09/04/2008
aquarelle
Par petites touches, dans une langue très poétique et jamais démonstrative, Wtaya Risa évoque le temps de l'adolescence.
Son héroïne, refuse de se laisser absorber par un groupe quelconque : "Je n'aime pas être laissée de côté, comme un rebut, mais ces groupes, je déteste cela encore plus. A peine sont-ils constitués que déjà il faut colmater les brèches." Son regard acéré sera néanmoins attiré par un autre "mouton noir", jeune qui vit quasiment en autarcie dans sa chambre et qui n'a d'yeux que pour une baby-doll sucrée dont les japonais ont le secret.
Traitant des problèmes de communication , de la fascination stérile pour des idoles de pacotille, L'appel du pied a remporté au Japon l'équivalent de notre prix Goncourt (alors que son auteure n'avait que 19 ans !) et vient de sortir en poche. A ne pas laisser passer !
Du même auteur, Install, dont j'avais parlé ici.
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08/04/2008
Chick litt pour quinquas (et pous les autres aussi !)
Ce n'est pas la couverture clinquante (et qui n'a d'ailleurs aucun rapport avec le contenu) qui m'a attirée dans Pas de mari pas d'ennuis mais d'une part le titre accrocheur en diable par sa désinvolture joyeuse et d'autre part la promesse de lire de la littérature légère destinée aux quinquas (je ne fais pas encore partie de cette tranche d'age mais j'en approche à grands pas).
Ici cependant, pas de littérature jubilant sur le thème de"la vie commence à 50 ans" mais un roman davantage axé sur la volonté d'assumer son célibat .
Carol Clewlow a choisi la forme de l'abécédaire de "A comme attitude" à "Z comme zing, zing, zing". mais si les 100premières pages fourmillent d'indications drôles et pertinentes concernant les"vieilles filles" ,( qu'on a voulu entre autres déporter pour éviter de supposés problèmes, les femmes étant en surnombre !), le récit à proprement parler s'affranchit de cette contrainte et prend son essor.
Riley a su tirer les leçons de son passé (les avantages de l'âge !) et revient avec humour et tendresse sur ses histoires d'amours défuntes sans pour autant se donner le beau rôle.Le récit se teinte parfois de gravité mêmes i les personnages pittoresques qui gravitent autour de l'héroïne ne manquent pas : de la veuve éplorée qui réécrit l'histoire de son couple cahotique à la copine new-age qui s'épouse elle-même !
Quant à Riley, si elle travaille dans un journal (gratuit) elle n'est pas du tout glamour mais pleine d'énergie et sympathique en diable !
L'auteure réussit, même si la fin est prévisible, à rester fidèle aux convictions de son héroïne,ce qui est tout à son honneur ! De quoi passer un bon moment sans prise de tête.Et ce qu'on ait cinquante ans ou moins !
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07/04/2008
"Toute en fourrure et sans culotte comme disait ma mère"-
Si on ajoute des seins en obus à la description précédente, on comprend que Valentina fasse tourner les têtes des hommes y compris celle de Nikolaï, veuf depuis deux ans !
Oui mais voilà Nikolaï est nonagénaire et ses deux filles, fâchées pour une question d'héritage ,vont se rabibocher vite fait pour faire front et lutter contre l'envahisseuse ukrainienne qu'elles soupçonnent d'aimer davantage la nationalité anglaise ( qu'elle pourra acquérir par son mariage) et la société de consommation, que leur père.
Une brève histoire du tracteur en Ukraine est aussi le titre du livre qu'est en train de rédiger le veuf joyeux et les extraits qui nous en sont donnés éclairent d'un jour nouveau l'histoire de ce pays de l'est dont la famille est originaire mais aussi celle du monde. En effet, cette famille a connu les tourments de l'Histoire, que ce soit sous la botte nazie ou sous celle de Staline qui organisa sciemment une famine pour mettre au pas les paysans ukrainiens.
La plus jeune soeur, Nadezhda (espérance), est celle qui est née durant la Paix et a connu une existence plus protégée, confortable et se montre plus révoltée que Vera qui elle a connu la guerre. Ces différences s'éclaireront petit à petit quand la cadette se penchera sur le passé de ses parents.
Marina Lewycka propose aussi une réflexion toute en nuances sur les différences opposant les immigrés "anciens" et ceux qui arrivent de nos jours en Grande -Bretagne.
On sourit beaucoup, entre autres quand la narratrice, Nadezda, décrypte les tentatives de manipulation de son père lors des conversations téléphoniques, ou quand elle se délecte à choisir des cadeaux de Noël pour "l'ennemie" : "j'emballe un flacon de parfum bon marché particulièrement immonde que j'ai gratuitement dans une promotion du supermarché" , mais bon,son avis sur elle évoluera aussi, on est ému par la détresse de certains personnages et on dévore d'une traite ce roman plein de rebondissements !
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04/04/2008
Attention, chef d'oeuvre !
Si la courte nouvelle de Charlotte Perkins Gilman n'était qu'un texte fantastique, elle searit déjà à mettre à la hauteur du Horlà de Maupassant.
Mais comme le montre la lumineuse postface de Diane de Margerie, La séquestrée est bien plus qu'un exercice de virtuosité.
Cette femme qui visiblement souffre de dépression post-partum est isolée par son mari médecin dans une ancienne nurserie mise à mal, de bien étrange façon, par ses précédents occupants. Mais c'est le papier peint surtout qui fascine l'héroïne et la fait sombrer dans d'étranges réflexions. Quant au bébé, mentionné deux fois en passant et de manière bien désinvolte, il n'est qu'un prétexte à cet enfermement. ce qui se joue ici est davantage de l'ordre d'une lutte , d'autant plus sans merci qu'elle est souterraine, entre l'Homme , dominateur qui a la science de son côté et la Femme apparemment soumise à son destin naturel , la procréation.
Diane de Margerie met aussi en lumière la vie hors du commun de l'auteure : elle fait attendre 25 ans son fiancé avant de l'épouser et de lui donner une fille. Fille qu'elle confiera après son divorce à son mari et à la nouvelle épouse de celui-ci, qui n'est autre que sa meilleure amie !
50 pages de pur bonheur !
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01/04/2008
Kaleïdoscope
"Mais comme le dit si bien Anton, c'est un quartier multiculturel, mais absolument pas interculturel; ici personne ne se mélange." Ce aurtier c'est celui de Lavapiès, en plein coeur de Madrid. Et dans Cosmofobia, Lucia Extebarria nous invite à le découvrir à travers une multitude de personnages (merci le Dramatis personae de la fin qui les récapitule !) qui le compose.
Cet aspect protéiforme correspond tout à fait au fond : chacun nous présente un fragment de la réalité selon son point de vue et nous retrouvons de fragments en fragments des faits ou des personnages déjà rencontrés.
Si au début j'ai beaucoup apprécié cette manière de faire, n'étant pas du tout gênée de devoir attendre avant d'identifier les narrateur, finalement, je me suis retrouvée engloutie sous la masse des personnages.
D'autre part si au début du roman, l'aspect multiculturel est bien présent et décrit de manière très vivante et colorée, j'ai trouvé que la fin était par trop consacrée au monde clinquant de la mode et des people. Cinquante pages en moins et cela aurait été impeccable. Mais je suis sortie de Cosmofobia légèrement groggie,comme si j'avais eu la gueule de bois, thème qui revient souvent dans ce roman ...
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27/03/2008
La fille du cannibale, la femme du disparu
La disparition soudaine du mari de Lucia Romero, auteure de livres pour enfants va la lancer dans une enquête qui deviendra bientôt un prétexte à une réflexion sur l'identité de ceux qui nous entourent mais aussi sur la notre.Comme dans un cauchemar, il semble que les marches des escaliers se dérobent sous ses pas, au fur et à mesure qu'elle avance dans sa quête de vérité.
La fille du cannibale , de Rosa Montero, est aussi une réflexion sur les différents âges de la vie, symbolisés par les deux personnages qui aident Licia la quadragénaire : le jeune et séduisant Adrian, et l'octogénaire Félix qui a déjà vécu plusieurs vies: anarchiste et torero.
Entrecoupé par les récits de Félix, le récit avance de rebondissement en péripétie et le "pauvre" Ramon (le disparu) semble parfois oublié...Mensonges, secrets sont au rendez-vous , et personne, y compris le lecteur, ne peut jamais être sûr de la véracité des faits relatés...
Les digressions sur l'histoire des anarchistes en Espagne m'ont paru parfois longuettes mais le style est enlevé et la réflexion intéressante. Lucia, au terme de cette quête, se ne définira plus par rapport aux hommes qui l'entourent (fille de, femme de ...)et aura gagné en sérénité : "Ce doit être la maturité : il me semble que je me réconcilie avec la vie, et même avec l'obscurité de la vie."
Je n'avais pas accroché avec La folle du logis de la même auteure, mais je sens que dès que j'aurai un p'tit creux, je réessaierai...
L'avis de Clarabel
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25/03/2008
Y a une fille qui habite chez moi .
Vous connaissez tous la chanson de Bénabar où le narrateur se rend compte progressivement qu'une fille habite chez lui à travers différents indices. Hé bien le début du roman d'Erlend Loe Autant en emporte la femme ressemble un peu à ça mais en plus radical. Marianne "débarquait le soir même. pour emménager. avec douze cartons de taille moyenne et une commode ocre." Bon, nous les filles savons qu'il faut parfois forcer un peu le destin mais là, elle y va fort, Marianne ! Nous entrons alors dans un univers à la logique folle où le narrateur nous explique calmement : "Je me décidai à tomber raide dingue amoureux d'elle. Voilà."
De discussions absurdes en voyage impromptu, leur relation cahote de l'exaltation à la déception : "Le voile d'éternité qui enveloppait notre relation se ratatine.Je reconnais que nous sommes éphémères tous les deux."Avec un flegme très britannique norvégien, le narrateur subit sans broncher les décisions illogiques de sa dulcinée jusqu'au jour où ...
Lu d'une traite ce roman m'a permis d'entrer avec bonheur dans l'univers si particulier d'Erlend Loe (j'avais connu un échec avec Naïf. Super.) .Les phrases juxtaposées donne un style faussement naïf justement et très décalé à cette histoire d'amour mais une poésie très gaie se dégage de ces pages .
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20/03/2008
"S'il était possible de boire la vie, je la buvais"
Sur la couverture (très réussie) une cerise en manque de sa jumelle. A l'intérieur un très joli roman qui m'a permis de découvrir, grâce à Fashion, Laurie Colwin.
Accidents est le récit en trois étapes d'une remontée à l'air libre d'une très jeune femme, Elisabeth, après le décès accidentel de son casse-cou de mari.
"Je ne voulais pas de compassion ni de marques de sympathie, ni des bras de quasi-inconnus autour de moi pour faire face à un événement si grave qu'il n'y avait pas besoin d'en rajouter. les jours passant, je me suis rendu compte que le chagrin est métabolique : il rampe en vous comme une maladie et vous enlève votre énergie.Puis il rassemble sa force et frappe comme une migraine soudaine , comme un accident de voiture*, comme un gros rocher plat que l'on vous aurait lancé à la poitrine." le ton est juste, se maintenant sur le fil du rasoir sans tomber dans l'auto-complaisance où le pathétique.
Néanmoins,j'ai trouvé que la narratrice se répétait beaucoup (elle insiste sur la jeunesse de leur couple, trois ans de mariage, comme pour se justifier de renouer si vite avec la vie ,avec l'amour). J'ai beaucoup aimé la dernière partie du texte dont j'ai trouvé les personnages lumineux.
Merci Fashion pour cette découverte que je vais poursuivre, la médiathèque ayant la bonne idée de posséder plusieurs ouvrages de Laurie Colwin.
* d'où le titre français, plutôt plat et banal pour traduire ""Shine on, bright and dangerous object" ?
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17/03/2008
"...une occasion se présente toujours d'obtenir ce que l'on mérite."
Les histoires de soeurs, moi qui n'en ait pas, forcément j'adore .Quand en plus il s 'y greffe une histoire de disparition qui va plomber le quotidien d'une famille déjà perturbée par la faiblesse de la mère et l'alocoolisme du père ,je crains le pire...
Enfer et damnation, il aura fallu qu'Amanda, Cuné enfoncent le clou pour que je me décide à lire A perte de vue d'Amanda Eyre Ward !
Bien leur en a pris car j'ai été captivée par cette histoire qui aurait pu sombrer dans le mélo le plus larmoyant mais qui ô miracle a un ton JUSTE, sans pathos mais avec des pointes d'humour, qui s'arrête là juste où il faut qui nous donne le loisir de reconstituer l'histoire sans nous prendre par la main comme si nous étions des demeurés.
L'héroïne qui part à la recherche de sa soeur disparue est particulièrement attachante: "Je me suis rendue compte que moi, Caroline Winters, serveuse de bar sans travail, sans parents, avec une soeur assassinée et de la cellulite, je partais pour le Montana à la recherche de ma nouvelle histoire." Le Montana, terre d'écrivains (Harrison and Co), Amanda Eyre Ward ne nous en donne pas une vision idyllique, c'est le moins qu'on puisse dire , mais pas grave on enfile une parka et on file acheter ce livre !
Ps : désolée Cuné, mais j'ai un coeur de pierre car je n'ai pas pleuré ! par contre, j'ai retardé le moment de lire la fin ! :)
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03/03/2008
"La nouvelle Virginia Woolf ou la nouvelle Florence Nigntingale ? "
"L'existence de Nora tournait en effet autour de deux pôles: le besoin d'écrire et le besoin d'aider les autres. mais elle était incapable de concilier les deux". et en effet car dans les fictions qu'elle r édige, Nora perce à jour les membres de son entourage. Cruauté involontaire, certes, mais pas facile à supporter...Son histoire d'amour avec Isaac y survivra-t-elle ?
Traitant de la création, de ses difficultés, des renoncements nécessaires ou imposés ("les poétesses ne devraient pas se marier, mon ami"), Une fenêtre sur l'Hudson , envisage aussi la relation entre Nora et sa tante en fin de vie.
J'ai lu sans déplaisir ce roman de Brian Morton mais me suis sentie tenue à distance , ne parvenant pas à entrer véritablement dans ce texte. J'ai davantage apprécié la description sans pathos desl iens qui unissent Nora et sa tante, y trouvant davantage de chaleur humaine.
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