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08/01/2008

Une grenade-puzzle

Le récit, donné comme fortement autobiographique, commence sur un ton d'humour grinçant : l'évocation façon puzzle de la famille du narrateur avec des personnages pittoresques:  "Oncle Helmut était farci d'éclat de grenad qui sortaient de son corps à intervalles réguliers,et à l'occasion de chaque rencontre,il me faisait  cadeau d'un nouveau morceau et d'un nouvel épisode" (de ses histoires de guerre),  et des notations caustiques :"...et elles tombaient dans le bras l'une de l'autre en se haïssant par dessus tout".41KpG26O_IL
Mais au fur et à mesure, le roman devient plus sombre et poignant : cet enfant, né en 1960 dans une petite ville danoise, pourrait avoir une vie tout à  fait ordinaire si sa mère n'était pas allemande. Et bien que la guerre soit finie depuis longtemps, la vindicte des villageois ne cessera pas contre cette femme et sa famille.
Hildegard n'a pas eu une vie facile,que ce soit avant ou pendant la guerre mais toujours elle a su faire preuve de courage , d'opiniâtreté et de débrouillardise.
Son fils, en butte aux tracasseries permanentes, à  l'hostilité de ses camarades, aux injures, d'où le titre, Cochon d'Allemand, fait face lui aussi sans se plaindre. On a le coeur serré en lisant des phrases telles que :  "Le seul cadeau que je souhaitais pour mon anniversaire, c'était de  ne pas  avoir d'anniversaire."
Il faut savoir accepter l'apect fragmentaire du récit et son absence de linéarité (on passe du passé d'un personnage à un autre, d'une époque à une autre sans transition) , mieux se perdre pour mieux se trouver, épouser les mouvements des souvenirs qui affluent comme les morceaux de grenade de l'oncle Helmut  et ainsi échapper-un peu- à la moirceur de l'histoire.Le style est dense et acéré.
Intrigué autant par le titre que par la couverture, Ferdinand , 8 ans, m'a demandé de quoi parlait ce livre. Je lui ai résumé l'histoire et lui ai lu le passage cauchemardesque de l'anniversaire. Il  a réfléchi un instant et m' a demandé :  "Et il  s'est vengé ? ".
Knud Romer a fait mieux que ça : il a écrit ce livre.
Un vrai coup de coeur pour commencer l'année !

L'avis d'in cold blog   
de Cathe

de Fashion

d'Alice

ça y est,j'ai trouvé le billet de Chiffonnette !

03/01/2008

Fantasia chez les ploucs ou comment lutter contre le blues

"C'est une chose d'être recruté sur un poste parce que vous êtes un tantinet demeuré, mais c'est une autre paire de manches que de conserver sa réputation."Ainsi s'exprime Théo , l'adjoint du shériff de Melancholy Grove qui se mêle un peu trop d'un suicide qui vient rompre la monotonie de la vie de cette station balnéaire...51TPC2560YL
A partir de là, les événements s'enchaînent à une allure folle, aussi folle que les habitants de cette tranquille bourgade qui semblent pris d'une frénésie lubrique,influencés par un lézard gigantesque qui vient de se réveiller d'un sommeil de plusieurs milliers d'années...
On croit d'abord entrer dans un récit digne des films de série Z, mais, larguant toute volonté de  rationnalisation, on se laisse rapidement embarquer dans cette épopée mêlant intrigues policières,histoires sentimentales, le tout assaisonné d'un humour déjanté et parfois caustique : "Au pays des Terres inconnues,y a belle lurette qu'on vous aurait expédiées au royaume de la connerie, c'est moi qui vous le  dit!"... Les plus fous ne sont pas forcément ceux que l'on croît et les personnage , plus frappadingues les uns que les autres sont follement ...attachants.L'auteur tire à boulets rouges sur les biens-pensants, les fanatiques religieux de tout poils et passe à la moulinette les psys et leurs traitements.
On se demande comment l'auteur va se tirer du pétrin dans lequel il s'est lui même fourré  mais avec une  virtusoité remarquable Christopher Moore s'en donne à coeur joie  et retombe sur ses pattes.  Il arrive même à nous faire verser une petite larme sur le sort du Lézard lubrique de Melancholy Cove , un lézard qui n'engendre certainement pas la mélancolie !
"Le résultat ressemblait à un puzzle imaginé par Salvator Dali." et on en redemande !

Merci à  celles qui m'ont donné envie de découvrir ce roman mais  en ces  temps  de fêtes,je ne retrouve plus les billets ! N'hésitez pas à vous signaler !

Stéphanie

24/12/2007

Lectures hivernales #1

noelUne semaine comme je les aime : sans contraintes, sans rendez-vous, avec plein de temps libre et d'espace où s'étirer , plein de temps libre pour se retrouver, retrouver ses amis...et lire bien sûr !
Alors, pour rester dans l'esprit du temps, un petit livre sans chichis, pétillant comme le champagne, acidulé juste ce qu'il faut : Six filles dans le vent où Laura Cunningham brosse le portrait de six amies réunies pour fêter les vingt ans de leur rencontre...
Certaines ont réussi ,socialement parlant, d'autres moins, mais se retrouvant bloquées par la tempête de neige,toutes  vont devoir affronter une soirée plus longue que prévu , soirée qui va vite dégénérer, rancoeurs et révélations s'invitant sans manières...51jjuimy1TL

La fin n'est évidemment pas aussi caustique qu'elle aurait pu l'être mais ce roman permet de passer un bon moment.Un cran au dessus de la production de la chick litt.
Bon réveillon à tous !

20/12/2007

Le palais de la mémoire

41Ktv1zQfULVa et vient entre passé et présent, Les madones de  Léningrad de Debra Dean, aborde à la fois le thème de la mémoire, celle de Marina qui  est en train de se diluer,et celui du passé de nos parents que nous ne connaîtrons jamais totalement.
Comment faire coïncider l'image de cette femme âgée,qui se rend au mariage de celle qu'elle n'identifie même plus comme  étant sa petite fille et celle de la belle jeune fille  qui, employée au Musée de l'Hermitage durant le siège de Léningrad, vit dans les caves d'un musée dont toutes les salles sont vides mais qu'elle repeuple en exerçant sa mémoire ?
Marina qui a miraculeusement pu retrouver celui qu'elle aimait dans une Europe dévastée , maintenant qu'elle vit depuis de nombreuses années aux Etats-Unis a  toujours  refusé de parler du passé. Son mari, lui aussi,  s'est  abstenu de la questionner sur la naissance de ce fils dont Marina a toujours dit que le père était un dieu ...
La beauté de l'art, l'humanité de gestes simples mais qui prennent toute leur valeur quand on meurt lentement de froid et de faim, transcendent l'érosion des sentiments qui apparaît quand la mort est tellement présente qu'on n'y prête quasiment plus attention...
Opposition entre la Marina d'hier capable de faire visiter à un groupe  de jeunes militaires un musée vide en leur donnant à imaginer avec talent les oeuvres mises à  l'abri et celles  qui , des années plus tard parle  d'elle en ces termes "Je  deviens comme le musée. Tout fuit. C'est horrible"  car en effet, "Plus pénible  que la  perte des mots,  il  y a cette façon qu'a le temps de se  contracter, de se fracturer et de la larguer dans des endroits inattendus."
Opposition entre tous ces détails de la vie quotidienne, quand pouvoir  aller au sauna devient un petit miracle "C'est comme traverser un nuage et entrer  dans le ciel"  et l'espoir suscité par une vie à  venir  dans un monde où  règne la  destruction.
Une écriture chatoyante pour évoquer les tableaux disparus et célébrer la beauté d'un monde  toujours renouvelée : "Chaque jour le monde est refait à neuf, sacré , et elle  l'absorbe, dans toute son intensité brute, comme  un petit enfant. Elle  sent quelque chose s'épanouir dans sa poitrine-joie ou chagrin, en définitive, ils  sont inséparables.  Le monde est d'une si grande  beauté, en dépit  de  toutes ses horreurs, qu'elle  sera désolée de le quitter".
Emprunté un peu par hasard à la médiathèque, en dépit de ses descriptions de tableaux parfois longuettes,un roman attachant et tout en subtilité qui nous épargne les clichés des hsitoires de familles à l'américaine.

14/12/2007

"Lis,apprends, révise, va aux textes.savoir, c'est contrôler"

Toute sa vie, la romancière Joan Didion a ,de son propre aveu, "développé une technique pour tenir à distance  toutes mes pensées, toutes mes croyances, en les recouvrant d'un vernis de plus en plus41xfmnZRC_L impénétrable".  La  mort soudaine de son mari va tout remettre en question et Joan Didion va mettre une année complèteà remettre en question "toutes les  convictions  que j'avais jamais pu avoir sur la mort, sur la maladie,sur la probabilité et le  hasard, sur les bonheurs et les revers du sort, sur le couple, les enfants, la mémoire, sur la douleur du deuil, sur la façon dont les gens se font et en se font pas à  l'idée que la  vie a une fin, sur la  précarité de la santé mentale,sur la vie même."
L'année de la pensée magique est donc le récit sans fard de cette recherche sur elle même, de sa manière de refuser la mort de son mari puis de l'apprivoiser petit à petit grâce à l'écriture et à la lecture,car elle cherche sans cesse à comprendre dans les plus petits détails les raisons de cette mort subite.
Elle prend conscience de la différence entre la douleur et le  deuil : "La  douleur était passive. La douleur survenait. Le deuil, l'acte de faire face à  la douleur, demandait de l'attention."
Elle devient moins dure vis à vis des réactions des autres face à la mort : "Je me souviens de mon dédain, de ma sévérité envers sa façon de " s'apitoyer" de "geindre" de "s'appesantir" (...)Le temps est l'école  où nous apprenons".
J'ai beaucoup  aimé l'écriture de Joan Didion (je vais évidemment lire ses romans) et sa ténacité à vouloir faire face, à vouloir mettre des mots sur ses sentiments et ses croyances les plus irrationnelles.
Un texte magnifique qui vient d'obtenir le prix Médicis essai 2007.

L'avis plus nuancé de Clarabel.

Celui de  Cathe

12/12/2007

"Le premier qui dit la vérité ..."

Les réunions de familles, surtout quand i  est question d'héritge ou de cadeaux, peuvent rapidement tourner au règlement de compte... le petit Ralph en fera la "cruelle" expérience en passant la  journée de  Noël enfermé  dans sa chambre.
Il est vrai qu'il  n'a pas de chance car il cumule : sa grand-mère a tout d'une peste, sa grand tante a toujours une fragilité quelconque l'empêchant, bien malgré elle d'aider Tansy( la mère de Ralph) qui  a fort à faire  car c'est sur elle seule que repose l'organisation de ce Noël familial.9782211078481
"-La tradition ? pouffa maman. Les combats entre ours et chiens aussi,  c'était la tradition. Et puis autrefois, la tradition voulait qu'on se moque des fous Et que les hommes ne mettent jamais les pieds dans la cuisine.
ce qui la ramena à la réalité. Elle prit oncle Tristan par la manche pour qu'il vienne décoller le scotch de la porte du four,  arroser la dinde et vérifier que les pommes  de terre  ne brûlaient pas ".
Vous l'aurez compris, Anne Fine, dans Au secours c'est Noël se  livre à un joyeux jeu de massacre des  traditions.
Chacun se plaira à reconnaître quelqu'un de sa connaissance dans cette famille bigarrée et sympathique : le grand-père bricoleur qui casse  plus qu'il ne répare, les  neveux, Attila  juniors qui détruisent tout sur leur passage sous les yeux indifférents de leurs parents...Alors forcément avec de tels individus , quand quelqu'un a la "bonen " idée de  jouer à l'équivalent du jeu de la vérité, la mèche est allumée...
Anne Fine vous aura prévenu :  "Vous attendez Noël  avec impatience? Méfiez-vous !"
a glisser dans les souliers à partir de 9 ans pour engendrer les sourires et détendre l'atmosphère :"Chez nous, c'est quand même plus calme ! ".
PS: pour ceux qui manqueraient d'idées, en prim  deux listes de cadeaux de Noël sont offertes par Ralph ...

07/12/2007

En noir et blanc

Bizarrement,en lisant la première enquête de Smokey Dalton, La route de tous les dangers, j'ai eu l'impression de replonger dans les films de mon enfance, en noir et blanc.
Kris Nelscott revient en effet sur l'histoire des  Etats-Unis dans les années 60 , époque pas si lointaine et en mêm temps si étrange .21IixzuVQ4L
Une époque où Noirs et Blancs ne vivaient pas ensemble et quasiment pas les uns à côté des autres. Et poutant le détective Noir,Smokey Dalton, bon gré mal gré, va vite se rendre compte que la cliente Blanche qui l'a engagé, Laure Hathaway ,et lui même, ont des passés qui se rejoignent...
Curieuse situation que ce détective qui enquête sur un passé qu'il voulait à jamais enfouir.
En toile de fond, l'assassinat de Martin Luther King vient donner une réelle profondeur au roman, le replaçant dans un cintexte historique qu'on aurait un peu trop tendance à oublier .
L'intrigue avance à son rythme, sans précipitation, et même si j'avais deviné une partie des liens qui unissent  les deux protagonistes au bout de cent pages, j'étais pourtant loin du compte...Une histoire d'amour digne d'une tragédie classique éclaire pourtant ce roman.
Ce sont les personnages,et en particulier celui de Smokey, qui font toute la richesse du roman et donnent envie de poursuivre l'aventure. La preuve : je suis déjà en train de lire le deuxième volume, lui aussi sorti  en poche.
Merci à Michel  pour cette découverte !

30/11/2007

Pour les esprits curieux...

Aller voir cequi se passe dans la tête d'un psy durant une séance quoi de plus excitant ? hé bien, c'est à cela et à bien d'autres choses encore que nous invite Mensonges sur le divan.
Irvin D. Yalom sait de quoi il parle car il est à la fois romancier et psychiatre.  Quand en plus l'action se déroule aux Etats-Unis et met en scène une avocate ,bien décidée à se venger du psy de son mari, la situation va devenir détonante !218Mwk1C4RL
Patients dissimulateurs,joueurs compulsifs, rivalités professionnelles, épouse communiquant par Ikebana interposé, les psys ne sont pas   à la fête chez Irvin D. Yalom mais lelecteur se régale !
Tout le mondement à tout le monde mais le romancier agence sa narration avec maestria et on ne s'ennuie pas une minute.
Les personnages ne sont pas caricaturaux,mais simplement humains, on sourit beaucoup car le plus malin n'est pas forcément celui qui croit avoir toutes les cartes en main...
Le style fait mouche :  "Je parie que tes fantasmes et les siens dansent un menuet moite dans le monde des  fantasmes ", une satire au vitriol de la judiciarisation de la société américaine où l'on "rappelle" des patients comme des véhicules potentiellement dangereux, le plaisir est total est en plus,il vient de sortir en poche !

l'avis enthousiaste de Cuné.

29/11/2007

Trop de lecture peut nuire...

Emprunté un peu par hasard à la médiathèque, Un esprit jaloux s'est révélé être plutôt une bonne surprise.
Renouant avec la veine des  contes horrifiques du XIXème siècle anglais, dont il maîtrise parfaitement les codes, ce roman se déroule denos jours et met en scène une jeune américaine venue étudier en Grande-Bretagne. Férue de Henry James (elle termine sa thèse sur Le tour d'écrou),Sallie va rapidement  se faire embaucher comme gouvernante d'enfants par un homme séduisant dont elle tombe presque219eKPotbQL immédiatement amoureusecar sa voix "évoquait un Mr  Rochester ou u Max deWinter. Elle vous évoquait le danger, degrandes  demeures en proie aux flammes, des cris de passion éternelle portés par lesvents de la nuit". L'ambiance est donc mise en place.
Mais A.N. Wilson se joue des clichés et très rapidement  nous comprenons que Sallie a de sérieux problèmes psychologiques et la machine va s'emballer mais certainement pas comme nous nous y attendions.Les nerfs du lecteur sont mis à rude épreuve  et même si une explication logique est donnée à desphénomènes apparemment inexplicables,l'auteur ne nous rassure que pour mieux nous précipiter dans l'horreur et nous faire envisager les faits d'une toute autre manière par une manipulation astucieuse.
La narration est brillante et maline et il n'est pas besoin d'avoir lu James pour  apprécier ce joli tour de force.

26/11/2007

Fêlures

Trois amies de longue date, Gwen,Beatrijs et Veronica ont pris l'habitude de se retouver pour les vacances dans la grande ferme de Timo et Gwen, avec conjoints et enfants.51Bmaw9WSzL
Mais cette année, la donne a changé : Gwen est morte, laissant un veuf désemparé et deux petits garçons, Beatrijs arrive flanquée de son nouveau compagnon et de sa "belle-fille en location",une gothique pur jus, et Gwen ne s'habitue pas à  n'avoir donné naissance qu'à une seule petite au lieu de jumelles comme précédemment.
Nous suivrons l'évolution de ces personnages de l'été à l'hiver, dans une ambiance étrange,distillée à la fois par le malaise qu'engendrent le comportement des nouvelles" pièces rapportées"et les actions des enfants qui vont jouer le rôle de révélateurs.
Renate Dorrestein excelle d'habitude à instaurer des ambiances lourdes mais là , bizarrement, Tant qu'il y a  de la vie, par sa volonté de croire à l'espoir à tout prix, n'y parvient pas totalement. Les  personnages sont traqués dans leurs replis les plus intimes mais la présence de Leander, le nouveau compagnon de Beatrij ,de par sa profession ,( médium?) ne rend guère crédible l'histoire.  Un autre fait  qui demeure inexpliqué, laisse également le lecteur sur sa faim, mais  l'auteur ,par sa volonté de  montrer que  rien n'est stable  en ce monde, ceci justifie donc cela.
Il n'en reste pas moins que j'ai passé un bon moment de lecture dans la campagne néelandaise en compagnie  de personnages sympathiques et attachants.