04/11/2006
Non dits.
La guerre est très utile aux psychopathes car leurs exactions
peuvent facilement être imputées à d'autres. Une correspondante de
guerre, Connie Burns, établit néanmoins un lien entre des crimes
sexuels commis dans différents pays et la présence récurrente d'un
mercenaire britannique.
Celui-ci l'enlèvera en Irak pendant trois
jours . Refusant de communiquer sur cet enlèvement, refusant de montrer
sa souffrance, la journaliste sera même soupçonnée d'avoir organisé son
rapt...Elle se réfugie dans un petit village anglais, dans une maison
qui se révèle à l'usage mal commode et isolée. Evidemment, le lecteur
se doute bien que le psychopathe va réapparaître.
Mais, ce qui est intéressant dans Les démons de Barton House
n'est pas le suspense qui ,à chaque fois, est sciemment désamorcé ,mais
l'exploration psychologique des personnages. Minette Walters peint avec
sensibilité ses personnages féminins, femmes humiliées mais qui
sauront relever la tête et affronter le pire. Elle ne s'attarde jamais
avec délectation sur ce qu'a subi Connie durant ces trois jours, ne
donnant que des bribes d'informations.
Par contre, une révélation
concernant les propriétaires de Barton House, arrivant au dernier tiers
du livre, m'a paru un peu "parachutée", même si le thème abordé est
intéressant.
La fin du roman ,toute en non-dits , est un pur régal ...
06:10 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8)
26/09/2006
Delly pas mort !
Bon , j'avoue , je me suis faite couillonnée ! Tout à cause d'un paragraphe juste peaufiné pour être écrit en 4 ème de couv': "Elle
avait tout perdu et elle était libre. Libre ! Il y avait quelque chose
de libérateur dans le fait de ne posséder plus rien ni personne.
Quelques semaines plus tôt, elle s'était juré de ne pas être une
pleurnicheuse. Elle voulait devenir une alcoolique, une garce, une
langue de vipère. Une femme dangereuse ou juste une femme en
danger...L'heure était venue de tenir sa promesse." Beau programme, non ?
Hélas,
J'ai tenu bon jusqu'à la page 107 mais là je baisse les bras. Cette
histoire de narratrice qui bossait dans le cinéma (encore!) et qui
quitte son confort américain pour aller s'installer avec son homme en
Bulgarie m' a laissé de marbre. L'homme en question est parti étudier in situ et in vivo
le passage à l'économie de marché , mais il se prend tellement au jeu
qu'il va tomber amoureux grave d'une femme de ménage bulgare. Du coup,
la narratrice se jette dans les bras d'un mafieux velu (berk!). Les
amours ancillaires , j'ai eu ma dose avec Delly (l'ancêtre des
Harlequin pour les jeunettes) il y a prescription pour que je vous
donne la date.
Alors, voilà un livre qui va retrouver la liberté...
06:48 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (10)
20/09/2006
Un libraire selon mon coeur
J'avoue, le titre(Le libraire de Régis de sà Moreira) et la couverture du livre de poche m'ont incitée à
faire un achat d'impulsion que je ne regrette pas ! Suis obligée de
décrire la couverture, faute de photo disponible : un mug blanc dans
lequel trempent différents sachets de tisanes (ou de thés)
étiquettés au noms de bons bouquins de Harper Lee, Pouchkine, Tc Boyle
ou Rostand...
Le prologue est un peu déroutant mais le contenu du
livre est à savourer à petites gorgées...On entre en effet
progressivement dans un univers qui de "normal" bascule progressivement
dans la poésie, l'humour, un univers suspendu entre rêve et réalité
où l'on croise des clients bizarres (Dieu, une femme nue, Jacques le
Fataliste...) et surtout un libraire qui vit de lectures et de tisanes
(d'où la couverture) et qui ne dort jamais...
Un
grand amour des livres se dégage de cet "olni"(objet littéraire non
identifié), qui peut dérouter les amateurs de littérature "classique"
mais séduira les esprits fantasques...
"Certains livres sont à retardement "
Cuné
avait déjà parlé de ce livre bien avant que je sévisse sur ce blog et
je la rejoins sur l'envoi des pages arrachées même si l'idée de mutiler
des livres me chagrine un peu...
07:20 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (8)
20/08/2006
Economisons notre temps..
Sur la 4ème de couverture de Poésie à bout portant, il est mentionné que l'auteur , Victor Gischler, "buvant du café à longueur de journée(...) ne dort que sept minutes par nuit". Grand bien lui fasse.Quand on nous présente l'auteur comme un grand (! ) original, j'ai tendance à me méfier. Surtout quand il s'agit de préférences alimentaires.
Bien que n'ayant jamais bu de café (voilà qui est
original, non ?, surtout quand on est Ch'ti), j'ai quand même réussi à
tenir jusqu'à la page 214 avant de déclarer forfait.
L'idée
de départ pouvait sembler intéressante: un jeune Noir, "petite frappe"
s'empare de l'identité d'un futur étudiant en poésie, dans l'espoir de
changer de vie. Au passage, il râfle aussi un kilo de cocaïne à son
chef, ce qui augure mal de son avenir et de sa motivation.
Les récits d'impostures sont difficiles à traiter et l'auteur ne fait ici qu'effleurer le problème.
Gischler,
enseignant à l'université, en profite pour brosser au passage des
portraits plus lourdingues les uns que les autres des profs de fac.
On
ne s'attache pas à ces fantoches sans épaisseur qui ne pensent qu'à
boire ou à baiser ou aux deux . ça s'agite beaucoup, ça castagne, ça
pétarade ...mais dans le vide.
Et la poésie dans tout ça ? Elle est
évoquée accessoirement et est aussi utile à la narration qu'une paire
de palmes dans le désert.
07:01 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4)
19/08/2006
De l'art de manipuler (et de se faire manipuler)
Il paraît que les jeunes délinquants français, gavés de films
et feuilletons américains appellent les juges "Votre Honneur"... Si
comme moi, vous n'aimez ni les films ni les bouquins de procès, vous
allez avoir un léger recul en voyant le thème et le héros du nouveau
bouquin de Michael Connelly, La défense Lincoln.
En effet,
l'auteur a délaissé (provisoirement ?) son inspecteur Hiéronymus Bosch
pour un dénommé Mickey Haller , avocat de la défense.
"Comment
fais-tu pour être un avocat de la défense bien crapoteux avec deux ex
et une fille de huit ans et qu'on t'aime toutes encore." Voilà
résumée par une de ses ex femmes, elle même avocate ,mais de
l'accusation,la situation de notre héros. Parce qu'il est plutôt sympa
, Mickey, et il manipule avec dextérité tous les rouages de la justice
américaine et les gens qui l'entoure de la même manière pour subsister
avec ses clients pas très en fonds.
Alors le jour où un client très
riche fait appel à lui, il croit qu'il va toucher le pactole et
pouvoir payer sans difficultés, enfin, les traites de sa maison avec vue
(un point commun avec Bosch).Evidemment, tout va se compliquer et
Mickey va se retrouver dans une situation inextricable ,face au
Mal.
Le lecteur suit sans difficulté aucune le héros dans les
subtilités du système judiciaire américain et se laisse allègrement
manipulé par Connelly. Rien n'est manichéen dans ce texte où le
héros en vient à remettre en cause son propre fonctionnement .
Si
vous n'avez pas comme moi la chance d'avoir un beau-frère fan de
Connelly (merci, François) et que votre budget livres est en train
d'exploser, attendez un peu, ce livre sortira bientôt en poche...
07:50 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2)
17/08/2006
Trois frères, trois soirs d'été.
(titre éhonteusement copié sur Trois femmes un soir d'été ,
la saga de l'été dernier sur France 2 qu'un programmateur fou a repassé
le mois derniersur France 4, à l'heure de la sieste ,dans le
désordre, puis dans l'ordre, pour voir si on suivait...).
Pas de coups de théâtres fracassants, tout est feutré dans Jours de juin
de Julia Glass. Ce roman se divise en trois étés qui vont bouleverser
la vie d'une famille écossaise.Des décès vont entraîner des
réajustements entre les personnages, réajustement des places de chacun
au sein de la famille et aussi de la vision , forcément parcellaire et
myope, que chacun a des autres.
Ce très beau texte aurait aussi pu reprendre le titre de Sylvie Doizelet Chercher sa demeure
car chacun dans le roman de julia Glass peine à trouver le pays
(Ecosse, Grèce, Etats-Unis, France) qui lui donnera la sérénité.
Si
vous aimez l'atmosphère des vielles demeures écossaises, les chiens de
berger, la musique et les livres,vous trouverez votre bonheur dans ce
livre qui n'est ni triste ni mélancolique. On y trouve même des pointes
d'humour quasiment anglais .
Julia Glass est américaine mais elle
mériterait presque qu'on lui accorde l'étiquette de romancière
anglaise, c'est dire si j'ai aimé...
08:27 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (3)
12/08/2006
J'ai craqué !
Merci d'abord pour vos témoignages de sympathie, ça fait chaud au
coeur surtout qu'ici, l'été est bien fini (Non, non, nous n'avons pas
rallumé le chauffage ! De toutes façons, vu les travaux , c'est
impossible...).
Je peux bien recevoir vos messages mais pas en envoyer...ça progresse...
Ce
n'est donc pas mon modem qui m'a fait craquer (il est bien moche mais
on s'en fiche) mais 1/le temps pourri et 2/la fermeture de la
médiathèque depuis trois longues semaines (je sais tout le monde a le
droit de prendre des vacances, Laure (j'en profite pour te souhaiter
une bonne fête en retard, désolée !) mais mes réserves ont vite fondu
au soleil de la canicule (c'était quand déjà ?)).
Entre deux
"draches" (averses soudaines et de grande intensité), on se croirait
presque en Afrique, Silo, si ce n'est les températures qui ne
sont pas à la hauteur, j'ai donc fait une orgie de magazines sous le
prétexte de voir ce qu'allait donner la rentrée littéraire.
Bof,
rien de bien passionnant, mon banquier peut se rassurer.J'attendrai
peut être la sortie en poche du nouvel Agnès Desarthe même si ces
précédents romans ne m'avaient pas totalement convaincue.Je vais gArder
mes petits sous pour le nouveau Atkinson , dont personne ne parle dans
les critiques que j'ai lues et dont rien que le titre me réjouit: Les choses s'arrangent mais ça ne va pas mieux. C'est bizarre, ça me rappelle quelque chose...
07:33 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (4)
10/08/2006
"Chère Madeleine Wickam,
Grâce aux promotions estivales, j'ai enfin pu mettre la main ,sans
dépenser un centime d'euro supplémentaire, sur votre premier
ouvrage: Martine acheteuse compulsive , je veux dire Confessions d'une accro du shopping.
Je
m'étais enfin décidée car, en me promenant sur la Toile, j'avais
découvert que ,sous le pseudonyme de Sophie Kinsella, se cachait
l'auteure de délicieux romans* (tous parus en format poche), où vous
égratigniez allègrement la société des Grands Bretons.
Je dois
avouer que j'ai largement passé la trentaine et que ceci explique peut
être les bâillements intempestifs qui se sont déclenchés à la lecture
de ce roman. J'ai même failli abandonner tant l'intrigue m'a paru mince
et convenue.
J'ai quand même souri quand votre héroïne,
en voulant suivre les conseils d'un bouquin pour dépenser moins,
se retrouve à grever son budget...Cela m'a fait penser à L'art de la simplicité
(qui vient de sortir en poche)et où l'auteure nous conseille d'acheter
simple et durable (et donc il vaut mieux au départ avoir de
confortables économies...).La seule différence , c'est que Dominique
Loreau ne cite aucune marque, elle ne fait que les suggérer.
J'espère,
chère Madeleine, que maintenant que vous avez trouvé la poule (tte) aux
oeufs d'or, vous pouvez dépenser sans compter dans tous les magasins
que vous citez (peut être vous accordent-ils même une remise, ce ne
serait que justice), mais que vous trouverez quand même un peu de temps
pour nous écrire de vrais romans, légers et drôles.
Sincèrement vôtre
Cathulu
*Des vacances inoubliables, Drôle de mariage, La madonne des enterrements.
07:55 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (6)
07/08/2006
Le demi-frère (suite et fin)
Dans un roman, l'auteur peut nous indiquer, en passant, mine de de
rien, à la trentième page que le personnage principal est noir ou que le
docteur dont on suit les aventures est une femme. Lars Saabye
Christensen ne se prive pas de ce procédé et je m'en voudrai de vous
priver des surprises que recèle Le demi-frère.
De la même
manière, beaucoup de révélations seront différées car les personnages
entretiennent un rapport particulier au temps, à l'attente et aux
souvenirs. Très peu de dates dans ces 918 pages mais une "chronologie poétique" qui ne nuit en aucune façon à la lecture.
Tout
repose sur l'histoire d'une lignée de femmes: La Vieille, ex star
du cinéma muet, sa fille Boletta , elle même mère de Véra. Ces trois
femmes ne connaîtront que des "hommes de la nuit ", des hommes
disparus en leur laissant comme unique trace de leur passage un enfant.
Ce lignage féminin, sera rompu avec la naissance de Fred, premier fils
de Vera.
Cet enfant farouche , dont la naissance est doublement
dramatique, manifeste son mal être (dû au poids des secrets qui
l'entourent) par un comportement agressif ou mutique; il deviendra lui
aussi un "homme de la nuit"
Son demi-frère, lui, aura la
chance d'avoir un père mais un père "pigeon voyageur" qui exerce on ne
sait quelle profession, qui vient et repart au gré de ses envies. Il
apprendra à son fils que l'important n'est pas ce qu'on voit mais ce
que l'on veut voir. Fort de cette leçon, le narrateur rêvera tout
éveillé des rêves "en négatif" qui parfois se réaliseront...
Le
narrateur, contrairement à son demi-frère, est du côté du langage et il
deviendra scénariste, aidé en cela par son ami Peder. Mais il est lui
aussi englué dans les non-dits et parfois il ne maîtrise pas ce
qu'il dit...
ou ce qu'il fait.
Tout est en demi-teintes dans de roman qui contourne les écueils de
toute saga : peu de personnages (on ne se perd pas dans les méandres
d'une famille nombreuse, loin s'en faut), mais ils sont tous très
attachants et pittoresques; rien n'est dilué, l'auteur ne "tire pas à
la ligne" , pas plus qu'il ne nous abreuve de descriptions
interminables, même si les lieux sont très importants pour le narrateur.
Beaucoup
d'émotion dans ce roman ,mais par petites touches, et les moments
dramatiques sont contrebalancés par des instants cocasses (la leçon de
danse où le narrateur rencontrera ses premiers amis) ou lumineux (les
vacances avec Peder et Vivian).
Le demi-frère est un roman
riche de réflexions et de thèmes qui parlent à tous ( et de manière
simple) ; peut être est-ce pour cela qu'il mérite bien l'appellation de
chef d'oeuvre...
08:08 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (2)
05/08/2006
LA SAGA ...
Non, Ch'ti 31 , ce
n'est pas celle de Yannick Noah (Ah, quel bel homme! les plaquettes de
chocolat couleur chocolat...). Ce n'est pas non plus celle de France 2
(pour qui l'été commence fin août) et dont la pub ressemble à celle
d'une eau minérale (espérons qu'elle sera moins insipide).
Non, c'est celle de Lars Saabye Christensen , Le demi-frère.
918 pages de pur bonheur (je ne fais pas dans la demi-mesure) et comme
je ne veux pas écrire de demi-critique (j'en suis à la page 661), je ne
vous en donne qu'un tout petit aperçu: "...elle souriait jusqu'aux
oreilles, ce qui me rendit nerveux (car je sais qu'un tel sourire
n'apporte rien de bon la plupart du temps: avec les méchants, on sait
toujours à quoi s'en tenir, alors que les gentils, ils sont capables
d'inventer n'importe quoi).Faites-en votre miel en cette fin de semaine frisquette
PS:
C'est sorti en édition de poche (c'était mon troisième livre acheté
lundi, pour ceux qui suivent), et ça ne vous fera pas mal aux poignets.
08:36 Publié dans romans étrangers | Lien permanent | Commentaires (9)