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08/05/2008

Recyclage ?

Delirium Tremens  inaugure la série de Ken Bruen consacrée à JackTaylor, irlandais spécialisé dans la recherche9782070320912 de personnes  ou de choses  disparues, car pas question de parler de détective privé en Irlande...
J'y ai trouvé beaucoup de points communs avec le roman évoqué précédemment :  une intrigue nonchalante avec ici des ellipses encore plus grandes car le héros se retrouve dans le coma plusieurs jours et l'énigme est résolue presque sans lui. une même tendance  à l'autodestruction, de l'humour bien sûr, "Fragile? Cet arnaqueur? Il  serait capable  de construire un nid dans ton oreille et de te faire payer le loyer !" mais j'ai franchement été déçue quand j'ai retrouvé la même histoire concernant la mort d'un père , celui du héros dans Hackman  Blues, celui de l'associée de Jack dans ce roman...Sans compter d'autres troublantes similitudes (attention si un simili détective irlandais vous offre des chaussettes roses ou rouges, votre vie est en danger...).
Ici va donc s'achever ma  découverte de cet auteur.  Dommage !

06/05/2008

"Parnoir,enjambe ta culotte et suis-moi !"

Vous qui aimez les mots, les mots anciens, les mots qui roulent comme des cailloux, précipitez-vous sur Le jour  des corneilles , de Jean-François Beauchemin !9782922868593
Le père Souche et son fils (qui n'a pas d'autre identité) vivent à l'écart d'un village, en autarcie.
Le père, sorte de Géant rabelaisien, la bonhommie en moins, lit dans les  étoiles, tandis que le fils voit sans souci particulier les  trépassés évoluer autour de lui. Parmi ces derniers,  sa mère, morte lors de sa mise  au monde.
Le père rudoie le  fils qui supporte sans broncher les crises de folie  paternelles, espérant toujours recevoir une preuve d'amour, cet amour dont il est assoiffé.
En 150 pages, Beauchemin crée des personnages inoubliables,un univers dense et rude où la vie et la mort se mélangent sans cesse. En effet,  pour  le  premier repas  de son fils, le père lui donne du lait provenant d'un cadavre de  hérisson femelle."ce fut ma  première pitance sur le domaine de la Terre :  le lait d'une b^te morte  achevée par Père. Ce fut par même occasion ma  première rencontre véritable avec la mort, véritable en ce que j'en fus pénétré, puis nourri. Toute ma vie , cela devait me  rester inscrit au ventre:  par là  le  trépas avait tracé sa sente  en ma personne; comme mots se formant et s'alignant sur la page." Surprenant et fort.

Un grand merci à Val qui me l'a fait découvrir et me l'a gentiment prêté !

L'avis de  Malice

05/05/2008

"Etre comme tout le monde est tellement chiant. Voilà le piège dans toute sa séduisante folie"

Trouvé à la médiathèque mais annoncé comme devant sortir bientôt en poche, Hackman Blues  est mon premier contact avec Ken Bruen, auteur dont Cuné avait parlé avec tant d'enthousiasme.
Brady cumule: Irlandais, souffrant de troubles  bi-polaires (sa vie est une succession  de montagnes russes entre périodes d'exaltation intense et dépressions profondes), il jongle entre alcool et lithium et, bien qu'âgé de  50 ans , se conduit souvent comme  un ado attardé et lit énormément. A défaut d'être joyeux, il est gay , fait preuve de beaucoup d'agressivité mais aussi d'humour et de  lucidité.Bref, on n'a pas le temps de s'ennuyer une minute avec lui ! 41IOOZ1h0SL
Ce n'est pas pour autant qu'il manifeste beaucoup  d'enthousiasme pour retrouver Rozaleen, la fille  d'un promoteur immobilier, fan de l'acteur Gene  Hackman. On le serait à moins car voici ce qu'il pense en découvrant la photo de la disparue : "Merde un chien ! Et comme  c'était une photo, avec tout le talent  du photographe professionnel, Dieu seul savait à quel point elle pouvait être moche."
Bruen s'avère le roi de l'ellipse, passant sous silence les explosions de violence qui parsèment le  récit , mais les rendant en cela encore plus efficaces. L'histoire, qui  s'emballe soudain, n'est pas vraiment la priorité de l'auteur, qui préfère et de loin s'attarder sur ses personnages, ciselant ses dialogues,bourrés d'humour.

A savourer sans modération !

02/05/2008

Luttons contre la mondialisation !

Et une bloggueuse éditée,une ! Mais cette fois en Italie.51E7ppCqZvL
Pulsatilla n'a pas sa langue dans la poche et tire sur tout ce qui passe à sa portée : sa famille, les culottes, les règles, l'épilation, la cellulite mais La cellulite, c'est comme la mafia, ça  n'existe pas.
Elle fustige tout ce qui est imposé aux femmes par la  société en matière  d'esthétique mais barbote avec jubilation dans la société de consommation...
Je me suis régalée avec sa description des différents types de phallus ainsi que du récit de ses tentatives pour ruiner la réputation de sa  compagne de chambre - trop parfaite- dans un pensionnat religieux où la délurée Pulsatilla avait échoué un peu par hasard.
C'est drôle,léger, enlevé, volontairement cru,de quoi passer un bon moment même si parfois le livre devient un peu lassant car , présenté comme un "bio-roman", on sent néanmoins trop l'aspect "chronique," sans véritable structure narrative.

Ps: J'y ai appris au passage que le mot  "sparadrap" viendrait de l'italien (plus précisément d'un dialecte de la région de Foggia d'où est originaire  l'auteure) et qu'au départ ce serait une onomatopée "qui porte en elle toute la douleur causée quand on l'arrache."

Cuné a  moins aimé mais elle a eu la gentillesse de me l'envoyer. Merci !


30/04/2008

Reykjavik est tout petit...

Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie, comment ne pas craquer avec un titre  pareil ? ! Et quand en plus l'auteure  s'appelle Gudrùn Eva Minervudottir (ce  que j'interprète-faussement sans doute- mais je m'en fiche, laissez-moi mes illusions- comme "la fille de Minerve") et qu'elle est islandaise, je me rends pieds et poings liés !61j9CZ361WL
Mais bon,trêve de bavardages, allons plus avant.
Reykjavik, capitale de l'Islande, est d'après l'auteure une ville toute petite où l'on croise toujours les mêmes personnes. A lire les  20 nouvelles composant ce recueil,  on veut bien la croire  car une certaine parenté se tisse entre les différents narrateurs,  créant une continuité très fluide.
Même jeunes  adultes, ils ont gardé un pied en enfance,vivent souvent au troisième étage, mangent du pain avec du  fromage ou du pâté de  foie et évoluent dans des appartements quasi vides et très lumineux.
Leur langage est subtilement décalé, tour à tour poétique ou teinté d'humour "Tu ne veux pas m'embrasser comme la faim embrasse le pain ? ", subtilement en porte à faux avec la réalité.
On frémit quand de jeunes enfants sont confrontés à des adultes , tant l'auteure est habile  à  susciter un climat perturbant...
Les titres des nouvelles  sont tous dans la  tonalité de celui du recueil, voici  mes préférés : "Le  bouquet de mariée était plein de pucerons", "Parce que je t'ai embrassé  ce matin au moment où  tu refermais ta conscience derrière toi" ou bien encore "J'espère que tu étoufferas dans les rideaux de velours caca d'oie de ta mère".
Beaucoup de fraîcheur dans ce livre dévoré d'une traite, et dont on pourrait dire qu'il "rayonne comme  les personnages des  images pieuses". On sort de  cette lecture le sourire aux lèvres et avec une folle envie  de faire un tour en Islande...

29/04/2008

Sister act ?

La guerre des légumes , titre français choisi pour traduire Big fat Love, de l'irlandais Peter Sheridan n'est pas du  tout approprié car il met l'accent sur une intrigue secondaire-cousue de fil blanc- du roman , celle  concernant un épicier et une épicière ennemis depuis des décennies.41z62DynTAL
Non, l'histoire principale met en scène Philo, 120 kilos, arborant des tatouages, mère de famille nombreuse qui, battue par son mari, vient trouver refuge dans un couvent de Dublin.
Choc des cultures, truculence  des personnages, voilà pourquoi j'attendais avec impatience la sortie de ce roman en poche.
Au final, grande déception, la psychologie  des personnages m'a paru hasardeuse et quant à l'héroïne  elle ne m'a semblé ni  crédible  (se laisser battre quand on a  un caractère bien trempé et une apparence de Viking comme il est écrit dans le  roman...).
En outre, j'ai trouvé sa susceptibilité plutôt mal  placée : même si on voit qu'elle aime ses enfants, elle les a quand même bel et bien laissés à l'orphelinat deux fois, même si elle refuse de prononcer le mot commençant par un A(bandon).
Bref, ce roman m'a  plutôt énervée !

L'avis plus enthousiaste de Solenn

28/04/2008

"C'était un petit jardin..."

Une famille pittoresque habite un reste de campagne au bord  d'une ville : un père réparateur d'objets usagés, une mère qui fume des cigarettes virtuelles et ne jure que par le énième  épisode de  son feuilleton préféré, un fils aîné fou de foot, le plus jeune de sa prof  de maths (!), un grand-père qui  danse avec un fantôme  et surtout l'héroïne qui donne  son titre  au roman de Stefano Benni : Margherita Dolcevita.Margehrita, quinze ans, quelques  kilos en trop, un coeur  cahotant mais de l'esprit à revendre.
Tout ce  petit monde vit en parfaite harmonie jusqu'à l'arrivée de nouveaux voisins, trop charmeurs pour être  honnêtes...51ZqnRLaSGL
Aidée de son petit frère, Eraclito,  Margherita va mener l'enquête et essayer de préserver ce à quoi elle tient le plus.
J'ai été emballée par ce livre qui emprunte la  forme policière mais se situe à la croisée de la poésie, de la fable et qui est bourré  d'humour.
On pouvait s'attendre  au pire car souvent tant de  personnages pittoresques  s'agitent en vain, tels des marionnettes. Cen'est pas le cas ci car il y a une réelle structure narrative et parce qu'on s'attache aux personnages.
Mon chouchou ? Bien évidemment le chien Roupillon, "L'un des plus mystérieux composés arcimbaldiens de la nature" dont je vous laisse découvrir la description savoureuse page 13, chien qui s'appelle ainsi car il  souffre  de narcolepsie hystérique. "Vous voulez  connaître d'autres mystères de mon chien ? Eh bien, j'ajouterai qu'il émet des pets silencieux et perfides puant comme le  souffle  d'une baleine qui a  bouffé du plancton avarié, des sardines pourries et des  culottes de Marathonien". Toute ressemblance avec un chien  de  ma  connaissance  etc.
Trêve de plaisanterie, cela faisait longtemps  que j'avais lu un roman italien et je me suis ré-ga-lée !

25/04/2008

Vies volées

16 ans. Esme Lennox a 16 ans quand elle est enfermée dans un asile psychiatrique. Elle en sortira 60 ans plus tard, de nos jours, non pas réclamée par sa famille, qui l'a oubliée, mais parce que l'établissement ferme ses postes.
Elle va être recueillie par sa petite nièce, Iris, qui , intriguée par ce silence familial , va tenter de renouer les fils du passé.
Maggie O'Farrell  peint avec acuité l'histoire de cette famille bourgeoise typiquement britannique qui, dans les années 30 quitte l'Inde pour revenir dans les brumes et l'humidité écossaise, afin de nier un drame qui s'y est déroulé...Premier traumatisme pour Esme ,pleine de sensibilité et de vitalité, qualités qui font tâche pour ses  parents et sa soeur tant aimée mais si raisonnable, Kitty.9782714443342
Esme refuse de rentrer dans le moule, ce qui causera en partie sa perte...
Voix de la soeur aînée, atteinte de la maladie d'Alzheimer, qui a  oublié ce qu'est une cuiller mais se souvient  parfaitement du passé par bouffées  libératrices,  souvenirs d'Esme s'entremêlent pour tisser l'explication de L'étrange disparition d'Esme Lennox, sans que jamais le lecteur ne se perde.
Avec une extrême sensibilité Maggie O'Farrell montre le destin de ces femmes , broyées par la société pudibonde et corsetée du début du XXème siécles, femmes que deux simples signatures pouvaient enfermer à jamais.
Le lecteur suit, le coeur serré les rebondissements de l'histoire et ,trompé par l'écriture "voilée" de l'auteure  , croit qu'il en sait plus qu'Iris, jusqu'à ce qu'il soit obligé de relire l'antépénultième page pour être sûr d'avoir bien compris l'horreur indicible et libératoire...
A lire de toute urgence.

24/04/2008

"Posture, Ailsa, posture !"

Baby-boomers, Ailsa , la flamboyante féministe et Humphrey le "démodé, confortable, honnête" professeur de biologie marine se rendent,  chacun de leur côté dans une université située au bord de la mer du Nord, université qui va les mettre à l'honneur.51E_0e7SV0L
Dès l'enfance, leurs destin  se sont noués au bord  de cette mer "où il faut être fous pour se baigner " mais qu'ils adorent. Tout au long d e leur vie, ils auront connu des rivages plus cléments mais des parcours plus agités...
Ce voyage leur  donne l'occasion de revenir  sur  leur passé commun ou non, tandis que dans le  récit intervient un mystérieux orateur public qui  semble tirer les ficelles...
réflexion tendrement teintée de mélancolie, La mer toujours recommencée nous montre que l'enfance et  ses blessures vivent toujours en nous , même dans  nos corps de sexagénaires, et que l'intranquillité n'est pas l'apanage de  l'adolescence.
L'écriture superbe de Margaret Drabble charrie les métaphores marines,écriture tour à tour malicieuse et pleine d'empathie pour ses personnages tiraillés entre ambition  et lucidité. Un charme insidieux.So british.

21/04/2008

Post-it

"Parfois on dirait que c'est plus facile de poser les questions par écrit pour te demander comment tu vas et comment ça se passe avec le médecin, tout ça".41kL4sHcG7L
Claire, quinze ans écrit cette remarque sur un des post-it, qui constitue l'échange de "correspondance" qu'elle entretient avec sa mère très(trop) occupée par son travail, sa mère qui l'élève seule depuis le divorce.
Si au début,le quotidien apparemment sans importance apparaît( listes de courses, demandes (pressantes) d'argent  de poche), c'est finalement toute une vie qui  se devine par pointillés, une vie qu'il nous faut reconstituer, une vie qui devient de plus en plus précieuse quand la maladie fait son apparition...
Life on the refrigerator door , traduit en français par le plus sentimental  Ne t'inquiète pas pour moi, de la canadienne Alice Kuipers, a donc une forme originale, cet échange de post-it, qui m'a  vraiment intéressée. Franchement je craignais le pire quant au contenu mais l'auteure ,si elle frôle de justesse le pathos à la toute fin du livre, si elle aborde le cancer d'une manière très américaine (groupes de soutien), nous montre aussi les relations cahotiques entre une mère qui se bat contre la maladie et une fille tiraillée entre ses amours débutantes et les besoins maternels. Rien n'est idéalisé,la mère jette un regard en arrière qui n'a rien de bien optimiste et la fille utilise son père comme solution de repli...
Un livre touchant , qui se lit très vite, trop peu être si l'on compare le nombre de pages et le prix... A noter qu'il existe avec deux couvertures différentes (par leur couleur uniquement), suivant qu'on le trouve en collection adulte ou ado.