 144 pages lumineuses, commencé sur la seule foi du nom de l'auteur, traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek,
06:00 Publié dans le bon plan de fin de semaine, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : graham swift
03/01/2019
#OnDiraitQueJeSuisMorte #NetGalleyFrance
"Il comptait parmi ces gens chanceux: il était sorti de l'enfance en un seul morceau et son passé n'était pas une énorme masse inamovible dotée d'un climat propre."
Mona, jeune femme de ménage (elle adore les aspirateurs !) distribue le soir des préservatifs et des seringues aux drogués. C'est là qu'elle tombe amoureuse de celui qu'elle surnomme M. Dégoûtant, artiste raté et édenté. Au vu du titre de cette première partie , Le Trou, on se doute bien de l'issue de cette relation.
Mais Mona n'a pas dit son dernier mot et la voilà bientôt en route pour le Nouveau-Mexique où, au fil de rencontres (voisins, clients, amis, hauts en couleurs et éclectiques), elle parvient progressivement à se libérer d'un passé qu'on devine toxique, d'après des bribes qu'elle nous a distillés.
Ce pourrait être trash, mais c'est plein d'émotion et de retenue.La langue est métaphorique, surprenante et Jen Beagin, dans ce premier roman, réussit un pari fou: créer un univers et des personnages pleins de vie, attachants , sans jamais tomber dans le glauque. Tout est sur le fil du rasoir mais Mona fait toujours un léger pas de côté in extremis pour éviter le sordide et choisir le camp de l'humour ,de la surprise ou de l'art. On n'oubliera pas de sitôt Yoko et Yoko, Jésus, Betty, et Mona , bien sûr. Une vraie découverte !
Un roman enthousiasmant traduit brillamment de l’anglais (États-Unis) par Céline Leroy qui avait su attirer mon attention sur ce roman .
Buchet-Chastel 2019, 275 pages qui donnent la pêche !
Et zou, sur l'étagère des indispensables !
06:00 Publié dans l'étagère des indispensables, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : jen beagin
19/11/2018
Sous les branches de l'udala #Rentreelitteraire2018 #NetGalleyFrance
Fin des années 60, le Biafra et le Nigeria se déchirent dans une guerre interethnique. La jeune Ijeoma envoyée loin de sa mère (qui se remet du deuil de son mari ) tombe amoureuse d'Amina.
Amours doublement interdites du fait de l'origine de ces très jeunes filles, dont les chemins se sépareront très vite.
Ijeoma devra faire face au poids de la religion (sa mère veut la "soigner" à coups de passages de la Bible), de la société ,mais finira par devoir emprunter des chemins de traverse pour pouvoir vivre pleinement.
Roman très didactique, ce texten'a suscité chez moi aucune empathie, par ses longueurs et par sa volonté trop affirmée de dénoncer une situation bien évidemment inadmissible. Dommage.
06:00 Publié dans rentrée 2018, romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : chinelo okparanta