12/05/2008
Bridget mène l''enquête
Une couverture attrayante, une 4 ème de couv' où j'ai pêché "enquêtrice au foyer façon Desperate Housewife", une allusion à "Millénium" (en termes de chiffres de vente, il est vrai), et j'étais cuite : La princesse des Glaces était pour moi.
"Princesse des glaces", Alex l'est à plus d'un titre : par sa beauté et sa froideur soudaine et parce qu'on la retrouve suicidée dans une baignoire d'eau gelée...
Son amie d'enfance , Erica,la découvre et va être chargée par la famille de rédiger un texte à la mémoire de la défunte, bon prétexte pour mener l'enquête sur le passé d'Alex.
Camilla Lackberg tresse avec habileté trois intrigues: la policière, de facture classique mais riche en rebondissements ,même si Erica fait souvent fi des règles en vigueur dans la police ; la sentimentale avec une héroïne clairement donnée comme écho de Briget Jones:la trentaine bien entamée, célibataire, des kilos en trop...et un amoureux d'enfance qui a eu la bonne idée de devenir policier; une intrigue familiale enfin car Erica vient de perdre ses parents et refuse de vendre la maison familiale, contre la volonté de sa soeur,manipulée par un mari pas si bien sous tous rapports que cela (il est même carrément ignoble). Le tout traité avec pertinence, alternant émotion et humour.
La traduction est parfois lourde, on se demande si les deux traducteurs ont travaillé en harmonie, mais l'ensemble se lit avec plaisir. Une fois encore les auteurs nordiques se montrent moins frileux (je sais c'est facile!) que leurs confrères français et ne rechignent pas à évoquer des thèmes tels que la violence conjugale dans les milieux apparemment sans histoires.
J'avais deviné rapidement quel avait été le problème d'Erica mais l'auteure a su injecter une dose de noirceur supplémentaire et traiter ce thème ,devenu hélas courant,avec sensibilité .
Nous sommes loin de la réussite de Millénium mais il ne faut pas bouder son plaisir.
En prime, un conseil précieux pour ne pas attraper de cystite quand on doit s'asseoir quelque part par temps froid : glisser ses gants sous ses fesses. On ne sait pas ce qu'on doit faire pour les doigts gelés par contre...Avoir deux paires de gants ?
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08/05/2008
Recyclage ?
Delirium Tremens inaugure la série de Ken Bruen consacrée à JackTaylor, irlandais spécialisé dans la recherche de personnes ou de choses disparues, car pas question de parler de détective privé en Irlande...
J'y ai trouvé beaucoup de points communs avec le roman évoqué précédemment : une intrigue nonchalante avec ici des ellipses encore plus grandes car le héros se retrouve dans le coma plusieurs jours et l'énigme est résolue presque sans lui. une même tendance à l'autodestruction, de l'humour bien sûr, "Fragile? Cet arnaqueur? Il serait capable de construire un nid dans ton oreille et de te faire payer le loyer !" mais j'ai franchement été déçue quand j'ai retrouvé la même histoire concernant la mort d'un père , celui du héros dans Hackman Blues, celui de l'associée de Jack dans ce roman...Sans compter d'autres troublantes similitudes (attention si un simili détective irlandais vous offre des chaussettes roses ou rouges, votre vie est en danger...).
Ici va donc s'achever ma découverte de cet auteur. Dommage !
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06/05/2008
"Parnoir,enjambe ta culotte et suis-moi !"
Vous qui aimez les mots, les mots anciens, les mots qui roulent comme des cailloux, précipitez-vous sur Le jour des corneilles , de Jean-François Beauchemin !
Le père Souche et son fils (qui n'a pas d'autre identité) vivent à l'écart d'un village, en autarcie.
Le père, sorte de Géant rabelaisien, la bonhommie en moins, lit dans les étoiles, tandis que le fils voit sans souci particulier les trépassés évoluer autour de lui. Parmi ces derniers, sa mère, morte lors de sa mise au monde.
Le père rudoie le fils qui supporte sans broncher les crises de folie paternelles, espérant toujours recevoir une preuve d'amour, cet amour dont il est assoiffé.
En 150 pages, Beauchemin crée des personnages inoubliables,un univers dense et rude où la vie et la mort se mélangent sans cesse. En effet, pour le premier repas de son fils, le père lui donne du lait provenant d'un cadavre de hérisson femelle."ce fut ma première pitance sur le domaine de la Terre : le lait d'une b^te morte achevée par Père. Ce fut par même occasion ma première rencontre véritable avec la mort, véritable en ce que j'en fus pénétré, puis nourri. Toute ma vie , cela devait me rester inscrit au ventre: par là le trépas avait tracé sa sente en ma personne; comme mots se formant et s'alignant sur la page." Surprenant et fort.
Un grand merci à Val qui me l'a fait découvrir et me l'a gentiment prêté !
L'avis de Malice
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05/05/2008
"Etre comme tout le monde est tellement chiant. Voilà le piège dans toute sa séduisante folie"
Trouvé à la médiathèque mais annoncé comme devant sortir bientôt en poche, Hackman Blues est mon premier contact avec Ken Bruen, auteur dont Cuné avait parlé avec tant d'enthousiasme.
Brady cumule: Irlandais, souffrant de troubles bi-polaires (sa vie est une succession de montagnes russes entre périodes d'exaltation intense et dépressions profondes), il jongle entre alcool et lithium et, bien qu'âgé de 50 ans , se conduit souvent comme un ado attardé et lit énormément. A défaut d'être joyeux, il est gay , fait preuve de beaucoup d'agressivité mais aussi d'humour et de lucidité.Bref, on n'a pas le temps de s'ennuyer une minute avec lui !
Ce n'est pas pour autant qu'il manifeste beaucoup d'enthousiasme pour retrouver Rozaleen, la fille d'un promoteur immobilier, fan de l'acteur Gene Hackman. On le serait à moins car voici ce qu'il pense en découvrant la photo de la disparue : "Merde un chien ! Et comme c'était une photo, avec tout le talent du photographe professionnel, Dieu seul savait à quel point elle pouvait être moche."
Bruen s'avère le roi de l'ellipse, passant sous silence les explosions de violence qui parsèment le récit , mais les rendant en cela encore plus efficaces. L'histoire, qui s'emballe soudain, n'est pas vraiment la priorité de l'auteur, qui préfère et de loin s'attarder sur ses personnages, ciselant ses dialogues,bourrés d'humour.
A savourer sans modération !
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02/05/2008
Luttons contre la mondialisation !
Et une bloggueuse éditée,une ! Mais cette fois en Italie.
Pulsatilla n'a pas sa langue dans la poche et tire sur tout ce qui passe à sa portée : sa famille, les culottes, les règles, l'épilation, la cellulite mais La cellulite, c'est comme la mafia, ça n'existe pas.
Elle fustige tout ce qui est imposé aux femmes par la société en matière d'esthétique mais barbote avec jubilation dans la société de consommation...
Je me suis régalée avec sa description des différents types de phallus ainsi que du récit de ses tentatives pour ruiner la réputation de sa compagne de chambre - trop parfaite- dans un pensionnat religieux où la délurée Pulsatilla avait échoué un peu par hasard.
C'est drôle,léger, enlevé, volontairement cru,de quoi passer un bon moment même si parfois le livre devient un peu lassant car , présenté comme un "bio-roman", on sent néanmoins trop l'aspect "chronique," sans véritable structure narrative.
Ps: J'y ai appris au passage que le mot "sparadrap" viendrait de l'italien (plus précisément d'un dialecte de la région de Foggia d'où est originaire l'auteure) et qu'au départ ce serait une onomatopée "qui porte en elle toute la douleur causée quand on l'arrache."
Cuné a moins aimé mais elle a eu la gentillesse de me l'envoyer. Merci !
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30/04/2008
Reykjavik est tout petit...
Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie, comment ne pas craquer avec un titre pareil ? ! Et quand en plus l'auteure s'appelle Gudrùn Eva Minervudottir (ce que j'interprète-faussement sans doute- mais je m'en fiche, laissez-moi mes illusions- comme "la fille de Minerve") et qu'elle est islandaise, je me rends pieds et poings liés !
Mais bon,trêve de bavardages, allons plus avant.
Reykjavik, capitale de l'Islande, est d'après l'auteure une ville toute petite où l'on croise toujours les mêmes personnes. A lire les 20 nouvelles composant ce recueil, on veut bien la croire car une certaine parenté se tisse entre les différents narrateurs, créant une continuité très fluide.
Même jeunes adultes, ils ont gardé un pied en enfance,vivent souvent au troisième étage, mangent du pain avec du fromage ou du pâté de foie et évoluent dans des appartements quasi vides et très lumineux.
Leur langage est subtilement décalé, tour à tour poétique ou teinté d'humour "Tu ne veux pas m'embrasser comme la faim embrasse le pain ? ", subtilement en porte à faux avec la réalité.
On frémit quand de jeunes enfants sont confrontés à des adultes , tant l'auteure est habile à susciter un climat perturbant...
Les titres des nouvelles sont tous dans la tonalité de celui du recueil, voici mes préférés : "Le bouquet de mariée était plein de pucerons", "Parce que je t'ai embrassé ce matin au moment où tu refermais ta conscience derrière toi" ou bien encore "J'espère que tu étoufferas dans les rideaux de velours caca d'oie de ta mère".
Beaucoup de fraîcheur dans ce livre dévoré d'une traite, et dont on pourrait dire qu'il "rayonne comme les personnages des images pieuses". On sort de cette lecture le sourire aux lèvres et avec une folle envie de faire un tour en Islande...
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29/04/2008
Sister act ?
La guerre des légumes , titre français choisi pour traduire Big fat Love, de l'irlandais Peter Sheridan n'est pas du tout approprié car il met l'accent sur une intrigue secondaire-cousue de fil blanc- du roman , celle concernant un épicier et une épicière ennemis depuis des décennies.
Non, l'histoire principale met en scène Philo, 120 kilos, arborant des tatouages, mère de famille nombreuse qui, battue par son mari, vient trouver refuge dans un couvent de Dublin.
Choc des cultures, truculence des personnages, voilà pourquoi j'attendais avec impatience la sortie de ce roman en poche.
Au final, grande déception, la psychologie des personnages m'a paru hasardeuse et quant à l'héroïne elle ne m'a semblé ni crédible (se laisser battre quand on a un caractère bien trempé et une apparence de Viking comme il est écrit dans le roman...).
En outre, j'ai trouvé sa susceptibilité plutôt mal placée : même si on voit qu'elle aime ses enfants, elle les a quand même bel et bien laissés à l'orphelinat deux fois, même si elle refuse de prononcer le mot commençant par un A(bandon).
Bref, ce roman m'a plutôt énervée !
L'avis plus enthousiaste de Solenn
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28/04/2008
"C'était un petit jardin..."
Une famille pittoresque habite un reste de campagne au bord d'une ville : un père réparateur d'objets usagés, une mère qui fume des cigarettes virtuelles et ne jure que par le énième épisode de son feuilleton préféré, un fils aîné fou de foot, le plus jeune de sa prof de maths (!), un grand-père qui danse avec un fantôme et surtout l'héroïne qui donne son titre au roman de Stefano Benni : Margherita Dolcevita.Margehrita, quinze ans, quelques kilos en trop, un coeur cahotant mais de l'esprit à revendre.
Tout ce petit monde vit en parfaite harmonie jusqu'à l'arrivée de nouveaux voisins, trop charmeurs pour être honnêtes...
Aidée de son petit frère, Eraclito, Margherita va mener l'enquête et essayer de préserver ce à quoi elle tient le plus.
J'ai été emballée par ce livre qui emprunte la forme policière mais se situe à la croisée de la poésie, de la fable et qui est bourré d'humour.
On pouvait s'attendre au pire car souvent tant de personnages pittoresques s'agitent en vain, tels des marionnettes. Cen'est pas le cas ci car il y a une réelle structure narrative et parce qu'on s'attache aux personnages.
Mon chouchou ? Bien évidemment le chien Roupillon, "L'un des plus mystérieux composés arcimbaldiens de la nature" dont je vous laisse découvrir la description savoureuse page 13, chien qui s'appelle ainsi car il souffre de narcolepsie hystérique. "Vous voulez connaître d'autres mystères de mon chien ? Eh bien, j'ajouterai qu'il émet des pets silencieux et perfides puant comme le souffle d'une baleine qui a bouffé du plancton avarié, des sardines pourries et des culottes de Marathonien". Toute ressemblance avec un chien de ma connaissance etc.
Trêve de plaisanterie, cela faisait longtemps que j'avais lu un roman italien et je me suis ré-ga-lée !
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25/04/2008
Vies volées
16 ans. Esme Lennox a 16 ans quand elle est enfermée dans un asile psychiatrique. Elle en sortira 60 ans plus tard, de nos jours, non pas réclamée par sa famille, qui l'a oubliée, mais parce que l'établissement ferme ses postes.
Elle va être recueillie par sa petite nièce, Iris, qui , intriguée par ce silence familial , va tenter de renouer les fils du passé.
Maggie O'Farrell peint avec acuité l'histoire de cette famille bourgeoise typiquement britannique qui, dans les années 30 quitte l'Inde pour revenir dans les brumes et l'humidité écossaise, afin de nier un drame qui s'y est déroulé...Premier traumatisme pour Esme ,pleine de sensibilité et de vitalité, qualités qui font tâche pour ses parents et sa soeur tant aimée mais si raisonnable, Kitty.
Esme refuse de rentrer dans le moule, ce qui causera en partie sa perte...
Voix de la soeur aînée, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui a oublié ce qu'est une cuiller mais se souvient parfaitement du passé par bouffées libératrices, souvenirs d'Esme s'entremêlent pour tisser l'explication de L'étrange disparition d'Esme Lennox, sans que jamais le lecteur ne se perde.
Avec une extrême sensibilité Maggie O'Farrell montre le destin de ces femmes , broyées par la société pudibonde et corsetée du début du XXème siécles, femmes que deux simples signatures pouvaient enfermer à jamais.
Le lecteur suit, le coeur serré les rebondissements de l'histoire et ,trompé par l'écriture "voilée" de l'auteure , croit qu'il en sait plus qu'Iris, jusqu'à ce qu'il soit obligé de relire l'antépénultième page pour être sûr d'avoir bien compris l'horreur indicible et libératoire...
A lire de toute urgence.
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24/04/2008
"Posture, Ailsa, posture !"
Baby-boomers, Ailsa , la flamboyante féministe et Humphrey le "démodé, confortable, honnête" professeur de biologie marine se rendent, chacun de leur côté dans une université située au bord de la mer du Nord, université qui va les mettre à l'honneur.
Dès l'enfance, leurs destin se sont noués au bord de cette mer "où il faut être fous pour se baigner " mais qu'ils adorent. Tout au long d e leur vie, ils auront connu des rivages plus cléments mais des parcours plus agités...
Ce voyage leur donne l'occasion de revenir sur leur passé commun ou non, tandis que dans le récit intervient un mystérieux orateur public qui semble tirer les ficelles...
réflexion tendrement teintée de mélancolie, La mer toujours recommencée nous montre que l'enfance et ses blessures vivent toujours en nous , même dans nos corps de sexagénaires, et que l'intranquillité n'est pas l'apanage de l'adolescence.
L'écriture superbe de Margaret Drabble charrie les métaphores marines,écriture tour à tour malicieuse et pleine d'empathie pour ses personnages tiraillés entre ambition et lucidité. Un charme insidieux.So british.
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