17/06/2008
"Elle sait ce qui vaut mieux pour moi."
Le postulat de départ, une mère lit le journal intime de sa fille pour tenter d'établir un semblant de communication avec elle, avait de quoi me hérisser. Mais la toute jeune Giulia Carcasi dans Je suis en bois se joue des clichés et traite avec subtilité cette histoire de secret familial que la mère, Giulia, va révéler par lettres à sa fille, Mia.
"Et je m'efforce de les deviner, ces pensées, pour la récupérer, pour la rattraper au lasso et la ramener à moi, mais c'est compliqué;
Compliqué comme de soigner une douleur dont on ignore l'emplacement"
La mère remonte le cours de ses souvenirs et ,en contrepoint de la vie
familiale, nous livre la relation toute en délicatesse qu'elle a
établi avec Soeur Sofia , relation qui lui permet de relativiser tout ce que lui impose sa famille.
Une écriture à la fois forte et poétique, "Je suis une Petite Sirène, je ne suis bien ni sur terre ni dans l'eau, je ne marche pas comme un homme et ne nage pas comme une daurade." qui vous transporte. Une très belle transmission de mère à fille.
Cuné est une magicienne : elle a posté simultanément un billet magnifique et le livre en question qui est arrivé tout droit dans ma BAL ! Comment avait-elle deviné que je tournais autour de ce roman sans oser me décider ?
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12/06/2008
"Un livre est l'élément vital et précieux d'un esprit supérieur..."
En 1959, Florence Green, veuve sans histoire, décide d'acheter The Old House, vieille bâtisse à l'abandon depuis plusieurs années, pour créer une librairie, la première de Hardborough, petite ville anglaise assoupie.
Cette décision va mettre en branle toute une série de manoeuvres dissuasives pour contrecarrer cette décision.
L'affaire Lolita , provoquée par la mise en vitrine du roman de Nabokov, ne sera qu'un épisode de cette lutte sourde entre Florence Green et Mrs Gamart qui a jeté son dévolu surThe Old House.
Le roman de Penelope Fitzgerald nous montre avec précision et un charme très british la faculté d'exclusion d'une petite communauté , pas pire qu'une autre.Qui y chercherait un roman sur la création d'une librairie ou sur le scandale créé par le roman de Nabokov ne pourrait qu'être déçu.
L'humour britannique rend cette lecture très plaisante.
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05/06/2008
De l'influence des livres...
Août 1939. Les cinq neveux et nièce de Richard et Helena se retrouvent en Cornouailles dans une sorte d'Eden symbolisée par La pelouse de camomille dui donne son titre au roman de Mary Wesley.
Quand la guerre éclate, bien sûr elle bouleverse tout et comme le dit Helena bien des années plus tard:
"-Voilà une chose que je dois à la guerre.
- Quoi?
-Les livres, plein de livres. On ne trouvait pas de serviettes hygiéniques, mais des livres, ça oui. Des gens comme moi se sont mis à lire: nos esprits se sont assouplis, en même temps que nos moeurs se relâchaient."
Et en effet des personnalités riches et complexes vont se révéler, des ménages à trois vont se former dans une indifférence quasi générale..Chacun des personnages fait preuve d'une franchise à la fois désarçonnante et jubilatoire ; ainsi Helena parlant de son mari doté d'une jambe artificielle: "Son handicap, c'était d'être un vrai casse-pieds."
A propos d'une de ses nièces qui ne se cache pas d'avoir fait un mariage d'intérêt , elle remarque:"Elle est imprévisible. Je lui connais des moments d'altruisme."
Mary Wesley manie avec brio cet humour britannique teinté d'une
cruauté réjouissante pour le lecteur. Elle a le chic pour nous
présenter avec aplomb des comportement qu' ordinairement la morale
réprouve comme étant tout à fait normaux et nous acceptons sa vision des faits sans broncher, le sourire aux lèvres, tant son talent est grand... Un régal !!!
Les Editions Héloïse d'Ormesson ont l'excellente idée de rééditer aujourd'hui ce roman de Mary Wesley, l'occasion de (re) découvrir l'oeuvre de cette grande écrivaine anglaise.
Ps: désolée pour les caractères gras que je ne parviens pas à faire disparaître !
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03/06/2008
"Let the Nothern Lights Erase your Name" (titre original)
Un coup de gueule pour commencer: la platitude du titre français , Soleil de minuit (!)comparé au poème de la poétesse sami Marry Ailoniedia Somby qui a inspiré un sujet et un titre à Vendela Vida.
Certes, il est question de lumière et d'obscurité dans ce roman, celles propres au cercle polaire vers lequel Clarissa se met en route pour faire la lumière justement sur sa naissance car, à la mort de son père, elle découvre que celui-ci lui a juste donné son nom avant de l'élever avec affection et de suppléer à la disparition de sa mère, partie sans explications depuis quatorze ans.Le pire étant peut être que son amoureux connaissait la vérité et ne lui avait rien révélé...
C'est donc seule que Clarissa va tenter de reconstruire le passé, se confrontant à un monde où on laisse tourner les moteurs des voitures pendant qu'on fait ses courses, où on dort dans un hôtel où tout est en glace y compris les verres que l'on ramasse dans un seau quand ils commencent à fondre...
Des rebondissements, de l'humour par petites touches,de l'émotion, la narratrice a une manière bien particulière d'affronter la réalité : "Les portefeuilles d'hommes me rendent triste. Ils sont trop épais ou trop plats, trop vieux ou trop neufs. Il y a toujours un truc qui cloche."Un roman à chérir .
Embarquez-vite pour le cercle polaire !
Merci à Clarabel
et à Cuné de m'avoir donné envie de faire le voyage !
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02/06/2008
"Un bon livre a bien plus d'effet sur toi que n'importe quel antibiotique."
Dans Cherche auteur désespérément,les membres de l'agence littéraire, parlant des livres en devenir se réfèrent sans cesse à des best-sellers. Adoptons donc cette attitude et disons que le roman de Debra Ginsberg s'apparente évidemment au Diable s'habille en Prada, par le portrait sans complaisance du monde de l'édition et par le personnage de Lucy, manipulatrice de haute volée, mais aussi par son aspect "Love story " gentillet à "Vous avez un message", le film avec Meg Ryan. S'y ajoute néanmoins une intrigue prenante qui fait que j'ai lu ce livre d'une traite mais avec des réticences quant au style. (Avancer tout en freinant n'est pas facile ! :))
Même s'il s'agit d'une citation d'un livre reçu par l'héroïne, Angel, , je hurle de rire en lisant ceci : "Elle agrippa son immense virilité et la conduisit en elle, par le corridor humide et brûlant." ! La narratrice chargée de juger le texte en question ne bronche même pas et on sent que l'auteure s'est sans cesse bridée pour ne pas écrire de la même façon. J'ai retrouvé (entre autres) dans sa prose un "évanescent" digne des romans de Delly (ancêtre de Barbara Cartland et consorts) du plus bel effet !
Ce roman avait tout pour être un cran au-dessus de la littérature pour poulettes , personnages bien croqués, récit bien agencé, dommage qu'il patauge dans l'eau de rose.
L'avis de Cuné.
Celui de Clarabel
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29/05/2008
"Tu n'as qu'à surveiller tes fréquentations."
Un squelette lesté d'un émetteur radio portant des inscriptions cyrilliques remonte à la surface d'un lac islandais et c'est tout un pan d'un passé , pas si lointain , qui refait surface: celui de la guerre froide, de ses espions et de ses illusions...
Pour donner une identité à ce squelette et surtout pour retrouver celui qu'une femme a attendu en vain devant une crèmerie, Erlendur devra faire preuve d'obstination, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités.
En alternance, une autre quête, celle d'un ancien étudiant Islandais, parti étudier en Allemagne de l'est et qui s'est trouvé confronté à l'univers de "La vie des autres"...
J'ai mis du temps à entrer dans ce nouvel opus d'Arnaldur Indridason mais finalement je me suis régalée avec cette superbe histoire d'amour sur fond de Stasi et de surveillance généralisée. En filigrane, la relation du commissaire avec sa fille est éclairée sous un jour nouveau par l'apparition d'un nouveau témoin du passé d'Erlendur.
En toile de fond,dans l'homme du lac, l'Islande à a fois déprimante et lumineuse, farouchement défendue par Erlendur, pays où la poésie semble partout présente, fût ce par la présence d'un recueil lu et relu sur la table d'un vieux paysan acariâtre...
L'avis de Clarabel
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19/05/2008
"Si tu ne sais pas reconnaître ce que tu as, tu ne mérites pas d el'avoir."
Soit un groupe de femmes (et d'enfants)plutôt disparate mais qui "structuré par le hasard, avait résisté et s'était révélé trop solide pour être facilement démantelé. C'était un arrangement à la va-comme je te pousse,, une espèce d'improvisation libre et folle qui s'était métamorphosé en un réseau d'attachements qui conférait à chacune, de manière indéterminable, des valeurs sûres et un sentiment d'appartenance."
Soit un homme séduisant et riche, Adam, le bien nommé, qui va agir en catalyseur et va inciter chaque membre du groupe à réenvisager sa vie sous un autre angle...
Les vendredis d'Eleanor est un livre chaleureux qui peint le quotidien de femmes ayant fait des choix différents
et qui, chahutées par la vie, trouvent réconfort et amitié dans ces réunions du vendredi soir. Joanna trollope a le chic pour nous rendre familiers les univers de chacun de ses personnages de l'executive woman à la fan de house music , se penchant sur chacun d'eux avec une curiosité bienveillante. Elle analyse avec finesse et lucidité les recoins des âmes et quand le roman se termine nous n'avons qu'une envie: retrouver Eleanor, Paula Lindsay et tous les autres...
Un peu déçue par le Cuné , la vile tentatrice !
Ps: la photo de couverture m'a rappelé ceci !
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15/05/2008
Séance de rattrapage
Grâce à Solenn, j'ai appris la sortie en poche aujourd'hui d'un roman que j'ai relu plusieurs fois ponctuellement pour le plaisir de retrouver les personnages...
Pas de coups de théâtres fracassants, tout est feutré dans Jours de juin
de Julia Glass. Ce roman se divise en trois étés qui vont bouleverser
la vie d'une famille écossaise.Des décès vont entraîner des
réajustements entre les personnages, réajustement des places de chacun
au sein de la famille et aussi de la vision , forcément parcellaire et
myope, que chacun a des autres.
Ce très beau texte aurait aussi pu reprendre le titre de Sylvie Doizelet Chercher sa demeure
car chacun dans le roman de julia Glass peine à trouver le pays
(Ecosse, Grèce, Etats-Unis, France) qui lui donnera la sérénité.
Si
vous aimez l'atmosphère des vielles demeures écossaises, les chiens de
berger, la musique et les livres,vous trouverez votre bonheur dans ce
livre qui n'est ni triste ni mélancolique. On y trouve même des pointes
d'humour quasiment anglais .
Julia Glass est américaine mais elle
mériterait presque qu'on lui accorde l'étiquette de romancière
anglaise, c'est dire si j'ai aimé...
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14/05/2008
"on dirait que l'hôpital psychiatrique est le lieu de toutes les émotions."
Anna , 8 ans, Paula (la narratrice dont on apprendra le prénom fort tard...),6. Une chute dans l'escalier.Anna qui a voulu protéger sa quasi jumelle devient aphasique:"Anna a perdu l'équilibre et notre famille a basculé dans l'escalier".
A l'adolescence, la situation s'inverse: pour protéger sa soeur, Paula va endosser son identité et aller passer un court séjour en hôpital psychiatrique."J'essayais de rentrer dans la langue d'Anna, de penser comme elle[...]Je voulais tout essayer, regarder par ses yeux, entrer vraiment dans son monde."
Quête de l'identité, réajustement des places dans une famille où la cadette a l'impression que toute l'attention est tournée ver sa soeur, difficulté à admettre que l'enfant, même handicapée a grandi et n'a plus besoin de ses parents, Eva Kavian traite ses thèmes avec une langue rare et qui sonne juste. Pas de pitié malséante, elle se glisse avec aisance et humour dans la peau d'une ado qui doit faire face à l'euthanasie d'un grand-père mais est aussi dévorée par l'envie de sa première sortie en boîte...
Eva kavian nous propose également une vision décapante de l' H P , de ses soignants parfois débordés et de la solidarité qui peut s'établir entre malades. Un livre lumineux.
Une auteure belge francophone dont j'avais déjà lu deux romans mais qui à chaque fois sait renouveler son écriture pour mieux nous surprendre.
L'avis de Laure
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12/05/2008
Bridget mène l''enquête
Une couverture attrayante, une 4 ème de couv' où j'ai pêché "enquêtrice au foyer façon Desperate Housewife", une allusion à "Millénium" (en termes de chiffres de vente, il est vrai), et j'étais cuite : La princesse des Glaces était pour moi.
"Princesse des glaces", Alex l'est à plus d'un titre : par sa beauté et sa froideur soudaine et parce qu'on la retrouve suicidée dans une baignoire d'eau gelée...
Son amie d'enfance , Erica,la découvre et va être chargée par la famille de rédiger un texte à la mémoire de la défunte, bon prétexte pour mener l'enquête sur le passé d'Alex.
Camilla Lackberg tresse avec habileté trois intrigues: la policière, de facture classique mais riche en rebondissements ,même si Erica fait souvent fi des règles en vigueur dans la police ; la sentimentale avec une héroïne clairement donnée comme écho de Briget Jones:la trentaine bien entamée, célibataire, des kilos en trop...et un amoureux d'enfance qui a eu la bonne idée de devenir policier; une intrigue familiale enfin car Erica vient de perdre ses parents et refuse de vendre la maison familiale, contre la volonté de sa soeur,manipulée par un mari pas si bien sous tous rapports que cela (il est même carrément ignoble). Le tout traité avec pertinence, alternant émotion et humour.
La traduction est parfois lourde, on se demande si les deux traducteurs ont travaillé en harmonie, mais l'ensemble se lit avec plaisir. Une fois encore les auteurs nordiques se montrent moins frileux (je sais c'est facile!) que leurs confrères français et ne rechignent pas à évoquer des thèmes tels que la violence conjugale dans les milieux apparemment sans histoires.
J'avais deviné rapidement quel avait été le problème d'Erica mais l'auteure a su injecter une dose de noirceur supplémentaire et traiter ce thème ,devenu hélas courant,avec sensibilité .
Nous sommes loin de la réussite de Millénium mais il ne faut pas bouder son plaisir.
En prime, un conseil précieux pour ne pas attraper de cystite quand on doit s'asseoir quelque part par temps froid : glisser ses gants sous ses fesses. On ne sait pas ce qu'on doit faire pour les doigts gelés par contre...Avoir deux paires de gants ?
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